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MONOGRAPHIE DU SONNET
SONNETTISTES
ANCIENS ET MODERNES
SUIVIS DI-:
QUATRE-VINGTS SONNETS
Par m. louis DE VEYRIÈRES
PARIS
LIBRAIRIE BACHELIN-DEFLORENNL
QUAI M A L A QUAIS, 3
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MONOGRAPHIE DU SONNET
SONNETTISTES
ANCIENS ET MODERNES
SUIVIS DE
QUATRE-VINGTS SONNETS
MONOGRAPHIE DU SONNET
SONNETTISTES
ANCIENS ET MODERNES
SUIVIS DE
QUATRE-VINGTS SONNETS
Par m. louis DE VEYRIÈRES
I
PARIS
LIBRAIRIE BACHELIN-DEFLORENNE
QUAI MALAQ.UAIS, 3
HDCCCLXIX
(7 OMS droits réservés.)
AVANT-PROPOS.
,E sonnet est le genre de poésie qui a réuni le plus de partisans, même avant que Boi- leau en eût fait le rival d'un long poëme» Depuis ce temps, mille ennemis, acharnés à sa perte, ont multiplié leurs efforts pour enrayer sa car- rière. Ceux qui citent un sonnet manquent rarement d'ajouter qu'il n'est point sans défaut , et la plupart en ignorent les règles les plus élémentaires. Us n'ont pas la bonne foi de M. Ch. R., confessant qu'il ne sait en quoi consistent les imperfections d'un sonnet, tout en se per- mettant de le combattre.
M. Collombet résume fort bien les attaques de nos ad- versaires dans le passage suivant : « L'inspiration lyrique doit être limitée dans ses bornes, mais non pas dans son étendue; tandis que ce lit de Procuste réduit
toutes les pensées à une même longueur, celle de qua- torze vers. Si cette pensée est trop courte, il faut la tirailler cruellement pour l'étendre jusqu'à cette mesure commune; si elle est trop longue, il faut la tronquer bar- harement pour l'y faire entrer. » Ce raisonnement est moins solide que spécieux : nos sonnets sont en vers alexandrins pour les pensées longues , et en petits vers pour les pensées courtes; il y a bien mieux encore : Filicaja composait des poésies en cinq et en douze son- nets. G. de Chanein de la Tayssonnière et J. du Bellay avaient plus anciennement fait en sonnets nombreux l'un une élégie, l'autre un poëme intitulé : Songe ou Vision sur Rome. Or, plusieurs de nos contemporains suivent cet exemple ; Edmond Arnould est même allé beaucoup plus loin dans des poëmes formés de vingt-quatre et de vingt-cinq sonnets. Mais quand on se bornerait aux qua- torze vers traditionnels, à cette espèce de Ht de Procuste^ suivant la comparaison que CoUombet emprunte à Mu- ratori , ne voit-on pas que de s'élever contre la brièveté de cette œuvre lyrique c'est prendre à partie les miniatu- ristes .'' N'est-ce pas leur tenir ce langage : « Comment vous astreignez-vous à peindre des arbres et des person- nages si petits ? Pourquoi vous renfermer, d'une façon ridicule, dans un sujet trop étroit? Si vous êtes sans dé- faut, si vous parvenez à vaincre de grandes difficultés, pensez-vous égaler un peintre d'histoire, dont le pinceau n'aura point de contrainte ? »
Non, ce court poëme n'est pas dénué de mérite s'il a soulevé des milliers d'adversaires parmi lesquels se rangent sans doute les poètes qui n'ont pu y réussir! S'il compte des serviteurs dévoués et nombreux dans toutes les nations civilisées, il n'a pas tant de défauts, il n'est pas si médiocre! Sans lui donner cependant plus d'im- portance qu'il ne faut, nous avons le dessein de le dé- fendre et de le faire apprécier lorsqu'il sera plus connu. Car, ainsi que nous Pécrivait M. Joséphin Soulary, « S'/7 n'est pas la forme des puissants du rhythme^ il est au moins le rhythme des soucieux de la forme. » Ajoutons qu'il est la quintessence de la poésie.
I
MONOGRAPHIE DU SONNET
ETYMOLOGIE DU MOT SONNET
'ÉTAYANT d'autorités nombreuses, Évariste Bou- lay-Paty, poëte célèbre et lauréat privilégié de ^^^^&5 l'Académie française , traça une brillante es- quisse du sonnet ; méditant une monographie complète, il hésitait à l'entreprendre; s'il différait toujours, c'est qu'il pensait découvrir de nouveaux documents. Ce lau- réat partit donc de ce monde sans nous donner son tes- tament littéraire. Il croyait à l'origine française ou pro- vençale du sonnet; ne soyons pas surpris qu'il soit mort ab intestat ! Il avait suivi les errements d'un écrivain qui jouit de
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quelque célébrité et que Ton regarde même comme le père de notre histoire littéraire. C'est Guillaume Colletet qui, dans un livre sur notre poëme, échafauda, non sans peine, plusieurs raisonnements que des historiens fran- çais très-modernes ont essayé de détruire; ils n'ont eu qu'à s'inspirer des auteurs italiens qui traitent de ce sujet t% professa. Nous venons présenter d'autres preuves et nous constituer en même temps le rapporteur d'un procès qui était pendant lorsque plusieurs le croyaient complè- tement jugé.
Il paraîtrait puéril de reproduire ce que l'on a dit contre l'origine italienne du sonnet. C'est, en effet, une question de mots, une vraie querelle de mots, qui a sé- paré les poètes et les historiens jusqu'à notre siècle. Les Provençaux n'entendaient point le mot sonnet comme les Italiens. Raynouard, écrivain grave et autorisé, tra- duisant Redi (^Annotations au dithyrambe de Bacchus en Toscane, 1687), fait à ce sujet des observations péremp- toires; voici comment il s'exprime (t. II, pp. 172-73- 74) : (( On peut croire que les troubadours donnèrent le nom de chanson à leurs poésies lyriques amoureuses, à cause de la musique, qui était obligée dans ces sortes de pièces, auxquelles ils donnèrent de même le titre de son ou SONNET. Par extension, le mot son ou sonnet s'appli- qua généralement, dans la langue romane, à toute espèce de chant :
E soi m'en laisat ongan. Car sonet d'auzel en plais, Ni fresca flor de verjan, Le cossir del cor no m'trais.
Raimond de Miraval.
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Et je m'en suis dégoûté naguères, Car sonnet d'oiseau en plaine, Ni fraîche fleur de verger Le tourment du cœur ne m'arrache.
« Il désigna surtout les airs de poésies lyriques :
No sap chantar quil 50 non di Ni vers trobar quils motz no fa.
Geoffroi Rudel.
Ne sait chanter qui le son ne dit, Ni vers trouver qui les mots ne fait.
« Par allusion, ce titre fut appliqué aux pièces lyriques qui étaient généralement accompagnées du son des instruments.
En aquest guai SONET leugier Me vuelh, en chantant, esbaudir.
Bernard de Ventadour.
En ce gai sonnet léger
Je me veux en chantant, réjouir-
Un SONET mes bel qu'espanda Per ma dona esbaudir.
Raimond de Miraval. Un Sonet.
« Du reste, ces pièces, appelées sonnets^ n'avaient aucun rapport avec l'espèce de poésie ainsi nommée de- puis et qui joint à un nombre fixe de vers une différence déterminée dans la coupe des strophes. »
I
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Un écrivain de notre temps^, qui a suivi les traces de Colletet, F. Z. Collombet, s'exprime ainsi (dans le t. II du Cours de littérature profane et sacrée. Paris et Lyon^ i8?3, in-8°) : « Des ouvrages ex professa ont été com- posés sur le sonnet, son étymologie, son origine et ses qualités. Quoi ^^'u'on ait dit de son origine italienne, il est bien certain que nous possédions des sonnets provençaux, en 1 300, d'un nommé Bertrand, de Marseille; qu'un cer- tain Girard de Bourneuil, qui mourut en '1278, en avait déjà composé, et que Thibaut, comte de Champagne, qui vivait en 1 226, déjà vieux, cite les siens plus de cent ans avant Pélrârquej qui passe pour le premier auteur des sonnets italiens. Guillaume de Lorris, qui mourut sous le règne de saint Louis_, en i 260, dit expressément, dans son Roman de la Rose, que les Français composaient son- nets courtois. ï)
Voilà comment on écrit l'histoire! autant d'erreurs que de phrases ! Redi et Raynouard nous ont appris à dis- cerner la signification du mot sonnet dans les anciens poètes. Mais Fauriel {Histoire de la poésie provençale^ t. II, p. 264) est encore plus clair, plus explicite : « Dans toute pièce de poésie on distingue par deux dénomina- tions différentes le produit de l'art musical de celui de l'art du poëte proprement dit; on donna au premier le nom de son, de sonnet^ au second celui de mots, à peu près comme nous disons aujourd'hui air et paroles pour marquer la même distinction »
« Les Provençaux, disait Ginguené (Histoire littéraire de l'Italie, 181 1, t. P^, p. 295), appelaient sonnets des pièces dont le chant était accompagné du son des instru- ments ; ce mot n'indiquait aucune forme, aucune combi-
— lu- naison particulière dans les strophes. Nous verrons dans la suite que les sonnets italiens n'y ressemblaient que par le titre ; qu'ils en différaient par le nombre des vers, par leur distribution, par l'entrelacement des rimes; qu'enfin le sonnet, tel qu'il est dans Pétrarque et dans les autres lyriques, est, au titre près, une invention toute italienne. )>
Ginguené s'exprimait de la sorte, après avoir dit, pages 2 1 1 et 2 1 2, un peu le contraire ; ce qui nous porte à croire que son opinion variait à mesure qu'il pénétrait dans cette histoire difficile. Citons ce passage : « Le sonnet est un autre emprunt que les Provençaux, et ensuite les Italiens (mais les Siciliens, monsieur Ginguené.'*) ont fait, dit-on, à ce genre de poésie (la ghazèle ou le ghazeJ). Souvent la ghazèle et même la casside n'ont que quatorze vers, et c'est là ce qui a pu donner l'idée du sonnet... Observons seulement ici que les quatorze vers du sonnet sont partagés en deux quatrains et deux tercets, tandis que ceux de l'ode arabe procèdent toujours par distiques : or, c'est plutôt l'arrangement des vers qui caractérise un genre de poésie que leur nombre... La gazhèle appartient plutôt aux Persans qu'aux Arabes . , qui ont préféré la Casside. »
Comment, d'après ce que nous venons d'établir, a-t-on pu attribuer aux Provençaux l'origine du sonnet ? Quel écrivain a donc eu des partisans si nombreux et si achar- nés, pour que son erreur se soit perpétuée jusqu'à nous.^"
On lit dans la deuxième édition de La Croix du Maine, du Verdier, etc. : « Jean de Nostre-Dame, qui étoit le frère du célèbre astrologue Michel, est mort procureur au Parlement d'Aix, en 1590. Il s'est servi des Vies des
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Poètes provençaux, écrites par Hilaire des Martins, gen- tilhomme provençal, religieux de Saint-Victor de Mar- seille, et il a imité Hugues de Saint-Césari, gentilhomme et poëte provençal, qui a fait un catalogue des poètes provençaux. »
Or, cette histoire de Jean de Nostre-Dame n'est qu'un tissu de mensonges, si l'on consulte la Dissertation de Pierre-Joseph de Haitze sur divers points de Phistoire de Provence. Anvers, 1704. Pet. in- 12. M. de Valori a dit dans son Document historique : « Certes, les compilateurs Nostradamus ne se font point faute d'amplifications et d'embellissements généalogiques, c'était leur métier; et j'affirmerais presque par serment que, quand ces deux narrateurs s'écartent des notices consacrées, c'est qu'ils composent et débitent des fables. «
M. de Rochegude {Parnasse occitanien^ Toulouse, 181 9. In-80, préface, p. XLiij) rend le même témoi- gnage : (( Bastero, Quadrio, Crescimbeni, et Fauteur d'une dissertation sur les troubadours, insérée au tome IV° du Dictionnaire de Provence et du comtat Venaissin, ont donné des catalogues de nos poètes, les uns alphabé- tiques, les autres historiques et chronologiques, tous éga- lement fautifs, parce que ces auteurs ont pris pour base la vie des troubadours, publiée par Nostradamus, source première et source abondante d'erreurs. )>
L'abbé Millot {Histoire littéraire des Troubadours — abrégé du recueil de Lacurne Sainte-Palaye) relève plu- sieurs faussetés de Jean de Nostre-Dame. Raynouard, chercheur s'il en fut, a vainement fouillé toutes les bi- bliothèques et parcouru tous les manuscrits pour décou- vrir certains vers de troubadours cités par Jean de Nostre-
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Dame, qui, non content, paraît-il, de produire des poésies apocryphes, inventait même des troubadours, comme Guilh. des Amalrics Ce G. des Amalrics n'est mentionné que dans les Vies des plus célèbres et anciens poètes Provensaux qui ont floury du temps des Comtes de Provence. Recueillies des œuures de diuers Autheurs, qui les ont escrites et rédigées premièrement en langue prouensale.., et depuis mises en langue Françoyse par khan de Nostre Dame, Procureur en la Cour de Parlement de Prouence. A Lyon, pour Alexandre M arsilij, MDLXXV. In-8°de 2 58 pp. C'est évidemment là que l'erreur a pris naissance; mais elle a été aggravée, propagée même par César de Nostre- Dame, fils du célèbre astrologue et neveu du précédent. Ainsi, Jean de Nostre-Dame dit, à l'article de Bertrand de Marseille, ou plutôt de Carbonel, page 189 : «... il trouua et composa de fort belles chansons à la louange de Porcellette, en l'vne desquelles il confesse l'amour qu'il luy porte, disant ainsi :
Aquesta estrania Amour non si pot eslugnar... »
Suivent trois autres vers d'un provençal qui n'a rien d'antique ; puis l'auteur ajoute, à propos des chansons du même : « En vne autre^ semble que l'amour d'vn autre gentilhomme qu'elle aymoit le plus l'eussent tournée de l'amour de ce Poëte, disant ainsi :
Dura pietat, e trop long iauziment, M'y fan mourir per trop la desirar : Son ingrat cor que ly a l'ach virar L'Amour qu'auia en my, tant fermament;
Mays dont ly ven si couraiouzament, M'auzir en van, tantas fes souspirar, E si vouler, sen Icausa retirar De my, que l'ay amada couralment. »
Or, César de Nostre- Dame , auteur de V Histoire et Chroniqve de Provence, ov passent de temps en temps et en bel ordre les Anciens Poètes , Personnages , etc. . . Lyon, 1 6 1 4, in- fol., s'empare de ce dernier fragment et le transforme au point de dire : « Bertrand craignant qu'vn autre gentilhomme qui abordoit Porcellette ne Peut détournée de son amitié, et ne luy eut fait changer d'affection et de courage, fit vn très-beau sonnet dont voicy les huit pre- miers vers :
Dura pietat et trop long lauziment....
(c Ce qui tesmoigne assez que nos vieux Poëtes et an- tiques Troubadours ont esté non seulement des premiers rithmeurs vulgaires, mais les premiers inaenteurs du sonnet comme on peut voir par les deux quatrains de cestui- cy... »
L'extrait de naissance du Sonnet est donc rédigé de la sorte; il est signé, il n'y manque plus que le visa. Mais continuons : nous voici au troubadour imaginé par Jean de Nostre-Dame; nous voyons à l'article LIX : Du comte de Poictou et autres poètes Provensaux : « Guilhem dels Amalrics fut gentil-homme Provensal, amoureux d'vne dame de Napples, de la mayson de Arcussia de Capro (i), comte d'Hautemure, à laquelle il envoya faire
(i) D'autres disent, avec plus de raison, d'Arcussia de Capré.
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ses messages d'amour par l'Arondelle, qui la reueilloit tous les matins et ne la layssoit dormir ; à la louange de laquelle feist plusieurs chansons belles et playsantes... et quelques chantz spirituels, et c'est le commencement d'un chant (suivent plusieurs vers). Il feist (Guilhem des Amalrics) vn autre chant à la louange de Robert roy de Sicile et de Naples, Comte de Prouence, de ceste teneur :
Lou segnour Dieu t'exauce é touiour ty defenda, Aiz maluais iours troublaz^ e ty mande secours, Rey pouderouz, alqual lou poble ha son recours, Apres Dieu que t'a fach, grand vencedour ty renda.
Lou segnour que t'a fach, tas preguieras entenda, Passa fïourir ton nom tos temps mays en tas cours, Puesquestu veyre en pax de tous iours lou long cours E que d'vn bout d'aï monde à l'autre, aias la renda.
Lous vns en kauals fiers, autres en granda armada, En thesaurs infinis, en kauzas transitorias, S'y fizan totalement e y han esperansa :
Mays tu auras de Dieu d'excellentas victorias, E tout ton poble aura sa vollontat armada, A touiour t'obezir, per ton asseguransa. »
Bien que Jean de Nostre-Dame ait nommé un chant la pièce que nous venons de transcrire, l'imprimeur, sans doute par suite de l'usage du temps, a donné à cette pièce la forme extérieure d'un sonnet; aussi César de Nostre-Dame s'est emparé de ces quatorze vers en disant de G. des Amalrics : « Il fit encore vn sonnet à la louange du Roy Robert très-beau et très-excellent de ceste te- neur... »
Voilà donc un sqnnet entier! Il a son importance, on
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n'en connaît pas d'autre. Mais sur quels fondements re- pose-t-il? Son parrain est- il un homme digne de foi? Évidemment non! Raynouard prend G. des Amalrics pour un personnage imaginaire; Millot ne daigne point en faire mention. Puis le langage de ce sonnet et des huit vers de Bertrand Carbonel, dit de Marseille, nous paraît bien clair, bien moderne ; qu'on le compare avec les autres productions des troubadours des XIII® et XIV^ siècles 1 Les tercets ont les rimes entrelacées d'une façon qui n'est pas habituelle aux poètes provençaux, mais seulement aux italiens; nous n'en trouvons, à notre connaissance, qu'un seul exemple dans Bernard de Ven- tadour. Ce sonnet, en somme, n'est-il point apocryphe? S'il ne l'est pas, et nous avons bien de la peine à le croire, ifpeut n'être que la fm d'un chant. Les deux quatrains sont, il est vrai, sur deux rimes, comme les huit vers que nous avons reproduits; mais plusieurs poésies des troubadours présentaient la même or- donnance; en outre, un ou deux tercets terminaient ces pièces souvent fort longues. Le prétendu sonnet de Guilhem des Amalrics ne serait-il pas la fm d'un chant, la dernière strophe, suivie de deux tercets?
Mais nous soupçonnons fortement deux membres de cette famille de Nostre-Dame, d'origine juive ; cherchons encore, peut-être parviendrons -nous à découvrir la vé- rité. En effet, l'histoire nous apprend que Michel Nos- tradamus avait deux fils ; le second était César, que nous connaissons déjà et auquel nous reviendrons; l'aîné, qui se nommait Michel lejeune^ se mêlait aussi de prophéti- ser. Un jour il prédit à d'Espinay-Saint-Luc que la ville du Pouzin, en Vivarais, périrait par. les flammes. Crai-
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gnant sans doute que sa parole ne fût suivie d'aucun ef- fet, on le trouva qui, nuitamment, mettait le feu à cette ville. Saint-LuC;, montant à cheval, fut alors sans pitié; il passa^sur le corps de ce misérable et le tua. Cet évé- nement se rapporte à Tannée i ^74.
Tel est le cas que l'on doit faire de Michel le jeune, du reste excellent poète en langue provençale, ce qui nous engage à le mettre un moment en lumière. Nous remar- quons, en effet, qu'un an après sa triste fm, son oncle, Jean de Nostre-Dame, publiait les Vies des plvs célèbres et anciens poètes Provensauxl...
Qui donc à présent nous taxera de témérité si nous soupçonnons Jean, Michel le jeune et César de Nostre- Dame, en ce qui touche le personnage fictif de G. des Amalrics et de son prétendu sonnet provençal ? N'est-ce pas une affaire traitée en famille?
D'ailleurs, s'il est vrai que G. des Amalrics soit mort en i32i, nous connaissons des sonnets italiens remon- tant à 1230, à 1226 et peut-être à 1220!
Pourquoi, nous objectera-t on, César de Nostre-Dame voulait-il accorder à la Provence l'invention du sonnet? L'homme de lettres qui, de son plein gré, ou sous une inspiration étrangère, entreprit de publier la Vie des poètes françois, manuscrit informe de Colletet père, pré- para quelques matériaux dans ce dessein ; sans y songer il recueillit un renseignement précieux qui nous donne la
;f de ce mystère : César de Nostre-Dame reçut des
)is états de Provence la somme de 1,000 écus (23 oc- >bre 1603) pour écrire une histoire de cette province;
les États lui promirent davantage, selon le mérite de in travail. Pour flatter ses bienfaiteurs, il exalta son
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pays , débita bien des fables et s'efforça de faire croire à Porigine provençale du sonnet, comme nous l'avons dit plus haut.
Voilà donc le fondement sur lequel s'appuient depuis deux siècles et demi les partisans de l'origine provençale du sonnet!
Si apocryphe pourtant que soit le chant du poëte fictif nommé G. des Amalrics, on le cite, et l'on peut le pro- duire comme un commencement de preuve dans la re- cherche de la paternité du petit poëme qui nous occupe ; mais il n'y a pas l'ombre d^un sonnet en langue romane, quoi qu'en aient dit Thibaut de Champagne,, Guillaume de Loris, etc., ou plutôt malgré ce qu'on leur prête. Il n'en est resté que ce qui existait réellement , un mot, mal in- terprété, comme Fr. Redi et Fr. S. Quadrio (^Della sîoria e délia ragione d'ogni poesia. MilanOj 1742) l'ont si bien démontré, que Raynouard n'a eu qu'à reproduire leurs arguments. — Après avoir rapporté les vers de Thibaut de Champagne et de G. de Lorris, Ménage dit aussi dans ses Observations sur les Poésies de Malherbe, à l'occasion du sonnet : « Il n'est pas certain que cette sorte de poëme fut dès lors réglée à quatorze vers..., et ceux qui le prétendent n'en produisent aucun exemple d'aucun de nos poètes qui ait précédé le règne de François I". »
II
ORIGINE DU SONNET
Quittons les pays de langues romane et provençale ; abordons en Italie ; allons au berceau du sonnet en pre- nant M. Fauriel pour guide, sans avoir en lui une con- fiance aveugle, parce qu'il ne voit partout que la poésie provençale, dont il a écrit V histoire. Que nous dit-il ? « Le fait est qu'antérieurement au XIII^ siècle il n'y avait en Italie d'autre poésie que celle qu'il y a partout et qui ne s'écrit pas, celle de la nature et du peuple... Quant à une poésie écrite, il est généralement convenu que les premiers essais en furent faits en Sicile et par des Sici- liens, à la cour et sous l'influence de Frédéric II. Mais jusqu'à présent rien n'explique pourquoi les auteurs de ces essais y employèrent, au lieu du sicilien, idiome du pays, le toscan, dont rien ne marque à cette époque la suprématie littéraire. » Dans son Histoire littéraire de Vîtaliej t. I^''j pp. 295-96-97, Ginguené s'exprime à peu près de même : « Dante disait que la poésie et la littérature d'Italie s'appelaient siciliennes , parce que tout
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ce qui s'écrivait de plus exquis venait de la cour de Sicile. »
Ginguené cite quelques-uns des poètes siciliens et ajoute, en parlant de leurs œuvres : « On y voit, comme dans celles de Ciullo d'Alcamo, de Frédéric II et de Pierre des Vignes^ la langue et l'art des vers à leur berceau. Les pensées en sont communes, le style incor- rect et grossier... Les chansons ont presque toutes la forme que leur avaient donnée les troubadours. Mais le sonnet a constamment celle qu'il a conservée depuis : ce qui confirme l'opinion de son origine sicilienne. »
Ginguené dit encore^ page 405 : « Les sonnets ont la forme à peu près aussi régulière que ce genre de poésie l'eut dans le siècle suivant. Seulement, outre les imper- fections du style, l'idée n'y est pas bien conduite, et les tercets tombent toujours languissamment et gauche- ment. ))
Le même auteur, quelques pages plus loin (416), re- vient au sonnet : « La première forme de ces odes ou canzoni était, comme on l'a vu, empruntée des Proven- çaux; à leur exemple, les poètes italiens avaient, dès l'origine, donné aux strophes des entrelacements harmo- nieux de rimes et de mesures de vers ; elles étaient dès lors telles à peu près qu'elles sont restées depuis. // n'en était pas ainsi du sonnet^ né sicilien, et qui au commence- ment de ce siècle (XII T) était encore dans une sorte d'enfance. Les plus anciens poètes siciliens avaient d'abord donné ce litre à une espèce particulière de poésie qui varia selon leur caprice. Les uns y employaient deux quatrains suivis de deux tercets, les autres, sous le nom de sonnets doubles, doppii ou inîerzati, mettaient deux
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Strophes de six vers ou une seule de douze, et ensuite deux autres de six, de cinq ou de quatre vers. Il paraît constant que ce fut Guittone d'Arezzo qui leur donna des formes plus fixes et qui enchaîna par des lois plus sévères la liberté dont les poètes avaient joui jus- qu'alors. Cest à lui, et non pas aux rimeurs français j qu'Apollon dicta ces rigoureuses lois que Boileau a expri- mées en si beaux vers. »
C'est très-bien ; mais, si nous accusions en commen- çant plusieurs de nos compatriotes de suivre les erre- ments de G. Colletet, d'autres auteurs, Français égale- ment, et Ginguené se trouve être du nombre , croyant mieux faire, ont ajouté foi à Visîoria délia Volgar poesia par Crescimbeni {Roma, 1698); or, Crescimbeni a pris lui-même à la lettre la Vie des poètes provensaux^ de Jean de Nostre-Dame. C'est donc dans Crescimbeni que Gin- guené a puisé ce renseignement relatif à la perfection du sonnet attribuée à Guittone d^Arezzo, en 1 2 $0. Mais l'abbé Francesco Venini, dans les poésies anciennes et mo- dernes qu'il a recueillies sous ce titre : Saggi délia poesia lirica. Milano^ 18 18, fait à ce sujet des réflexions dans un italien trop clair pour qu'il soit nécessaire de le tra- duire^: « £ opinion comune, che da lui, corne afferme il Crescimbeni, sia staîo a perfezione il sonetto, fermata in quello la qualità, il numéro de versi, la collocazione e la va- riazione délie rime^ che ora pratichianio. Ma oltre a qualche smetto de^ pià antichi poeti Perugini publicato dal Vincioli, tutti i sonetti del Guinizzelli son tessuli nellaguisaniedesima, e son certamente anteriori a quelli di Frà Guittone. »
1 1 est, en effet, positif que Gualbertino da Coderta (1230), Guerzo di Monîecanti (1230), Ql EnzOj roi de Sardaigne
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(1245)1 ont fait des sonnets aussi réguliers que ceux de Guittone d'Arezzo, qui sont mis sous la date de 1250 par pure fantaisie; Guittone del Viva, dit Frà Guittone d'Arezzo, mourut en 1294, quarante-quatre ans plus tard. Mais ne sait-on pas que Jacopo da Lentino, Maz- zeo di Rocco , il Giudicio Ubertino, Giiglielmotîo da Otrante, etc., ont des sonnets réguliers datés aussi de i25o! Signalons surtout le sonnet de P. délie Vigne (de Capoue), d'une époque antérieure, et dont les rimes ont la symétrie des sonnets de Guittone d'Arezzo, à l'exception d'une seule des quatrains qui se représente dans les tercets; mais cela ne peut tirer à conséquence, n'étant que l'effet du hasard.
Arrêtons-nous donc un moment sur le sonnet célèbre que Pierre des Vignes est censé avoir écrit en 1220. As- surément le choix de cette année-là est fort arbitraire, car, les vers de P. des Vignes ayant trait à l'amour, les historiens ont vu là une œuvre de jeunesse; le poëte avait alors environ trente ans , ont-ils dit, et la postérité l'a cru.
SONNET DE P. DES VIGNES.
Peroch amore no se po vedere
E no si trata corporalemente
Quanti ne son de si foie sapere
Che credono che amor sia niente ! •
Me poch amore si faze sentere
Dentro dal cor signorezar la zente,
Molto mazore presio de avère
Che sel vedesse vesibilemente :
Per la vertute de la caiamita
Como lo ferro atrar non se vede
Ma si lo tira signorevolmente E questa cosa a credere me' nvita
Che amore sia, e dame grande fede
Che tutt or sia creduto fra la zente.
Traduction par M. Georges G.
« Parce que l'amour ne se peut voir et qu'il n'est point sensible au tact comme les corps, combien n'y a-t-il pas de faux savants qui croient que l'amour n'est que néant !
« Mais puisque l'amour fait sentir sa puissance au fond du cœur qu'il maîtrise, on doit le priser bien plus que s'il était visible matériellement.
(.( Ainsi l'on ne voit pas comment la vertu de l'aimant attire le fer ; et pourtant elle l'attire d'une manière irré- sistible.
(( Et puis, ce qui m'engage à croire à l'existence de l'amour et me donne une grande foi en lui, c'est que, de tout temps, cette foi a été celle de tout le monde. »
Cet amour n'est pas si violent qu'il soit une preuve ir- récusable de la jeunesse d'un poëte dont voici la malheu- reuse histoire :
Pierre des Vignes était d'une famille originaire de Pa- doue ; jeté en prison par l'ordre de Frédéric II (qui lui aurait fait perdre la vue), il se brisa, dit-on, la tête de désespoir, en 1245.
Flaminio del Borgo, cité par Sismondi, prétend que P. des Vignes mourut à Pise, dans l'église de Saint- André, en 1 246. D'autres assurent qu'il fut sans doute à
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tort impliqué dans un complot en 1249. Or, si des évé- nements de cette importance ont aussi peu de certitude, peut-on accepter sans examen la date d'un simple son- net, quand son auteur vivait encore au moins vingt-cinq ans plus tard ? Quoi qu'il en soit, le sonnet précédent passe pour être le plus ancien que nous connaissions (s'il est réellement de 1220); mais, craignant qu'il n'y ait là un peu de parti pris pour ravir cette priorité à un autre poëte, nous sommes tenté de nous inscrire en faux. Voici pourquoi : si la première strophe du Cantico del sole^ par saint François d'Assise, est de quatorze vers, et si des auteurs l'ont prise pour un sonnet, confessons-le, il faut quelque bonne volonté pour y en découvrir un ; mais frà Klia, le compagnon de ce saint, a positivement com- posé des sonnets auxquels on assigne la date de 1226, parce qu'elle est celle de la mort de saint François d'As- sise : or, le frère Elle avait longtemps vécu avec ce saint!...
Nous sommes dor^c à nous demander s'il ne faudrait point avancer la date du sonnet de Pierre des Vignes et reculer celle des sonnets de frère Elie. Mais une autre difficulté s^ofîre à nous : des historiens rapportent que . L. délia Vernaccia, d'Urbino, fit des sonnets avant Pierre des Vignes! (Ëtrennes du Parnasse. — 1781.)
III
COUP D'ŒIL SUR LES SONNETTISTES
ANCIENS ET MODERNES
Les sonnettistes du XIII^ siècle furent nombreux; nous parlons de l'Italie, puisqu'il n'en existait point ail- leurs. Parmi les plus célèbres, Guido-Cavalcantijmon en MOI ; Dante Alighieri, 1 265-1 32 1 , et, plus tard, Cino da Pistoja, florissant vers 1320, préparèrent la voie à Pétrarque (i 304-1 374.) Le sonnet fut dès lors tellement transformé que le chantre de Laure peut être appelé le père de ce court et magnifique poëme (')• Lisez et jugez :
Voi ch' ascoltate in rime sparse il suono Di quci sospiri ond 'io nudriva il core
(i) Les traducteurs de Francesco Petrarca sont nombreux; nous en mentionnerons plusieurs dans le courant de notre ouvrage. Voici le nom de quelques autres : Lévêque, 1787; Léonce de Saint-Geniès, 181 6; Camille Esménard, 1830. — Arrêtons-nous à la traduction de M. Es- ménard {Choix de Sonnets de Pétrarque, Paris, i8jo, in-12); elle contient 60 sonnets ; ils sont en vers, mais les quatrains sont irrégu-
2.
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In sul mio primo giovenile errore,
Quand' era in parte altr' uom da quel ch' i' sono ; Del vario stile in ch' io piango e ragiono
Fra le vane speranze e '1 van dolore ;
Ove sia chi per prova intenda amore,
Spero trovàr pietà, non che perdono. Ma ben veggi' or siccome al pôpol tutto
Fàvola fui gran tempo; onde sovente
Di me medesmo meco mi vergogna : E del mio vaneggiàr vergogna é '1 frutto,
E '1 pentirsi, e '1 conôscer chiaramente
Che quanto piace a! mondo è brève sogno.
A la fin d'une longue et spirituelle pièce de vers (V. l'Ami des livres, avril i86i), M. Louis Veuilloîy auteur de plusieurs sonnets, a donné, sous le pseudonyme de Sylvain Laspre, une plaisante traduction de celui qui précède. En voici une autre de Cl. Marot :
Vous qui oyez en mes rythmes le son
D'iceulx soupirs dont mon cueur nourrissoye, Lorsqu'en erreur ma ieunesse passoye N'estant pas moy, mais bien d'aultre façon ;
De vains travaulx dont feis rythme et chanson Treuver m'attens (mais qu'on les lise et veoye) Non pitié seule, ains excuse en la voye, Où l'on congnoist amour ce faulx garson.
Si veoye ie maintenant, et entens Que lontemps feuz au peuple passetemps. Dont à part moy, honte le cueur me ronge ;
liers pour les rimes. M. Esménard croit à l'origine provençale du son- net. C'est un homme de talent que nous serions heureux de convertir à notre cause. — Enfin M. Joseph Poulenc a traduit en vers les Rimes de Pétrarque, i86;, 4 vol. in-12. — Les sonnets sont traduits en sonnets réguliers.
— „ 31 -
Ainsy le fruict de mon vain exercice C'est repentance, auecq honte et notice Que ce qui plaist au munde n'est que songe.
L'abbé de Sade cite, dans ses Mémoires pour la vie de François Pétrarque, Amsterdam 1764, t. II, p. 41, le sonnet apocryphe signé Petrarca, qui fut trouvé dans une tombe sur laquelle on lisait ces initiales : M. L. M. J. [M adonna Laura Morta Jace). Cette découverte remonte à 1529, selon les uns, à 1533, d'après d^autres. Ce son- net,' d'un style barbare, ne put tromper les gens lettrés du XVI® siècle. Ajoutons en passant que, d'après une opinion ancienne, fortifiée par de nouvelles preuves, il ne faudrait point voir dans la bien-aimée de Pétrarque Laure de Noves, femme de Hugues de Sade, mais Laure d'Adhémar, dont le père était seigneur de Cabrières, lieu peu éloigné de Vaucluse. Celle-ci mourut à trente- cinq ans et sans avoir contracté d'alliance. (Ph. de Mal- deghem. Vie de Pétrarque).
Poursuivons notre histoire en disant que les son- nets les plus beaux, après ceux de Pétrarque, appar- tiennent à Gabriello Fiamma, à Francesco de Lemene, 163 9- 1704, ainsi qu'à Giambattista Cotta. Ceux de Gio- vanni délia Casa, 1503-15^; d'Angelo di Costanzo, V. 1 507-1 $86; de Torquato Tasso, 1 544-1 595, et de Fr. Redi, 1626- 1697, sont très-goûtés également. L'Italie cite encore avant et depuis ces illustrations, Ja~ copo Sannazaro, 1 45 8- 1 5 30 ; Michel Angelo Buonarroti, le peintre-sculpteur, 1474-1564; Annibale Caro, 1507- 1566, l'inventeur du sonnet dit de la Belle Matineuse^ sonnet qui a joui d'une célébrité si grande après avoir
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été imité par Voiture, Malleville et autres ;L«/gi Tansillo, V. 15 10 1569; Gahriello Chiahrera, 1552-1638, auteur d'une inscription à la fois italienne et latine, pour une madone protectrice des marins :
In Mare irato, in rapida procella, Invocote, nostra benigna Stella.
Galileo Galilei^ 1 564-1642, dont le cœur brûlait pour une dame qui regardait cet embrasement avec indiffé- rence. Or, ce poëte la compara dans un sonnet à Néron contemplant Pincendie de Rome ! Le cavalier Marin {Giambaîtista Marinï)^ 1 569-1625, vient ensuite ; il vécut longtemps en France, o\x la reine de Médicis Pavait appelé. Un grand nombre de ses écrits sont obscènes ; en se convertissant, il les condamna, dit-on, au feu. Puisque nous parlons de la France, rappelons que Riche- lieu, après avoir pris la Rochelle, 1628, donna 3,000 livres au poëte italien Claudio Achllllnl pour un sonnet qui célébrait cette victoire. Ce sonnet, en italien, eslàcLUs le Parnasse royal. Paris, 1635, in-4".
Mais arrivons à Fz'c^nzo da Flllcaja, 1642- 1707, au- teur d'un sonnet fameux sur les Destinées de Vîîalle qui nous paraît trop admiré, trop vanté; faisons quelques réserves sur la justesse des expressions de ce petit poëme. Cependant Filicaja paraît être supérieur même à Pétrarque ; plusieurs de ses sonnets sont très-remar- quables. Voici celui qui a fondé sa réputation :
SUR LES DESTINÉES DE L'ITALIE.
Italia, Italia, 0 tu cui feo la sorte Donc infelice di bellezza, ond' hai
— 33 —
Funesta dote d'infiniti guai
Che in fronte scritti per gran doglia porte. Oh ! tu men bella, o almen più forte,
Onde assai più ti paventasse, o assai
Ti amasse men, chi del tuo bello ai rai
Par che si strugga, e pur ti sfida a morte! Che or giù dalT AIpi non vedrei torrenti
Scender d'armati ne di sangue tinta
Bever l'onda del Po gallici armenti. Ne te vedrei del non tuo ferro cinta
Pugnar col braccio di straniere genti,
Per servir sempre, o vincitrice o vinta.
Continuons en citant Benedetto Menziniy 1646- 1704, Giusep. Orsiy 165 2- 173 3, et Giamhatîista F.Zappi, 1667- 1719, dont les sonnets sont des productions gracieuses et morales, digne* assurément d'attention.
Enfin, un poëte beaucoup plus moderne, l'improvisa- teur Fr. Gianni, vers 1760- 182 3, dont le Bonaparte in Italia, poema, fut mis à l'index en 1818, est l'auteur d'un sonnet célèbre sur Judas. Le trait final de ce poëme, rapporte Collombet, paraissait sublime à Montlj qui, après avoir composé quatre sonnets pour surpasser celui de Gianni, fut contraint de s'avouer vaincu. Voici l'œuvre remarquable de Gianni sur Judas :
Allor che Giuda di furor satollo
Piombô dal ramo, rapido si mojse
L'instigator suo demone, e scontrollo
Battendo l'ali corne fiamma rosse ; Pel nodo che al fellon rattorse il collo
Giù nel bollor délie roventi fosse
- 34 - Appena con le scabre ugne rotollo Ch' arser le carni e sibilaron l'osse ; E in mezzo al vampo délia gran bufera Con diro ghigno Satana fu visto Spianar le rughe délia fronte altéra ; Poi fra le braccia si reco quel tristo, E con la bocca fumigante e nera Gli rese il bacio che avea dato a Cristo.
Un de nos amis, M. Georges Garnier, a bien voulu traduire exprès pour nous le sonnet précédent, et il l'a fait avec bonheur :
Quand Judas furieux se lança dans le vide. Le démon tentateur, porté rapidement Sur ses ailes de flamme au sourd frémissement Sous le rameau fatal heurta le corps livide.
Au nœud qui l'étrangla clouant sa griffe avide, A peine il a jeté le félon blasphémant Dans le puits de bitume et de soufre écumant, Que la chair cuit, les os sifflent, la peau se ride.
Alors, à la lueur d'un éclair souterrain. Du superbe Satan on vit le front d'airain Se dérider, avec un sourire farouche :
Il souleva le traître entre ses bras velus.
Le pressa sur son cœur, et, de sa noire bouche,
Lui rendit le baiser dont il souilla Jésus.
MM. Sainte-Beuve et Antoni Deschamps ont trans- porté dans notre langue ce même sonnet.
Passons à un autre pays : Juan Boscan Almogaver, envi- ron 1485-1 543, introduisit le sonnet en Espagne, et ses
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vers ont une harmonie que ne connaissaient'point encore les poètes castillans ; mais le fond et la forme de ses son- nets ne plairaient peut-être pas au goût français.
Son ami et rival, Gardas Laso, plus illustre sous le nom de Garsilaso de la Vega^ vers 1503-1536, composa plusieurs beaux sonnets. Ce jeune poëte, blessé à mort au fort de Muy, en 1536, quand Farmée impériale enva- hit la France, aurait fourni une brillante carrière, si la mort n'avait empêché son talent de mûrir.
Diego Hurtado de Mendoza, que Collombet place au rang des Portugais célèbres, naquit pourtant à Grenade, en 1503 ; il fut guerrier, ambassadeur, historien, géo- graphe et surtout poëte. Ses sonnets, moins harmonieux que ceux de Boscan, se recommandent par leur correc- tion et leur noblesse.
Mais hâtons-nous d'arriver à une femme illustre par sa sainteté, ses talents littéraires et poétiques. Le sonnet de sainte Thérèse^ 151 5-1 582, à Jésus crucifié^ jouit d'une célébrité incontestable ; il est d'une telle beauté qu'on nous reprocherait à juste titre de l'omettre dans les an- nales que nous consacrons à la gloire de ce petit, mais brillant poëme.
SONETO A CRISTO CRUCIFICADO.
No me mueve, mi Dios, para quererte,
El cielo que me tienes prometido,
Ni me mueve el infierno tan temido
Para dejar par eso de ofenderte. Tu me mueves, mi Dios; mueveme el verte
Ciavado en esa cruz y escarnecido ;
- 36-
Mueveme ver tu cuerpo tan herido ;
Mueveme las angustias de tu muerte. Mueveme, enfin, tu amor de tal manera
Que, aunque no habiera cieIo_, yo te amara,
Y aunque no habiera infierno, te temeria. No me tienes que dar porque te quiera,
Porque, si cuanto espero no esperara,
Lo mismo que te quiero_, te quisiera.
M. Firmin Didot^ 1764-1836, connu par de belles éditions, auteur de tragédies et traducteur de Théocrite, de Tyrtée et des Bucoliques de Virgile, a mis le sonnet de sainte Thérèse en vers français. Mais ce poëme a perdu en passant dans notre langue; M. Georges G. lui reproche de manquer de chaleur ; le premier quatrain est faible, et le sens de l'épithète escarnecido {bafoué, raillé, moqué) paraît même avoir été méconnu. C'est une mé- prise de la plupart des traducteurs, qui ont cru que ce mot signifiait décharné, déchiré. Mais le dernier vers est bien rendu, et c'est le principal. Toutefois, cette tra- duction est inférieure à une autre que nous voudrions reproduire et qui est un peu ancienne ; donnons la pré- férence à celle du général comte Anatole de Monîes- quiou (i)/
Non, non, ce qui me touche, ô mon Dieu ! ce n'est pas Le ciel que tu promets à ma persévérance ;
(i) Ancien chevalier d'honneur de la duchesse d'Orléans sous la Restauration, et pair de France après 1830. On peut voir dans Vape- reau la liste de ses ouvrages, notamment sa traduction des Sonnets de Pétrarque, 1842. Ses propres sonnets sont nombreux. Ses Chants di-
- 37 — Même l'enfer qui veille aux portes du trépas N'est point ce qui m'arrête et prévient mon offense.
Ce qui m'émeut, Seigneur, ce qui soutient mes pas, C'est de voir l'ironie accroître ta souffrance, Ta croix, ton sang, les coups dont les bourreaux sont las, Le crime qui s'achève, et ta mort qui commence.
Je t'aime pour toi seul, toi seul peux m'être cher l Même s'il n'existait ni de ciel ni d'enfer. Je le sens, ô mon Dieu ! je t'aimerais encore !
T'aimer est mon bonheur autant que mon devoir ; Ne m'accorde donc rien, même quand je t'implore : L'amour que j'ai pour toi n'a pas besoin d'espoir.
Passons maintenant à d'autres poètes espagnols qui méritent une attention particulière : Fernando de Her- rera — v. 15 16-1 595 — que ses compatriotes appelaient /g Divin, publia des sonnets, des chansons, des élégies, etc.
L'illustre auteur de Don Quichotte, Miguel de Cervantes- aavedra — 1547- 16 16 — nous appartient aussi par
s sonnets ; et i^r. Gomezde Quevedo y Villegas — 1 580- 645, — est auteur d'au moins mille sonnets, dont plu- sieurs sont très-beaux.
Terminons par Juan Melendez-Valdez, né dans la pro- vince de Badajoz en 1754, et mort à Montpellier en 1817.
IL Le goût de la littérature italienne, quelque temps
m
rs, 2 vol. in-8'>, remontent à 1843. Notre poëte, qui n'a pas craint aborder le poëme épique : Moïse, 2 vol, in-S», est né à Paris le 8 août 1788.
)
le Portugal ; don Pedro, duc de Coïmbre, y transplanta le sonnet dès le XV^ siècle. Boulay-Paty cite encore, d'après l'opinion de quelques historiens, Alphonse IV, roi et poète, au XIV^ siècle, ou son frère naturel, Alphonse Sanche. — Saa de Miranda — 1495-1 5 58 — fut sans doute le premier qui cultiva ce genre de poésie; c'est, au moins, ce nous semble, l'unique nom qui ap- paraisse à cette époque, après celui du célèbre don Pe- dro. Les sonnets de Miranda ont de l'originalité; ses pensées sont pleines de grâce et de mélancolie.
Vers la fm de ses jours, déjà brillait un poëte qui de- vait le surpasser, mais non peut-être comme sonnet- tiste : Lixis de Camoens — 1 524 ou 25-1 579 — fit des sonnets remarquables; quelques-uns témoignenttrop que l'auteur était en quête d'idées extraordinaires; beau- coup d'autres sont animés par un sentiment plus fort; plusieurs, se ressentant d'une vie agitée, sont remplis d'amertume et de désespoir. Une trentaine passent pour être excellents.
QuântèiManoel de Fariay Souza,— Y. 15 88- 1647,-- s'il appartenait au Portugal par sa naissance,, il écrivit tous ses ouvrages en espagnol. Après lui, nommons encore la sœur Violante de Ceo, Manoel da Costa, Antonio Diniz da Crut, Enfin Francisco do Nacimcnto Manoel, — 17 M" 182 1 , — chanté par Lamartine, composa des poésies fort belles; mais ses opinions religieuses, trop hardies, fu- rent déférées au saint-office. La fuite et l'exil volon- taire (à Versailles) le sauvèrent seuls d'une condamna- tion.
La France, il faut oser le dire, ne fut point une des premières à donner des lettres de naturalisation
— 39 -- au sonnet. Plusieurs chansons de Charles d'Orléans (mort en 1465), tant par hasard que par fortune, ont peut-être un faux air du sonnet. On connaît son fameux rondel :
Allez-vous-en, allez, allez Soucy, soin et mélancolie...
Ce petit poëme est sur deux rimes, il est vrai, mais il a quatorze vers, et le rondeau en a treize et quinze avec le refrain. Faut-il y voir un embryon du sonnet? Quoi qu'il en soit, il ne faut remonter évidemment qu'à Mel- lin de Saint-Gelais et à Clément Marot, qui composè- rent des sonnets véritables avant tous les autres poètes du XVP siècle. Les opinions qui diffèrent de celle-là pa- raissent fausses de tout point.
Clément Marot — 1495-1544, — traduisit en sonnets mêmes six sonnets de Pétrarque, et ses œuvres en contien- nent quatre dont le fond et la forme lui appartiennent. Un d'eux attire surtout notre attention, car il porte une date importante, sinon décisive, celle de 1 529! — C'est Vé- pigramme XLVll^ : Pour le may planté par les imprimeurs de Lyon devant le logis du seigneur Trivulse (sic) (1). Or,
(i) Il s'agit, croyons-nous, de Pompone de Trivulce, gouverneur de Lyon , au service duquel se mit , en qualité de musicien , notre com- patriote Eustorge, connu sous le nom d'Hector de Beaulieu, et auteur des Divers rapportez, Lyon , 1 5 37, et les Divers rapportz , 1 544 , pet. in-8. Ce livre est formé de rondeaux, ballades, chansons, épîtres, etc.;
sonnet seul n'y est pas ; on y trouve du reste des pièces fort libres.
uteur, en 1^46, publia d'autres vers sous ce titre ; Chrestienne ré- jouissance. Hector de Beaulieu, ayant embrassé le calvinisme, alla se réfugier à Genève. Ses autres œuvres sont décrites par Brunet, qui le
rme Eustorg.
%
— 40 — en présence de ce fait, que deviennent les conjectures des historiens qui attribuent l'importation du sonnet en France à Pontus de Thiard, alors âgé de huit à neuf ans, ou bien à Joachim du Bellay, plus jeune encore? Du même coup s'évanouit une autre erreur : le sonnet, connu au moins dès 1529, n'est pas venu en France à la suite de Catherine de Médicis, qui épousa Henri II en 1 5 3 3 ; seulement ce poëme devint alors d'un usage plus général. M. Alfred Delvau, dans les Sonneurs de sonnets. Paris, 1867, in-32, nepart, eneffet, quede 1 540.
Mais Clément Marot a dans Mellin de Saint-Gelais un concurrent redoutable. Celui-ci, né en 1491, quatre an- nées avant Marot, mourut en 1 5 58 ; ses œuvres parurent trois ans après la mort de Marot, en 1547 (i"^" édition longtemps inconnue) ; mais on sait, et Pasquier l'assure, que les sonnets et madrigaux de Saint-Gelais couraient manuscrits la cour et la ville ; plusieurs anciens critiques lui accordent la primauté. Comme il y a doute à cet égard, nous abandonnons la controverse à ceux qui sont moins ignorants que nous.
Les autres sonnettistes du XVP siècle, très-nom- breux, ne sont pas tous dignes d'intérêt; certains de ceux dont le talent est plus ou moins remarquable vont trop souvent jusqu'à la licence. Les plus renommés sont Olivier de Magny, mort vers i $60; Pierre de Ronsard, que ses contemporains nommaient le grand Monsieur de Ronsard, — 1524-1 585; — J. du Bellay, — v. 1 524-1 560;
— Rémi Belleau, — 1 5 2 5-1 577; —Claude de Buttet, vivant en 1 561 ; Etienne Jodelle, — 1 532-1573 ;— J.-Ant. Baïf,
— 1 532-1 589 ;- AmadisJamyn, — V. 1 540-1593 ; —et surtout un des plus célèbres, Philippe Desportes, qui
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puisa tantde sonnets dans les poètes italiens sans en in- diquer l'origine.
Enfin Malherbe vint, et le premier, en France, pro- portions gardées, fit des sonnets plus moraux. Disons même en passant qu'ils n'eurent point la célébrité que l'auteur méritait à juste titre.
Avec Malherbe, nous touchons à une deuxième ère du sonnet, brillante assurément, n'en déplaise aux par- tisans de quelques vers exagérés de Boileau. Jean Ogier de Gombauld, — 1 577-1666; — François Maynard, — 1 582-1646, — celui-ci trop souvent licencieux ; Claude de Malleviîle, — 1 5 97- 1 647 ; Vincent Voiture, — 1 5 98- 1 648; Pierre Corneille, — 1606-1684; Isaacde Benserade, — 161 2-1691 ; — J. Hesnault, mort en 1682, et quelques autres, ont composé des sonnets vraiment beaux.
Le sonnet régnait donc alors avec éclat ; il avait ses petites et grandes entrées à la cour; les princes pre- naient fait et cause pour tel sonnettiste : Malleviîle, Benserade et Voiture passionnaient la France et divi- saient la cour et la ville.
Après cette deuxième phase, le sonnet s'éclipsa, c'est évident ; mais ce n'est nullement parce qu'il cessa d'être cultivé dans le XVIII^ siècle, comme à tort on l'a cru; plusieurs poètes lui offraient encore leurs hommages, et les académies de Toulouse , de Caen et de Rouen le couronnaient parfois; mais les grands faiseurs avaient disparu, et leurs successeurs étaient souvent d'inhabiles héritiers.
La Révolution de 93, ennemie de toutes les aristo- craties, semblait avoir proscrit celle du sonnet, qui n'eut plus que de rares partisans. Une autre révolution, cette
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fois littéraire du moins, replaça le sonnet sur un trône, très-peu d'années avant 1830.
De nos jours les sonnettistes ne se comptent plus, excepté les bons.
Nous réservons aux modernes et aux anciens une large place à la suite de cette présente histoire.
Mais continuons à décrire les pérégrinations du son- net, qui, dans son humeur très-voyageuse, aborda en Angleterre; il y reçut un accueil royal : la cruelle Elisa- beth, — 1 553-1603, — le cultiva. Ce nom ne permet point d'omettre celui de Marie Stuart, du prétendu au- teur de douze sonnets au comte de Bothwell. M. Wie- sener attribue ces douze sonnets à un calomniateur de Marie Stuart qui voulait « fortifier les fables d'un libelle par un autre libelle. — » (^ Marie Stuart et le comte de BoîhwelL Paris, 1863, in-8.) Après ces royautés, la royauté du génie : William Shakespeare, — 1563 — ou 64 — 161 5 — ou 16 — plein d'ardeur , s'adonna au sonnet. Mais Edmund Spencer, né vers i$$o, avait tra- duit, dès 1569, des sonnets de Pétrarque. C'est de lui que M. Sainte-Beuve disait :
Spencer, s'en revenant de l'île des féeries , Exhale en longs sonnets ses tristesses chéries.
John Hilton, — 1 608- 1 674, — cet aveugle au physique et au moral^ puisqu'il osa soutenir la doctrine du régi- cide, fit de nombreux sonnets.
Wordsworth^ plus moderne, ridiculisé par la critique anglaise , et dans Don Juan , par lord Byron , autre son- nettiste — 1 788-1 824, — fut mis en honneur par deux
— 45 — hommes bien capables de contre-balancer l'influence de lord Byron ; nous voulons parler de Robert Southey et de sir Walter Scott. Wordsworth a porté le sonnet phi- losophique jusqu'à la perfection même.
L'Ecosse a peu de noms remarquables à nous si- gnaler : si William Drummond, — i $85-1649, -— lui ap- partient par la naissance et l'origine, c'est en anglais qu'il composa ses ouvrages et ses sonnets imités de Pétrarque.
Martin Opitz^ Silésien, ~ 1 597-1639, — transporta le sonnet en Allemagne, de concert avec son disciple, le Saxon P. Flemmingy — 1609- 1640. — André Greif, dit Gryphim, prit part à cette glorification du sonnet, qui eut encore de brillants admirateurs : citons seulement G. Aug. Burger, — 1748-1794, — (trop injustement critiqué par Schiller); Jean Wolfgang Goethe, — 1749- 1852;— W.Schlegel, — 1767-1845, — et Théodore Kœrner, — 1788-181 3, — auteur de la Lyre et PP.pée. N'omettons pas de reprendre à l'Allemagne un sonnet- tiste tendre et spirituel à la fois. En effet, Ludolphe- Adalbert de Chamisso naquit au château de Boncourt, dans la Champagne, en 1781 II émigra l'an 1790, avec sa famille, et devint page de la reine de Prusse. Ses compositions littéraires passent d'un extrême à Pautre : elles sont mélancoliques ou moqueuses. Ses poésies allemandes parurent à Leipsick, en 1834; elles eurent un succès considérable. C'est une célébrité que la Révo- lution nous a ravie.
La Hollande nous offre peu de sonnettistes distingués : Wisscher est peut-être le premier en date; vient ensuite ,un personnage bizarre, Juste van den Vondel, de Cologne,
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— I $87-1679. — Ce grand poëte fut le restaurateur de la poésie hollandaise.
La Pologne nous présente à son tour le célèbre exilé Adam Mickiewicz; et la Russie est fière de Pouchkin et d'un ou deux modernes. Quant à la Suède, G. Rosenhahn^ ou Rosenhane, président d'une cour judiciaire à Dorpat, sous Charles XI , est peut-être le premier de cette nation qui se soit épris du sonnet. Sous le singulier nom de Fredag (Vendredi), ce poëte pubha un recueil de son- nets à Stockholm, en 1680. — C'est au commencement de notre siècle que Stagnelius fit paraître dans la même ville un volume de vers où l'on rencontre un certain nombre de sonnets remarquables.
Voilà ce que nous avions à dire sur quelques-uns des sonnettistes les plus célèbres de l'Europe.
Maintenant passons aux règles de notre poëme, dont Boileau n'a décrit en vers que les principales.
i
IV
REGLES DU SONNET
On reproche au législateur du Parnasse d'exagérer la supériorité de ce petit ouvrage ; nul n'a pris garde que Boileau croyait à peine à l'existence d'un sonnet sans défaut : on en peut admirer tout au plus , disait-il, deux ou trois entre mille ; mais, dans la crainte de trop s'a- vancer, il se reprenait en ces termes :
Et cet heureux phénix est encore à trouver.
L'évêque de Vence , Godeau , allait aussi loin ; selon M. C. Asselineau, il niait qu^on en pût faire de parfaits. D'autres poëtes, fort heureusement, furent moins diffi- ciles.
François-Séraphin Desmarais ou Desmarets, né à Paris en 1632, mort en 1713, élu membre de l'Académie française en 1670 , composa un sonnet didactique, imité de Lope de Véga, dans lequel il exposa les plus impor- tantes règles de notre poëme. Ce sonnet, très-célèbre, est cité partout, mais sa réputation nous paraît surfaite ; ses rimes sont parfois même insuffisantes, et les répéti- tions de mots n'y sont point rares,
3-
I
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Antoine Houdart de Lamolîe — 1672-173 1 — traça alement les mêmes règles dans un autre sonnet, qui manque à la fois aux principes de la versification et du onnet : le huitième et le neuvième vers sont féminins et ne riment pas ensemble ; en outre, ce qui est bien moins grave , les rimes du dernier tercet ne sont pas en sens inverse des quatrains.
Ce faiseur d'opéras et de tragédies, connu par sa querelle avec M'"^ Dacier et Boileau à l'occasion des anciens et des modernes^ s'étant permis de corriger Homère, pouvait bien se croire autorisé à édicter de nouveau les lois du sonnet. Bien qu'il s'agisse d'un tour de force, ne soyons pas injuste : constatons le mérite de sa composition, faite sur des bouts rimes; la versifi- cation en est si facile et le style si élégant, qu'on ne peut guère y reconnaître un jeu d'esprit. — Toutefois, nous préférons le sonnet suivant de Pierre Poupo :
Qui veut faire vn sonnet et qui le veut bien faire, II faut que la matière excède l'ornement, Serrant en peu d'espace vn ample bastiment, Où iusqu'au moindre clou tout y soit nécessaire ;
Qu'vn style figuré s'esloigne du vulgaire;
Pourtant ie veux qu'il n'ait besoing de truchement ; Que l'ongle sur le vers coule facilement. Le françois en soit pur, la ryme volontaire ;
Qu'il contente tousiours le docte et l'ignorant, Estant salé partout de grâces, attirant Les esprits à merueille et non point à risée :
A son propre suiet lié d'vn ferme nœu;
Bref, que le chef, la queue et le point du milieu Soient ourdis et tissus d'une mesme fusée.
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Ce poëte et Boileau, forcés d'abréger, ne laissent pas entrevoir toutes les difficultés à vaincre. Ce dernier, du moins, dans les trois seuls sonnets qui nous restent de lui, s'est conformé aux bons principes. Beaucoup de poètes les ignoraient; plusieurs négligeaient de s'y sou- mettre : jamais pourtant les sonnettistes n'ont agi comme nos contemporains. Pour ceux-ci un petit poëme de quatorze vers , ayant deux quatrains et deux tercets, est un sonnet, quel que soit l'agencement des rimes, ou l'absence des repos indiqués , ou l'inégale mesure des vers, etc. Ils nous objectent que des poètes célèbres pè- chent par les mêmes imperfections; alors nous leur di- rons de faire des hiatus, du moins de ne pas entrelacer les rimes masculines et féminines comme Mellin de Saint- Gelais et Rémi Belleau (quelques modernes le font en effet). Si l'on veut imiter les défauts des anciens, il ne faut pas négliger de reproduire les beautés qui excusent certaines licences.
Mais continuons. Les uns disent que le sonnet n'a point de si nombreuses difficultés, pendant que d'autres les déclarent, à bon droit_, réelles et grandes :
C'est vn saut de défi : tous ne le feront pas !
disait Jean de Schelandre après avoir composé un son- net tour de force ; où serait le mérite s'il n'y avait aucun travail, et comment pourrait-on, en quatorze vers, éga- ler un long poëme?
Nous le répétons : les règles décrites par Lamotte et Boileau sont légères en comparaison de celles que tout
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traité de poésie nous impose, et que voici dans leur sévérité :
Les quatorze vers doivent être d'une égale mesure ; ceux de douze ou de huit pieds sont préférables ; les autres, de six, de cinq, de quatre, de trois, de deux et même d'un seul, n'appartiennent guère au genre sérieux; les vers de dix syllables, seuls en usage primitivement pour le sonnet, semblent mieux convenir à l'épître et à la chanson. Un léger repos, pour le moins, est de rigueur après le second vers de chaque quatrain; il est plus grand à la fm des quatrains et du premier tercet. Les deux quatrains, toujours sur deux rimes, ont ces rimes entrelacées de la même façon dans l'un comme dans l'autre; on n'y peut donc employer des rimes plates consécutives.
Les deux premiers vers du premier tercet riment en- semble ; le troisième vers de ce tercet doit rimer avec l'avant-dernier ou le dernier vers du deuxième tercet, selon l'agencement des rimes des deux quatrains, et en sens inverse, d'après les plus sévères, Malherbe en tête. En un mot, si les deuxième et troisième vers de chaque quatrain riment ensemble , le troisième vers du premier tercet doit rimer avec le deuxième du dernier tercet. Dans le cas contraire, si le premier vers de chaque qua- train s'accorde avec le troisième, les deux premiers vers du dernier tercet s'accordent également, et par consé- quent le troisième vers de chaque tercet a une rime sem- blable. Il serait désirable que le sonnet finît par un son plçin, c'est-à-dire par une rim.e masculine.
Comme nous avons quelque peine à décrire ces règles, il est mal aisé de s'y reconnaître autrement que par des
— 49 — citations. Voici de notre compatriote, M. Auguste Les- tourgie (i), un sonnet dont le dernier tercet a les rimes en sens inverse de celles des quatrains; les repos y sont observés avec une exactitude suffisante, sauf peut-être pour la fin du sixième vers.
Tandis que je suivais, nonchalant et morose, L'étroit sentier qui mène au sommet du coteau, La brume le couvrait d'un humide manteau. Me cachant les ajoncs et la bruyère rose ;
En mon cœur sombre aussi se cache quelque chose ; Toute la floraison de mon doux renouveau, Amour et poésie 1... Ah ! mon rêve si beau, Sous quel brouillard épais maintenant il repose!
Mais je monte, et déjà dans le ciel moins obscur. Aux grisailles d'automne est mêlé quelque azur; Mon cœur dans son linceul se débat et palpite.
Fuyez, vapeurs, fuyez, soucis pesants et froids 1 L'Orient se colore, ombres, tombez plus vite ! Le soleil et mon cœur renaîtront à la fois.
On l'a vu, les quatrains commencent et finissent par des rimes féminines.
L'agencement des vers dans le sonnet qui suit offre la même ordonnance ; mais le premier et le dernier de
(i) Auteur de : Près du Clocher. Paris, 1858 (cinq sonnets); ~ de Rimes limousines. Paris, 1863, in-12 (vingt-six), — et de 5owve- nances, recueil qui paraîtra prochainement. — M. Auguste Lestourgie, d'Argentat (Corrèze), a remporté plusieurs prix aux Jeux floraux de Toulouse.
— So — chaque quatrain sont terminés par une rime masculine. Il est dû à la plume d'un sonnettiste distingué, M. Georges Garnier, de Bayeux, et il a remporté un prix en 18665 aux Jeux floraux du Rosier de Marie, fondés par Monseigneur Pillon, de Thury, en 186$. M. Garnier fut aussi couronné en 1867. Trois autres de ses sonnets avaient eu le même honneur aux concours de V Abeille cau- choise (1837), du Journal de Seine-et-Oise, en 1838 (rela- tivement à une inscription sur la maison de J. de La Bruyère), et des Jeux floraux de Toulouse, en 1864. — M. Garnier est né à Gray (Haute-Saône), le 17 no- vembre 181 ^.
SONNET-ANAGRAMME. Marie-aimer.
Que de mystères couvre un nom!... Sous la lettre palpite l'âme : Le caillou recèle la flamme ; Dans le granit chante Memnon.
— ce Oh ! » bégaye un grave Zenon,
ce Cet exorde est une réclame
« Pour un jeu que la raison blâme...
« Quelque anagramme ?... — Pourquoi non.?
La vérité se voile d'ombres : Pythagore l'extrait des nombres ; Des mots nous pouvons l'exhumer.
« Amor ! — Roma ! » dit Égérie... Si ma bouche murmure : « Aimer! » L'écho des cieux répond : «. Marie! »
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La deuxième règle consiste à croiser les rimes de chaque quatrain , et par conséquent à ne pas les croiser dans le second tercet.
Un autre sonnettiste de talent (i), lauréat de l'Aca- démie française et de plusieurs académies ou sociétés littéraires de province, M. Delphis de la Cour, de Loches (Indre-et Loire), nous donnera le modèle d'un sonnet commençant par une rime féminine.
L'AMOUR MATERNEL.
Il est un amour saint comme l'amour d'un ange, Un amour dont le ciel ne peut être jaloux, Et qui change à son gré, par un miracle étrange, Les louves en brebis et les brebis en loups.
Il donne tout sans rien demander en échange. Il nous berce du cœur, enfant, sur ses genoux; C'est l'amour maternel, amour pur, sans mélange, Un autre ange gardien que Dieu mit près de nous.
Les fils sont oublieux : quand la vie est amère. Qu'ils viennent se jeter dans les bras de leur mère, Des liens de son cœur rien ne brise les nœuds;
Elle ne craint la mort que pour ces fils qu'elle aime, Elle sait qu'on survit; la mort pour elle-même N'est qu'un prolongement de l'existence en eux.
Un improvisateur, de dix-neuf à vingt ans, déjà célèbre, heureux héritier d'Eugène de Pradel, nous fournira le se-
(i) M. Delphis de la Cour publie annuellement ses poésies couron- nées. Parmi celles de 1867 : Poèmes et Sonnets. Gr. in-8«. Paris, Tours et Loches, 16 pages, nous remarquons trois sonnets fort jolis. Si M. D. de la Cour n'avait voulu être que sonnettiste, il serait allé fort loin.
cond exemple par le sonnet suivant, composé dans une réunion au collège de Roanne, le 4 avril 1865.
LA LOIRE.
Voyant qu'aujourd'hui les marchands Ont le pas même sur les princes, Que les lauriers les plus brillants Sont pour les cerveaux les plus minces.
Que des critiques insolents, A Paris narguant leurs provinces, Pour briser les plus beaux talents, De leurs plumes se font des pmces ;
La sainte Poésie en pleurs
S'est dit : — « Cherchons des cieux meilleurs,
Où Ton puisse rêver la gloire. »
Puis, implorant votre concours,
Elle vient abriter ses jours
Sur les bords fleuris de la Loire.
Alfred Besse, Auteur d'un recueil d'improvisations où l'on rencontre quelques sonnets.
Voilà les règles principales , mais les poètes veulent avoir les coudées franches : ils ont multiplié les combi- naisons de rimes, et sans doute il serait oiseux de les rapporter : chacun suit à présent son caprice. Du reste, on remarquait dans l'origine l'anarchie qui distingue notre siècle, surtout dans un temps où la versification n avait pas de formes arrêtées, où l'entrelacement ré-
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gulier des rimes féminines et masculines était peu en fa- veur. Quelques écrivains attribuent cette innovation à Jean Bouchet, le Traverseur des voies périlleuses, — qui ne fut pas toujours fidèle à cette règle; d'autres remontent plus haut et citent Agnès de Bragelongne (vivant sous Philippe-Auguste) comme auteur du poëme de Gabrielle de Vergy» Massieu dit que Thibault, comte de Cham- pagne, est le premier qui ait mêlé les rimes masculines aux féminines et qui ait senti les agréments de ce mélange — pour les pièces chantées. Seul, Ronsard adopta cette règle entièrement : il en fit un précepte obligatoire. Du Bellay négligea d'abord de s'y soumettre; il se con- forma bientôt, avec les autres poètes, à ce qu'on appe- lait l'ordonnance de Ronsard. Mais ni ce réformateur , ni plusieurs de ses amis ou disciples , ne suivirent exacte- ment les règles que nous avons tracées; elles sont pos- térieures à Ronsard et à sa pléiade. Auparavant, les sonnettistes en avaient adopté d'autres , comme nous le voyons par ce passage extrait de VArt poétique de Tho- mas Sibillet, Lyon, 1576, 3° édition, in-i 6 : « — Le « Sonnet suit l'epigramme de bien près et de matière et (( de mesure ; et quand tout est dit, le Sonnet n'est « autre chose que le parfait epigramme de l'Italien « comme le dizain du François. Mais parce qu'il est (( emprunté par nous de l'Italien, et qu'il a la forme (( autre que nos epigrammes, m'a semblé meilleur le « traiter à part. Or, pour en entendre l'énergie, sache (( que la matière de l'epigramme et la matière du Son- ce net sont toutes vnes, fors que la matière facecieuse <( est répugnante à la grauité du Sonnet, qui reçoit plus « proprement affections et passions graues, même chés
— H — (c le Prince des Poètes Italiens, duquel l'archétype des <( Sonnets a esté tiré. La structure en est vn peu fa- « cheuse : mais telle que de quatorze vers perpetuelz « au Sonnet, les huit premiers sont diuisez en deux « quatrains vniformes, c'est à dire en tout se ressem- « blans de ryme, et les vers de chaque quatrain sont « tellement assis, que, le premier symbolisant auec le « dernier, les deux du milieu demeurent ioins de ryme « plate. Les 6 derniers sont suietz à diuerse assiete : « mais plus souuent les deux premiers de ces 6 derniers « fraternisent en ryme plate. Les 4 et 5 fraternisent « aussi en ryme plate, mais différente de celle des deux « premiers, et le tiers et le siziesme symbolisent aussi cf en toute diuerse ryme des quatre autres; comme tu « peux voir en ce Sonnet de Marot :
Au ciel n'y a ne Planète, ne Signe, etc.
« Autrement, ces six derniers vers se varient entre « toutes les sortes que permettent analogie et raison, (( comme tu verras, en lisant les Sonnets faitz par les « sauans Poètes, plus clerement que règle ne moy ne « te pourrions monstrer.
(( Tant y a que le Sonnet auiourd'huy est fort vsité et « bien reçeu par sa nouueauté et sa grâce: et n'admet, « suivant son pois, autres vers que de dix syllabes. )>
Ce qui précède est extrait, avons -nous dit, de la 5^ édition de VArt poétique de Sibillet; les autres éditions sont de 1548, 155$, 1556, 1564, 1375 et 1576. Il pa- raît certain que ce passage sur le sonnet n'a subi aucune retouche: il doit remonter à 1548: à cette époque les
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— ss —
sonnets de dix syllabes avaient seuls cours; mais cette règle ne tarda point à tomber en désuétude ; le vers alexandrin s'empara du sonnet à juste titre, car ils sont faits l'un pour l'autre.
Citons maintenant M. Georges Garnier^ dont la bi- bliothèque, les conseils et la connaissance de la langue italienne sont utiles au travail que nous avons entre- pris :
— « On trouve dans Pétrarque des sonnets sembla- « blés aux nôtres quant à l'arrangement des rimes; mais u la plupart sont différents, et en cela il a été souvent « imité par les poètes italiens qui se sont succédé de- (c puis son siècle jusqu'à nos jours. —Je viens de confé- « rer, pour m'en assurer, les œuvres de Chiabrera, Tan- « sillo^ Bembo, Redi, etc. — Voici la plus grande diffé- « rence qui existe entre ce rhythme et le nôtre : les deux « tercets comptent trois rimes, au lieu de deux, et on « les agence de diverses manières. Exemple :
Pétrarque. |
Ver on |
ica-Gambara. |
G. délia Cassa. |
B. Varchi. |
dogiio. |
date. |
fendi. |
allô ri. |
|
barca,^ |
prega. |
turba. |
ferite. |
|
governo. |
prenda. |
disserra. |
fronte. |
|
carca. |
pietate. |
conturba. |
al fonte. |
|
voglio. |
accenda. |
vendi. |
fiori. |
|
verno. |
nega. |
guerra. |
infinité. |
u Le célèbre Vincent de Filicaia (i), le meilleur son- (( nettiste italien du XVII^ siècle, s'est toujours borné,
(i) Page 8, ligne 9, et page 32, ligne 20, lisez Filicaia au lieu de Filicaja.
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« au contraire, à deux rimes pour les sonnets, mais il c( les entrelace autrement que nous. Exemple :
piume.
celestL
costume.
appresd.
numc.
presti.
c( Presque tous ses sonnets sont ainsi.
(c Les Anglais et les Allemands suivent à peu près nos (( règles : seulement (et les premiers surtout) ils atta- « chent moins d'importance aux césures et aux repos ; « dans leurs plus beaux sonnets (de Wordsworth, par « exemple, qui est le grand maître en ce genre) il y a t( peu d'interruption entre les quatrains et les tercets, « qui, réunis, ne forment quelquefois qu'une ou deux « phrases ou périodes. Shakespeare a laissé un recueil (.( de sonnets , parmi lesquels il en est de fort beaux, (c mais d'une interprétation souvent difficile , à cause de (( la grande recherche de la pensée et de l'expression. La « plupart sont irréguliers, c'est-à-dire que les deux qua- (.( trains comptent plus de deux rimes. »
On le voit, en France, en Italie, en Angleterre et en Allemagne, l'anarchie est partout : chacun sonnetîise à son gré. Qu'on nous permette de suivre d'autres exemples en adoptant, même avec un peu de scrupule, chacune des règles tracées par les maîtres; hâtons-nous donc d'ache- ver de les décrire.
Il faut éviter les mauvaises consonnances entre les hé-
— 57 — mistiches et la fin du vers ; les mots mis une fois ne doi- vent plus se rencontrer^ sauf dans des cas presque néces- saires; ce précepte est de Boileau, qui ne s'est pas fait faute d'y manquer. Enfin, et ceci est essentiel, les rimes sont riches jusqu'à la recherche : il ne suffit pas qu'elles aient de quoi vivre, comme le disait Rivarol. Surtout point de syllabe longue rimant avec une syllabe brève.
M. Amédée Pommier, un homme détalent, s'exprime ainsi : « Je ne connais et n'admets qu'une chose, le sonnet « régulier, symétrique, sévèrement et méthodiquement « construit. Je le veux parfait, avec toutes ses entraves « habilement et consciencieusement surmontées: ce n'est (( qu'à cette condition qu'il procure à l'esprit comme à « l'œil un plaisir pur et complet. » A merveille!
Tout ce qui précède ne concerne évidemment que la ciselure, c'est-à-dire l'extérieur; or, une coupe bien ci- selée doit être d'un métal précieux. Le sonnet brille aussi par la forme, c'est incontestable ; mais si le trait final n'a rien de saillant, il n'y a point de sonnet!
DIVERS GENRES DE SONNETS
Notre poëme a produit de nombreuses variétés dont plusieurs sont abandonnées, même en Italie et en Es- pagne. Les poètes français ne les ont point connues. Tels sont, d'après Colletet, les sonnets continus^ enchaînés, ré- trogrades, septénaires, par répétition, etc.
Quant aux sonnets à queue, leur origine est également italienne; Cecco Naccoli, de Pérouse (XII I^ siècle), au- teur de sonnets ayant trois tercets, passe pour avoir in- venté les sonnets de ce genre. On peut en trouver des exemples en France, et nous en avons un sous les yeux ; il est placé en tête de la traduction des Œuvres d'Horace, par Luc de la Porte, Paris, 1584; c'est une dédicace à M. Guillaume Rose^ grand maître du collège de Navarre et prédicateur du roi.
Le sonnet à queue n'est autre chose, à vrai dire, qu'un sonnet ordinaire auquel, pour le moins, on ajoute un troisième tercet.
— Les sonnets doubles de dix-huit ou de vingt-huit
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vers, comme ceux de Jean de Boyssières (voir ses Œuvres, Paris, I $78), sont des sonnets redoublés ; ceux de vingt- huit sont formés de quatre quatrains sur deux rimes et d'autant de tercets. Colletet trouve cela excessif.
— C'estoit traînant au possible^ dit-il. — Nous sommes loin de le nier, et comprenons fort peu que ce genre ait encore quelques partisans.
— Décrirons-nous le sonnet acrostiche et mésostiche ? On a fait mieux que cela : Jean de Schelandre, visant au tour de force, composa un sonnet qui est acrostiche pour les premières lettres des premiers hémistiches : Anne de Montaut; et au commencement des seconds, dans le même sens, on lit : Dontant une âme (anagramme d^Anne de Montant^. Ces mots se trouvent en losange et en croix de Saint-André. Après tout, ce n'est pas un sonnet, quoi- qu'on die: bien que le nom d'Anne de Montaut n'ait que treize lettres, ce sonnet a quinze vers, et les sonnets à queue ont au moins deux ou trois vers supplémentaires.
— Le sonnet licencieux est comme un coursier courant à toute bride, assure Colletet; il nous parait, au con- traire, comme un coursier sans bride ni selle.
Il nous semble même avoir lu quelque part que « les « poètes feignoient d'estre tellement emportez par la passion « qu'ils ne s'occupoient point de la rime. » Ils auraient dû ne garder aucune mesure! En effet, s'ils ne pensaient point à la rime , comment songeaient-ils au nombre de syllabes de leurs vers? — On a faussement nommé li- cencieux (^au moins dans ce sens) les sonnets de Maynard, dont les quatrains sont sur quatre rimes.
— Le sonnet serpentin revient sur lui-même et finit par le commencement.
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— Voici un exemple du sonnet r^^our/z^' (voir Colletet) ; le premier vers est ainsi :
Ton ris, non ton caquet, ta beauté, non ton fard.
Et le dernier :
Ton fard , non ta beauté, ton caquet , non ton ris.
— Le sonnet rapporté, plus étrange que les précé- dents, n'a pas fourni une longue carrière. Nous citons avec peine le premier quatrain d'une pièce de ce genre dont l'auteur est Pierre Tamisier, président en l'élection de Mâcon, mort le 4 janvier 1 591 .
De fer, de feu, de sang, Mars, Vulcain, Tisiphone, Bastit, forgea, remplit, l'âme, le cœur, la main, Du meurtrier, du tyran, du cruel inhumain Qui meurtrit, brusie et perd la françoise couronne.
Or, il faut rapporter les mots qui sont placés avec in- tention et en former une phrase : Mars bâtit de fer l'âme du meurtrier qui meurtrit la française couronne, et ainsi de suite. Il n'y a rien au monde peut-être de plus ridicule et de plus fatigant à lire.
Quant à la qualification du sonnet boiteux, elle re- monte à G. Colletet, qui suivit l'exemple de Racan, le premier en date, en faisant un sonnet dont les vers étaient de mesure inégale. — « Cette nouueauté, dit cet écri- (( vain, ne déplût pas aux beaux Esprits de nostre temps, « et à Malherbe mesme, que ie fis rire un jour, lorsque, (c m'entretenant auecque luy sur ce sujet, ie luy dis
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a que parmy tant d'enfans que i'auois fait voir assez (c droits, il m'estoit arriué d'en faire seulement vn boi- (f teux. Si bien que cette sorte de sonnets fut deslors « appeliez boiteux ou rompus ou qui clochent d'un pied. )> Voici de quel pied boite le sonnet de Racan, composé à l'occasion de la maladie d'une dame :
O iuges souuerains qui présidez sur nous, Si de sa cruauté i'ay demandé vengeance , Pourquoy m'exauciez-vous?
Des Italiens et des Espagnols ont fait de semblables vers; et de nos jours plusieurs poëtes boitent des deux pieds.
— Pierre Davity, sieur de Montmartin, né à Tournon^ dans leVivarais, en 1573, mort à Paris en 1633, tâcha d'introduire un autre genre qui ne fit pas fortune. Ce poëte imagina de nommer nus les sonnets ordinaires ; et revêtus ceux qu'il avait accompagnés d'explications et d'une sorte de glose. Hâtons-nous de dire que ces pre- miers ouvrages lui inspirèrent plus tard de justes re- grets. (Nous retrouverons Davity aux sonnettistes an- ciens.)
Il n'y a pas grande différence entre ces sonnets revê- tus et les sonnets commentés par d'autres poëtes ou par les auteurs eux-mêmes. Ce fut ainsi qu'Adrien de la Mor- Hère, chanoine d'Amiens, publia ses propres sonnets avec un commentaire qui était son ouvrage ; mais ce com- mentaire était fort obscur. — Comme on avait songé à faire des sonnets doubles ou redoublés, quelques poëtes
Insèrent à réduire les quatorze vers traditionnels.
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Pierre de Laudun d'Aigaliers (ou Delaudun, comme plusieurs l'écrivent), né dans le village d'Aigaliers, près d'Uzès, en 1575, se fit remarquer par cette modifica- tion. Ce poëte avait déjà publié les Poésies de Pierre de Laudun d'Aigaliers, 1 596, Paris, in-12 ; il ne sonnettisait pas encore, et ce recueil n'attirant point Pattention du public, l'auteur voulut faire école ; c'est ainsi que la Communion du vray catholique, i $ 97^ qui manque dans Brunetjfut composée de septains ou demi-sonnets, un tercet à la suite d'un quatrain. Nous n'en pouvons rien repro- duire: tout dans cet ouvrage est absurde. V Art poétique, Paris, 1 5 67, in- 1 6, est l'œuvre la moins imparfaite de P. de Laudun, qui publia la Franciade, en 1 6o3 et en 1 604, pet. in-12. On jui doit encore deux tragédies. En 1620, il mourut d'une maladie épidémique. — Quelques années auparavant, un de ses contemporains, Jean de Beaubreuil, né à Limoges, auteur d'une pièce de théâtre intitulée : Tragédie de Regulus, Limoges, 1 582, pet. in-8*, avait fait une pareille tentative sans obtenir plus de succès. Le sonnet réduit de Beaubreuil avait dix vers, séparés ainsi : deux tercets et deux distiques. Voici un échantillon de la chose :
SUR LA BATAILLE D'IVRY.
N'attendons plus ; les champs d'Ivry sont pleins
Des deux partis pour en venir aux mains :
Sus, il est temps de sonner la bataille. Sonnez, clairons, sonnez viue le roy !
Aux bons endroits chamailler ie le voy;
C'est pour le bien des françois qu'il trauaille. C'est deuant luy que fuyent les Wallons;
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C'est luy qui veut sauuer ceux de la France ; Les plus criards s'arment par les talons, Et la victoire est à luy d'asseurance.
Beaubreuil, avocat au siège présidial de Limoges, écrivait de 1 582 à 1 5 94 environ. Il adressa pourtant un véritable sonnet à Joachim Blanchon, son compatriote. Brunet ne fait mention que de la Tragédie de Régulas.
Enfin, Claude de Taillemont, L)'o/îo^5, pour ne pas faire de sonnets, composa de petits poëmes de douze vers en l'honneur d'une femme qu'il nomma Tricarite. Voici le titre de son recueil : — Tricarite, homhre déplus rare triple beauté; plus quelques chants en faueur de plusieurs Damoezelles ; à Lyon^ par Jean Temporal, 1 5 56_, in-S^. Un autre livre de lui prouve qu'il est mort comme il a vécu : — Discours des champs Fa'éz, à Hwnneur et exaltation de l^amour et des dames, par C. de Taillemont, Lyonnois, Paris, 1 586, in-i6,^/ i $$3> 15^7^ '57'» ' $7^ ^' ' $^5-
Un autre sonnet réduit, mais plus régulier pourtant, se nomme acéphale ou tronqué, lorsqu'on retranche le premier quatrain d'un sonnet ordinaire. Voici un exemple emprunté à Fr. Maynard qui pourrait être l'inventeur de ce genre complètement oublié :
lean le Borgne, ce grand goulu, A tout mangé son patrimoine ; Et, dit-on, qu'il s'est résolu, Ou de se pendre ou d'estre moine;
Ses valets luy disent adieu. Et les Alpes n'ont point de lieu Qui soit si froid que sa cuisine.
Le Borgne est si fort indigent
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Qu'au matin pour payer chopine, Il a fondu son œil d'argent.
.Passons maintenant à un autre genre de sonnet, qui devint très-célèbre. Vers le milieu du XVI F siècle, un ecclésiastique, poëte un peu bizarre et sans talent, nommé Dulot, ou du Lot selon Colletet, se plaignit d'a- voir perdu 300 sonnets dont il avait déjà trouvé les rimes.
Cette façon d'agir surprit, mais on eut bientôt l'idée d'en faire un amusement. Telle est l'origine des bouts rimes. L'histoire rapporte que Sarrasin ne réussissait point dans ce jeu d'esprit, — ceux qui connaissent la glose plai- sante de ce poëte sur le sonnet de Job par Benserade en douteront assurément. — Il est certain pourtant que Sarrasin publia : Dulot vaincu , ou la Défaite des bouts rimez.
Un poëte a réussi dans ce genre, c'est Antoinette du Ligier de La Garde, connue sous le nom de M^* Deshou- lières^ qui, née à Paris vers 1638, mourut en 1694 (Voir plus loin l'article sur Racine). Ce n'est pas sans motif que l'on reproche à cette dame d'avoir emprunté plus d'un sujet de ses poésies, notamment de sa fameuse idylle, au livre intitulé : — Promenades de messire Antoine Coutel (v. 1627- 1693. Voir VioUet Le Duc). Promenades qui se composent de chansons, de sonnets^ de stances, d'élé- gies, etc. — Mais revenons à nos moutons, qui ne sont pas ceux de M"^^ Deshoulières, et citons de cette dame un curieux sonnet sur l'or [Poésies de M"^^ Deshoulières. A Paris, M.DCC.XXIV, t I^S p. 12) :
Ce métal précieux, cette fatale... ' pluie
Qui vainquit Danaé, peut vaincre 1'. . univers.
i
-6s-
Par luy les grands secrets sont souvent... découverts.
Et l'on ne répand point de larmes qu'il n'... essuie.
Il (i) semble que sans luy tout le bonheur nous.., fuie; Les plus grandes citez deviennent des... déserts y
Les lieux les plus charmans sont pour nous des... enfers; Enfin tout nous déplaît, nous choque et nous... ennuie. Il faut pour en avoir ramper comme un... lézard.
Pour les plus grands défauts, c'est un excellent... fard. Il peut en un moment illustrer la... canaille.
Il donne de l'esprit au plus lourd... animal.
Il peut forcer un mur, gagner une... bataille;
Mais il ne fit jamais tant de bien que de... mal.
On pourrait également reproduire un sonnet irrégu- lier de M. de Saint- Martin, — (deux poètes ont porté ce nom), — la Vie de la Cour.
Plusieurs auteurs firent des sonnets sur les mêmes bouts rimes, à l'occasion de la mort du perroquet de W^ du Plessis-Bellière. Ces poètes étaient quelques anonymes et le P. Le M, (Le Moine?) Barrant, de L. [La Muse nouvelle, par T. de Lorme, Lyon, 1665, in-12, contient deux sonnets sur chicane et capot, rimes données pour ce perroquet), D., Cehreî, le P. G., de B. (ces initiales sont sans doute celles de Jean Le Mière, sieur de Basly, dont le recueil Séria et loci renferme un sonnet sur les mêmes rimes, chicane., etc.)j Petit ^ Benserade , Boisrobert y M^^ de Revel, le marquis de M., de Roque- mont, M'^"= Tambonneau., de C, Loret (Jean Loret, né à Carentan (sans calembour), auteur de la Muxe his- torique, sorte de gazette en vers de i6$o à 166$ ;
(i) Le texte est ainsi :
Y semble que sans luy tout le bonheur nous fuïc.
4-
- 66 —
enfin Vâhhé Bertaut, différant de l'évêque de Séez. [Poé- sies choisies, édition de 1660).
M. Baraîon fut une autre célébrité du genre ; les bouts- rimés compliqués, très-difficiles, n'étaient pour lui qu'un jeu; on dirait que son inspiration augmentait en raison des obstacles mêmes. Son coup d'essai fut un triomphe. Vers la fin du XVII^ siècle, de grands personnages don- naient des bouts-rimés de sonnets à remplir en l'honneur du roi; une médaille de Louis XIV était le prix. En 1682, le duc de Saint-Aignan avait mis au concours le sujet suivant : Les différentes occupations des hommes, et la louange du Roy. Baraton fut couronné ; mais au lieu d'obtenir la médaille promise, qui représentait le passage du Rhin, il en reçut une autre de moindre valeur; le poëte s'en plaignit dans un nouveau sonnet sur les mêmes rimes, supérieur au premier; M. de Saint-Aignan s'exé- cuta et remit la véritable médaille au vainqueur.
Baraton concourut en 1685 et composa huit sonnets sur les mêmes rimes, adressés au roi, au Dauphin, au roi de Pologne, au duc d^Orléans, au prince de Condé, à la princesse douairière de Conti, au vicomte de Turenne, et à la république de Gênes. C'est un vrai tour de force ac- compli avec une aisance sans égale. Baraton repa- rut en 1696, puis en 1698, à l'occasion de la paix de Ryswick.
Mais revenons aux concours dirigés par de grands sei- gneurs : les ducs de Nevers et de Vivonne présidaient au jugement des pièces en 1683. Elles parurent la même année sous ce titre : — Recueil de sonnets composez par les plus habiles poètes du royaume sur les bouts-rimez, Pan, Guenuche, etc., proposez par M. Mignon, maître de musique
-67-
de l'église de Paris , pour estre remplis à la louange de sa majesté. Ce fut un sonnet anonyme qui remporta la médaille du roi. (La Monnoye en était l'auteur.)
M. Martinet, lieutenant des cérémonies^ connu par ses emblèmes royales à Louis~le-Grand , Paris, 1675, in- 12, n'obtint que l'accessit. Son sonnet l'emporte peut- être sur celui qui précède, car les jugements faux sont de tous les temps. — Ce volume contient cent quatre-vingt- treize sonnets; beaucoup sont anonymes, et quelques poètes -en ont plus d'un. Voici la liste des auteurs de cet ouvrage, mais non des pseudonymes, qui sont parfois très-ridicules: — Leduc de Saint- Aignan (François de Beauvilliers, de l'Académie française, auteur de poésies éparses, et dont le sonnet est sans doute le meilleur); Materre; Gardien y secrétaire du roy; du Fresne, cons. du roy; au prés, de Sedan ; L. R., secrétaire du roy; D. George Conrad Schuster (qui fit imprimer ses Sonnets à la louange de Louis-le-Grand sur les rimes proposées en 1682, Paris, 1683, in-4", pièce. Biblioth. imp.); de Neufville; D. V. A. R., l'abbé Plomet; Gauthier; Petit l'aîné (de Rouen); Pabbé Camier; Montaout, doyen des cons. du roy au présid. de Toulouse; Maillard ; J. C. dit Duparc; l'abbé Darly; Yves de Simprou ; Marie-Anne delà Salle; .W^^ de Lardenay; L. D. M.; Chantleu; CL De- laistre; l'abbé Sanguin; Portovin; Morel; F. R. C. A. P. D. M.; Descur; Rault; de la Crosse (de Lyon); de Trossy, chanoine de Senlis ; Saint- Hilaire; Belle- 1 sle ; Boucher; y. F. R. (de Lyon) ; de Gaigné fds ; le General ; de Lorne- rU ; Girault le jeune, Parisien (i)'Je sire de Flsle; M'*® Des-
{i) Lettres galantes, etc., pat M. Giravlt D. s. kPam, MDCLXXXm,
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duselle; Dabrais; J. de Croismare de basson (de Caen); Revest (d'Aix); Bouchet, curé de Nogent; J. B. E.; P. de Villemur; cons. au Pari, de Metz; Le Mareschal de la Pionnière; J. Delaistre, prestre; Girardot; Le Prévost D. G.; Couîin ou Goutin; Eschart , libraire; Egenda; M. Vincent, avocat au Pari; le chev. Jurain (de Dijon); R. D. S. y., de Monchamps, doyen des avocats du grand cons.; Robinet; le chev. de Tannes; A. C, de Boisroger; Baraton ; J. Davoust; Damon; Godefroy; de Bar; Scudery (prestre en Provence) ; Tilly de Maison- Rouge, Amoreux; l'abbé de Mareil; G. Cordetz (d'É- tampes); Robeton; Tissier; D. Schoustre (c'est sans doute le nom francisé du D. G. C. Schuster nommé pré- cédemment) ; Beauveau; S. Piiart; Bonenfant de Preval; L. Gobert d'Escouis ; l'abbé de Valmignon; J. B. Dantoine, l'aîné, avocat à Lyon; du Cloneuf; du Beaumois; frère Fourmy, de Beaugé en Anjou.
Enfin le Menagiana, page 232 du F"" vol., cite un son- net curieux de 1683 sur les rimes suivantes : Bourgogne, Philisbourg, Gascogne, Fribourg, Pologne, Luxembourg, Pologne, Strasbourg, Sienne^ Vienne, Anvers, Bonne, Nar- bonne, Nevers. — Ne quittons point ce Menagiana sans mentionner un sonnet-épitaphe ridicule, composé en 1589 par Joseph Grignette (t. !«'), et une autre épi- taphe, en sonnet irrégulier, faite par Jacques des Alleux, s^ de la Cusche (t. IV). Ce dernier poëte écrivait au XVI« siècle ou au commencement du XVII*. C'est un inconnu.
Neuf sonnets , dont quatre en bouts rimes. Un d'eux avait paru en 1682 dans le Mercure galant sous le nom de Girault le jeune. — C'est donc le même poëte, que les bibliographes ont oublié.
1-69- Cela dit, n'oublions point que Guillaume Colletet, à rt ou à raison, s'attribue l'invention des bouts-rimés dès 1625 ; à cette époque il en avait composé et fait remplir par trois de ses amis.
Les sonnets-énigmes ont eu leur tour : l'abbé Bordelon (Diversitez curieuses, Paris, 1697, in-12, et Amsterdam, 1 599, cite le suivant sur la lettre R :
Je suis en liberté sans sortir de prison, Je suis au desespoir sans quitter l'espérance ; Quoique dans le péril, je suis en assurance, Je parois à l'armée et suis en garnison.
J'ay part sans lâcheté, mesme à la trahison, Je sers à la richesse autant qu'à la souffrance. Je préside à la rime ainsi qu'à la raison. Et, dernière en faveur, je suis seconde en France.
Comme il n'est rien de grand ny de rare sans moy.
Je suis dedans la cour et dans l'esprit du roy,
Et c'est à moy qu'il rit, qu'il s'entretient, qu'il s'ouvre.
J'assiste à son coucher, j'assiste à son réveil ;
Il me souffre à Versailles, à Saint-Germain, au Louvre,
Mais me laisse à la porte en entrant au conseil.
Nous puisons à la même source un exemple assez cu- rieux et bizarre des sonnets par écho.
De l'Auguste Louis, célébrez les trophées,... fées.
Tracez, Filles des Bois, dessus ses Lauriers verds... vers.
Comme il est pour se voir dans le ciel couronné,... né,
Dressez à ce Héros que l'Univers contemple. . temple.
L'on peut bien de César ce qu'on en fait accroire... croire. Mais la gloire en hyver suivoit-elle ses pas?... Pas.
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Auprès du Grand Louis auroit-il du renom?... Non.
Le vit-on comme lui juste, vaillant, affable?.,. Fable.
Ce que l'antiquité, qui chez vous a crédit,... dit
Des plus fameux Guerriers est une bagatelle... tcllcy
Qu'ils auroient tous perdu devant ce grand Vainqueur... cœur.
Vovons-Ie qui jamais dans son sein vigilant... lent,
Toujours pour entasser merveille sur merveille... veille.
Qui donc est au-dessus de nostre demi -Dieu ?... Dieu.
Ce tour de force est anonyme; on en cite un autre que l'on attribuait à Pellisson; mais le Mercure galant le res- titue à Chemine!.
G. Colletet n'a point décrit les sonnets à tranches, qui étaient pourtant connus dès le XVl^ siècle.
M. Prosper Blanchemain a publié dans l'Ami des livres un sonnet de cette façon, daté de 1 587.
(( — On voit, dit-il, beaucoup d'exemples de cette « difficulté vaincue ; mais je crois qu'il en existe peu « d'aussi complets et d'aussi bien réussis. — »
L'auteur de ce triple sonnet a trois opinions; c'est bien digne d'un poète de ce temps-là... Chaque tranche forme un sonnet ; en réunissant les deux tronçons on a un troisième sonnet, — sans signature.
Plune faut endurer Des Bourbons la maison ;
La ligue des Lorrains, C'est l'appui de la France,
Ils tiennent en leurs mains De l'Estat la défense, Le fer pour nous tuer, C'est la Religion.
Il faut donc abhorrer Les Princes de Bourbon
Les castillans desseins Domptèrent l'insolence
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De ces loups inhumains Et la fière arrogance
Nous voulant dévorer De leur ambition.
Qui est plus proche aux rois Que la Maison de Guise,
Qu'un prince Navarrois Ne pille plus l'Eglise,
Contre l'usurpateur Le Ciel est irrité,
La noblesse se plainct D'un si cruel ravage,
Voyant un cœur menteur Qui d'un titre emprunté,
Sous un prétexte feint, Commet ardente rage.
André Mage de Fiefmelin., que nous allons retrouver, a composé une pièce identique.
Etienne Tabourot, sieur des Accords, cite un tour de force pareil^ à l'occasion du procès qui, du temps de Henri IV, s^éleva entre les Jésuites et l'Université. Le sonnet de Tabourot, coupé par le milieu, forme deux sonnets distincts, qui sont d'une grande vio- lence contre les Jésuites; les deux tronçons de ce ser- pent n'ont plus de venin quand on les réunit; ils font alors l'éloge le plus complet des Pères de la compagnie de Jésus. Ce n'est pas une œuvre pour ou contre, mais sur les Jésuites. Cependant, méfions-nous dç ce sonnet à double face. Le recueil des Mvses ralliées (1599) nous offre un emple encore plus frappant de cette difficulté vaincue dans un sonnet de Laugier de Porchères — Vœux pour sa Maiesté — divisé en quatre; le quatrième sonnet a seul des rimes, qui servent au cinquième, formé par la réunion des autres; il a été réimprimé sans nom d'au- teur, en 1618, dans le Parnasse des plus excellens poètes de ce temps , mais il n'y est partagé qu'en deux.
^m Terminons notre esquisse par d'autres singularités.
^Bans doute il faut rapporter au commencement du XVI I^
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siècle le sonnet Contre-Amour, dont l'originalité rappelle Jean de Schelandre et Laugier de Porchères :
Amour sans passion, passion sans pointure, Pointure sans douleur, douleur sans sentiment. Sentiment sans vigueur, vigueur sans mouuement, Mouuement sans espace, espace sans mesure.
Mesure sans obiet, obiet sans portraiture,
Portrait sans aucun trait, trait sans commencement. Commencement sans estre, estre sans élément, Elément sans humeur, humeur sans nourriture,
Nourriture sans vie et vie sans plaisir. Plaisir sans volonté, volonté sans désir. Désir bruslant sans feu, feu sans aucune flamme,
Flamme sans vn esprit, esprit sans ia raison. Raison qui n'est raison qu'estant hors de saison. C'est ce qu'on dit qu'amour vous imprime dans l'âme.
Après cela ne serait-il point inutile d'user de ména- gements pour présenter au lecteur un autre chef-d'œuvre de bizarrerie, également anonyme?
Le Temps de tous mes iours m'a demandé le compte. Et moy i'ay repondu : le compte veut du temps. A qui sans rendre compte a tant perdu de temps. Il faut beaucoup de temps pour rendre vn si long compte.
Le Temps m'a refusé de différer le compte, En disant que mon compte a refusé le Temps, Et que n'ayant pas fait mon compte dans le temps, le veux en vain du temps pour bien rendre mon compte,
0 Dieu ! quel compte peut nombrer un si long temps. Et quel temps peut suffire à faire un si long compte ! le n'ay tenu nul compte et négligé le temps.
— 73 —
Or, plus pressé du temps, plus oppressé du compte, le meurs et ne saurois rendre compte du temps, Puisque le temps perdu ne peut entrer en compte.
Un sonnet sur les mêmes rimes que le précédent, composé par un Poitevin , a paru sous ce titre : L^ Hy- pocrite, dans le Mercure galant du mois d'octobre 1677, avec de nombreuses variantes. Où est l'original? où est la copie ? Qui le sait ?
VI
DES ACADÉMIES PROTECTRICES DU SONNET
Ces académies ne couronnaient pas encore le sonnet lorsque J. du Bellay s'exprimait en ces termes :
(.(. Laisse toutes ces vieilles poésies Françoises aux « Jeux Floraux et au Puyde Rouan : comme Rondeaux, « Ballades, Virelais, Chans Royaux, Chansons et au- « très telles espiceries, qui corrompent le goust de nos- (( tre langue et ne servent sinon à porter tesmoignage « de nostre ignorance. « — Après avoir fait une excep- tion en faveur de POde et de l'Élégie, l'auteur de La Défense et Illustration de la Langue Françoise s'écriait : — (c Sonne-moy ces beaux sonnets non moins docte que plai- (( santé invention italienne! « — Terminons donc cette histoire par un aperçu des honneurs que plusieurs aca- démies de province ont décernés à notre poëme. Une des plus anciennes est de l'an 1 324. A cette époque fut fondé à Toulouse le collège du Gay-Sçavoir ou de la Gaye-Science ; vers i$oo, Clémence Isaure lui substitua, dit-on, le gracieux titre de Jeux floraux , et Louis le Grand érigea cette société littéraire en académie, en 1694. Les Jeux floraux couronnent le Sonnet seulement
I
— 7S — depuis le XVI IP siècle. Voici comment Poitevin Peitavi en parle dans le tome II des Mémoires pour servir à l'hisîoire des Jeux floraux. Toulouse, i8i $.
(( — Gabriel Vendanges de Malepeyre, conseiller au (( Présidial de Toulouse, mourut en 1702... C'était un « homme religieux, qui avait une dévotion particulière « à la Vierge et qui lui consacra tous ses travaux poé- « tiques. Une tradition nous apprend que, depuis sa « première jeunesse , il n'avait passé aucun jour sans (( s'exercer à célébrer , en vers , les vertus ou les gran- « deurs de Marie. On a été jusqu'à dire qu'// avait corn- « posé, en son honneur, autant de sonnets quHl y a de (( jours dans Vannée ^ et qu'un de ces sonnets trouvait cha- i( que jour sa place dans ses exercices de piété. — »
Arrêtons-nous ici pour constater que M. Vésy, biblio- thécaire de Rodez, a bien voulu nous signaler le Psau- tier de Notre-Dame , en 150 sonnets, par M. de Malapeira, in-i2, vers 1702.
(( M. de Malepeyre, continue Poitevin-Peitavi , pro- « posa à l'Académie (dont il faisait partie) la fondation (( d'une nouvelle fleur, d'un lis d'argent, qui serait « donné au meilleur sonnet composé en l'honneur de la (f Vierge. L'Académie nomma des commissaires pour « régler les conditions de la fondation , qui fut annon- « cée dans le programme de 1702. M. de Malepeyre « mourut cette année même, sans avoir pu connaître le « résultat du premier concours. Ses héritiers refusèrent
de faire les fonds pour l'achat du lis d'argent, et
pendant trente-sept ans il n'en fut plus question.
Mais en 1739, ^' de Malepeyre le fils eut quelques
scrupules sur l'inexécution de la volonté de son père
-76-
« et offrit de réparer ses torts. Le prix du sonnet, an- ce nonce en 1739, fut adjugé en 1740, et, depuis, sans « interruption (i). »
L'hymne à la Vierge fut parfois substitué au sonnet, et le sonnet lui-même, hâtons-nous de le dire , éprouva quelques interruptions, comme nous le verrons par la liste qui suit :
1740. L'abbé Portes, chanoine de Laon, a remporté le prix. Un autre sonnet qui a concouru est de M"ie L'Ëvesque.
1741. Sonnet qui a remporté le prix.
1742. Deux sonnets insérés dans le recueil.
1743. L'abbé Lasmartres remporte le prix de l'année et le prix réservé, deux autres sonnets insérés.
1745. Deux sonnets insérés.
1746. L'abbé P^yo^- y¥^f/z^vo/2 , prêtre prébende de l'église Saint-Sernin de Toulouse, remporte le prix ; — quatre au- tres sonnets insérés; l'avant-dernier est de M. Pelarrey , de Bourisp.
1747. Le même abbé Peyrot-Mathevon remporte le prix; deux autres sonnets insérés.
(i) On lit dans le Mercure Galant (mai 1685), à l'occasion des Jeux floraux : « ... On enferme dans une grande Sale tous ceux qui aspirent aux Prix, et chacun y travaille en particulier à ce qu'on appelle l'Essay. C'est un Sonnet qu'ils font sur un Vers qui leur est donné, et par le- quel ils sont obligez de le finir. La dernière fois qu'on distribua les Prix, voici le vers que l'on donna pour l'Essay :
Quiconque espère en Dieu n'est jamais confondu. »
Le Mercure Galant cite ensuite les sonnets de M. Brouilhet du Rocq, qui remporta l'Églantine, de M. de Raymond, qui obtint le Souci , et de M. d'Ahhatia, qui eut la Violette. Il n'y avait point alors de fleur spéciale pour le Sonnet : il ne s'agissait donc que d'une contre- épreuve.
— 77 -
1748. Trois sonnets insérés.
1749. M. Pelarrey, de Bourisp (vallée d'Aure) , remporte le prix ; deux autres sonnets insérés : le premier est de M . Pintrel fils, de Perpignan, le deuxième du même M. Pelarrey.
1750. M. Pelarrey, avocat au Parlement, remporte encore le prix; deux autres sonnets insérés.
1751. M. Daram, de Toulouse, remporte le prix; deux autres sonnets insérés.
176). M. Jamme, étudiant en droit à Toulouse, chevalier ès-loix, remporte le prix ; un sonnet inséré.
1762. Le R. P. Nicolo, de la Doctrine chrétienne, rem- porte le prix.
1763. Trois sonnets insérés.
1764. Trois sonnets insérés.
1765. Quatre sonnets insérés.
1766. Un sonnet inséré.
1767. Uâbbéde Souvignargues remporte le prix.
1768. Sonnet inséré.
1771. Sonnet anonyme qui a remporté le prix.
1776. Sonnet anonyme qui a remporté le prix ; sonnet ano- nyme qui obtient le prix réservé.
1777. M. Balar de Galin, procureur du Roi en la prévôté de Toulouse, remporte le prix.
1780. La O^*^ d^Esparbès remporte le prix.
1781. Sonnet inséré.
1784. M. Dalles, étudiant en droit, remporte le prix.
1785. M. Perié, Écuyer, remporte le prix; un sonnet ano- nyme obtient le prix réservé.
1786. Sonnet de M. Daram père, du Musée de Toulouse, inséré dans le Recueil.
1787. M. Daram père, Écuyer, remporte le prix; sonnet de l'abbé Jamme inséré dans le Recueil.
1788. Sonnet du même abbé Jamme, inséré dans le Re-
I
-78-
cueil; autre sonnet lu dans la séance publique de l'Académie des Jeux floraux, par M. Daram.
1 79 1 à 1 8o6. Le concours poétique des Jeux floraux est sup- primé.
1807. M. Charmanîy professeur de belles-lettres à Liège, département de l'Ourthe, remporte le prix,
1816. M. Marie-Joseph Dalles, imprimeur-libraire à Tou- louse, remporte le prix.
1838. Sonnet imprimé de M. Désiré Monnier, de Lons-le- Saunier.
1841. M. Alexandre-Emile Lefranc , de Mantes (Seine-et- Oise), remporte le prix.
1843. ^- ^^^'^' Rocher, de Lavaur (Tarn), a concouru pour le prix; son sonnet est imprimé.
1844. Sonnet imprimé.
1845. Sonnet imprimé, de M. Evariste Boulay-Paty. 1849. Sonnet imprimé, de M. Prosper Blanchemain, avocat
à Paris.
1854. Sonnet imprimé, de M. de Vasson, du Blanc (Indre), depuis président du tribunal de Napoléon-Vendée.
1855. M. Boulay-Paty remporte le prix; M. Henri de Ro- chefort, de Paris (que l'on dit auteur d'autres sonnets à la Vierge), et M. Emile la Bretonnière, de La Rochelle, ont concouru pour le prix, le premier avec un seul sonnet remar- quable, le deuxième avec un poëme de cinq sonnets, intitulé : Le Poëte et le Rossignol. — Un concurrent qui ne fut pas nommé dans le compte-rendu des Jeux floraux de cette année-là, fit une circulaire en quatre pages in-8, signée: Thom. la fleur des amis de Toulouse. Il y cite un de ses sonnets en déclarant que le dernier vers seul devait remporter le prix. Il s'agit, dit-on, de M. Thomassy, de Montpellier.
1856. Sonnet imprimé, de M. Lamourdedieu, de Clairac.
1857. Sonnet anonyme inséré. 1859. Sonnet inséré.
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i86o. Sonnet mentionné, mais non inséré, de M. Charles Butez, de Paris.
1861. Soir et Matin, poëme en trois sonnets, inséré. (L'au- teur est M. Mattei, écolier à Villefranche.)
186^. M. Delphis de la Cour obtient le prix réservé; M. Georges Garnier a concouru pour ce prix ; sonnet imprimé de M. Paul Ducos, fils de M. Florentin Ducos, doyen de l'Académie des Jeux floraux.
1864. M. Georges Garnier obtient le prix réservé.
1865. Deux sonnets insérés de W^^ Marie Fans.
1866. Sonnet inséré de M^'^ Marie Fons.
1867. Deux sonnets anonymes insérés.
1868. M. Louis Satre, de Saint-Chamond , obtient un lis réservé; sonnet de M. Ruzy, et Sonnets élêgiaques, de M. H. Viault, insérés.
N'abandonnons point la cité de Toulouse sans faire mention d'une autre association littéraire, connue autre- fois sous le titre de Société des Lanternistes, et que nous signale M. Georges Garnier. Fondée vers la fin du XVI P siècle, elle tirait son nom des lanternes que por- taient ses membres pour se rendre aux réunions, qui avaient toujours lieu la nuit. Elle proposa pendant long- temps des bouts-rimés d'un sonnet en l'honneur du roi. M"*^ Marie-Jeanne L'Héritier de Villandon (1664- 1734, née et morte à Paris), fille de Nicolas L'Héritier, sei- gneur de Villandon et de Nouvellon (écrivain de talent), fut le premier membre que reçut la nouvelle société. Le Père Commire, proto-lauréat, obtint la médaille d'ar- gent, qui était le prix annuel du sonnet. M"^ L'Héritier eut le même bonheur en 169$, pour un sonnet au Roy, que l'on trouve avec quinze autres sonnets également
— 8o —
dans ses Œuvres mêlées. Paris, 1696, in-12 ; ses com- positions littéraires parurent ensuite sous ce titre : Bi- garrures ingénieuses, ou Recueil de diverses Pièces galantes, en prose et en vers, 1696, petit in-12. On y rencontre un dix-septième sonnet, non en bouts-rimés, qui remporta le prix au Palinod de Caen, 1692. Ce même recueil parut en Hollande (à la Sphère), en 1696, pet. in-12. Enfin , on attribue à M"^ L'Héritier Pouvrage singulier qui suit : L'Erudition enjouée, ou Nouvelles sçavantes, sa- tyriques et galantes... Paris, 1703, 3 tomes en i vol. in-12. — Les autres lauréats des Lanternistes, que nous avons recueillis dans le Mercure Galant^ sont : 1 694 , le chev. Dupont^ major d'infanterie en Danemark; 1696, M"« de Nouvellon^ sœur cadette de M^^^ L'Héritier; 1700, l'abbé dePoissy ; 1 701, le P. Courtier, prof, à Toulouse; 1704, Barrere l'aîné, médecin à Toulouse.
Passons maintenant aux Puys ou Palinods : un Puy, dans le moyen âge, était un lieu élevé {podium) ; comme effectivement les juges des concours poétiques siégeaient autrefois sur des hauteurs, on donna dans la suite le nom de Puy à ces concours mêmes. Voici sur l'origine des Palinods (mot grec signifiant chant réitéré, parce qu'un refrain en l'honneur de la Vierge terminait chaque pièce) un passage extrait du Manuel du Bibliophile nor- mand, par M. Ed. Frère. 2 vol. in-80, Rouen, 1860 :
La Fête de la Conception de N.-D., appelée aussi Fête aux Normands, remonte à Herbert (ou Helsin) , abbé de Ra- mèze, envoyé de Guillaume le Conquérant, en 1070^ pour négocier la paix avec le roy de Danemark. Prêt à périr sur mer, il fit vœu, s'il échappait, de célébrer, entre les fêtes de la Sainte-Vierge, celle de la Conception. Cette solennité donna
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naissance à la fête des Palinods de Rouen, de Caen et de Dieppe (i). En 1520, le Pape Jules II confirma cette fonda- tion et accorda des indulgences et des privilèges aux confrères. Et 1 59^, le Parlement releva cette association, qui allait tom- ber; elle existait encore en 1789, sous le titre d'Académie des Palinods ; le duc d'Harcourt en était le protecteur.
Le Puy de Vlmmaculée Conception de Rouen fut fondé en 1 466 ; voici un programme du concours de 1635, que nous avons rencontré dans les papiers de G. CoUetet, mis à notre disposition par une rare obligeance de M. Barbier, conservateur-directeur de la Bihl. du Louvre:
Le Puy de l'Immaculée Conception de la Vierge Marie , mère de Dieu, sera ouuert à vne heure après midy et clos à cinq heures le mesme iour dimanche neufiesme de décembre en cet an mil six cent trente-cinq, au couuent des Carmes, à Rouen. Le Prince prie tous poètes de composer, apporter, ou enuoyer audit Puy chants royaux, Ballades, stances, odes et sonnets en vers françois et Epigrammes latins à l'honneur de la sacrée Conception. — Au meilleur chant royal, conte- nant cinq bastons d'vnze lignes, de dix à vnze sillabes cha- cune, à cinq couleurs diuerses et mariées; sans redites, et à tel palinod qu'il plaira au poète, pourueu que la ligne palino- diale soit de lisière féminine, et que les cinq premières lignes de chacun baston soyent closes en sens parfait, et les deuxsui- uantes si faire se peut : sera donné la palme de la fondation de M. de la Roque, abbé de Noë, conseiller au parlement. Au meilleur d'après, sera donné le lys, de la fondation dudit sieur de la Roque. A la meilleure Ballade de hui"t à neuf lignes de
(i) D'après ce que nous écrit M. A. Morin, bibliothécaire, le Pali- nod de Dieppe, fondé en 1^20, n'existait probablement plus à l'é- poque du bombardement de 1694; il ne couronna point le sonnet.
S'
— »2 —
huit sillabes, en trois bastons, auec ligne palinodiale, sera donné la rose. — A la meilleure stance, consistant en six quatrains de rithme croissante et mariée semblable l'une à l'autre, et portant sans aucune redite vn sens parfait, chacune en soy-même, auec enrichissement de sentences, pointes et rencontres de douze à treize sillabes, sera donné la tour, de la fondation de monsieur le premier président Groulart. Et à la meilleure d'après, le soleil, de la fondation de monsieur de Torcy. — A l'ode plus parfaite de six bastons, chacun con- tenant neuf lignes de sept à huit sillabes, le miroir d'argent, de la fondation de monsieur Halle, archidiacre. — Au meil- leur sonnet de quatorze lignes, de douze à treize sillabes, à cinq couleurs diuisées, dont les deux premiers quatrains soient clos en sens parfait et les six dernières lignes closes pareille- ment en chaque troisiesme, sera donné vn anneau d'or, de la fondation de monsieur le Pigny, archidiacre. — /lu plus par- fait Epigramme htin de vingt-cinq ou trente vers héroïques du plus, dont l'allusion n'excédera les deux derniers, sera donné vn chapeau de laurier, de la fondation de monsieur de Bre- teuille, officiai de Rouen ; au meilleur d'après, vne estoile. — A la meilleure ode latine pareille à celle d'Orace qui com- mence : Delicta majorum immeritus lues, la Ruche d'argent, auec mouches à miel, de la fondation de Monseigneur l'Illus- trissime archeuesque de Rouen (Fr. de Harlay), lequel sei- gneur, pour rendre le Puy de la Vierge plus illustre, donne deux nouuaux prix pour l'hymne françois ou poëme héroïque, sçavoir : au meilleur hymne qui ne contiendra moins de quatre uingts vers, ny plus de cent, de douze à treize sillabes, dont l'inuocation n'excédera le nombre de six ou huit vers, et la ré- duction ou allusion, de quatre ou de six, vn Apollon d'argent de la valeur de cent liures. — Au meilleur d'après, pour le debatu, vn prix de quarante liures. — Et seront les dits ou- urages bien escrits et orthographiés. Et defent le dit prince à tous poètes d'apporter sur ledit Puy aucune composition des-
-83 -
honneste, inuectiue ou diffamatoire, à peine d'interdiction du Puy et autres châtiments au cas appartenants.
Marin le Pigny, 1554-1633, qui fonda le prix du sonnet en 161 2, fut alors prince du Palinod de Rouen; il était docteur en théologie et en médecine.
Liste des Lauréats du Sonnet depuis sa fondation,
PALINOD DE ROUEN.
1612. Nicolas Guillcbert.
1613. Chûssebros.
1614. Jean-Jacques TanqucreL
161 5. Le Metel d'Ouville {Ant.)^ auteur de pièces de théâtre et de contes immoraux.
1617. Isaac Grisel, de Rouen.
1618. Jean le Prévost. (11 faut le distinguer de Jean Pré- vost, mort en 1612.)
16 19. Guillaume Canu.
1620. J.-Bapt. Tanquerel.
1621. Jean le Prévost.
1622. Le même.
1623. Henri Canu, sieur de Bailleul.
1624. David du Petit-Val. (Sonnet italien qui fit plaisir au Prince du Palinod, François de Harlay, et qui a été traduit en vers latins par J. André Guiot, 1739-1807, auteur des Trois Siècles palinodiques, ms. de la Bibl. de Caen , d'où M. Trebutien a bien voulu extraire pour nous la présente liste. Une autre traduction a été faite en sonnet français par Louis Midy du Chauvin, de Rouen, ancien officier, résidant à Caen et auteur de poésies françaises et latines couronnées au Puy de cette dernière ville, de 1 762 à 1 78 1 .)
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i62$. David du Petit- Val, imprimeur, fils du célèbre Ra- phaël du Petit- Val, de Rouen.
1626. Le même. 1627. Nicolas Beaumaistre.
1629. Le même.
1630. Jean Guerente.
163 1. Nie. Beaumaistre.
1632. De Richelonde.
1634. Inger, bailly de Louviers.
1635. Le même.
1636. J. Goujon.
1638. Antoine Corneille.
1639. Le même.
1640. Louis Thirel.
1641. Rault, de Rouen.
(Voir plus haut les bouts-rimés de 1683, et plus loin les lauréats de Caen.)
1642. Le même.
1643. Des Rives.
1644. De Fleurirai.
1645. De F lécelles y chdiï]. Rég.
1646. Jean Picot.
1647. Brihe.
1648. Desmarets. (Voir les lauréats de Caen.)
1649. De Tierceville.
1650. Pierre Hébert.
165 1. Le Signerre.
1652. L. S. (Le même?)
1653. Mlle d'Argences, 1659. M"« Canu.
1669. Mauduit, Oratorien.
1670. De Beauquesne.
167 1 . Bernard de Fontenelle. (Voir plus loin sa notice.)
1672. D. B.
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167 3' Charles Baron, sieur de Thibouville, né en 165$, à Rouen ; il n'avait alors que dix-huit ans à peine. Il composa des madrigaux, des épigrammes et un poëme : l'Art d'aimer.
1674. La Ferriere-Courcoul.
1675. Thorely avocat.
1678. Coudray. En 1677, du Coudray, curé de P., avait eu le prix du sonnet àCaen. Est-ce le même.'' 1682. De Saintz.
1691. Jean, de Caen.
1692. Le Mennecier; Théoduse de Saint-François, carme ; sonnet honoraire.
1693. Barasin, de Rouen.
1698. De la Girardiere, de Caen.
1699. De la Prairie-Cairon, prof.de mathém., à Caen.
1700. Ourseljde Rouen. [Les Beautez de la Normandie, ou rOriginc de la ville de Rouen, par J. Oursel. Rouen, 1700, in-i2. — Abrégé de l'histoire ecclésiastiéjue, civile et politique de la ville de Rouen, par Fr. Oursel, 1759, in- 12.)
170$. J. Ch. Couvrigny.
1708. LeSueur, prêtre, de Caen.
1712. Jacques Crevel, avocat et professeur de droit français, à Caen.
17 16. Henri Richer, avocat.
1727. Gouget de Harcourt, licencié en droit.
Voici, d'après M.Trebutien, des renseignements pré- neux sur le Palinod de Caen. Ce concours poétique, Fondé en 1527, dura peu de temps, sans qu'on puisse connaître la cause de son interruption en consultant les Mes de l'Université :
Pour le fonder à perpétuité, Etienne du Val de Mon- Irainville , qui avait acquis de grands biens dans le com- lerce, donna, le 6 mars 1 557, vingt-deux livres de rentes à
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l'Université. Quant aux prix, le contrat en fixe huit {au meil- leur sonnet, l'étoile, rédimable par quatorze sols)... Depuis IJ57 jusqu'à l'année 1614, la valeur de l'argent avait doublé et le blé quadruplé. Alors la rente donnée par le seigneur de Mon- draiville se trouva insuffisante, et l'Université ne pouvant rem- plir les closes du contrat fait avec lui, le Palinod se trouva supprimé de fait et de droit. Mais le 1 1 novembre 1624, Jac- ques le Maistre, chanoine d'Avranches, principal du collège du Bois, et fils d'Olivier le Maistre, écuyer, sieur deSavigny, vicomte de Coutances, donna une rente de cent livres pour rétablir et maintenir la fondation d'Etienne du Val.
Nous avons ajouté quelques renseignements à la liste des lauréats du sonnet au Palinod de Caen, que nous tenons également de M. Trebutien. (Il n'existe peut-être pas de Recueil imprimé antérieur à 1666.)
1666. De Bosroger, cap. au Rég. Royal (voir A. C. de Boiroger aux bouts-rimés sur Pan, Guenuche, etc.) , i^"" prix; — de Trussy, comte de Meilly, lieut. col. du rég. de Nor- mandie, 2® prix.
1667. Des Marets, de Rouen, i^'' prix;— Rault, de Rouen, 2^ prix. Le Recueil de cette année contient trois autres son- nets de Guillaume Pyron, professeur d'éloquence au collège du Bois; de Maheult de Vaucouleurs, médecin ordinaire du Roi, professeur en l'Université de Caen, et du sieur de Montenay- le-Neaf.
1668. Rault, i^f prix; — Hébert, curé de Nainville-en- Gastinois, 2*^ prix. (Est-ce Pierre Hébert, lauréat de Rouen, en 1650?}
1669. ^^ Sueur, chanoine, maître de la musique de la ca- thédrale de Rouen, i^r prix; ~ de Quetissens , de Caen, 2« prix.
1670. Brouault, i^^ et 2" prix.
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{671. Dauge, idem.
1672. Deux sonnets anonymes.
1673. Le Chevalier, de Rouen, i^'prix.
1674. L. C. (est-ce le même?), i^"" prix ; — le 2^ prix est remporté par un anonyme.
1677. Du Coudray, curé de Palluel, i*^'' prix.
1678. Le R. P. Mauduit, de l'Oratoire, i^i^prix; — Dauge, sous-diacre, de Caen, 2^ prix.
1682. Le Mennecier, de Saint-Lo, avocat au Parlement de Rouen, i^"" prix: — C, 2« prix.
1683. De Feuguerolles, avocat au Prés, de Caen, i^'' et 2^ prix.
1685. D. F. 1er prix; — Douville, de Rouen, 2" prix.
1686. Le R. P. H'dro'thèe, capucin de Mortain, i^"" prix ;
— de la Doûespe de Saint-Ouen, 2^ prix.
1688. De la Doùespe de Saint-Ouen, de Caen, i*^'' prix;
— de Saint-Amator, de Bayeux, étudiant en philosophie au collège des Arts, 2« prix.
1689. Fr. Laurens de Saint-Ange, Rel. carme de Caen, i^r prix; — de la Prairie-Cairon, professeur de mathéma- tiques, à Caen, 2^ prix.
1690. Hébert de Prêcourt, avocat en Vicomte, à Caen, leï'prix.
1691. Le même, i^^'' prix; — Jean, professeur au collège des Arts, 2^ prix. Ce sonnet a remporté l'anneau d'or à Rouen, et à Caen la Branche de Laurier.
1692. Gonfrey, professeur aux Droits, en l'Université de Caen, icr prix; — M^e l'Héritier de Villandon, de Paris, 2^ prix.
1693. Louvet, prêtre de Saint-Sauveur de Caen, i^'' et 2 prix.
169^. Dauchin, lieut. des maréchaux de France, 1^'' prix ;
IGuil. Pyron, de Caen, 2^ prix.
1696. Le Mennecier, de Saint-Lo, i^'" prix; de la PortCj de Caen, 2« prix.
1697. De la Prairie-Cairon, i<^'' prix; — de ia Porte, de Caen, 2^ prix.
1698. Le même de la Porte, i«'" prix ; — Hébert, de Caen, 2^ prix.
1699. De la Prairie-Cairon (sonnet couronné aussi à Rouen), i^'' prix ; — Mandait, de Vire, 2« prix.
1700. De Beaumont- M orfouassc [sic), de Rennes, i^'^prix.
1702. De Beaumont-Marfou^cd (sic), i^"^ priK .—Asselin, étudiant au collège de Harcourt, à Paris, 2« prix.
1703. Le Prestre, acolyte, de Conches, i^"" prix , — P. Hau- vcl, de Lisieux, étudiant en Théologie à Caen, 2^ prix.
1704. Le Boucher de la Pallière, avocat à Caen, i^'" prix ; — N. Godey, étudiant en Théologie, 2^ prix.
1705. P. Hauvel, de Lisieux.
1706. Collet de Lisley, diacre de Caen. i" prix ; — Le Four- nier, acolyte, maître aux Arts, à Caen, 2® prix.
1707. Asselin, de Vire, i^^ prix; — 2^ prix à un ano- nyme.
1708. i^'' prix à un anonyme. — Collet de Lisley, prêtre, de Caen, 2^ prix.
1709. De Caux, i'^'" prix ; — Durand, 2° prix.
171 1. Il n'y a pas eu de sonnets couronnés en 17 10; en 171 1, les sonnets couronnés sont sans nom d'auteur, on le comprend: le premier est précisément le sonnet de Fonte- nelle, sur l'Œil, qui avait remporté le prix à Rouen (167.). C'est un évident plagiat.
1712. Sonnets encore anonymes.
1714. Gouget de Harcourt.
171 5. Le Bedel, ecclésiastique de Saint-Lo, 1^'' prix
1716. Gouget de Harcourt.
1717. Philippe Gilbert, Bénédictin, de Caen.
1718. Bouquet, étudiant en l'Université de Caen.
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1719- Charles Hcartanld, de Caen.
1720. Anonyme.
1722. Le R. P. Michel Le Febvre, capucin, de Caen.
1723. Buot, régent de quatrième au collège épiscopal de Lisieux, i^' prix; — Gouget de Harcourt, 2^ prix.
1724. Hardoiiin, maître à danser de Paris et demeurante à Caen.
1725. Élie, étudiant en Logique.
1726. Hardouin.
1727. Gouget de Harcourt, sonnet couronné aussi à Rouen.
1728. Élie, diacre d'auprès de Saint-Lo. 173 1. De la Londe, de Cdien.
1734. Deux sonnets anonymes.
1738. Énée, professeur au collège du Bois, i^^ prix. — Rossignol, 2e prix.
1746. Morin , étudiant en droit en l'Université de Caen, i^'" prix.
1747. Saint-Martin,éco\\eT de physique au collège du Bois, i*"" prix.
1749. Langlois, prêtre, de Caen.
17^0. Anonyme, i*^"" prix; — du Bois^ clerc, de Lisieux, 2" prix.
17^9, 1760 et 1761. P. de Cu5J), diacre,
1768. Boisard, de l'Académie de Caen, ie""et2' prix. Ce )ëte, 1744-1833, est auteur d'un millier de fables.
1771. Poulain-Delaunay , bachelier en théologie, double mnet.
1774. Daubert, de Caen, i<^'" et 2*^ prix.
1776. Louis Midy du Chauvin, ancien officier, résidant à Jaen, i^'' prix.
1777. ***, le prix des deux sonnets, et 2^ prix réservé en [773-
1778. Dom Mauger, religieux de l'Abbaye royale de Saint- Uienne de Caen, ler prix ; — Picquot, de Caen, 2^ prix.
— 90 —
lySi. Daubert, de Caen, i^r prix; — Le Cavalier, docteur ès-lois et avocat à Caen, 2^ prix.
1790. Benj. Lentaigne, i^^ prix. (L'auteur fit imprimer son sonnet; Caen, 1790.)
Un jury spécial avait à juger les compositions en- voyées au Palinod de Caen pour les années 1792 et 1793 ; on voit par le procès-verbal de deux séances que deux sonnets se faisaient^ remarquer par la noblesse des images, la grandeur des pensées et V exactitude de la versi- fication. L'un, intitulé : L'Arche de Noé, ou le Déluge uni- versel, a remporté le premier prix de cette année; l'auteur est invité à lire la pièce avec ses variantes, qui ont paru aux commissaires beaucoup préférables au texte original. L'autre sonnet, intitulé : Palémon, ou le Sommeil du Juste, laisse au milieu des beautés qu'il présente, remarquer quelques dé- fauts qui n'ont permis aux juges de lui accorder que les hon- neurs de la lecture. Le second prix de cette année restera ré- servé pour la distribution de 1793.
Terminons par les Jeux floraux de Rodez, dans le Rouergue; une partie du testament de Jean de Tuilier, seigneur de La Roquette, président-trésorier de France, à Montauban, nous fait connaître leur origine peu an- cienne (18 mars 1675) :
Je veux aussi, pour animer la jeunesse aux lettres et à la vertu, instituer des Jeux floraux, et lègue 100 liv. de rente pour distribuer 3 fleurs d'argent à ceux qui auront mieux reussy en poésie latine, françoise et vulgaire ; à sçavoir : une branche de palme qui est dans mes armoiries; la marguerite en faveur de Marguerite de Maynard, ma défunte femme, et l'œillet, pour l'honneur d'Isabeau de Senneterre, ma tres-ai- mée femme, de valeur de 2 j liv.^ ayant mes armoiries au bas.
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Le thème de la composition sera baillé à la feste Saint-Jean de chaque année par M"" l'evesque, s'il luy plait en prendre la peine; et les compositions jugées par luy ou son vicaire gê- nerai, deux des M^'s du Présidial, deux des officiers de l'élec- tion, deux avocats, deux consuls, et les chefs des Révérends Pères Jésuites, que j'aurois dû nommer les premiers : lesquels donneront leur jugement le jour après Notre-Dame d'Août; et après la distribution faite des fleurs, ceux qui les auront eues feront le tour de ville avec violons et hautbois...
C'est à M. Ad. de Séguret, ancien magistrat, poëte distingué, que nous sommes redevables de ce document curieux et naïf. Rien n'indique dans les rares procès- verbaux existants et dans les sept ou huit recueils im- primés des Jeux floraux de Rodez, que le sonnet y fut couronné. Mais nous constaterons cependant que l'abbé Peyrot, prieur de Pradinas, vivant dans le XVII I^ siècle, y remporta deux prix pour deux sonnets. Il s'agit évi- demment de Rodez, puisque le nom du prieur de Pradinas n'est point dans la liste des lauréats de Toulouse, où l'on voit un abbé Peyrot-Mathevon, prébende de l'église de Saint-Sernin de Toulouse, avec lequel il ne faut pas le confondre.
NOTE PRÉLIMINAIRE
Il a paru convenable d'observer l'ordre chronologique pour les sonnettistes et les ouvrages anonymes suivants; cette tâche ne laissait pas que d'être ingrate et parfois impossible. G. Colletet ne tint guère compte que de la date des livres, ou plutôt de celle de la mort des poètes ^dont il écrivit l'histoire ; un autre point de départ est préférable : l'époque de la naissance est plus rationnelle, beaucoup d'auteurs s'étant dès leur jeunesse adonnés à la littérature. Mais comme des écrivains, cependant, n'ont consacré à' la poésie que leurs dernières années, — et plusieurs nous sont à peu près inconnus, — notre classi- fication n'est pas exempte d'arbitraire. Confessons encore un défaut : nous avons passé rapidement sur les sonnet- tistes célèbres, ne détaillant pas leurs œuvres, parce qu'elles sont indiquées partout. Les délaissés, les ignorés, n'étaient-ils pas plus dignes de solliciter notre sympathie et d'attirer notre attention spéciale ^
Il nous a semblé bon également d'atteindre un autre but. Par les renseignements qui suivent, nos lecteurs
— 94 — sauront peut-être discerner les bons catalogues de ceux qui préconisent tant de livres rares et remarquables^ grands de marge et avec témoins ! — Nous avons aussi pensé que les biographes tombaient dans un excès con- traire : leurs arrêts sur quelques auteurs ont vraiment l'air d'être stéréotypés ; ces compilateurs sont si enclins à traiter de médiocres la plupart des poètes !
Encore un mot. Si certains lecteurs ne manquent pas de dire que nous avons recherché avec trop de soin des noms de sonnettistes inconnus ou justement oubliés, d'autres seront heureux de signaler des omissions assu- rément faites à notre insu. Quant aux sonnets que nous reproduisons, nous avons exactement copié les origi- naux, autant que possible ; on sait que l'orthographe varia fréquemment aux XVl^ et XVII^ siècles.
SONNETTISTES FRANÇAIS ANCIENS
'$29
1800.
(^Plusieurs sonnettistes anciens ayant leur notice dans notre Monogra- phie du Sonnet, ne seront pas mentionnés dans cette deuxième par- tie. Voir la Table.)
Etienne Pasquier, dans ses Recherches sur la France, édi- tion de 1665, dit que Mellin ;< produisoit de petites fleurs et a non des fruicts d'aucune durée. C'estoient des mignardises « qui couroient de fois à autres par les mains des Courtisans et « Dames de la Cour, ce qui luy estoit vne grande prudence, « parce qu'après sa mort on fit imprimer vn recueil de ses « œuvres, qui mourut presque aussi tost qu'il vit le iour. » Pasquier se trompait, même pour l'histoire de ses contempo- rains : on sait que les Œuvres de Mellin de Salngelais parurent du vivant de leur auteur, en 1547, à Lyon, pet. in-80. Cette édition est restée fort longtemps inconnue ; Brunet en cite un seul exemplaire qui fut acheté 1,600 fr., par M. Double, à la vente Solar, et revendu 2,505 fr. à celle de M, Double, 1863. — Mellin de Saint-Gelais, traducteur de la jphonisbe du Trissin, pièce qui fut représentée à Blois, en
-96-
i5^9j ^vait déjà publié : Advertissement sur les iugemens d'as- trologie, a une studieuse damopelle. Lyon, Jean de Tournes, 1546, pet. in-80 de 40 pag. — Mellin, fils naturel, ou seu- lement neveu d'Octavien de Saint-Gelais (poëte aussi), vit le jour, en 1491, dans la ville d'Angoulême, et passa de ce monde en l'autre Tan 1^58; d'autres disent faussement fen 1554- — Poëte et musicien, il prit part à toutes les fêtes de la cour. Ses Œuvres poéti(]ues furent de nouveau imprimées à Lyon, en 1^74, pet. in-8°; 1582, in-i6, et à Paris, l'an 1719, pet. in-12. Colletet, dans son Art poétique ^ parle d'une édition in-folio de 1623, que Brunet ne mentionne point. — On a cité deux sonnets de Mellin : l'un d'eux commence par ce vers :
Voyant ces monts de veuë ainsi lointaine, et l'autre, plus connu, débute de la sorte :
Il n'est point tant de barques à Venise
Saint-Gelais fut bibliothécaire du roi et abbé du Reclus. Ce ne fut qu'après sa mort, en 1572, que parut son Histoire de Genièvre, imitation d'Arioste, complétée par Baïf.
Marguerite de Valois, ou plutôt d'Angoulême, sœur de François I^^ et reine de Navarre par son second mariage, na- quit à Angoulême le 1 1 avril 1492, et mourut le 21 décembre 1549. Elle était fort libre dans ses ouvrages; ses poésies, recueillies par un de ses valets de chambre, Jean de La Haye, sous ce titre : Margverites de la Margverite des Prin- cesses, très illustre Royne de Navarre. Suyte des Marguerites de la Marguerite des Princesses, très illustre Royne de Navarre. A Lyon MDXLVII, in-8°, eurent une deuxième édition aug- mentée en 1 554.
Peut-être, sans motif suffisant, G ouget croit-il que le Blason des cheveux, sonnet, est une pièce apocryphe. On voit encore
— 97 ~
dans ce livre : Le Miroir de l'Ame Pécheresse, qui avait paru en 1531, Alençon_, pet. in-4°. On a pensé que cet ouvrage était calviniste. Il reparut à Paris, en 1533, pet. in-8", et à Lyon, en 1549? in-i6. Une autre édition in-8° est sans date, etc. Les Œuvres complètes de cette princesse ont été réimprimées à Paris, en 1852, 2 vol. in-18. — Le Tombeau de Marguerite de Valois, Royne de Navarre. Paris, 1 5 $ i , in-12, d'autres di- sent pet. in-8°. C'est un recueil de poésies que Nicolas De- nisot (valet de chambre du roi, né au Mans l'an 1515, mort à Paris en 1559, et connu sous le pseudonyme anagramme de Conte d'Alsinois), dédia à très-illustre Marguerite , sœur unique du roi, duchesse de Berri. Le sonnet qui accompagne cette dédicace est adressé aux auteurs desépitaphes de la reine de Navarre, par P. G. T. — Ensuite viennent deux sonnets anonymes, dont le premier concerne Ronsard. Un autre, par damoiselle A. D. L. (Antoinette de Loyne) commence ainsi :
Que dirois-tu, 0 heureuse Minerue
et finit de la sorte :
christ est mon Tout, sans luy le n'estois rien.
Trois sonnets médiocres sont signés parJ. Morel, Em- brunois; le huitième est consacré à la duchesse de Vendôme, par Pierre des Mireurs ; le dernier est anonyme et ne vaut irien. Cet ouvrage avait d'abord paru en 1550; il ne conte- nait que les cent distiques faits par les trois sœurs Anne, ^Marguerite et Jeanne Seymour.
Antoinette de Loyne, que nous venons de nommer, épousa M. d'Allier, puis Jean Morel, d'Embrun, V aller ego de J. du jBellay.
Antoine Heroet, dit de la Maison neuve, né à Paris en 1492, mourut en 1 568. Le début de sa Parfaicte am)e a qua-
6
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torze vers à rimes plates; en séparant les quatrains et les tercets on y découvre un sonnet, ou peu s'en faut. C'est une pure fantaisie, mais voyez :
l'ay veu Amour pourtraict en diuers lieux :
L'vn le painct viel, cruel, et furieux ;
L'aultre, plus doulx, enfant, aueugle, nud :
Chascun le tient pour tel qu'il l'ha congneu Par ses bienfaicts, ou par sa forfaicture.
Pour mieux au vray diffinir sa nature,
Fauldroit tous coeurs veoir clers et emondés,
El les auoir premièrement sondés, Deuant qu'en faire vn iugument creable :
Car il n'est point d'affection semblable,
Veu que chascun se forge en son cerueau Vn dieu d'amours pour luy propre et nouueau,
Et qu'il y ha, si le dire est permis,
D'aymer autant de sortes que d'amys.
Ces deux derniers vers ont une variante. Voici d'autres ouvrages du même auteur : La Parfaite amye nouudkmmt composée par Ani. Heroeî dict la Maison neufue, auec plu- sieurs autres compositions du dict autheur. Lyon, Est. Dolet, 1542, pet, in-S». — Deuxième édition conforme, 1543. — Autre édition. Lyon, P. de Tours, 1 542. — Lu Parfaicte amye, par Ant. Heroet de la Maison-neufue. Paris. Galiot du Pré, 1544, in- 16. — Voici une édition oubliée par Brunet : La Par- faicte amye, avec plusieurs autres compositions du même autheur. A Troyes, par Maistre Nicole. Paris, \<^^2. — Opvscvles d'Amour, par Heroet, La Borderie et avtres divins poètes (Ch. Fontaine, Paul Angier et Papillon). Lyon, lean de Tovrnes, 1547, in-80, 346 pp. C'est une édition nouvelle de la Par- faicte amye.
Jean de la Maison-neufve, du Berri, auteur d'un Colloque, 1 5 58, et d'un Adieu aux Muses, n'a rien de commun avec He- roet et ne paraît point nous appartenir.
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Nous avons longuement discouru de Clément Marot et parlé de six sonnets traduits par lui de Pétrarque et de quatre autres qui sont bien son ouvrage. Ce poëte, né à Cahors, en 1495, fut enfermé en 1525 au Châtelet, et n'en sortit que pour être bientôt forcé de fuir. D'exil en exil, il mourut dans l'indigence à Turin, l'an 1 544. Sa traduction des psaumes fut mise à l'index.
Viollet-Le-Duc, dans sa Bibliothèque poétique, mentionne un manuscrit qui avait appartenu à Félibien, et qu'il pense être, à l'inspection de l'écriture, de la première moitié du XVI^ siècle. Ce manuscrit, outre un sonnet anonyme, con- tient une traduction en vers de plusieurs fables d'Esope, de Babrias et d'Avienus; quelques-unes sont en sonnets; et la morale, étant à part, forme une espèce de queue au sonnet. Mais il y a dans ces sonnets des vers alexandrins, et ceux de la première moitié du XVI* siècle, nous l'avons déjà vu, sont en vers de dix syllabes.
Pierre BoAiSTUAU, Boistuau, Boystuau, Boastuau, etc., dit Launa-j, naquit à Nantes, vers i ^00, et mourut en 1 ^GG, à Paris. Il fut secrétaire de Mgr de Cambray et ambassadeur ordinaire du roi es parties du Leuant. On lui doit : Quarante histoires prodigieuses, 1561 , 6 vol.; — les Histoires tragiques, 1568, etc., 7 vol. (trad. de Nouvelles de Bandello; c'est de là que Shakespeare et Voltaire ont tiré, l'un Roméo et Juliette, l'autre, Artémire); — le Théâtre du monde, 1584, etc., 6 vol., — Il avait publié, en i^S?? Paris, Vincent Sertenas, un livre qui reparut sous ce titre : L'Histoire de Chelidonius Tigurinus (nom imaginaire) sur l'Institution des Princes Chrestiens et Ori- gines des Royaumes, traduit du latin en françoys, par Pierre Boaistuau (sic)... En Anvers, par laques Monnotz, 1570, in- 16. Ce volume, compulsé pour nous, par M. G. Garnier, contient quatre sonnets, dont un de l'auteur ; les trois autres sont signés de noms inconnus : Françoys Dambrun, gentilhomme de la maison de M°>^la duchesse de Ferrare (Renée de France); 0. DE Beauregard, Lyonnois, et Pierre Tredehan
(Angevin), secrétaire du cardinal de Meudon (du Bellay), et traducteur en vers français de Theages ou de la Sapiencej dia- logue de Platon. Lyon, 1 564, in-40.
Dinemandy est le nom d'une ancienne et honorable famille de Limoges; dans le patois de cette ville il signifie dinematin ; aussi ne plut-il point à un poëtede cette maison, qui se fii ap- peler Auratus ; d'Aurat ou Dorât est la traduction de ce mot latin. Or, Jean Dinemandy signait toujours d'AURAT, mais on l'a nommé Dorât quand même. Peu importe, il s'agit d'un fort médiocre poëte, au moins en langue française, qui naquit à Limoges, vers 15 10, selon les uns, en 15 17, d'après La Croix du Maine. Ses ouvrages sont nombreux ; citons seule- ment un livre qui est de notre ressort : — Neuf cantiques latins et sonnets (français) de la paix au Roy Charles IX^, 1^70. — D'Aurat eut le titre de poète royal; on croit même que Charles IX créa cette charge pour notre compatriote. — D'a- près un ancien recueil contenant les portraits de plusieurs per- sonnages célèbres de 1 500 a 1620 environ, d'Aurat (sic) serait mort à Paris à quatre-vingts ans, en 1588; cette date est la plus certaine.
N'omettons point de signaler une pièce de Dorât, très-rare et non citée : — Epitalame sur le mariage de M. Maistre Mat- thieu Jourdain^ conseiller du Roy au parlement de Bretaigne, et de damoyselle Marie Dulac, fille de M. Maistre Ant. Dulac, etc.. S. L. N. D. (vers 1 $80) ; pet. in-4. — Scaliger rapporte que d'Aurat n'aurait pas fait moins de 50,000 vers. On lui attribue aussi l'invention de l'anagramme.
On présume que Jacques Dorât, chanoine de Reims et neveu du précédent, a composé La Nymphe rémoise au roy. A Reims, 1610, pet. in-8°. Cette pièce de vers est précédée d'un sonnet de Jacques Dorât; sept autres poésies signées L D, que Ton croit être du même auteur, sont dans le Recueil de plusieurs inscriptions, publié par M. Ch. du Lys.
Le Parnasse des poètes françois modernes, etc., recueilli par
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Gilles Corrozet. Paris, 1571, in-8°. Gilles Corrozet, né à Paris le 4 juillet i$io, mourut le même jour de l'an 1568; il aimait le poëte et la poésie ; il rassembla beaucoup de vers qui parurent trois ans après sa mort sous le titre que nous venons d'inscrire. Il en a signé la dédicace aux poètes fran- çais par cette devise, qui était la sienne : Plvs qvc moins. Les pièces préliminaires (on s'obstine de nos jourjj à dire : limi- naires) se font remarquer .par deux sonnets : l'un, qui n'est pas trop mal, est de Gilles Corrozet; l'autre, de Jacques MOYSSON (i), est moins bien. Plus loin viennent deux son- nets de Joachim du Bellay, et un de Renaud, Provençal. Cinq sonnets seulement dans le Parnasse des poètes françois du XVIe siècle ! — Une des éditions des Antiquitez, croniqves et singularitez de Paris, etc. Paris, 1586, pet. in-8°, de Gilles Corrozet, contient un sonnet par le fils de l'autlieur, Galiot Corrozet. — La Société des bibliophiles français a publié une nouvelle édition des Blasons domestiques, poésies de Gilles Cor- rozet, libraire de Paris, 1865, très-petit in-8°. —On doit à Cor- rozet d'autres ouvrages, notamment la compilation suivante : — Hecatomgraphie, c'est-à-dire les descriptions de cent figures et hystoires, contenans plusieurs appophtegmes, prouerbes, sentences et dictz, tant des anciens que des modernes. Paris, 1541, in-80. Les éditions de 1543 et 1548 sont sous le titre d'Hecaton- graphie.
Thomas Sibilet ou Sibillet, né vers 1 5 1 2, à Paris , mort en I 09, était avocat au parlement. Il est connu par un Art poétique françois, Paris, 1548, pet. in-80 (anonyme). Paris, 1 555, in-i6, Lyon, I5^6,in-i6, Paris, 1564, id., Paris, 1^73, id., et Lyon, 1576, id. Il traduisit Iphigénie, d'EunpidQ. Paris, 1 550, pet. in-80.
1(1) Ce poëte, entièrement inconnu, adressa un sonnet à Nicolas Ellain. — 1561-1570.
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A L'ENVIEUX.
Vtrs places en tête de l'Art poétique.
Qu'ay-ie espéré de ce tant peu d'ouurage,
Que ma plume a labouré cy-dedans ?
Honneur ? Nenny : ie suis trop ieune d'ans
Pour le gaigner, de sauoir dauantage. Profit ? Non plus : de tout tel labourage ,
Aulourd'huy sont les fruicts peu euidens.
T'enseigner ? Moins : ie sçay tes yeux ardens
Ne s'edercir de tant vmbreux nuage. Quoy donc ? Te plaire, entreprenant monstrer
Quel vouloir i'ay de voir garder les Muses
Entre François leur naïue douceur; Et la montrant, si i'ay peu rencontrer
Chemin pour y venir, que tu en vses :
Si non que tu en montres vn plus seur.
Les tercets ont les rimes à la façon des Italiens : il en existe de rares exemples en France, et cela est fort heureux ; pour nous, ce ne sont plus que des vers blancs. — Voir Brunet pour les autres ouvrages du même auteur.
Charles Fontaine, Parisien, 151^-1 s88, poëte médiocre, est connu par les Epistres d'Ovide nouuelkment mises en vers jranço-js. Avec les Préfaces et Annotations : le tout non parcy-devant imprimé... Lyon, 15^2, in-i6. Un autre livre est intitulé: S'ENSVYVENT LES RviSSEAVX DE FONTAINE. Œuvre conte- nant Epistres, Elégies, Chants diuers , Epigrammes, Odes et Estrennes pour ceste présente année i $ $ ^ ... Plus il y a vn trans- lat du Hure d'Ouide et de 2^ Enigmes traduites par ledict Fon- taine. Lyon, 155s, pet. in-8.
Ch. Fontaine, dans le Quintil Horatian que l'on rencontre dans plusieurs éditions à la suite de l'Art poétique de Sibilet, attaque avec assez de vivacité la Défense de la langue française,
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de J . du Bellay ( i ) . On y voit ce passage : « Tu nous as bien induit a laisser le blanc pour le bis : les Balades, Rondeaux, Virlaiz et Chants Royaulx, pour les Sonnetz, inuention {comme tu dis) ita- lienne. » — Malgré sa colère, Ch. Fontaine est sans doute l'auteur d'un sonnet qui termine un Art poétique abrégé que l'on trouve après le Qaintil Horatian. Ce sonnet, le seul de Ch. Fontaine, est loin d'être remarquable.
Jean Boiceau, sieur de la Borderie, Poitevin, est auteur du Vol de l'aigle en France, pet. in-8<* goth. (196 fr., en 1857, à la vente Leprévost). Ce livre est sans date, mais le privilège est de 1^9. Boiceau a composé aussi une Eglogue pastorale sur le Vol de V aigle, tic. Lyon, 1539, in-i6. lia fait quel- ques sonnets. Brunetlui attribue un poëme en patois poitevin, qui est daté de 1 5 5 5 et qui eut plusieurs éditions.
Jacques Pelletier, ou Peletier, né au Mans, le 2j juillet 1517, mort en 1582, traduisit en partie Homère, Horace et Virgile; plus, douze sonnets de Pétrarque, vers pour vers, dit-il, et il s'en glorifie dans un sonnet qui les précède. Voir ses Œ«vrc5 poétiques. Paris, 1547, in-8°. Son Amour des amours, Lyon, 1555, in-8° (comme ce titre sent le XVI® siècle?) a quatre-vingt-seize sonnets; son Art poétique, A Lyon, 1^55, in-80, en renferme quelques autres.
Des vers nouveaux de Pelletier virent le jour en 1572 [La Savoye, poème, Annecy, pet. in-80, livre réimprimé en 1836 dans les mémoires de la Société d'archéologie de cette ville); d'autres vers de lui, qui ne sont pas ceux de 1547, parurent aussi sous le titre d'Evvres poétiques. Paris, 1^81, in-40. Il publia un travail sur l'algèbre et le : Dialogue de l'ortografe e prononciation fransoize, départi an deus Hures. Poitiers, 1550,
(i) J. du Bellay avait eu le tort de citer le dernier vers du sonnet
Ide Sibilet à l^Envieux, comme étant trop abruptement couppé. Fontaine jléfendit Sibilet ouvertement.
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Théodore de Bèze, 15 19-1605, d'après l'abbé Merve- sin [Histoire de la poésie française, 1 706), adressa plusieurs pièces de vers à une femme qu'il nomme Candide, et qui était de Vezelay. M. Léon Feugères, dans son étude sur les Estienne, dit que les poésies de ce fougueux calviniste étaient des son- nets. Th. de Bèze composa aussi des pièces de théâtre. Le tout est très-faible.
(Quatre poètes principaux ont porté le nom de Habert : François, Pierre, Germain et Philippe. Les deux derniers, plus récents, furent membres de l'Académie, et nous n'avons rien à démêler avec eux; les autres, François et Pierre, nous appartiennent comme sonnettistes : nous aimons mieux cela.
François Habert naquit à Issoudun en 1 520, et mou- rut vers ï 561 ; il prit le surnom de Banny de Liesse (1), et, dans ses poésies, fut moral ou très-libre. — En 1551, il pu- blia V Institution de la Libéralité chrestienne , avec la Misère et la calamité de l'homme naissant en ce monde, in-8°. La dédicace de V Institution, seule en vers, est adressée à Jean de Fonsè- ques (de la maison de Surgères), évêque de Tulle et son bien- faiteur. Cette épître est suivie d'un sonnet que nous avons hâte de saisir. François Habert fit encore des sonnets héroïques sur le mariage de Charles, duc de Lorraine, et de M""® Claude, seconde fille de Henri H. (La Croix du Maine et du Ver- dier.) Un autre sonnet se trouve dans un des nombreux ou- vrages de Fr. Habert, dont voici les titres abrégés : La nou- velle Ivno. Lyon, 1547, in-8®. — La novvelle Pallas. Lyon, MDXLVn,in-8o. —Le combat de Cupidoet de la mort 's. d.), in-S*', etc. — Description poétique de l'Histoire du beau Narcis- sus. MDXXXXX, in-80, etc., etc.
Pierre Habert, frère du précédent, meilleur poète, na- quit également à Issoudun ; quelques sonnets terminent son poème,— Traité du bien et utilité de la paix. Paris, 1 548, in-8*',
(i) Philipon de la Madelaine, dans son Dict. des Poètes ^ donne à tort cette qualification à Pierre Habert.
— los —
Tours 1 590, in-4°. Il eut un fils, Isaac Habert, né à Paris, qui fut valet de chambre et secrétaire de Henri III. En 1 582, à vingt-deux ans, Isaac publia ses OEuvres poétiques, \n-^^. Les Amours pour Diane ont cinquante-deux sonnets. Ses Trois li- vres de Météores, et quelques autres œuvres poétiques, datent de 1585, et sont pet. in-S». Les sonnets abondent dans la deuxième partie; vingt-quatre sonnets spirituels (c'est-à-dire pieux) complètent la troisième. Un autre du même précède les poésies du P. Anselme du Chastel, 1 590. — Les vers d'I- saac Habert ont peu de mérite. Les renseignements qui pré- cèdent sont extraits en partie de Gouget et de Brunet; pour- tant Viollet-le-Duc croyait qu'Isaac Habert n'était pas connu des biographes antérieurs, bien que Ph. de la Madelaine eût aussi mentionné ce poëte.
PONTUS DE Thiard OU DE Thyard, né vers 1 521, au château de Bissy, dans le Maçonnais, mort en 1605, débuta parles Errevrs amovrevses (i). Tournon, 1J49, in-8^, 1554, in-i6, et MDLV, in-80. De nombreux sonnets de P. deThiard célèbrent Pasithee; ses Œvvres poetiqves, oh sont encore ses Erreurs amoureuses, en ont aussi ; mais son plus grand mérite, peut-être le seul, est d'avoir fait partie de la pléiade poétique de Ronsard. Voyez plutôt ce sonnet de ses Œuvres poétiques (Paris, 1573, in-40). — L'orthographe est conforme à l'original.
Pere du doux repos, Sommeil, père du songe, Maintenant que la nuit, d'vne grande ombre obscure, Faict à cet air serain humide couuerture, Vien, Sommeil désiré, et dans mes yeux te plonge.
Ton absence, Somm.eil, languissamment alonge. Et me fait plus sentir la peine que i'endure.
(1) « — H y nomme sa dame t'ombre de sa vie; mais l'exactitude veut qu'on ajoute qu'une fois devenu évêque (de Chalon-sur-Saône), il oublia tout à fait sa dame et presque entièrement la poésie. — » Dict. hisî. des Poètes Français.
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viens, Sommeil, l'assoupir et la rendre moins dure, Viens abuser mon mal de quelque doux mensonge.
la le muet Silence vn esquadron conduit De fantosmes ballans dessous l'aueugle nuict, Tu me dédaignes seul, qui te suis tant deuot!
Vien, Sommeil désiré, m'enuironner la teste. Car, d'vn vœu non menteur, vn bouquet ie t'appreste, De ta chère morelle, et de ton cher pavot.
Pontus était fils de Jean de Thyard et de Jeanne de Gannay, fille de Jean de Gannay, chancelier de France. — Pour ses autres ouvrages, voir Brunet.
Jean Charrier était avocat général au parlement de Pro- vence; il a fait : Mémorable action judiciaire contre un testament en faveur des religieux de l'observance de St-François, du Heu de Pi- gnans. Aix, i $59, in-4<*. C'est le même Jean Charrier dont un sonnet ferme le recueil suivant : Laure d'Avignon. Au nom et adueu de la Royne Catherine de Medicis, royne de France. Extrait du poëte florentin Françoys Pétrarque, et mis enfrançoys (en vers) par Vaisquin Philieul, de Carpentras. Paris, 1548, in-12. (Cent quatre-vingt-seize sonnets traduits librement.) — Une autre édition de ce livre (oubliée par Brunet) parut sous ce titre : Tovtes les evvres vulgaires de Françoys Pétrarque... En Avignon, 1555, in-S». Cette traduction est en sonnets, et VaS- QUIN Philieul en a placé deux des siens en tête des deuxième et quatrième livres. Ce poëte traduisit Le ieu des eschecz, 1 5 59, et les Dialogues des Devises d'Armes et d'Amours du S. Paulo lovio. Lyon, i j6i, in-4".
Nicolas Filleul, Normand, son contemporain et quasi homonyme, a publié des sonnets sous ce titre : Le Discours, Rouen, 1 560, in-4°, et deux autres livres en 1 566 et 1 573.
Un sonnet de Thierry de la Mothe, de Bar-le-Duc, lieutenant général de Bar, précède le Combat de la Chair et de l'Esprit (en rimes), par Edmond du Boulay (mort en i J S^)- Pa- ris, 1 549, in-80. Brunet le nomme du Boullay.
— loy —
Les bibliophiles achètent les poètes du XVI^ siècle en rai- son de la rareté mais non du mérite de ces vers, si souvent mé- diocres. Nous laisserons aux collectionneurs les poésies de Bernard du Poey ou du Puy, Béarnais, improprement ap- pelé Bernard de Poymonclar. Ce fort mauvais poète dédia ses Odes du Gave, etc._, Tolose, i $5 1, in-S^ de ^6 pp., par un sonnet absurde à Antoine de Bourbon et à Jeanne de Na- varre. Ses Poésies en diverses langues sur la naissance de Henry de Bourbon, 1554, sont médiocres.
Le Siècle d'or (par Bérenger de la Tour, d'Albenas). A Lyon, MDLI, pet. in-8°, est, selon Colietet, un recueil de chants royaux, épîtres, élégies, sonnets, etc. — On sait que l'auteur, qui naquit à Aubenas, en Vivarais, a signé les quel- ques ouvrages qui suivent : Choreide , autrement Louenge du Bal; aux Dames. Lyon, 1556, pet. in-80. (Quatre sonnets parmi les épigrammes et un sonnet-épitaphe, le tout assez faible.) — LAmie des Amies ^ Imitation d'Arioste. A Lyon, MDLVIII, pet. in-8°. L'Ami rusti<]ue et autres vers divers. A Lyon, MDLVIII, pet. in-8°.
Maurice Scève, avocat, naquit à Lyon, dans une famille noble et ancienne; son premier livre fut : Délie, object de plus haulte vertu. Lyon, 1 544, pet. in-80, et Paris, 1564, in-16; il n'y a pas moins de 458 dizains sur les beautés de son amie. Guillaume Colietet fait observer que l'anagramme du mot Dé- lie étant Vidée, l'auteur a sous ce nom donné l'idée de la vé- ritable vertu. Au reste, ce poète se plaisait dans une obscurité qui lui était même habituelle. On ne lui attribue qu'un sonnet, peu clair également, adressé à Jeanne, infante de Navarre. Colietet l'a rencontré dans les œuvres poétiques de Marg. de Valois. — ce Par ce sonnet, dit-il, ie suis encore d'autant plus « confirmé dans la créance qu'il affectoit, sans aucune raison, ce vne certaine obscurité vicieuse; aussy fut-ce pour cela sans ce doute que, comme dit Pasquier mesme, son livre mourut
avecque luy, ou du moins que l'on ne le rencontre depuis
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a que fort rarement entre les mains des curieux et des poètes. » — On se demande, après cela, comment ce livre a mérité les honneurs de la réimpression, à Lyon, en 1862 ? à moins que ce ne soient des honneurs funèbres ! — Maurice Scève est en- core auteur de : Savlsaye, cglogvc de la vie solitaire. Lyon, 1547, pet, in-8°, et de Microcosme. Lyon, 1562, in-4'^. Enfin on lui attribue la traduction de : La deplourablefin de Flamecle^ élégante iniiention de lehan de Flores, espaignol. Souffrir se ouf- frir, I $35, pet. in-80 goth., et Paris, 1536, pet. in-80. Mau- rice Scève mourut à Lyon en 1 564.
Pierre de Ronsard, fils de Louis de Ronsard, chevalier de l'ordre de Saint-Michel, et de Jeanne de Chandrier, né au château de la Poissonnière, dans le Vendômois, le 1 1 sep- tembre 1524, d'une famille noble, d'origine hongroise, mou- rut au prieuré de Saint-Cosme-lez-Tours, le 27 décembre I ^8j. Il avait fait plus de quatre cents sonnets, dont plusieurs sont trop libres.
Ronsard, peut-être le plus encensé des poètes, fut consi- déré comme un homme extraordinaire. Les Jeux floraux l'ac- cueillirent avec ivresse, et, en le couronnant, à la place d'une églantine d'or (fleur actuellement réservée pour les discours en prose), lui décernèrent un Apollon d'argent (et non une Mi- nerve comme l'assurent plusieurs biographes). Un décret des Mainteneurs proclamait aussi Ronsard le poëte françois par excellence. Une autre gloire l'attendait; à son tour la royauté s'inclina devant le lauréat : Charles IX, non content de le combler de bénéfices et d'abbayes, lui adressa quelques vers dignes des deux poètes.
Ronsard, à l'imitation des anciens, eut sa Pléiade poétique; la composition en varie suivant les historiens. La Harpe la rapporte ainsi : Jean d'Aurat ou Dorât, Pontus de Thiard, J. du Bellay, Pierre de Ronsard, Rémi Belleau, Etienne Jo- delle et J. Ânt. Baïf. — La France rendit à Ronsard des honneurs presque divins, et prit le deuil à sa mort!... 0 iem-
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pora! — Mais ce qu'on ne peut omettre à la louange de ce poëte, c'est de le voir saluer un talent naissant, et s'avouer vaincu en proclamant Ph. Desportes le premier poëte fran- çais. — Ronsard semble avoir été bien exalté de son temps, beaucoup trop oublié dans les XVII® et XVI 11^ siècles, et sur- tout trop réhabilité de nos jours. — Voici un de ses meil- leurs sonnets :
Le vingtiesme d'auril, couché sur l'herbelette, le vy, ce me sembloit, en dormant, vn cheureuil Qui çà, qui là marchoit oià le menoit son vueil, Foulant les belles fleurs de mainte gambalette
Vne corne et vne aultre encore nouuelette Enfloit son petit front d'vn gracieux orgueil ; Comme vn soleil luisoit par les prelz son bel œil, Et vn carquan pendoit sur sa gorge douillette.
Sitost que ie le vy, ie voulu courre après, Et luy qui m'auisa print sa course es forests, Oii, se mocquant de moy, ne me voulut attendre ;
Mais en suyuant son trac, ie ne m'auisay pas D'vn piège entre les fleurs, qui me lia les pas : Ainsy pour prendre autruy moy mesme me fis prendre.
M. P. Blanchemain a publié : Les Œuvres inédites de Ron- sard.
JOACHIM DU Bellay, né vers la fin de 1 524, à Lire, dans l'Anjou, mourut à Paris, de chagrin, parce qu'on l'avait
iiccusé d'irréligion. Ph. de la Madelaine fixe sa mort au I juin 1559; mais M. Sainte-Beuve dit positivement que lu Bellay mourut le i" janvier 1560. — Ce poëte, admis i la cour, fut appelé l'Ovide français, et contribua, de con- ;ert avec Ronsard, à la réforme littéraire. A l'imitation de i/îellin, il puisa ses inspirations plus particulièrement dans a poésie italienne. En composant l'Olive, Paris, 1549, in-80, 1550, etc., il adopta le genre de Pétrarque. Ce mot ^^^d'O/ivc est l'anagramme de Viole, nom de la famille de la
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Dame de ses pensées. Olive, enfin, est un recueil de 1 1 5 son- nets. G. Colletet en parle de la sorte : — « De tout ce grand « nombre de sonnets qui parurent dans leiXVI"" siècle, ceux « de nostre poëte sont les seuls qui aient forcé le temps. » N'en déplaise à Colletet, le vrai talent de J . du Bellay se mani- feste dans le premier livre des Antiquités de Rome, etc. Paris, 1358, in-40 et 1^62. On y voit plusieurs sonnets d'un style correct et même énergique; mais toutes les pensées de ce livre ne sont pas bonnes. Enfin du Bellay publia ses Regrets, 1 5^8- 59 et 1565, in-4°, qui s'exhalent en cent quatre-vingt-trois soupirs, pour ne pas dire en cent quatre-vingt-trois sonnets ! — Un des petits poëmes de J. du Bellay que les compilateurs ci- tent le plus souvent commence par ce vers :
Heureux qui comme Vlysse a faict vn beau voyage...
On en mentionne également un autre que Quevedo a fait plus qu'imiter dans son sonnet sur la décadence de Rome. Du Bellay n'aurait pu se plaindre, ayant copié une épigramme la- tine de Janus Vitalis. Les œuvres de notre poëte nous fourni- ront une pièce plus originale et tout aussi belle :
Maintenant ie pardonne à la doulce fureur Qui me fait consumer le meilleur de mon aage, Sans tirer autre fruict de mon ingrat ouurage, Qi^ie le vain passe temps d'vne si longue erreur.
Maintenant ie pardonne à ce plaisant labeur, Puisque seul il endort le soulcy qui m'oultrage, Et puisque seul il fait qu'au milieu de l'orage, Ainsi qu'auparavant ie ne tremble de peur.
Si les vers ont été l'abus de ma ieunesse.
Les vers seront aussi l'appuy de ma vieillesse ; S'ils furent ma folie, ils seront ma raison;
S'ils furent ma blessure, ils seront mon Achille; S'ils furent mon venin, le scorpion utile Qui sera de mon mal la seule guerison.
Du Bellay eut pour Ronsard une affection si grande, qu'au rapport de Jacques Veillard, ii l'imitait jusque dans les défauts physiques, au point de vouloir être sourdant, parce que Ron- sard l'était. — Jeanne d'Albret, mère de Henri IV, ho- nora du Bellay de quatre sonnets ne formant qu'une pièce; voilà les seuls vers qu'ait composés Jeanne d'Albret, avec un quatrain qu'elle improvisa en visitant l'imprimerie de Robert Estienne.
Dauphine du Jardin ou Desjardins, demoiselle proven- çale, composa des sonnets français au XVI* siècle; ils furent imprimés avec les œuvres de Joachim du Bellay. Brunet ne les désigne point.
Louis Desmasures, né à Tournay vers 1523, mourut vers 1^80. Ce calviniste fut 'un mauvais versificateur. Ses Œwres poïtiqvcs, Lion, M.D.LVII, in-40, ont quatre sonnets, dont un est l'épitaphe de sa femme, Diane Baudoire; un autre est une dédicace placée en tète de sa traduction de Vida : Le Icu des eschecz, même date. — Brunet se trompe sans doute en disant que les Œwres poëtiqves de L. Desmasures sont de 15^5, le privilège a été donné le 22 juillet 1 557.
Jean Aymes de Chavigny ou Chevignyj né à Beaune vers 1524, mort vers 1604, reçut des leçons d'astrologie ju- diciaire de Nostradamus. Il composa vingt-six sonnets, qu'il inséra dans son recueil sur la mort de son ami, Antoine Fiancé, de Besançon : Larmes et Soupirs sur le trespas tres-regretté de M. A. Fiancé, Bizontin, Paris, i02, in-8''. On voit encore dans ce livre plusieurs sonnets de Gilles Marius, de Paris, et douze autres de DÉSIRÉ Barlet, Arboisien. — Chavigny composa un sonnet pour les Œuvres de Claude de Pontoux, I ^79 ; un deuxième est mis en tête des Mondes, par Doni, tra- duction de Chappuys. — Ses autres ouvrages, qui traitent souvent de prophéties, sont presque tous en prose.
Pierre-Victor Cayet-Palma ou Cayet de la Palme, né à Montrichard en 1525 (la nouv. biogr. générale de Didot le
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fait naître en 1515), mourut en 1610, la même année que Henri IV, dont il avait jadis été sous-précepteur. C'était un pauvre poëte, et le sonnet Sur PHistoire de Navarre, que l'on cite de lui, nous touche très-peu. Ses ouvrages de théologie sont justement oubliés; quelques autres sont plus connus, sa- voir : Heptameron de la Navarride, trad. de l'espagnol en vers français, Paris, 1602; La Venue de V Antéchrist , Paris, 160^, pet. in-8*' ; Histoire prodigieuse du docteur Faust, trad. de l'al- lemand, 1603, etc. Cayet-Palma fut ministre calviniste; le cardinal du Perron l'ayant converti, il embrassa le catholicisme et se fit prêtre.
Jean-Pierre de Mesmes publia plusieurs ouvrages vers le milieu du XVI^ siècle. Il répondit par un sonnet à celui que lui adressa J.-Ant. de Baïf. — Le sonnet de Pierre de Mesmes est à la fm des Amours de Franclne, de Baïf.
Les Œuvres de Maclou de la Haye, Piccard, valet de chambre du Roy, Paris, 1553, in- 16, se composent de dix-huit sonnets d'Amours, de Vingt vœux aux vingt beautez de s' Amie, en autant de sonnets, et autres poésies. — Maclou de la Haye, de Montreuil, en Picardie, était au moins un poëte médiocre, malgré ce qu'en a dit M. Ed. Turquety dans le Bulletin du Bibliophile.
Guillaume de Chanein de la Tayssonnière, né dans la principauté de Dombes, est l'auteur des Amoureuses Occupa- tions, Lyon, 1555, in-8°. Il y a trente sonnets; c'est peu, surtout pour un poëte qui célèbre sa Divine, comme G. des Autels chante sa Sainte. Et, de fait, ce rapprochement, que nous établissons à la légère, acquiert de l'importance en y ré- fléchissant. Les deux premiers recueils de G. des Autels sont de 1 5 50 et de 1 5 5 3 ; ils ont la priorité sur celui de Chanein. En outre, le deuxième livre de G. des Autels est intitulé : Amovreux Repos ; Chanein met sur le frontispice de son ouvrage : Amoureuses Occupations l Décidément la Sainte a inspiré la Divine l Pourtant, ce que Chanein a bien en propre, c'est
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d'avoir mis des Strambotz avec ses chants lyriques et ses son- nets. Colletet dit à cette occasion ; « Mais, pour ce que ce ce terme de strambotz est nouueau en nostre langue, et qu'il ne « se trouue pas dans pas vn de tous nos poètes françois, il me a semble à propos de l'expliquer ic\ en passant. Strambot est « vn mot tiré de l'italien stramhotlo, comme sonnet de sonetto, a stance de slanza, et ainsi des autres. » — Nous prenons acte immédiatement de cet aveu. Comment Colletet soutient-il que le sonnet est d'origine provençale, quand il confesse que le nom provient de l'Italie? Est-ce que les troubadours auraient com- posé un poëme sans lui donner un titre, laissant ce soin aux poètes de l'Italie? — Quant au strambot, il avait huit vers; les six premiers étaient à rimes entrelacées et semblables, et les deux derniers à rimes plates. Chanein de la Tayssonnière nous en fournira un exemple :
la se paroit la terre spatieuse
De maints tapis semés de mile fleurs, Et ia desia se vantoit glorieuse
D'auoir franchi les plus froides rigueurs. Faisant sortir de sa cachette heureuse
Mile beautés, mile peintes odeurs, Quand ie sentis si doulcement me poindre
Qu'estant blessé ie n'ozerois me plaindre
Peut-être valait-il mieux laisser le strambot à l'Italie ! — Voici un des nombreux ouvrages du même auteur : îd^llie de la modeste et vertueuse Amitié d'un Gentilhomme non courtisan... Paris, 1569, Pièce. — Bonaventure du Tronchet, Benoit PONCET et Benoit Alizet ont adressé un sonnet chacun à La Tayssonnière, dont le dernier ouvrage date de 1 578. Alizet, de
âcon, avait en portefeuille des chansons, des odes et des son- nets. Par bonheur, tout y est resté.
Jean Fornier, de Montauban, est connu par VUranie, Paris, 155$, pet. in-S». Dix-huit sonnets médiocres, suivis de
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poésies diverses, font partie de cet ouvrage. Jean Fornier. est, en outre, auteur d'Epigrammes erotiques, Tolose, 1557, pet. in-8' ou in-16^ de Chansons lyriques, Tolose, in-i6, etc.
BONAVENTURE DU Tronchet adressa un sonnet à G. de Chanein de la Tayssonnière {Amovreuses Occupations, Lyon, \ )')<,), comme nous l'avons déjà dit. — Lettres missives et fami- lières ^'ESTIENNE DU Tronchet, Paris, 1 569, in-4° (i''<'éd.). Il y a des sonnets médiocres. — L'auteur était secrétaire de Cath. de Médicis. Ph. delà Madelaine mentionne seulement de ce poëte des épîtres et des élégies, 1 560. Sa traduction ou imi- tation en vers français de 70 sonnets de Pétrarque est de 137^. 11 mourut avant 1 58^, ce qui n'aurait rien d'étonnant, si, comme le dit Goujet, il était né au commencement du XVI^ siècle. Il appartenait à la bourgeoisie de Montbrison. — Baptiste du Tronchay fut sonnettiste également; ses vers, non imprimés sont une ode et trois livres d'amours. (Voir Goujet.) — Enfin Georges du Tronchay, né près d'Angers, à Moranne, en 1 582 faisait d'assez jolis vers pour le temps; mais était-il des nôtres
Les sonnets assez vulgaires de Charles Toutain ou Tous tain, s^ de Mazurie, ou de la Mazurie, et, selon Brunet, de la Mazierie, né à Falaise, ne sont pas dans ses œuvres ; il faut les chercher dans Les Deux Premiers Livres des Foresteries de J. Vauquelin de la Fresnaie, 1555, pet. in-80. La Tragédie d'Agamemnon, par Charles Toutain, Paris, Martin le jeune, est de i$S7, in-40. Brunet et les catalogues Turquety et Pi- chon disent 1556; l'ex. de l'Arsenal est de 1557.
Marc-Antoine de Muret naquit à Muret, en Limousin, l'an 1^26, et mourut en 1585. Il fut orateur et poëte latin; peu de vers français portent sa signature. Brunet n'en parle même point. Le style de Marc-Ant. de Muret est plein de négligences. Nous connaissons de lui deux sonnets seulement: l'un est adressé à Jean de la Péruse, auteur de Medee; l'autre est placé en tête d'une traduction du Prince, de Machiavel, par Gaspard d'Auvergne.
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Premières poésies de Iacques Tahureau, et Sonnets , Odes et Mignardises amoureuses de I'Admiree, Poicliers, 1 5^4, pet. in-8o; les mêmes, plus complètes, Paris, 1^74, in-i6. Jacques Tahureau, écuyer, s^ de la Chevalerie, né au Mans, vers i J27, mourut en 1555, à 28 ans. Il eut l'étrange réputation d'être le plus amoureux des poètes français; il fut loin d'en être le meilleur. Son Admirée habitait Tours. Citons encore l'ouvrage suivant : Oraison de Jacques Tahureau au Roy, de la grandeur de son règne, et de l'excellence de la langue françoyse, plus quel- ques vers du mesme autheur dédiez à madame Marguerite, Paris, veuve de Maurice de la Porte, 1^55, in-40.
Guillaume du Buys, Quercinois d'origine, qui parcourait l'Italie en 1 5 59, avant d'être habitué en Bretagne, n'est pas un inconnu : la Bibliothèque françoise, de l'abbé Goujet, en parle assez longuement, et la Bibliothèque poétique, de M. Viollet-le- Duc, lui consacre un souvenir. L'Oreille du prince et autres œuvres poétiques de Guillaume du Buys parurent à Paris, chez Claude de Monstrœil, en 1582, in-S*^. Les coquilles, ou fautes d'impression, semblent s'y être donné rendez-vous. Jean Fé- vrier publia la deuxième et dernière édition, in-12, en 1585 ; elle est meilleure et augmentée ; l'exemplaire en est aujourd'hui à jo fr. Cet ouvrage, contenant au moins deux cents sonnets, avec ou sans coquilles, est fort rare. C'est peut-être sa qualité la plus certaine. Ce qui caractérise, au moins en général, les poésies de G. du Buys, c'est qu'elles sont philosophiques et morales : ce mérite est appréciable de tout temps et dans tous les pays. — Notre poète fut lié avec Baïf, du Bellay, Ronsard, Pibrac et du Bartas Mais, en somme, c'est un poète fort or- dinaire.
Guillaume des Autels, né à Charolles en 1 529, mourut vers 1 580. Pour faire trêve à ses graves occupations de juris- consulte, il révéla au monde lettré les vertus et la beauté d'une dame qu'il appelait sa Sainte. Voici quels sont ses ouvrages : Repos de plvs grand travail, à Lyon, MDXXXXX, in-80. —
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Amovreux repos de Guillaume des Aatelz, Gentilhomme Charro- lois, à Lyon, M.D.LIII, in-8°. — Ces deux livres, composés à 21 et à 24 ans, n'eurent pas de succès sans doute; il est positif, du moins, que des Autels, sous le nom de Teshault, sorte de mauvaise anagramme, publia de nouvelles poésies avec celles de Charles Fontaine (auteur des Ruisseaux de Fontaine), en 1555. — Guillaume des Autels fit imprimer séparément, vers 1 558 : La Paix venue du ciel, en vers héroïques; — Le Tombeau de l'Empereur Charles-Quint, en douze sonnets ; — Ode responsiue à vne autre de Charles de Rouillon, et quelques sonnets. Anvers, 1560, in-8*'. Enfin, on cite un livre bizarre en prose du même auteur : Mitistoire barragovyne de Fanfre- Ivche et Gaudichon, Lyon, 1574, in-i6; réimprimé par Jannet en 1850. — G. des Autels était cousin de Pontus de Thiard. — Il semble, d'après l'anagramme de Teshault, qu'il faut écrire son nom : des Autels; il a pourtant signé : Glaumalis du Ve- zelet, vers i s $0, des attaques violentes contre Louis Meigret et l'orthographe de ce grammairien. — Colletet a fait de Teshault un poète à part.
Gui DU Faur de Pibrac, né à Toulouse en 1529, mort Pan 1^84, jouit d'une célébrité singulière après la publication de ses cinquante quatrains : 1 574, Paris, in-40. Le nombre de ces quatrains s'éleva dans la suite; on en compta cent vingt- six dans les éditions postérieures; ils furent traduits dans toutes les langues. Malgré cette illustration plus ou moins contes- table, Gui du Faur n'aurait point figuré dans notre galerie, s'il n'avait, par des sonnets d'une réputation également euro- péenne, chanté Virginie, Porcie, Lucrèce, etc. Mais alors il était si facile de se faire un nom I
Comme beaucoup d'auteurs anciens et modernes, Jean Bastier, peu satisfait de son nom patronymique , préféra s'appeler Jean de la Pèruse, lieu situé dans l'Angoumois, ce- qui atteste, quoi qu'en dise Ant. du Verdier, que Bastier était Angoumoisin. Cette fantaisie de changer de nom dure
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encore; elle est plus grande que jamais; on dirait un carnaval littéraire, où chaque écrivain, en guise de faux nez, s'affuble d'un surnom. Quand donc y aura-t-il un mercredi des Cendres pour les lettres? — Mais hâtons-nous de revenir à Jean Bas- tier, dit de la Péruse, dont la Medce^ tragédie, et autres diverses poésies, parurent à Poitiers, en 15^6, in-40. Ses Œuvres sont de 1573 et 1577. Les sonnets qu'on rencontre dans son premier ouvrage sont amoureux, cela va sans dire, en plein XVI^ siècle. — La Péruse, qui mourut jeune,, en 15^^, est justement ou- blié. Il consacra un sonnet acrostiche à Catherine Cotel. — M. Gellibert des Seguins a fait une autre édition de ce poëte : Paris, 1867, in-80.
Albert Babinot, né à Poitiers, publia la Christiade : Poi- tiers, 1559, pet. in-8°. Feller, d'après du Verdier, dit i 0o. C'est un recueil d'odes, sonnets et cantiques, relevant du cal- vinisme, auquel appartenait l'auteur. On trouve dans les Œuvres poeti(]ues d'André de Rivaudeau, gentilhomme du bas Poitou, une pièce de vers adressée à Babinot, poète chrestien.
Charles d'Espinay, Breton, grand par sa naissance, petit par ses vers, publia Sonets amoureux par C. D. B. Paris, M.D.LIX, in-8°. — Il y avait vingt-six sonnets. L'année sui- vante l'auteur se nomma et en porta le nombre à quarante- neuf. Des sonnets de Ronsard, Rémi Belleau, Cl. de Buttet, G. des Autels et de J. Grevin, sont dans les deux éditions; mais la dernière en contient un de Plessis Berard. Quant aux vers de Ch. d'Espinay, mieux vaut n'en rien dire : l'auteur vira de bord, eut deux abbayes et fut promu à l'évêché de Dol, dans la Bretagne, où il mourut en 1 591 .
Elégies de îan Dovblet, Dieppoyz. A Paris, 1559, in-4^- — Élégie et sonnet préliminaires à l'auteur par I. D. (Livre fort rare.)
Robert le Roquez, docteur en théologie, natif de Ca- rentan, est l'auteur du Miroir d'éternité; il y débite quelques histoires qui ne sont que des fables. Son miroir est donc peu
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fidèle; il se proposait pourtant de le donner au public vers 1559; mais la mort le surprit en 1560. Son neveu, nommé aussi Robert le Rocquez, y suppléa; les poésies posthumes parurent à Caen, 1589, pet. in-8". Ce premier recueil n'a de sonnets que ceux des amis et contemporains de l'auteur. On y trouve ces sonnets dans l'ordre suivant : Guillaume Alexandre, i ; du Hamel, 4; Gabriel Aleaume, de Ca- rentan, i; Marin Malrieu, 4; Thomas Gosselin (i s^ de Fontené, en Bessin, i ; Robert le Rocquez, neveu, 1 Simon Bertot, de Bayeux, i ; Jacques Le Hericy, 1 Pierre Lombard, licentié aux loix, archer à Graville et régent à Caen, 14. — Si l'on croit G. Colletet, un nouveau recueil ou une deuxième édition aurait paru en 1599; ce recueil contiendrait, cette fois, des sonnets de Robert le Roc- quez, premier du nom, sonnets assez faibles. Mais, comme nous avons pris plus d'une fois en défaut les renseignements de Colletet pour les dates et titres d'ouvrages, s'agirait-il du livre suivant : Les Premières œuvres de Rob. le Rocquez, carentennois, contenant diverses amours,^ etc. A Constance (Cou- tances), 1605, in- 16. (Très-rare.) — Il y a cinquante- neuf sonnets dans les Amours de Diane. — Or, ces Premières œuvres sont de R. le Rocquez neveu 1...
Olivier de MaGNY, né à Cahors, de Michel de Magny, pourvu d'une charge honorable, et de Marg. de Parra, mourut vers 1 560. Il fit des odes assez belles pour le temps, et divers ouvrages poétiques. On remarque souvent dans ses sonnets de l'exagération, des lazzi, un esprit licencieux et de mauvais goût. En publiant plus loin un tour de force de Laugier de Por- chères, nous donnerons une idée d'un genre que Magny culti-
(i) En 1581, vivait Guill. Gosselin, auteur d'un sonnet à Courtin de Cissè. Jean Gosselin, garde de la librairie des roys Charles IX et Henry HII, est connu par un Discours de la dignité et precellence des fleurs de lys et armes des roys de France et de Navarre etc. IJ93, in- 8». (Fort rare.)
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vait. Toutefois nous ne pouvons nous empêcher de citer de ce dernier poëte un sonnet dont la célébrité fut incomparable sous le règne de Henri II. Le voici tel que nous le trouvons dans les œuvres de l'auteur :
— Hola, Charon, Charon, nautonnier infernal.
— Qui est cest importun qui si pressé m'appelle ?
— C'est l'esprit éploré d'vn amoureux fidelle, Lequel, pour bien aimer, n'eust iamais que du mal. —
— Que cherches tu de moy ? — Le passaige fatal.
— Qui est ton homicide ? — 0 demande cruelle ! Amour m'a fait mourir. — Iamais dans ma nasselle Nul subget à l'amour ie ne conduis a val. —
— Et de grâce, Charon, reçois moy dans ta barque.
— Cherche vn autre nocher ; car ny moy ny la Parque N'entreprenons iamais sur ce maistre des dieux. —
— l'iray donc maugré toy, car i'ay dedans mon ame
Tant de traicts amoureux, et de larmes aux yeux, . Q[ie ie seray le fleuve, et la barque et la rame.
Les principales œuvres de Magny sont : Les Amours d'Oli- vier de Magny (pour Castianire). F^aris, 1^53, pet. in-8^' (une centaine de sonnets, que l'abbé Goujet trouve indignes d'être lus). Un deuxième volume, daté de i^S3> contient d'autres sonnets. Les Gaytez. Paris, 15^4, in-S", sont un recueil ob- scène; les Sovspirs. A Paris, 1557, in-8® (il y a un sonnet de Jean de Pardeillan) valent mieux surtout au point de vue littéraire. Ils se composent de cent soixante-seize sonnets et d'une ode. Les autres poésies de Magny ne sont pas de notre ressort. — Nous avons trouvé dans les Amours divers sonnets à l'auteur, par M. A. de Muret, Etienne de NavIères, Claude Gruget; Cl. Colet (Champenois), auteur d'un recueil de faibles poésies, et Jean de Castaigne (Bourdelois). A la fin sont quelques pièces de vers, dont quatre sonnets par Hugues Salel, abbé de Saint-Chéron, et deux sonnets ita- liens par Jean de Maumont, Limousin.
Le Temple de Mars tout-puissant... , par Pierre d'Origny, sei- gneur de Sainte-Marie. A Rheims, 1559, in-8<>. Ce livre, en vers, est précédé d'un sonnet de Marc-Antoine Picart {Au lecteur), dont la devise était : « Si mieux, non pis. » Voici celle de l'auteur : « Vn Dieu et vne Sainte-Marie, j)
UAmaranîhe dv sievr DE MaILLY, ensuitte plusieurs stances et sonnets, enrichis de belles inuentions et de pointes toutes gen- tilles — 1560, pet. in-8". Est-ce Mailly ou l'éditeur qui fait cet éloge curieux et naïf.? Cela nous dispense-t-il d'en dire quelques mots à notre tour? Assurément non! Ce livre est dédié à M^® Amaranthe-Ester de Cabianne; il est enrichi de quarante-huit sonnets dont peu sont libres, fait assez rare pour un poëte, surtout du XVI^ siècle; quant aux belles inventions et aux pointes toutes gentilles, l'auteur est clair; on comprend vite ce qu'il veut exprimer, qualité singulière pour le temps. — M^^" Amaranthe de Cabianne semble avoir échappé aux investigations de MM. Pr. Blanchemain et Tri- cote!.
Le Premier livre des Odes de Charles de Rouillon. Anvers, 1 560, pet. in-80.-- (Voir la Bibl.de Viollet-le-Duc) Du Ver- dier est le seul qui ait fait mention de ce poëte, dont le livre est terminé par un sonnet, qui démontre que l'auteur était dans une sorte d'exil. Ce sonnet a quelque valeur littéraire. Nous avons vu plus haut que Rouillon ou Rovillon, selon Brunet, adressa une ode à G. des Autels, qui lui répondit en vers. — Le livre de Ch. de Rovillon est imprimé par Christophe Plantin ; on lit même un sonnet de ce typographe dans une des premières pages.
Les sonnets de NICOLAS Ellain, de Paris, respirent sou- vent un amour profane, surtout dans la première partie. — Il célèbre sa Pandore! — Les sonnets datent de 1 561 ; d'autres œuvres parurent en 1 570. On y trouve parmi les pièces préli- minaires adressées à l'auteur un sonnet de Fr. d'Amboise, et un autre de Jacques Moysson. — Les poésies de N. Ellain,
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de peu de valeur comme sentiments et pensées, ont eu les hon- neurs de la réimpression : Œuvres poéti(]ues de Nicolas Ellain (Parisien) — 1561-1 $70. Paris, 1861. — G. Colletet dit quelque part, ce nous semble, que ce poëte était médecin ; peut- être l'a-t-il confondu avec Nicolas Alain, mort en 1 570, et au- teur d'un livre en latin qui ne fut édité qu'en 1598, à Saintes. — N. Ellain est encore auteur d'un Discours pané- gyrique... Paris, 1570, in-40. — Ce discours, en vers, est adressé à Pierre de Gondy, évêque de Paris.
Marc-Claude de Buttet, de Chambéry, que nous pla- çons ici pour mémoire, tant nous avons de peine à prendre pour de bonne poésie les vers qu'il publia l'an i$6i. Goujet est si fort de notre avis qu'il va jusqu'à dire : ce Buttet est un médiocre poëte, et son Amalthee est insipide.» — UAmalthee. Lyon, iS7S5Jn-8o, contient cent vingt-huit sonnets. L'an- née suivante, parut un sonnet de Buttet, adressé à Gabriel Chappuys, Tourangeau, traducteur du Commentaire liiero- glyfique, ou image des choses de Jan Pierius Valerian... Lyon, 1576, in-folio. — Les Œuvres poétiques de Marc-Claude de Buttet, Paris, 1 588^ in-8", sont fort rares.
Louise Charly, dite L^/'c, surnommée la Belle Cordiere parce qu'elle avait épousé un riche marchand cordier (du nom de Perrin), était de mœurs et (k»vers trop faciles. Ses son- ets sont tels qu'on n'ose guère y toucher. La première édi- ion de ses poésies parut à Lyon en i S S S ; une autre porte ce titre : Evvres de Lovize Labè lionnoize. Reuues et corrigées par ladite Dame. A Lion, MDLVI, pet. in 8° — il y a vingt- trois sonnets français et un italien. — Les OEuvres poétiques de Louise Labè ont été réimprimées à Lyon, en 1862, in-8°, , et tirées à petit nombre; d'autres réimpressions datent de
182 j et de 1845. Lyon, in-S» et in-12. — Louise Labé, née Lyon l'an 1526, mourut en 1566. Après sa mort parut un vre intitulé : Escriz de diuers poètes à la louenge de Louize <abl Lionnoise, in-12. On y rencontre quelques sonnets, I
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dont deux en italien; tous sont médiocres et anonymes. Nous n'y avons pris que ces initiales : P. D. T. et A. F. R.
Ronsard faisait, assure-t-on, grand cas des poésies de Rémi Belleau, 1528-1577, dont voici un sonnet original et spi- rituel :
Quiconque fut ceiuy qui premier mit des aelles Sur le dos de l'Amour, et en fist le portrait, Seulement son pinceau sçauoit peindre le trait Des petits papillons ou bien des arondelles.
Mais s'il eust peint l'ardeur de ses flammes cruelles, La force de son arc, la rigueur de son trait, Son vol prompt et léger, au vif il eust portrait D'vn grand Dieu, tel qu'il est, les forces non mortelles.
Ha, Peintres, ie vous pry, vsez d'autre couleur, Afin de viuement animer sa rigueur, Et de ses traits aigus la cruelle pointure.
Vous l'avez peint trop doux, trop léger, et ie croy, Si le portiez au cœur aussi pesant que moy, Que vous le changeriez en quelque autre figure.
Les Œuvres poetiéjues de Remy Belleau — Paris, 1 578, pet. in-12, posthumes, ont des sonnets fort amoureux. On en rencontre à la fin du 2« volume d'autres auteurs : Troussilh, J. Gesseus (Jean de la Jessée) et F. D. B. H.
Rémi Belleau, gentilhomme, au dire de Maurice de la Porte, mourut à Paris ie 7 mars 1 577; et l'on raconte que, touchant exemple de fraternité littéraire, Pierre de Ronsard, Amadis Jamyn, Philippe Desportes et Jean Antoine Baïf le trans- portèrent sur leurs épaules dans l'église des Grands-Augustins, lieu de sa sépulture.
ETIENNE DE LA BoÉTiE, 1 5 30- 1 563, dont Michel de Montaigne, sou ami, publia les vers français en 1572, est au- teur de vingt-neuf sonnets qui roulent presque tous sur l'a- mour, selon la coutume de la plupart des sonnettistes. Voici
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celui qu'il adresse à la Fortune ; que le lecteur juge des vingt- huit autres :
Reproche moy mainienant, ie le veux,
Si oncq de toy i'ay eu faveur aucune,
Traistre, légère, inconstante fortune,
Reproche-moy hardiment si tu peux. Depuis le iour qu'en mal'heure mes yeux
Voyent du ciel la lumière importune,
le suis le but, la descharge commune
De tous les coups de ton bras furieux. Bien tost i^auray, desia l'heure s'auance,
l'auray de toy par mort quelque vengence
Lorsque de moy l'ame sera partie. A toy vrayement le camp demeurera,
Mais, i'en suis seur, ma mort te faschera.
De te laisser, cruelle, sans partie.
Etienne de la Boëtie, né à Sarlat (Périgord), mourut à 3 3 ans, le 28 août 1 563. Il avait épousé la veuve du seigneur d'Arsac, Marguerite de Carie, qu'il célébra dans ses sonnets. Ses autres œuvres sont : La Mesnagerie de Xenophon, Les Règles du mariage, de Plvtarqve; Lettre de consolation de Plvtar(]ueà sa femme; le tout traduit de grec en françois. A Paris, MDLXXI, etc.
Nous n'avons point à nous occuper des cinquante ouvrages plus ou moins in-folio qui portent le nom de FRANÇOIS DE Belleforest. Ce poëte, né à Sarzan, dans le pays de Com- minges, en 1530, mourut à Paris le i^'" janvier 1583. Il nous suffit de savoir et d'affirmer que cet écrivain si fécond était un fort mauvais sonnettiste
Première partie des sonnets cxoteriques de G. M. D. I. Bor- deaux, 1578, petit in-80. Ces sonnets, au nombre de cent, jont de Gérard-Marie d'Imbert, né à Condom ou près de cette
le, en i yo, le 4 décembre. — Brunet ignore si cette Pre- mière partie a eu quelque suite.
Madeleine Neveu, née à Poitiers vers 1530, y mourut
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de la peste avec sa fille Catherine des Roches en 1587, et le même jour. Étant veuve, elle avait épousé F. Eboissart (de Fradonnet ?) seigneur de la Villée, « noble, riche et scauant, » dit-elle. Sous le pseudonyme de M"^« des Roches, elle fut très-célèbre. Les Œvvres de mesdames des Roches de PoetierSy mère et fille, seconde édition, A Paris, Pour Abel l'Angelier, MDLXXIX, in-40, ont des sonnets de quelque importance. L'amour fait plus particulièrement les frais de ceux de M'i« des Roches. Les Secondes Œuvres de mesdames des Roches... A Poictiers, MDLXXXIII, in-4°, contiennent de nouveaux son- nets. — Une puce étant un jour sur M^i'' des Roches, Et. Pas- quier la vit, et la fantaisie lui vint de composer des vers sur un sujet aussi ridicule ; d'autres poètes suivirent cet exemple. Telle est l'origine de La Puce de Madame des Roches, Paris, 1581 ou 1583, in-40 (i). Les sonnets qu'on y rencontre por- tent ces signatures : È, Pasquier, Macefer, Claude Binet, Raoul Cailler, Poitevin, Odet de Tournebu, de la Gué- RINIÈRE. A la suite viennent douze sonnets d'Odet de Tour- nebu [sic] sur les ruines de Lusignan. — On écrivait Tour- nebœuf, Tournebu, Turnebe. Odet Turnèbe était petit - fils, à ce que l'on croit, d'un Anglais, d'autres disent d'un Écossais de noble race, nommé Turnebull. Odet mourut en 1581, à vingt-neuf ans, n'ayant composé que les pièces de vers mentionnées plus haut. On lui attribue les Contens, co- médie en prose, imprimée en 1 ^84. — La Puce renferme en- core des sonnets de Catherine des Roches, de F. DE laCou- draye et de Cotel sur un autre sujet. — M. Jouaust vient de rééditer cet ouvrage. — M"ie des Roches, qui valait moins que sa fille , termine en ces termes un de ses sonnets :
Le feu de mon esprit perd sa douce lumière Et ne me reste plus de ma forme première, Si non que i'ayme mieux escrire que filer.
(1) Le titre du livre met la puce au compte de M^'^ des Roches;
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Sa fille écrivait et filait^ comme l'atteste le sonnet qu'elle composa sur sa quenouille, et qui est trop célèbre pour que nous puissions l'omettre ici :
Quenoille mon souci, le vous promets et iure De vous aimer tousiours et iamais ne changer Vostre honneur domestic pour vn bien estranger Qui erre inconstamment et fort peu de temps dure.
Vous ayant au costé, ie suis beaucoup plus seure Que si encre et papier se venoient aranger #■■
Tout à l'entour de moy, car pour me reuanger Vous pouuez bien plus tost repousser vne injure.
Mais, quenoille m'amie, il ne faut pas pourtant Que pour vous estimer et pour vous aimer tant le délaisse du tout cette honneste coustume
D'escrire quelque fois; en escriuant ainsi, l'escri de voz valeurs, quenoille mon souci, Ayant dedans la main le fuzeau et la plume.
Nous parlerons de Catherine des Roches, dite de Fra- donnet (i), à l'article de Claude Pellejay, poëte auquel elle adressa plusieurs pièces de vers, dont une se termine ainsi :
Ne vous arrestez point aux propos enuieux Qui veulent reformer la grâce de voz yeux ; Leur finesse et douceur ne sont dignes de blasme;
Leur finesse demonstre vne sublimité ; Leur douceur représente vne sincérité Car les yeux, Sincero, sont fenestre de l'ames {21.
L'exemplaire de l'Arsenal des œuvres de Mfn«s des Roches fut
Imais Pasquier et tous les biographes et bibliographes disent qu'elle fut aperçue sur Catherine des Roches (en i $79). (i) Selon Colletet. (2) Ce vers est de Ch. d'Espinay : !
Ces yeux qu'on dit les fenestres de l'amc.
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annoté en 1 597 par P. Cadot, écuyer. Le texte portait deux fois à la rime le mot sincérité] Cadot biffa le premier pour mettre sublimité.
Anne de Marquets, du comté d'Eu, religieuse de Poissy, n'existait plus le 1 1 mai 1 588. Ses ouvrages sont : r* Sonnets^ prières et devises en forme de Pas^ains, pour rassemblée de MM. les prélats et docteurs, tenue à Poissy. Paris, 1562^ petit in-S^. — 2** Les Divines Poésies de Marc-Antoine Flaminius , traduites par Anne de Marquets, suivies de sonnets et autres pièces de la mesme. Paris, 1 568, in-80. — i^ Sonnets spirituels. Paris, i6o<;, in-8®. Le total des sonnets de cette religieuse est d'environ quatre cents; elle a voulu compenser la qualité par le nombre
Le Monophile, par Est. Pasquier, Parisien, Paris, 1554. petit in-8**, est le début en prose de l'auteur; 3*' édition du Monophile^ en 1 578, avec quelques autres œuvres d'amour, reveu et augmenté de plusieurs sonets, élégies et chansons. — Recueil des rymes et proses de E. P. Paris, 1555, ^""S"- Brunet dit que le privilège accordé à l'imprimeur Vincent Sertenas porte le nom à'Etienne Pasquier. Les Œuvres meslees du même paru- rent en 1566; elles contiennent ses poésies ou jeux poétiques (145 sonnets). — La Jeunesse d'Est. Pasquier et sa suite, Paris, 1610, pet. in-80, renferme la plus grande partie du Recueil de rymes et proses, etc. En 16 19, une dernière édition contient : LeMonophile et les Poésies. — Enfin, M. Léon Feugère a publié : Œuvres choisies d'Etienne Pasquier... Paris, 1849, 2 vol. gr. in-i8. Et. Pasquier, qui avait fait paraître d'autres ouvrages, entreprit de publier les Recherches de la France, dont le pre- mier volume, daté de 1 560, vit le jour l'année suivante. Cet écrivain, né en 1529, à Paris, mourut en 1615. Voici deux tercets qui donneront une idée de ses vers :
Ce sont les ieux du grand Dieu qui a fait Que nul de nous ne puisse estre parfait Par le conflit de diuerses natures.
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Voila comment mes pensers i'entreticn. Et à peu dire ainsi qu'vn bon chrestien le loué en Dieu toutes ses créatures.
Ce bon chrétien-\k était fort licencieux! Ne l'abandon- nons point sans parler d'un recueil qui le touche de près, et voici comment : Un artiste peignit Pasquier sans lais- ser paraître les mains du poëte; celui-ci composa des vers latins à ce sujet; des poésies latines, grecques et françaises suivirent bientôt et furent imprimées sous ce titre : La Main, ou Œuvres poeticjues /aides sur la main d'Estienne Pas(]uier aux grands-jours de Troyes. On y lit des vers de Jérôme Séguier, Philibert Giliot, François le Duchat, Gilles Durant, Antoine Arnaud, Jacques de Pince, Jean Paye d'Espesses, Nicolas Vi- gnier , Jacques Fauveau , Louis Servin, Amadis' Jamyn , Simon Vigoi, Nie. Rapin, Georges Critton, Antoine Mornac, Louis Carion, Henri Estienne, Scévole de Ste Marthe, Henri... d'Angoulème, grand prieur de France, Fr. de Malherbe, Ho- noré d'Urfé, etc. — Précédemment Achille de Harlay, Bar- nabe Brisson, René Choppin, Joseph de l'Escale, Antoine Loysel, Pierre Pithou , Jacques Mangot, Nie. Rapin, Jules- César Bulenger, François d'Amboise, etc., avaient, on le sait, chanté une puce trouvée par Et. Pasquier sur M"e des Roches. 0 tempora !
ETIENNE Pasquier, petit-fils du précédent, nous est connu par un sonnet rapporté, cité avec éloges dans les Re- cherches de France, éd. de 1665.
Etienne Jodelle , seigneur du Lymodin , — IS32- 1 573 — était de Paris et issu d'une famille noble; ses poëmes et sonnets, qui portent la date de i ^49, furent bien accueillis, sans doute parce qu'ils étaient l'ouvrage d'un jeune homme de ix-sept ans. Le premier, il composa dans notre langue une œuvre tragique. Sa Cleopatre fut représentée au collège Bon- court. Etienne Pasquier dit que Jodelle était fort sourcilleux
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et que, voyant d'autres poëtes célébrer la beauté de leurs amies, « luy^ par vn privilège spécial, voulut faire vn livre qu'il intitula Contramours, en haine d'vne dame qu'il avoit autrefois affectionnée, dont le seul premier sonnet faisoit honte à la plus part de ceux qui semesloient de poétiser, tant il est hardy. » Le début de l'amoureux de Délie n'est pas heureux, ce nous semble, dans ce fameux sonnet :
Vous qui à vous presque égalé m'avez... Les deux tercets sont moins mal :
Si quelquefois ces vers au Ciel arriuent,
Si quelquefois ces vers en terre viuent,
Et que l'enfer entende ma fureur ; Appréhendez combien iuste est ma haine,
Et faites tant que de mon inhumaine
Le ciel, la terre et l'enfer aient horreur.
Par malheur, les sonnets de Jodelle sont loin même de valoir tous celui-là. Ajoutons que Pasquier l'a corrigé : il n'est pas ainsi dans les Œuvres et meslanges poétiques d'Estienne lodelle, Paris, MDLXXIIII, in-40. —Jodelle, doué du talent qui fonda la réputation d'Eugène de Pradel, composait des sonnets en parlant ; ceux qu'il n'improvisait pas lui coûtaient bien peu de travail ; aussi sont-ils presque tous assez médiocres. Nous en excepterons le suivant, que nous recommande M. Georges Garnier :
AU ROY CHARLES IX.
Alors qu'vn Roy Pericle Athènes gouuerna,
Il aima fort le sage et docte Anaxagore,
A qui (comme vn grand cœur soy mesme se deuore)
La libéralité l'indigence amena. Le sort, non la grandeur, ce cœur abandonna,
Qui pressé se haussa, cherchant ce qui honore
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La vie, non la vie, et repressé encore Plustost qu'à s'abaisser, à mourir s'obstina :
Voulant finir par faim, voilla son chef funeste. Pericle, oyant ceci accourt, crie et déteste Son long oubli, qu'en tout reparer il promet :
L'aultre tout résolu luy dit (ce qu'à toi. Sire, Délaissé, demi-mort, presque ie puis bien dire) ; Qui se sert de la lampe au moins de l'huile y met
Jodeile, en effet, mourut pauvre. — Plusieurs croient qu'il inventa les vers rapportés et mesurés, à cause de ce distique placé par lui en tête des Œuvres d'OI. de Magny en 15^3:
Phebus, Amour, Cypris, veut sauuer, nourrir et orner Ton vers, cœur et chef d'ombre, de flamme, de fleurs.
Quand on pense que cela fut considéré dans le temps comme un petit chef-d'œuvre I Plus haut nous avons donné un exemple de sonnet rapporté; quant aux vers mesurés, que Baïf prétend avoir découverts, quelques écrivains en font hon- neur à Mousset. Ce dernier poète fit passer de la sorte Homère en notre langue ; mais ses traductions, terminées vers 1 520 ou 1 ^30, ont été perdues. — M. Ch. Marty-Laveaux a réimprimé les œuvres d'Etienne Jodeile, Paris, A. Lemerre, d'après l'édition qu'en avait donnée un ami de l'auteur, Ch. delà Mothe, Paris, 1574, in-40.
Jean -Antoine de Baïf, — 1532 - 1^89, — fils naturel de Lazare de Baïf, ambassadeur de France, donna au public ses ^mour^ en 1^52 , avec un sonnet-dédicace à Meline, et en 1555 V Amour de Francine (de Genne, sœur de l'Admirée, de Tahureau, d'après l'opinion de M. P. Blanchemain). Ses nom- breux sonnets, en effet, roulent presque tous sur l'amour. Il fonda, l'an 1570, la première académie qu'ily eut en France. — Les Jeux floraux lui décernèrent un David d'argent. Baïf était un pauvre sonnettiste. Ses poésies complètes sont : Evvres en rimes de lan Antoine de Baïf, secrétaire de la chambre du roy. A
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Paris, MDLXXIII. — Les Amovrs de lan Antoine de Baïf. A Paris, 1572. — Les levx de lan Antoine de Baïf. A Paris, MDLXXIII.— Les Passetems de lan Antoine de Baïf. A Paris, MDLXXIII. Ces 4 tomes en 2 vol. sont in 12 et de la librairie de Lucas Breyer.
Arnaud Sorbin, dit de Saincte Foy, né près de Montau- ban, mort à Nevers en 1606, fut prédicateur célèbre, grand faiseur d'oraisons funèbres, et faible sonnettiste. On lui doit plusieurs livres rares, entre autres le Vray Resveille- Matin des calvinistes et piiblicains français... Paris, 1575 ou 1576, pet. in -8° ; et Histoire de la ligue saincte faide il y a CCCLXXX ans, à la conduite de Simon de Montfort contre les hérétiques albigeois, etc., le tout escrit par F. Pierre des Vallées Sernay, de l'ordre de Cisteaux, environ Fan 1 198, et mis en notre langue française l'an 1 569, par M. Arnaud Sorbin, evesque de Nevers. Paris. 1585, in-8«.
GuiLL. AUBERT, Seigneur de Massoignes ou Massouignes, né à Poitiers vers 1534, auteur de poésies et de plusieurs ouvrages en prose, aurait-il fait à vingt-un ans le sonnet que cite, sous le nom à'Aubert, Antoine Fortin dans la Rhetoriqve française, Paris, 1 $ $ $ ?
Etienne Forcadel naquit en 1534 àBéziers, et mou- rut en 1573 (et non en 1 5 54, comme l'a dit Ph. de la Made- laine). Ses ouvrages latins sont très-nombreux, bien que rares; ses vers français n'ont pas grand mérite. Nous connaissons de lui les œuvres suivantes : i" le Chant des trois seraines, filles d'Acheloiis et Calliope — 1 548. (Trois éditions de cette date, dont une intitulée : Rimes d'amour, ne contiennent pas le moindre sonnet; mais la 2«éd., Poésie d'Est. Forcadel, MDLI, pet. in- 80, fut augmentée de plusieurs sonnets).— 2" Les œuvr^^ latines d'Etienne Forcadel parurent en 1595, in-foL; quelques-unes avaient été publiées en 1 553 et 1 554. Ses Œuvres poétiques , édition reiieue, corrigée et augmentée, sont de 1 579, pet. in-8**. - Son frère, Pierre Forcadel qui mourut en i J77, valait
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mieux que lui ; il fut lecteur ordinaire du roy es mathemati(jues en rvniversité de Paris; il traduisit et commenta Les neuf pre- miers Hures des Elemens d'Euclide, Paris 1^64-65, 2 part, en 1 vol. in-40. Voir Brunet pour les autres livres de P. For- cadel, qui en 1571 fit un sonnet en l'honneur de Claude Pellejay. Alors vivait un poëte inconnu, Aymar de Vabres ; mais était-il sonnettiste?
Jean Passerai, né à Troyes en 1534, mort paralytique le 14 septembre 1602, était un poëte latin et français. II fit presque tous les vers de h Satire Menippee. C'était un sonnettiste de profession : il y a plus de 160 sonnets dans le Recveil des œvvrcs poetiqves de lan Passerat, Paris, MDCVI. Ils sont pré- cédés ou suivis de sonnets par J. DE Rougevalet, le sieur DE MONTAULAIN, P. de Nancel, M., Desportes et Régnier. Un sonnet de Passerat est en réponse à celai ^'ALPHONSE d'Elbene (Delbène), abbé de Hautecombe. Le suivant mé- rite d'être connu :
Sire, Thulene est mort : i'ay veu sa sépulture : Mais il est presque en vous de le resusciter: Faictes de son estât vn poëte héritier : Le poëte et le fou sont de mesme nature.
L'vn fuit l'ambition et l'autre n'en a cure : Tous deux ne font iamais leur argent profiter ; Tous deux sont d'vne humeur aisée à irriter : L'vn parle sans penser et l'autre à i'auenture,
L'vn a la teste verte, et l'autre va couuert
D'vn ioly chapperon faict de iaune et de vert : L'vn chante des sonetz, l'autre danse aux sonettes.
Le plus grand différent qui se treuve entre nous, C'est qu'on dict que tousiours fortune aime les fouis, Et qu'elle est peu souuent fauorable aux poètes.
On cite encore de Passerat, gracieux et mordant parfois, le sonnet commençant ainsi :
I
La femme et le procès sont deux choses semblables...
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et cet autre :
Qui de ses propres mains a étranglé son père. .
Quant à celui sur Thulène, il existe un sonnet qui lui ressemble singulièrement ; il fut composé par un ami de Passerat. Quel est l'original? Où est la copie? Nous l'ignorons. M. Georges Garnier présume que l'idée de ce sonnet ayant plu à Passerat, celui-ci aurait retouché l'œuvre d'ANT. DE Cotel. Ce qui est positif, c'est que Passerat avait quarante-quatre ans lorsque parut : Le premier livre des Mignardises et gaies poésies de A. D. C. MDLXXVIII, in-40. — La première des trois par- ties de cet ouvrage, qui est la moindre, est celle où l'on voit des sonnets amoureux, souvent obscènes et partant indignes d'un magistrat, car Ant. de Cotel était conseiller au Parle- ment de Paris. Les dix-sept sonnets qui accompagnent ses Bergeries soni pis encore. Par bonheur les sonnets de Cotel sont du dernier rang, si nous en exceptons sa pièce sur la mort de Thulène, que le lecteur peut confronter avec celle de Pas- serat :
Tulene et son estât sont esteincts d'un coup, Sire, Toutesfois (s'il vous plaist) encore est-il en vous De les faire reuiure : il est assez de fouis, Et trop de demandeurs, pour vous faire encor rire,
Entre vn poète et vn fou, il y a peu à dire ; Chacun d'eux est mocqué, et se mocque de tous, L'vn est souuent despit, l'aultre est prompt à courrons ; Chacun d'eux dist el va où son plaisir le tire.
L'vn porte vn gay chappeau, l'autre des bonnets verts : Chacun aime son chant : l'vn, ialoux de ses vers, L'aultre de sa marotte on ne sçauroit desfaire.
Ils différent pourtant d'vn seul point en viuant :
Car l'on dit que fortune ayde aux fouis bien souuent, Et qu'aux poètes elle est quasi tousiours contraire.
Cotel mourut au commencement du XVI I<^ siècle.
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Jacques DE Billy(i), natif de Guise en 153$, fut d'église, comme on disait de son temps; il mourut à Paris le 2$ dé- cembre 1581. Ses Sonnets ipirituels, recueillis pour la plupart des anciens théologiens tant grecs que latins, forment 2 vol. — 1575 et 1578 : en tout, 209 sonnets assez pauvres. On lui doit d'autres livres de vers. Il paraît avoir débuté par Recueil des consolations et instructions salutaires de l'ame fidèle, traduit du livre de saint Augustin sur les Psalmes. Paris, i ^70. Cet ouvrage vaut le premier et le suivant : — Six Livres du second advenement de Nostre-Seigneur, précédés d'un traité de saint Basile j du Jugement de Dieu, et suivis de quatrains sententieux, traduits de saint Grégoire de Nazianze. Paris, 1 576, in-8°.
Louis le Caron, dit Charondas, de Paris — IS3^" 161 7 — se fixa quelque temps à Bourges par inclination pour Claire_, que Colletet pense être Claire de la Haye (morte à dix-huit ans). Il le suppose en commentant un sonnet qui ouvre VArt poétique de C. de Boissières. Charondas mit au jour 1° Poésies. Paris, pet. in-80, 1554; — i'^ La CLARTÉ amoureuse, contenant 79 sonnets, suivie d'un dialogue inti • tulé : La Claire ou la prudence du droit. Paris, Gilles Cor- rozet, 15 54) if^-S». — C'est en somme un sonnettiste fort médiocre. Nous n'osons rien citer de lui après mûre délibéra- tion ; mais il vaut beaucoup mieux comme jurisconsulte.
Jean Vatel, né en Touraine, réunissait tous ses vers en
Iun volume qu'il faisait imprimer vers 1585, quand la mort vint à rencontre. Les amis de Vatel publièrent ensuite ses poésies, où l'on voit des sonnets. G. Colletet nous semble avoir eu tort de trop louer le Premier livre des Meslangcs de Jean Vatel, secrétaire de la chambre du roi. A Paris, M.DCI, in-4° (3 1 sonnets). Le manuscrit d'un second livre est conservé (i) Jean de Billy, son frère, traduisit en français le Traité des Actes et Hérésies de nostn temps..., de Stanislas Hosiiis, évéque polonais. Paris, 1561, in-8". — Imbert ou Himbert de Billy. On connaît de
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à la Bibliothèque impériale. Vatel est en outre auteur de trois ouvrages en latin qui sont imprimés.
Charles Utenhove, né en 1536^ à Gand, mourut subi- tement le iC"" août 1600, à Cologne. Il présenta le jour de saint Georges, en 1564, un sonnet français à la reine Eli- sabeth. Ce sonnet, qui n'a rien de saillant, est le seul que nous connaissions de l'auteur de deux livres, dont les titres, en latin, sont trop longs pour être reproduits. Ils sont datés de 1^60 et de 1 568. Ce dernier a des vers grecs, latins, français, etc.
Jean Vauquelin, seigneur de la Fresnaye, 1 536-1606, ou 1607, est auteur d'un Art poétique, de satires que Boileau a imitées, de quelques méchants sonnets, etc. iLe tout a été de nouveau recueilli à Caen, 1612, in-8'.) Il eut pour fils Nicolas Vauquelin, seigneur des Yveteaux, — 1 559-1649, qui com- posa quatorze sonnets, dont le treizième est célèbre par un cer- tain épicuréisme. Ne le citons point; contentons-nous de mentionner la réponse qu'y fit, dit-on _, en sonnet, le propre neveu (i) de l'auteur, à cause de la crudité de certains termes. Huit sonnets de V. des Yveteaux sont dans les DeUces de la Poésie, 2^ vol., 1621 ; les mêmes ont paru dans le Parnasse des plus excellens poètes de ce temps, 1618, avec deux autres sur Henri IV et sur la princesse de Conty. Le second inspira un sonnet curieux à Laugier de Porchères. — Les Œuvres de Vauquelin de la Fresnaye se rèimprimenl à Caen, chez Le Blanc Hardel, en 2 vol., à petit nombre: 80 fr. pour les souscrip- teurs!...
Scévole de Sainte-Marthe, né à Loudun le 2 février 1536, mourut en 1623. C'est le fondateur d'une illustre fa-
(1) M. P. Blanchemain a publié : Vauquelin des Yveteaux^ Paris, Aug. Aubry, 1654, in-8"; il y rapporte ce sonnet, qu'il a pris dans le Recueil de Sercy. — Paris, i6j j ; et il ajoute en note : — « Quoique signé 0 G/? , il a tout à fait l'allure des vers précédents et pourrait être de la même main » Or, l'auteur présumé serait Hercule Vauque- lin, maître des requêtes à Caen.
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mille de savants, originaire du Poitou. Il se nommait réelle- ment Gauchir; mais comme ce mot se dit en latin Saevola, il prit le nom de Scévole, ce qui ne fut point maladroit. — C'é- tait un poëte latin très-distingué. Ses œuvres françaises, réim- primées en 1600, à Poitiers [h première édition est de 1 579, et l'on y comptait déjà quatre-vingt-quatorze sonnets), se composent de trois livres ; les deux premiers contiennent des poèmes, le dernier est formé par des odes, des métamorphoses chrétiennes, des imitations, des épigrammes, des vers amou- reux, — c'est inévitable; — viennent ensuite des sonnets, que G. Colletet trouve très-agréables dans leurs diversités. — Le suivant est digne de figurer dans notre collection :
Desportes, quand le temps, qui toute chose enmieine, • L'vsage du François aura tout aboli,
Par le mesme Destin qui rend enseueli
Et Pvsage du Grec, et la langue Romaine, Ton ouurage sera vne viue fontaine,
Oii puiseront ceux-là qui, pour vaincre l'oubly .
Apprendront en lisant ce langage accompli
Dont auiourdhuy ta voix est Pescole certaine. Ils trouueront chez toy cette naifueté
Qui ioint vne douceur à vne grauité.
Et diront en voyant tes rymes si faciles, Il paroist bien qu'alors que ce poète escriuoit,
Vn Prince tel qu'Auguste en la France viuoit,
Iï Puisqu'il fit de son temps renaistre des Virgiles.
I Sainte-Marthe fit un autre sonnet sur la mort de M. de Sé- lonnes, frère de F. le Poulchre de la Motte-Messemé. Sa Iropre mort donna naissance à un livre qui, pourtant, ne parut qii^n 1630. Le Recueil de poésies sur la mort de Scavole de Sainte-Marthe contient plusieurs sonnets de Pierre de Sainte-Marthe, fils de Scévole; un de Jean Besly; un de Michel Fileleul, écuyer, seigneur de Lencome; un de
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Bordier,un de Sébastien Rouillard(i), quatre de Berge- RON, un de Claude Garnier, un de P.-J. Urbain de l'Ar- DILLIER. Puis viennent des sonnets d'ÉTiENNE PoNCET, de ScÉvoLE DE Sainte-Marthe, petit-fils du précédent, et de Fr. l'Hermite, dit Tristan. — Urbain Grandier, qui périt sur un bûcher lors de la possession des Ursulines de Loudun, fit en public l'oraison funèbre de Se. de Sainte-Marthe.
Roland de Bethoulaud ou Betholaud, né à la Souter- raine le !«»■ octobre 1536, fit imprimer un livre qui devient rare : Deux eglogues funèbres avec quelques sonnets , epigram- meSf etc., Bourges, 1558, in-S^. 11 publia des vers latins , avec ceux de son ami Pierre Fauveau, à Paris, en 1575. Il ne faut pas le prendre pour l'abbé Betoulaud, qui composa un poëme sur la mort de l'un des caméléons de M"* de Scudéry.
Jacques Grevin, de Clermont(Beauvaisis), selon le-portrait gravé l'an i$6i et placé en tête de son théâtre, avait alors vingt-trois ans. Il était donc né en 1538; il mourut en 1 570, à Turin. (Voir l'abbé Goujet : Bibl. franc.). — D'autres le font naître en 1 539 et 1 540. Son premier recueil n'est digne d'au- cune mention; le second, VOlympe, i ^60, in-8<'. Paris, Robert Estienne, est un Recueil de sonnets, suivi de poésies diverses. Il cachait sous ce titre d'Olympe le nom de cette fameuse Nicole Estienne, qui trouva ainsi l'anagramme de son nom : Festonne le ciel, et composa un sonnet en l'honneur du poète
( I ) Sebastiani Rolliardi, Melodunensis Agrocharis e Gallico Pibracii poëmate, latino carminé, ad verbum expressa. Adjecta sunt et IX ejus- dem Rolliardi. Musurgia. Paris, ij9j,in-8'J. S. Rouillard traduisit du latin une Histoire de Melun, etc.; Paris, 1628, /rt-40. Il avait déjà pu- blié d'autres ouvrages, notamment La Saincte-Mere, ou Vie de M""* Saincte Isabelle de France, sœur unique du roy Sainct-Louys, fon- datrice de i abbaye de Longchamp. Paris, 1619, in 8'\ Enfin l'on trouve un sonnet de S. Rouillard, de Melun, dans : La Remonstrance faite par M. le Garde des Sceaux en l'Assemblée des Estais. Orléans, 1588, in-80.
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Baptiste Badère. Elle était fille de Charles Estienne, impri- meur et médecin. Elle épousa Jean Liébaut, qui était aussi médecin et auteur des Quatre livres de médecine et de la philo- sophie chymique, Rouen, 1600, in-B'*. — N'oublions pas que Jacques Grevin était médecin. Il traduisit en vers français les Œuvres de Nicandre, médecin et poète grec, ensemble deux Hures des Venins... Anvers, 1567, in-4°. Calviniste, il collabora, dit-on, avec Florent Chrestien et La Roche-Chandieu, à la pièce intitulée : Le Temple. C'était une satire contre le grand Monsieur de Ronsard, comme on l'appelait alors; car le ta- lent et le catholicisme de cet illustre sonnettiste portaient sans doute ombrage à ces trois poètes. — Les meilleurs sonnets de l'Olympe ne s'élèvent guère au-dessus du médiocre; mais Gre- vin se surpassa, dit Colletet, dans sa Gelodacrye amou- reuse, et autres œuvres, au point de vue poétique. M. Ed. Tricotel a découvert vingt-quatre sonnets de Grevin qu'il a insérés dans ses Variétés bibliographiques, 1863. — En pu- bliant Olympe, Grevin avait suivi l'exemple de J. du Bellay, auteur d'Olive; cela fut bientôt une mode. Claude de Pon- TOUX de Chalon-sur-Saône, médecin, mort en 1579, fit à Dôle un certain nombre de sonnets amoureux et un peu libres, des odes, chansons, etc., le tout sous le titre d'Idée, nom supposé de sa dame. — Quelques-uns de ses sonnets ne man- quent ni d'originalité, ni de sel; c'est un imitateur de Pé- trarque; mais, hélas!... — Les Œuvres poétiques deCl.de Pon- toux parurent à Lyon, en 1579, in-i6.
Pascal Robin, seigneur du Faux, naquit près d'Angers en 1538. — Pour mémoire. Des sonnets de lui sont répandus dans beaucoup de recueils contemporains que nous avons men- tionnés ailleurs. Robin est auteur de plusieurs livres et d'é- légies et monodiesfunèbres —1 ^63, 64, 69 et 70.
Les Eglogues et autres œuvres poétiques de JACQUES Be- REAU (Poitevin), à Poitiers, 1 ^65, in-40, sont fort rares. On y voit des sonnets et des odes ; les premiers, au nombre de qua-
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rante, ne valent pas tous celui dont nous rapporterons les deux tercets ; il s'agit de la Fortune :
On dit d'elle partout qu'elle est communément
Et muable et légère, et qu'ordinairement
Elle faict monter l'vn et l'aultre précipite; le ne sçay pas comment les aultres elle ioûe :
Mais quant à moy, ie tiens, sans muer, l'opposite
Du sommet et degré le plus hault de sa roue.
Guillaume de Poetou inséra des sonnets acrostiches dans son très-imparfait recueil de poésies : La grande Liesst en pivs grand labcvr de Gvillavme de Poeîov [Belhvnois)... En An- vers, 156^, in-8^ Il y a une édition de 1561. Par le même : Suite du labeur en liesse... Anvers, 1566, in-4". — Cantique pour la victoire des Chrestiens contre les Turcs... i (^6G, in 40 ;
— H^mne de la marchandise, Anvers, 1569, in-12. Nicolas Renaud, gentilhomme provençal, célébra dans
ses vers, sous le nom de Lucrèce, Anne de Vallavoir, selon Goujet, et mieux, Anne de Valavoire. Il paraît qu'il l'épousa.
— Les Chastes Amours de Renaud, Paris, 1^65, in-^<», n'ont de chaste que le titre. On lit soixante-six sonnets dans ce re- cueil; par un sonnet de Gallois-Abot, il semble évident que l'auteur n'existait plus alors. — Le Parnasse des poètes français modernes , de G. Corrozet, a reproduit un sonnet de Renaud.
— Brunet reproche à Du Verdier et à La Croix du Maine d'écrire à tort : Renault et Regnaud; il attribue a celui-ci : Ode de la paix, au roy Charles, et autres poésies, Lyon, 1 563, in S**, et un Discours... 1 564, pet. in-S*».
Pierre Sorel, dont les méchants vers parurent en i ^66, in-4<*, mourut à Chartres trois ans après.
Philibert Bugnyon, jurisconsulte, né à Mâcon, mort vers 1 590, était, nous aimons à le croire, plus fort en droit écrit ou coutumier qu'en poésie. Son livre Erotasme de Phi- die et de Gelasine , plus le chant panégyrique de l'islc Pontine ,
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Lyon, 1^57 selon Brunet, et 1567 d'après un autre biblio- graphe, nous donne une triste opinion de ce poëte. Sa Gélasine était sœur des de Chanein et de Feurs, nous dit Goujet , qui n'est pas clair quand il ne nous induit pas en erreur. C'est sans doute de Chanein delà Tayssonnière qu'il s'agit. Bugnyon a composé d'autres ouvrages de droit en français et en latin.
Louis Dorléans — 1 542-1629 — était ligueur, libel- liste et satirique, le tout avec une certaine violence. La mort de Jacques de la Châtre, frère de Claude de la Châtre, maré- chal de France, lui inspira plusieurs sonnets en 1568. Il fit paraître, dans un âge avancé, six cent douze Quatrains moraux — 1625 — dont Colletet faisait peu de cas, s'il faut croire Ph. de la Madelaine. — Dorléans débuta fort jeune par un Cantique de victoire, 1569, in-S** ; il publia plusieurs livres dans la suite, notamment une Apologie ou défense des Catho- liques, 1 586, in-80.
La Complainte de France. Imprimé nouvellement, MDLXVIIL (Anonyme). — Vingt sonnets suivis de trois autres. Cette pla- quette, que nul biographe n'avait connue, a été réimprimée à Chartres en 1834, et tirée à 48 exemplaires. — Ne pas con- fondre avec Complainte de France (vers 1495).
André Ducros, auteur d'un Discours sur les misères de et temps..., 1 569, in-4", a fait un sonnet assez original :
l'ay plusieurs fois résolu de chasser
De mon esprit vn obiet oii il vise;
l'ay prudemment fait souuent entreprise
Pour de ses lacs me pouuoir deslacer; Mais comme vn plé ie cuide commencer
A tirer hors pour le mettre en franchise,
L'aultre serré, en plus estroite prise
S'empestre alors qu'il le sent auancer. Ainsy celuy qui au gré d'vn grand fleuue,
Tourne à costé quand profond il le treuue,
Guidant sortir, se plonge plus auant ;
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Ainsy, voulant sortir du marescage, Le fort cheual d'vn pié se va leuant, Mais plus alors des aultres il s'engage.
Le Tumbeau du seigneur de la Chastrey dict de Sillac , gentil- homme, nagveres orne des excellences du corps et de l'esprit, et garni de la cognoissance des lettres et armes... A Paris, M.D.LXIX, in-4% 12 ff. non chiffrés. — C'est un mélange de poésies latines et françaises; les sonnets sont par R. Bel- leau, Ant. de Baïf, Passerat, É. Pasquier, R. Garnier, Des- portes, Loys d'Orléans {sic) et P.P. Trois autres pièces la- tines et une française sont signées : Val. PP.
Poésies amoureuses..., par Filber Bretin, Bourgognon'Ausso- nois. Plus les Meslanges du mesme auteur. A Lyon, 1 576, pet. in-8'\ Un sonnet de Jean Boudier, Dijonnois, précède le tout. L'ouvrage a quarante-deux sonnets médiocres, accom- pagnés souvent de commentaires en prose. Inutile d'en citer aucun, même le meilleur, qui n'est que le moins mauvais. Phi- libert Bretin n'était vraiment pas fort. Il naquit en 1 540, à Auxonne, et mourut à Dijon le 29 juin 1595. Il exerça la mé- decine. — Jean Coiteus, de Dole, lui adressa un sonnet. Par une piramide renuersee, Acrostique, Bertin nous apprend que sa dame se nommait Margverile Chappelain.
Nicolas Rapin, homme de loi, poète et guerrier, naquit à Fontenay-le-Comte, en Poitou, vers 1540, et mourut en 1608. Il débuta mal avec la religion catholique; changeant de but, il voulut terminer sa vie dans la véritable Église. Ses œuvres sont de 1572, 1^98, 1602, etc. Les sonnets d'a- mour n'y manquent point; ils n'ont pas grand mérite litté- raire. Rapin collabora, dit-on, à la Satyre Menippee. Sa meil- leure composition, au point de vue littéraire, est son poème : Les Plaisirs du Gentilhomme champestre.
Pierre de la Meschinière, que les anciens et modernes bibliographes confondent avec Pierre Enoc, pour faire des
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deux un seul poëte, naquit dans le Dauphiné et suivit l'exemple des auteurs de son siècle en donnant pour titre à ses sonnets et autres vers d'amour, assez plats, le nom ou pseudo- nyme de la dame de ses pensées. Selon Colletet (qui ne veut pas que l'on prenne P. Enoc pour P. de la Meschinière), CdOC)fr(j vit le jour en 1 371, et, d'après Brunet, en 1578.
D'après Goujet, des trois frères Gui, Antoine et Nicolas Le Fèvre de la Boderie, le second seul aurait fait un sonnet; Nicolas n'a produit qu'une ode et une autre pièce. Mais Gou- jet est dans l'erreur : Gui le Fèvre, qui n'est point né à Fa- laise, mais à la Boderie, le 9 août 1 542, nous appartient. Son grand poëme, VEncyclie des secrets de rEîernité, est suivi de poésies diverses, notamment de sonnets qui ne sont pas sans valeur littéraire. Sa Galliade est de 1578, in-40 ; ses Hymnes ecclesiast., de 1 578 et 79, et ses Divers Meslanges poétiques^ de 1582, in-i6. Il y a d'autres Meslanges poétiques du même.
Après avoir perdu, dans un temps de peste, son père, sa mère et six domestiques, Georgette de Montenay se mit au service de la reine de Navarre (Jeanne d'Albret); elle fit im- primer en 1 571, à Lyon, in-40, les Emblèmes ov Devises chres- tiennes, au nombre de cent. Quatre vers latins et huit vers français expliquent chaque emblème. L'ouvrage est complété par huit sonnets et autres œuvres. Une édition, augmentée de la traduction de cent emblèmes dans plusieurs langues, parut en 1619, à Francfort-sur-le-Mein , sous ce titre : Emblemata Christiana. Le tout n'a rien qui soit digne d'attirer l'attention.
Claude Turrin, né à Dijon, appartenait à une famille noble, comme l'atteste un sonnet adressé à sa sœur, M"^ Jac- quette Turrin, par MAURICE Privey. — Claude Turrin, poëte élégiaque dont Ph. Desportes faisait le plus grand cas, mourut en 1570. — Il chanta Chrétienne de Bessay. Ses Œvvres poé- tiques virent le jour après sa mort, en 1 572, in-S». Un ardent amour en fait tous les frais; il s'exhale en quatre-vingts sonnets environ , pas trop mal rendus pour le temps; mais l'auteur est
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parfois licencieux. — PV. d'Amboise et AlMAR DU Perier, genlilhomme daulphinois, adressèrent un sonnet chacun a Cl. Turrin.
Pierre Enoc ou Enoch, fils d'un ministre protestant, at- tacha son nom aux Opuscules — ii>72, dont la première par- tie contient de nombreux sonnets très-médiocres. — Un mi- nistre de Genève, Simon Goulart, lui adressa un sonnet. Il en composa ui-même un pour la Moroscoinie de Joseph Du- chesne.
Jean de la Taille, né à Bondaroy, près de Pithiviers, en Beauce , composa quelques pièces de théâtre; il y règne parfois une certaine licence, mais elles sont justement tom- bées dans l'oubli. Ses sonnets, au nombre de soixante, ne va- lent pas mieux. Il mourut vers 1607. Son frère, Jacques de LA Taille, donnait de grandes espérances : il avait fait deux tragédies à seize ans ; la peste l'enleva trois ou quatre ans plus tard, en i ^62, avec son jeune frère, Pascal de la Taille. Ses poésies, parmi lesquelles on compte sept sonnets, parurent avec celles de Jean : Savl le Fvrievx, tragédie, etc. (par Jean de la Taille). A Paris, M.D.LXXII, in-8«; —Alexandre, tragédie de lacques delà Taille, etc. A Paris, M.D.LXXIIl, in-8 ; — Daire, tragédie de feu lacques de la Taille. A Paris, M.D.LXXII II, in -8°; — La Famine, ou les GabeoniteSy tra- gédie. Ensemble plusieurs autres œuvres poétiques de lehan de la Taille et de feu laques de la Taille. A Paris,M.D.LXXIIII, in-8*'. — Une cinquième partie complète ce recueil, c'est : La Manière de faire des vers en François comme en Grec et en Latin, par Feu lacques de la Taille. A Paris, M.D.LXXIIl. - La devise des La Taille était : In vtrvmqve paratvs; leurs armes représentent un lion couronné.
Claude Palliot (Parisien) n'a produit que de très- médiocres ouvrages en vers — 1573 et 1581. En 1598, il publia dix-huit sonnets, à la suite d'un discours en prose, sur Les Cérémonies observées à la solennisation de la paix , en Ve-
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glise Nostre-Dame de Paris. Que le sonnet lui soit léger! — Faut-il attribuer au même poëte : Le Vray Oithographe fran- çois, contenant les reigles et préceptes infaillibles pour se rendre certain, correct et parfaict à bien parler françois, par le sieur de Palliot. Paris, 1608, in-40 oblong?
Claude Binet naquit à Beauvais, devint avocat et publia quelques poésies à la suite des Œvvres de îean de la P ci use (Bastier), 1573. Paris, in-16. Les sonnets qui en font partie sont assez nuls. Un autre sonnet de lui se trouve dans Les Œvvres de Pvhlie Virgile Marron, Prince des Poêles latins... Paris, I ^77, in-i8. Ce livre_, qui fait partie de la bibliothèque de M. Georges Garnier, contient la traduction de V Enéide par Louis Desmasures — 1 523-1 580 — des Eglogues, par Clé- ment Marot, et des Georgiques , par R. Le Blanc; le tout a été édité par P. D. MouCHAULT, qui a terminé son recueil par une traduction des petites œuvres attibuées à Virgile. — Outre le sonnet de Cl. Binet et un autre de J. du Bellay, on ren-contre quatorze sonnets qui paraissent appartenir à Mou- chault. — On retrouve encore Binet dans le recueil sur la Puce de M"'^ des Roches, et dans celui sur la Main, d'Etienne Pasquier. — Le Tombeau du reucrend frère et vénérable docteur Fr. lacques Hugonin, excité par plusieurs doctes personnages {et recueilli par Fr.-Cl. Vicar), Paris, Noël Le Coq, 1574, 1 5 pp. in-40, renferme plusieurs pièces de Claude Binet. On pourra, pour de plus amples renseignements, lire dans Y Ami des Livres (avril 1862) un article de M. Ed. Tricotel sur notre poëte, qui fut lieutenant général au présidial de Riom, en Auvergne.
Pierre Binet, frère du précédent, mort vers 1584, com- posa trois les sonnets et d'autres poésies. (Voir les Plaisirs de ^la vie rustique, par Cl. Binet. Paris, 1583, in-12). P Amadis J amyn, fils du prévôt de Chaource, près de Troyes, "et de Marie Chemelet, naquit vers 1 540; il ne mourut pas vers
1585, comme on l'a souvent rapporté, mais bien au mois de
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janvier 1593, s'il faut croire une note mise sur son testa- ment. Voir à ce sujet l'article biographique de M. Berthelin, où l'on trouve une autre particularité. Jamyn avait un frère nommé, comme lui, Amadis; la date de la naissance des deux Amadis est de 1538 et de 1 540, mais quelle est celle du poëte? — (^Nous mentionnerons ailleurs un inconnu, Benjamin Jamyn, dont le S'" de Chanvallon fit le tombeau, et qui eut deux poèmes insérés dans un autre recueil.) — Amadis Jamyn, secrétaire et lecteur orninaire du roi, fut, qui le penserait, placé par quelques-uns au-dessus même de Ronsard, auprès duquel il avait rempli autrefois les fonctions de page. — Les Œuvres poeîi(]ues d'Amadis Jamyn. Paris, i J75, in-40, 1577 et 1579, pet. in-12 ; (cette dernière édition a parfois un titre de 1 582) se composent de cinq livres, contenant des sonnets; Jamyn y célèbre dans les 2^j 3® et 4^, Oriane, Callirée et Arthemis. Un deuxième volume, daté de 1 584, est pet. in-i 2 ; on y voit no- tamment un sonnet sur la mort des mignons de Henri III, Caylus, Maugiron, tués. en duel, et saint Mégrin, assassiné en 1 578. — En somme, la réputation de Jamyn , comme celle de plusieurs poètes du XVl^ siècle, nous paraît surfaite. Mais ne lâchons pas Jamyn sans constater qu'il a publié et continué la traduction en vers de l'Iliade, dont Hugues Salel avait fait les XI premiers livres.
Adrien de Gadou, et non Guesdou, comme le prouve le titre même de l'ouvrage suivant : Le premier livre des Paysages du seigneur du Saussay Adrian de Gadou, Paris, i J73, in-4''. On a du même auteur : la Marguerite. Paris, i J74, in-4". Ce dernier livre contient en premier lieu trente-cinq sonnets, puis dix-neuf dans VHermitage, etc., et finalement ceux que Gadou composa pendant son séjour à Rome. A partir de ce deuxième recueil, oii ne sait plus rien de ce poète.
Poèmes chrestiens de B. DE MONTMEJA et autres diuers au- teurs. Recveillis et novvellement mis en lumière, par Philippes de Pas, l'anM.D.LXXIIII, pet. in-8°. (Genève.?) — Deux pièces
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de vers signées : Th. de Sautemont paraissent avoir été at- tribuées à Th. de Bèze par Brunet et les rédacteurs du cata- logue Turquety; Thibaut de Sautemont a été rencontré ailleurs, et M. Ed. Tricotel ne croit point que ce soit le pseudonyme, comme Passavant, du trop célèbre calviniste. — Un sonnet à Philippe de Pas est de P. Énoc. — L'épitaphe de B. de Mont- meja est de S. G. S. (Simon Goulart, Senlisien), dont nous allons parler. On y trouve des Odes chrestiennes , par J. Ta- gaut, des Poésies chrestiennes et deux méchants sonnets par L. M. Quant à B. de Montmeja, ses sonnets sont au nombre de trois seulement. Ces poètes appartenaient à la R. P. R.
Simon Goulart, né à Senlis le 20 octobre 1 543, mort le 3 février 1628, fut ministre calviniste et auteur de Sonnets chresîiens accommodés à la musique d'Orlando Bony et Bertrand, à quatre parties. Il y a encore de lui deux livres de sonnets à la suite des Poèmes chrestiens de B. de Montmeja, sous les initiales S. G. S. En outre, cet auteur a publié des recueils historiques, notamment : Le sixiesme et dernier Recueil, contenant les choses les plus mémorables avenues sous la Ligue, depuis le commence- ment de l'an 1594 iusques à la paix accordée entre les rois de France et d'Espagne, l'an 1598. In-8®, 1599. La première partie, qui datait de 1687, 2 vol. in-80, parut sous le nom de Samuel du Lis. Simon Goulart donna des explications pour chaque livre du Grand Miroir du monde, poëme de Joseph Duchesne, 2^ édition, in-8°, de 1693. Son dernier ouvrage est sans doute : Le Thresor d'histoires admirables et mémorables de nostre temps, elc, Genève, Sam. Crespin, 1620-1628, 4 vol. in-80.
Voici l'un des poètes les plus ridiculisés : Guillaume de Salluste, s' du Bartas, né à Montfort , près d'Auch , l'an 1 544, et mort en 1 590. Il avait fait : La Sepmaine, ov Créa- tion du monde, en sept livres ; or, ce poème eut plus de trente éditions en quelques années ! A vrai dire^ il existait alors de si nombreux calvinistes! On trouve dans les Œvvres poëtiqves de G. de SalvstCj seignevrdv Bartas, Prince des Poètes François^
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i6i6, et dans celles qui remontent à 161 1 (in-foL), plusieurs sonnets préliminaires de J. DE Chambrun , de Jean de Serres, de P. d'Albene , abbé dudit lieu, de C. de Thouars, de S. G. S. (Simon Goulart, Senlisien, l'annota- teur de G. du Bartas), du s"" de Campagnan , du s"" de Saut, de Lamberdiere et de Jean Lauron, avocat, à Châteauroux. Du Bartas a composé une Seconde Semaine, la Judith, ÏUranie, le Triomphe de la Foy , V Histoire de Jonas, la Lêpanthe de Jacques VI, etc. — Calignon, à l'occasion de la mort de G. du Bartas, adressa un sonnet à Alex, de Pont- Aimery, S'" de Focheran.
Claude Pelgey ou plutôt Pellejay, né dans le Poitou, vivait encore en 1613. Épris' de Catherine des Roches, qu'il appelait Charité, il composa pour elle deux livres de stances et de sonnets qu'il lui envoya manuscrits ; elle répondit au poëte en le nommant Sincero, comme nous l'avons rapporté page 125. Les vers de Pellejay sont moins beaux qu'amoureux; mais son Hymne de Clémence, en l'honneur de Charles IX — 1^71 — lui attira de nombreux suffrages ; à cette occasion, Urbain de Laval-Bois-Dauphin, Pierre Forcadel et le s»" de BiOSSAY, lui adressèrent trois sonnets assez remarquables.
Antoine du Verdier, s'f de Vauprivas — 1 544-1600 — était né à Montbrison. Il publia : La Biographie et prosopogra- phie des Rois de France, etc. Paris, Cavellat, 1583. in-S*'. —
La Prosographie, ou Description des personnages insignes
Lyon, Gryphius, 1573, in-40; — 2' éd., Lyon, Paul Frelon, 1605, 3 v. in-fol. — La Bibliothèque d'Ant. du Verdier, conte- nant le catalogue de tous les auteurs qui ont écrit et traduit en françois. Lyon, 1580, in-fol. Cette bibliothèque a été réim- primée avec celle de La Croix du Maine, Tan 1776, en six vol. in-40. On y trouve un sonnet d'Ant. du Verdier, qui a été re- produit par M. Anatole de Montaiglon [Poésies des Xi'^ et XVI" siècles. Paris, Jannet, 1856). — Du Verdier donne ainsi la liste de ses autres œuvres, qui sont presque toutes inédites :
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Charles de Navières, calviniste, naquit en 1544, à Sedan. La Croix du Maine rapporte qu'il fut occis à Paris, l'an 1 572, vers la Saint-Barthélémy ; mais Navières vivait en 1614 (n'ayant même alors que soixante-dix ans), comme l'attestent les qua- trains qu'il composa sur la statue de Henri IV. Citons aussi : Avant-chants alaigres de Navières G. S. (gentilhomme séda- nois), etc. Paris^ 1612, in-8°. Ces chants alaigres étaient en l'honneur du mariage de Louis XIIL Ch. de Navières est encore auteur de la tragédie de Philandre, des poèmes : La Renommée. Paris, 1 57i,in-8'' ; Les Douze Heures du jour arti- ficiel, etc. Mais le seul mérite de Navières est de rechercher la richesse de la rime.
Claude Etienne Nouvelet, Savoisien, avait quarante ans environ en 1584. Peu de ses odes et poèmes, dit La Croix du Maine, sont imprimés. Il a composé une centaine de sonnets fort libres, heureusement inédits, à l'exception d'un seul, rapporté par un biographe. Ph. de la Madelaine dit, en parlant de Nouvelet, que son poème des Devinailles est rare.
Robert Garnier, lauréat des Jeux floraux, célèbre au- teur de huit pièces de théâtre, connut la tragédie par lui- même : ses infidèles serviteurs résolurent, pour piller sa mai- son, de le faire périr avec Susanne-Françoise Hubert et leurs enfants. Sa femme, au dire de Colletet, poète elle-même, avait bu déjà une coupe empoisonnée, mais elle n'en mourut point.
— Voici d'autres informations prises pour nous par M. G. Gar- nier auprès de M. Manceau, bibliothécaire de la ville du Mans:
— a R. Garnier est né à La Ferté-Bernard, comme il le dit dans son testament du 13 septembre 1590... Aucune donnée authentique sur la date de cette naissance. — Le compte de
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tutelle de Diane et Françoise Garnier, filles et héritières de Robert, présenté le 27 novembre 1596 par Denis Hubert, fournit les renseignements suivants : Robert Garnier avait épousé Fr. Hubert, qui, vivante en 1587 (acte de constitu- tion de rente), était morte en septembre 1 590. — Noble mes- sire Robert Garnier décéda au Mans le 20 septembre 1 590. — Sa fille Diane fut mariée (contrat du 2 décembre 1594) avec noble M^ Fr. Le Gras, s^ du Luart; et la puînée, Fran- çoise, avec Geoffroi Aubert, s^ de Rozière, conseiller au Pré- sidial du Mans. » — Les premières poésies de R. Garnier, œuvres de jeunesse, furent imprimées en 1565. Une jeune per- sonne nommée Marie les inspira ; il y a des sonnets. Ce livre parut avec ce titre : Plaintes amoureuses. En tête du théâ- tre de R. Garnier, éditions de 1 597, i J99 et 1609, on a placé des sonnets de Robert Estienne, 3^ du nom (voir notre disser- tation à l'article de ce R. Estienne), de Ronsard, de FI. de Birague, de Belleau, de Baïf, de Claude Binet, d'Amadis Jamyn, de Pascal Robin et de N. D. R. Il avait, ne l'ou- blions point, composé un sonnet adressé à Rémi Belleau, et deux autres sur la mort de Charles IX, qui ne sont point dans ses oeuvres : ils doivent se trouver dans quelque recueil de poésies contemporaines.
SÉBASTIEN Garnier, de Blois, fit une Henriade incom- plète. Blois, 1 593, in-4<'. Sa Loyssee, poëme sur saint Louis en Egypte, n'a que les trois /^r^miea chants. Blois, 1594, in-4°. (En 1770 on réimprima ces deux poëmes pour convaincre Vol- taire de plagiat ) — S. Garnier nous appartient par un sonnet adressé à ses livres. En tête de la Loyssee on lit des sonnets fort médiocres de Jacques Hurault, écuyer, s^ de la Pi- cardière; de Jacques Pean, avocat à Blois, etc.
L'Amour vidorieus, de Claude Garnier, gentilhomme parisien, divisé en quatre livres. Pans, 1609, in-12, con- tient au moins deux cents sonnets qui précèdent ce poëme. L'auteur avait alors en coffre — le portefeuille de son temps
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— dix ou douze mille vers ! Excusez du peu! — Cl. Garnier mourut en 1616.
Intervertissons l'ordre chronologique pour mentionner un autre homonyme : Jean-Nicolas Garnier de Monfuron, natif d'Aix, y mourut en 1 640. Il fut abbé de Valsainte, et publia : Recueil des vers de M. Monfuron... Aix, 16^2, in-S** ; il y a dans ce livre de nombreux sonnets qui révèlent un certain ta- lent, dont l'auteur ne fit pas un bon usage. On lit dans cet ouvrage des sonnets de Scipion du Périer, de M. de Sainte-Marguerite et du s'^ Billon. — Monfuron a douze sonnets médiocres dans les Délices de la poésie^ i^'' vol. Ils sont reproduits dans le 2^.
Collettet nous apprend que François le Poulchre, sei- gneur de la Motte-Messemé, chevalier de Tordre du roi, se disait issu du consul romain Appius Pulcher ! Sa devise était : Suum cuique pulchrum ! \\ naquit à Mont-de-Marsan vers 1545^^ mourut en 1 597. Marguerite^ reine de Navarre, et François I" le tinrent sur les fonts baptismaux. Il épousa Philippe de Ludre, dame de Bouzemont, vers 1 570. Ses titres de noblesse sont en règle ; mais ses preuves littéraires laissent beaucoup à désirer, témoin : Les sept livres des Honnestes Loisirs de mon- sievr de la Motte-Messemé, cheualUer de l'ordre du roy et capitaine de cinquante hommes d'armes des ordonnances de Sa Majesté, inti- tulez chacun des noms d'vn des planettes... Plus, vn meslange de diuers Poèmes y d'Elégies, Stances et Sonnets. A Paris, 1587, in-12. — Ce livre, illisible de nos jours, contient les Amours d'Adrastie, en trente-neuf sonnets, accompagnés d'environ cin- quante autres sur des sujets divers. La muse de Le Poulchre s'appelle Marie. — Un des meilleurs sonnets du recueil se ter- mine d'une façon originale :
D'aller en Paradis le plus certain moyen, C'est de rendre à chascun ce que l'on a du sien; Rendez moy donc mon cœur, vous sauuerez vostre ame.
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:s, né à
en 1606 à Paris. C'est à tort qu'autrefois l'on a écrit son nom avec particule. — Après Ronsard, l'enfant gâté des aca- démies, des rois et de la France, aucun poëte assurément n'a eu la singulière fortune de Ph. Desportes. Le goût des son- nets était général quand ce privilégié apparut ; il excella si bien dans ce petit poëme que ses vers furent rémunérés avec magnificence. Ainsi Charles IX lui donna huit cents écus d'or pour le poëme de Rodomont, et pour l'impression de ses ouvrages il reçut dix mille écus de Henri III; sur cette somme, il put faire de larges économies. — Par l'amiral de Joyeuse, un sonnet lui valut une abbaye. Dans la suite, il ob- tint plusieurs bénéfices, qui rapportaient trente mille livres de rentes! C'était vraiment prodigieux pour le temps, encore plus' pour les poètes! — Quatorze vers, un peu plus tard, c'était du luxe! un poëte devenait illustre à moins de frais; n'avait-on pas promis trois mille livres à celui qui saurait le mieux chanter la gloire de Louis XIV ? Or, le quatrain sui- vant remporta le prix :
Pour célébrer tant de vertus, Tant de hauts faits et tant de gloire, Mille escus, morbleu ! mille escus, Ce n'est pas un sou par victoire !
Marigny.
Avec un autre quatrain, M. de Sainte-Aulaire (auteur d'un sonnet resté inédit) allait à l'Académie et à la postérité ! — Mais revenons à Philippe Desportes, qui aurait eu moins de célébrité s'il n'avait flatté les vices des grands par des poésies galantes. Cependant,une fois parvenu à la fortune et à l'illustra- tion, il eut le bon sens de neguère composer que des poésies chré- tiennes ou sérieuses, en harmonie avec sa nouvelle condition .
Voici sans conteste un de ses plus beaux sonnets, un des
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meilleurs de son temps, et qui, dans notre époque, aurait peu de rivaux, malgré quelques répétitions ; mais il est imité, presque traduitd'unsonnetde Sannazar. Desportes était coutumier du fait.
Icare est cheut icy, le ieune audacieux,
Qui pour voler au ciel eut assez de courage :
Icy tomba son corps degarny de plumage,
Laissant tous braues coeurs de sa cheute enuieux. 0 bien heureux trauail d'vn esprit glorieux,
Qui tire vn si grand gain d'vn si petit dommage !
0 bien heureux mal heur plein de tant d'auantage,
Qu'il rende le vaincu des ans victorieux ' Vn chemin si nouueau n'estonna sa ieunesse,
Le pouuoir luy faillit, mais non la hardiesse !
Il eut pour le brusier des astres le plus beau ; Il mourut poursuiuant vne haute aduanture ;
Le ciel fut son désir, la m.ersa sépulture:
Est-il plus beau dessein ou plus riche tombeau ^
Les poésies de Ph. Desportes sont : Diane, les Amours d'Hip- polyte, Cleonice, Elégies, Imitations de rArioste, etc , enfin des Œuvres chrestiennes. En tout quatre cent trente-neuf sonnets
Nous avons déjà dit un mot de Gabriel Chappuys en parlant de Claude de Buttet. Un sonnet porte son nom au commencement d'un livre de Jacques de Vintimiile. Chappuys ou Chappuis était né, en 1546, dans la ville d'Amboise; il prenait les initiales suivantes : G. C. T. ^.Gabriel Chappuys, Tourangeau). II mourut vers 161 1, après avoir fait de nom- breuses compilations peu estimées. Sa traduction du Roland furieux est de 1 382, in-8« ; celle des Mondes Célestes, Terrestres et Infernaux, de Doni, Florentin, est de 1 578. C'est un ouvrage plus que bizarre. — Claude Chappuys, bibliothécaire de Fran- çois I^'", est un poëte qui ne nous appartient pas.
Sonets des grands exploicts victorieux de Hault et Puissant sei- gneur Maurice, Pce d'Orange, etc., par }. F. L. P. G. D. B. 1598, in-40, de 87 ff. — L'auteur avait pour anagramme :
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FaUn ci la fin et repos; un bibliophile beige y a découvert les noms suivants qui se rapportent aux initiales des titres : Iean François Le Petit, greffier de Béthune. Ce poëte naquit, en effet, dans cette ville en 1 546. Il embrassa la R. P. R. et vivait à Aix-la-Chapelle quand il publia ses sonnets héroïques. On lui attribue aussi : Cantique d'action de grâces pour la deffaicte et dissipation de V armée d'Espagne en Van 1588. Imprimé à Har- lem, 1588, in-80. Ses deux autres ouvrages en prose sont de 1601 et de 161 5. La date de sa mort est inconnue. Il ne faut pas le confondre avec un autre poëte, Claude Le Petit, qui fut brûlé en place de Grève, un demi-siècle plus tard, pour avoir composé des vers infâmes.
ETIENNE Tabourot naquit à Dijon en 1 547, et mourut l'an 1 590. M. Charles Nisard a donné l'étymologie du surnom de seigneur des Accords, sous lequel Tabourot produisit ses ou- vrages. En 1572 parurent ses premiers sonnets; un d'eux, selon l'usage du temps, était signé de la devise des ancêtres du poëte : — A tous accords — et adressé à M"^ Bagat (i). Cette jeune fille, en y répondant, qualifia l'auteur de seigneur des Ac- cords ; Tabourot accepta ce titre et s'en servit pour les livres suivants : — Les Bigarrures. Paris, 1582, in-S**; — Les Tou^ ches du Sgr des Accords. Paris_, i$86, in-12. — Plusieurs de ces poésies sont licencieuses; elles ont eu un certain nombre d'éditions. Tabourot a publié d'autres volumes sans y attacher son nom, tant ils sont obscènes : il prit le pseudonyme de Jean des Planches, libraire ; témoin la Synathrisie, ou Recueil confus. Dijon, 1567, in-40. Tabourot avait alors vingt ans!
(i) Un sonnet d'ANNE Dagat (fille d'un président au Parlement de Bourgogne), reproduit dans les Bigarrures et Touches du sieur des Accords, nouvelle édition, est on ne peut plus faible. On trouve dans ce même recueil plusieurs sonnets du s^ de Sjgongnes alias Sygognes ou Sygongnes. Brunet ne cite de ce poëte que le Balet des Quolibets, dansé au Louvre par Mgr frère du Roy, le 4 janvier 1627. Paris, 1627, in-80, 16 pp.
— i$3 — Pourtraict de la vie humaine en trois centuries de son- nets, par François Perrin (natif d'Autun). Paris, 1574, pet. in-8*'. Les pièces de cet ouvrage ont quelque valeur comme conception ; l'Envie en fait foi :
Presque au point où l'on croit que la Terre a son centre, Vn détroit cauerneux d\n grand rocestcouuert, Affreux, triste, glacé, ténébreux et désert, Pour ce que du soleil la lumière n'y entre.
Plus moisy que l'Enfer est le fond de cet Antre, Car la bise iamais ne l'a veu decouuert, Là, pleine de venin, au grand gozier ouuert, L'Enuie est sans repos, et roule sur son ventre.
Elle ronge sa chair et celle des serpens Qui vont dans sa cauerne à tous les coins rampans. Où le bon heur d'autruy sans cesse la bourrelle.
La verdure, les fleurs, et l'homme epouuanté En tous les lieux du Monde où ce monstre est planté Meurent de son haleine et puante et mortelle.
Le nom de Fr. Perrin se retrouve sur un autre ouvrage : Cent et qvatre Qyatraines de qvalrains. Lyon, 1587, in-8<>. Ses Trois Centuries de sonnets ^ Paris, 1588, in-S'*, ont été vendues 250 fr. à la vente Ed. Turquety. Enfin, citons du même : une tragédie, une comédie, et Histoire tragique de Sen- nacherib-.. Paris, 1599, pet. in-8*'.
Les Poèmes de Pierre de Brach, Bourdelois, Bourdeaux, 1 576, in-40 — sont divisés en trois parties; dans la première, on lit les Amours d'Aymee , de cette dame de ses pensées qui devint sa femme, et dont le nom fut connu de la France en- tière. Aujourd'hui l'on se demande un peu pourquoi. — No- tons comme rare du même auteur : Quatre chants de la Hieru- salem de Tasso, mis en vers français, Paris, 1 596, in-80. — Les Œuvres inédites de Pierre de Brach , sieur de la Motte- Montussan (né en 1 ^8 et mort en 1602), ont été publiées et
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annotées par R. Dcztimcris. Paris, 1862, 2 vol. pet. in-40 [tire ^255 ex.). — Nous aurions voulu citer un sonnet de P. de Brach, le Miroir, ou le sonnet qu'il perdit au jeu.
La Camille de PiERRE BOTON, Masconnois. Ensemble les resveriss et discours d'vn Amant désespéré. Paris, 1573, pet. in-80. Sonnets à l'auteur par A. MoRiSOT, Dijonnois, I. Girard (du Berri). — 58 sonnets de P. Boton, poëte assez leste et non moins médiocre. Ses autres ouvrages sont plus graves ou religieux. Ses Trois Visions de Childeric datent de 1595. On n'a sur lui que les renseignements qu'il donne dans ses propres écrits.
Nous trouvons ce qui suit dans le Recueil de Poésies fran- çoises des XV*^ et XVI'-' siècles, par M. A. de Montaiglon: Les Efforts et Assauts faicts et donnez à Lusignen la vigile de Noël, par Monsieur le Duc de Montpensier, etc., 1575 (at- tribué par M. de Montaiglon au sieur de la Coste, qui signe un sonnet : P. G. S. (leur) D (e) L (a) G (oste). Ge sonnet précède le Siège du château de Lusignan, poëme. A la suite de : Discours des choses les plus mémorables avenues par chacun jour durant le siège de Lusignen en l'an 1574. Imprimé nou- vellement. — 1^75, on lit six sonnets; un d'eux est signé : E. D. L.
Originaire de Flandre, Alexandre Sylvain se nommait en réalité Van den Busche; La Monnoye nous l'explique en disant que Sylvain est la signification du mot flamand Van den Busche. Ge poëte débuta en 1575 et M76. Ses Cinquante /Enigmes françoises (i 582), en sonnets ou épigrammes, furent réimprimées plusieurs années après sa mort, en 1601. Ge sont d'assez méchants sonnets. Gependant une dernière édition, très-récente, en a été faite sous ce titre : Œuvres choisies d'A- lexandre Sylvain , de Flandre, poète à la cour de Charles IX et de Henri III, précédées d'une étude sur l'auteur et sur ses œu- vres, par H. Helbig, et accomp. d'une notice inédite par G. Col- lettt. Liège, j86i, in-12. Tiré à petit nombre.
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Fr. Chovayne, poèu de circonstance sur lequel on ne trouve aucun renseignement, dit M. Alfred Michiels, composa pour les Œuvres de Ph. Desportes un sonnet qu'on retrouve dans Le Cabinet des Mvses. (Un autre sonnet, meilleur, signé : M. D. L., avec cette devise : Et florida pungunt, précède ces mêmes Œuvres.) — Florent Chovayne est connu par un livre daté de 1603 : Divertissemens. Quel rapport existe-t-il entra Fr. et Florent? Nous l'ignorons. — Autre difficulté : les Œuvres poétiques d'Amadis lamyn — 1575 — ont, parmi les pièces préliminaires, un sonnet à l'auteur signé F. Chovaine. Auquel des deux poètes précédents appartient-il ?
François Grossombre de Chantelouve, de Bordeaux, avait publié deux pièces de théâtre quand parut, à Paris, en 1576, son recueil de vers, dont les sonnets célèbrent Angé- lique. La dame de ses pensées ne l'inspira point d'une façon poétique. Chantelouve était chevalier de Malte.
Etienne de Walcourt naquit, suivant Weiss, près de Namur, à Walcourt même, où il enseigna le français. Il pu- blia sous ce titre un livre qui est devenu rare : — Nouvel A B C... en rimes françaises. Anvers, 1576, pet. m-S". Un sonnet de lui est au 3^ feuillet d'un autre ouvrage : — Recueil et eslite de plusieurs chansons joyeuses, honnestes et amoureuses... colligees des plus excellents po'étes français, par J. W. Anvers, Jean Waesberge, 1576, in-i6. Le rédacteur du catalogue Pichon assure que les initiales J. W. désignent Jean Waes- berge. Quant à l'auteur du sonnet, il l'appelle Walcour, et dit que c'est à ce nom qu'il faut chercher ce dernier livre dans Brunet.
Pierre le Loyer, sieur de la Brosse, fils d'autre Pierre le Loyer et de Jeanne Panchère, né à Huillié, en Anjou, le 24 novembre 1540, selon Ménage, i <>48, d'après Colletet; enfin, 15^0, s'il faut croire Goujet et Feller, mourut en 1624 ou 1634. Ce fameux démonographe, auteur de : — Discours
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et histoire de spectres^ visions et apparitions des esprits, anges, démons et âmes se monstrant visibles aux hommes. Paris, 1601, in-4<', avait réellement le démon de la poésie. Certains biogra- phes rapportent qu'il remporta un prix aux Jeux floraux, en 1 572, pour une Idylle sur la Loire. Son Erotopegnie ou passe- temps d'amour, Paris, 1576, pet. in-8", renferme une quantité considérable de sonnets qui n'ont absolument rien de saillant. Ceux qui sont adressés à l'auteur ont pour signature les noms suivants : Marin Boylève, Fr. de Belleforest, Pascal Ro- bin, etc. Les Œuvres et Meslanges poétiques de Pierre le Loyer Angeuin, 1579, pet. in-12, revus et corrigés, forment l'édi- tion la plus complète; elle est même trop complète! Il s'y rencontre un ouvrage que nous ne mentionnerons point et qui atteste qu'un autre démon, celui de la lubricité, inspirait sou- vent ce poëte. On y voit encore les Amours de Flore et un livre de sonnets politiques.
Les Larmes funèbres de CHRISTOPHE Dupré, Parisien, sr de Passy — 1577 et 1579, in-4'*, ont quelques mauvais sonnets. Ces Larmes furent versées sur la tombe de sa femme. — D'au- tres vers de C. Dupré sont dans la Main de Pasquier — 1583.
Pierre Tamisier, né à Mâcon, est mort le 4 janvier 1591 (voir page 60); il est connu par : la Sacrée Poésie et histoire evangelique de Juuencus, ancien poète chrestien, mise de latin en vers français, avec sommaires sur chacun chapitre. Lyon, MDXCI, in-80, et 1591, deux éditions de la même date. On cite encore du même : Cantiques, hymnes, prières des saints pères, etc. Lyon, 1590, in-12.
Anselme du Chastel, religieux célestin, composa la Saincte poésie par centuries de quatrains alternez de sonnets — 1590. Cet ouvrage reproduit les dix sonnets sur le Triomphe de vérité, publiés dès 1 577, à la suite de : Recveil des plvs no- tables Sentences de la Bible, tradvites par quatrains. Il y a cinq sonnets préliminaires par du Chastel dans ce dernier livre. —
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Quant à la Saincte poésie, nous y trouvons : un sonnet à l'au- teur, par Isaac Habert; deux par J. Lengles, et deux autres par le P. Pierre Crespet, célestin de Paris, auteur de : le Triomphe des Saincts... Anvers, 1596, 2 vol. pet. in-8°.
Voici un grotesque dont on ne peut tirer aucun parti : Ma- rin LE S AULX composa la Theanthropogamie. Londres , 1577, in-8<*. C'est un recueil de très-nombreux sonnets sur Jésus-Christ et l'Église, que l'auteur appelle Christine, et sur la divinité et l'humanité. Ce poëte protestant se nommait Le Saulx du Saussé.
Colletet nous apprend que Martin Spifame mit au jour, en 1583, ses Premières Œuvres poétiques, Paris, pet. in-12, contenant des sonnets spirituels, du reste fort plats; l'auteur, dit-il, avait alors vingt-quatre ans. Or, le catalogue de Nyon, n° 13,050, mentionne un précédent ouvrage : Cinquantô Sonnets et autres poèmes, par M. Spifame, sieur du Grand- Hostel et d'Azy. Paris, 1577, in-12. Spifame a donc livré à l'impression ce recueil à dix-huit ans.
Pierre de la Primaudaye, sieur de la Barrée, naquit l'an 1546, en Anjou, au lieu même dont il portait le nom. Ses Cent Quatrains consolatoires. Lyon, 1582, in-8<* (Brunet cite une éd. antérieure de Paris), ne sont signés que de sa devise : Par prière Dieu m'ayde, où l'on retrouve Tanagramme de son nom. L'année précédente, il avait publié cent cin- quante quatrains : ceux-ci et ceux-là sont, au dire de Col- letet, d'un homme qui ne sacrifiait guère aux Grâces. — Nous connaissons de lui un seul sonnet (en l'honneur de Fornier, professeur de l'Université d'Orléans). La Primaudaye mourut vers 1600. Feller le nomme Pierre, seigneur de la Primau- die (ce qui n'est pas conforme à l'anagramme ou devise que nous avons citée), et ne lui attribue aucune poésie, mais bien un livre du genre des Essais de Michel de Montaigne. On doit à La Primaudaye : 1° L'Académie Françoise, en laquelle il est traicté de rinstitution des mœurs. Paris, 1 579 et 1 593, in-S*» ;
2" La Philosophie chrestienne de F Académie francoise, 1599, in-8°. Les deux dernières parties de cet ouvrage, concernant la création du ciel et de la terre, forme, nature et division des sphères, etc., parurent en 1 vol. in-4°, Saumur, 1613, après la mort de La Primaudaye.
Guillaume Belliard, de Blois, secrétaire de Margue- rite de Valois et fort médiocre auteur dramatique, publia des Poésies et Imitations, parmi lesquelles on rencontre deux son- nets. Son Premier Hure de poèmes, Paris, 1578, in-40, n'en contient pas. Belliard vivait encore en 1584.
Les Œuvres diverses de Roland du Jardin , sieur des Roches (né à Paris) , furent clandestinement imprimées en 1611, tirées à petit nombre, et à son insu, par un de ses pro- tégés, nommé du Tôt. Elles sont introuvables. Les sonnets que nous connaissons de lui, un, notamment, qui fait partie des Œuvres poétiques de Clovis Hesteav, 1578, nous donnent peu d'envie assurément de trouver un exemplaire de ses poé- sies.
En lisant la Désertion des Apostres, de Jean de la Ceppède, né à Marseille — 1 5 50 — mort à Avignon en 1622 ou 1623, — ne nous arrêtons point aux détails, car, arrivés au dernier tercet, nous y trouverons une pensée fort belle. (Extrait des Théorèmes.)
Surgeons du sang Royal fuyez vous bien les armes, Que la simple Noblesse aime si chèrement ? Parens du Christ qu'on traitte ores si durement, He ! le quittez vous seul parmi ces durs vacarmes ?
Vous qui deuiez le suiure aux plus chaudes alarmes, Manquez vous de promesse ainsi légèrement ? Et vous, lean, qu'il aimait plus singulièrement, Laschez vous ce bon Maistre à ces cruels gendarmes ?
Peagiers et pescheurs faits Princes de sa main, Vous l'abandonnez donc à ce peuple inhumain ?
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Tant la peur de la mort a vostre ame asseruie. Si l'amour de la vie est le soin qui vous mord, Arrestez : car par tout vous trouuerez la mort, Et cil que vous fuyez est l'autheur de la vie.
Jean de la Ceppède a fait un autre sonnet remarquable sur la Condamnation de N. S. J.-C. — Malherbe envoya en 1612 un sonnet à la reine Marie de Médicis pour servir de placet à Jean de la Ceppède, seigneur d'Aigalades, alors premier prési- dent de la cour des comptes de Provence, au sujet de ses TA^o/^m^^, qui parurent à Toulouse, M.DCXIII, in-4°. Il y a cent et un sonnets de l'auteur. Malherbe s'exprime ainsi en parlant de ce volume (le deuxième ne vit le jour qu'en 1621) :
Ou ie n'y cognois rien, ou deuant cet ouurage Vous n'en vistes iamais qui fut digne de vous.
Les sonnets adressés à La Ceppède sont par G. de Terlon, conseiller du roy en la cour du Parlement à Tolose (c'est Ga- briel de Trellon) ; F. Le Conte, aussi conseiller ; G. Buisson, cons. du Roy en la cour des comptes, aydes et finances, à Aix ; Caesar de Nostradame; L D. H. D. L. et DE Perussiis [sic). — M. L. de Berluc-Perussis présume qu'il est question de Claude de Perussis, prieur de Lauris. — Un sonnet de La Ceppède est parmi les pièces préliminaires de la Prosopopee, de Galaup de Chasteuil. La Ceppède avait déjà publié une Imitation des Psaumes de la pénitence, anec des sonnets et des méditations... Lyon, 1594, in-8''. La 2^' éd. est de 1612, in-40 ; on y voit des sonnets à l'auteur par G. BuiSSON, G. DE Mantin et L. Galaup de Chasteuil.
René Bretonnayau, que G. Colletet nomme à tort Bre- tonniau, né à Vernantes (Anjou) vers 1550, exerçait la méde- cine à Loches dans le courant du XVI^ siècle. Ses œuvres se ressentent de son état, surtout son singulier poëme : — La Génération de V homme et le temple de Vame, avec autres œuvres
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pottiques extraittes de l'Esculape de R. Bretonnayau. Paris, Abel L'Angelier, 158$, in-4°. Les biographes louent la bonne fac- ture des vers de cet ouvrage. Nous admettons ce poëte dans notre galerie uniquement parce qu'il a traduit en sonnet fran- çais une épigramme beaucoup trop licencieuse.
Le jeune poëte connu sous le nom de Louis DE Balsac était Louis de Glandières, fils de Bertrand de Glandières, sei- gneur de Balsac, chevalier de l'ordre du roi en 1 577. Louisde Balsac, de Rodez, publia un recueil de poésies latines et fran- çaises, à dix-sept ans, sous ce titre : — Ludovici Balsacii Ruthe nensis nobills Joan. Aurati poeta regiialumni operum poeticorum libri très ad HenricumîII, Gallia et Polinice regem. Parisiis,apud Guillelmum Iulianum, 1578, in-12. Ce volume contient une tragédie en vers latins sur Soliman, des épigrammes, des odes, des épîtres et des sonnets. La jeunesse de l'auteur explique la faiblesse des vers de ce recueil. — Louis de Balsac est autre que Jean-Louis Guez de Balzac — 1597-1654; — il n'a pas non plus de lien de parenté avec la famille de Balsac d'En- traygues.
Les Œvvres poétiques de Clovis HeSTEAV, sievr de Nvysement, secrétaire de la chambre du Roy et de Monsieur. Paris, i ^78, in-4°, contiennent des sonnets à l'auteur par Jean d'Aurat, poëte du Roy, J. de Boyssières, Titasson, Hubert de Guillermin {Francontois), Jean Allai re, R. du Jardin, J. D. P. — Françoise de la Rochefoucauld et C. de Mallesec. — Clovis Hesteau a mis cent et un sonnets dans ses Amours, et cinq dans divers poëmes. Il a publié d'autres livres ; il glissait même des sonnets dans ses travaux savants et de philosophie hermétique, mais la science, la philosophie et la littérature n'y ont pas gagné grand'chose. — Malgré le témoignage de Col- letet, Brunet croit que ce.s livres de philosophie hermétique ne sont pas de Clovis Hesteau (qui était né à Blois).
Le Velay a eu trois poëtes nommés François, Jacques et Pierre Mondot; le premier vivait en 1630 j les deux autres
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appartenaient au XVI" siècle. Pierre Mondot mit un sonnet rapporté au commencement des cinq livres des Odes de G. Horace Flacce, lesquelles odes étaient traduites en vers fran- çais par son frère, Jacques Mondot, Velaunois , docteur en droit canon. Paris, Poncelet, 1579.
Nicolas de Montreux, selon l'usage de son temps, chan- gea de nom pour adopter celui d'Olenix du Mont-Sacré^ qui en est l'anagramme ; il publia les livres suivants : — Les Pre- mières Œuvres poétiques chrestiennes et spirituelles de Olenix du Mont-Sacrèj gentilh. du Maine, divisées en sonnets en forme d'o- raisons, et plaintes chrestiennes et sonnets moraux. Paris, M87,
pet. in-80. —Le premier livre des Bergeries de Juliette Paris,
1585, pet. in-8°, réédité trois fois à Paris jusqu'en 1588, et une quatrième fois à Tours, et à Lyon en 1 592. — Le second livre parut à Paris en 1587 et en i$88; il fut réimprimé à Tours en 1 593. — Le troisième livre est de 1 594. Tours. — Le quatrième est de 1595. Paris. Quant au cinquième, il porte la date de 1 598. Paris. — Pour avoir les cinq livres dans le format in-12, il faut réunir aux trois derniers les deux pre- miers imprimés à Tours. On en a extrait l'ouvrage suivant :
L'Arcadie françoise de la nymphe Amarille Paris, 1625,
in-80 de 886 pp. — Les Regrets d'Olenix du Mont-Sacré, 1591, sont un recueil de sonnets nombreux. Le même poète fit en- core paraître : L'Œuvre de la chasteté qui se remarque par les diverses fortunes, adventures et fidèles amours de Criniton et Lydie; ensemble la tragédie de Cleopatre, Paris, 1^98, pet. in-12 ; et : Les chastes et délectables lardins d'Amour, semez de divers discours et histoires amoureuses.,. 1 599. Paris, in-12. — Ph. de la Madelaine dit que Montreux mourut à Paris, en 1608, n'ayant que quarante-sept ans.
Les Œuvres poétiques de Jean Deplanche , sieur du Chastelier et de la Bastonnerie, furent publiées après sa mort, à Poitiers, 1612, in-12, par son neveu, Dernier de la Brousse (que nous retrouverons). Deplanche aima le monde : ses quatre-
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vingts sonnets sur les Amours de Marguerite, d'Isabelle, de Ca- therine et de Francine, en témoignent suffisamment. Ses œuvres se complètent par un livre de Meslanges, Misogine, et les Œuvres chrestienncs, où l'on trouve encore des sonnets, sans que cela soit un bien. Voici la fin de l'un des meilleurs de cet ouvrage; que l'on juge du reste :
Ma belle, tuez moy, mais de fureur extrême, Ne me frappez le cœur où i'ay sceu vous loger. Car pensant me tuer vous vous tueriez vous mesme.
Les épitaphes et tombeaux ne valent pas mieux. — Notre poëte, ayant renoncé au siècle, devint prieur de Comblé. Il faut le distinguer de l'imprimeur Jean Desplanches, pseudo- nyme sous lequel Etienne Tabourot a voulu se cacher.
Un membre de la célèbre famille Giunti , de Florence, adopta le nom de V Arrive, traduction du mot Giunti^ lorsqu'il vint en France. Son petit-fils, Pierre de Larrivey, auteur des Comédies facétieuses, réimprimées à Lyon, en 1597, in- 12, est des nôtres par un seul sonnet en l'honneur de François d'Amboise. — Né vers 1 5 50, il mourut vers 1612.
A Vire, un avocat, nommé Jean Le Houx, vécut vers 1 550-1616; il composa plusieurs chansons ou vaux-de-Vire et des noëls; il en imita ou traduisit d'autres attribués à Olivier Basselin. La bibliothèque de Caen possède un manuscrit, que M. Julien Travers n'hésite point à prendre pour l'autographe de Jean Le Houx ; or, il y a un sonnet de l'auteur à ses vers, et un autre à ses critiques. — On sait tout le bruit qu'une révélation faite par M. Julien Travers sur un vau-de- Vire apocryphe a produit naguère. Il faut lire à ce sujet la brochure que ce poëte a publiée sous ce titre : Olivier Basselin et les compagnons du Vau-de-Vire. — Une erreur historique et littéraire, Caen, 1867, in-S^.
Le Parnasse des plvs excellens poètes de ce temps contient
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trois sonnets par François d'Amboise, sieur d'Hémery. Un d'eux a été reproduit par Le Cabinet des Mvses, i^»" vol., 1619. — A vingt ans, il avait mis un sonnet dans le deuxième recueil de Nicolas Ellain, 1570. Plus tard, sous le pseudonyme de Thierry de Timophile (ou Timofile, selon Brunet), gentil- homme picard, François d'Amboise traduisit les Regrets facé- tieux et plaisantes harangues de diuers animaux, par Ortensio Lando. Paris, 1583, in-i6. — Il est encore auteur d'une comédie, les Napolitaines. Paris, 1^84, in-16, etc. — Fr. d'Amboise, né en 1 550, mort en 1620, eut pour père un chi- rurgien de Charles IX. Jean d'Amboise fut chirurgien des rois François I", Henri II, Charles IX et Henri III; son père, Michel d'Amboise, fils de Charles d'Amboise, maréchal de France, obtint en 1494 des lettres de légitimation. — Notre poëte fut Maistre des Requestes de l'hostel du Roy.
Daniel Dumonstier, autrefois du Monstier (et non Denis, comme l'appelle Ph. de la Madelaine), naquit à Paris vers 1550, et mourut en 1631 , après avoir signé de nombreux portraits au pastel qui ont illustré son nom. Il fit un sonnet à la Minerve de France, et Marie de Médicis paraît être l'inspiratrice de ces vers, que M. Ed. Tricotel a placés dans les Variétés bibliographiques. — On doit encore à Du- monstier : Stances sur la mort de Henry le Grand, et couronne- ment de Louis XIIL
Théodore Agrippa d'Aubigné, né en 1550 ou 1551, à Saint-Maury, près de Pons, en Saintonge, mourut en 1630. Son deuxième fils, Constant, abjura le protestantisme et fut père de M™« de Maintenon. Agrippa était loin de penser que sa petite-fille monterait un jour sur le trône où il faisait as- seoir Henri IV, ce prince dont il fut l'écuyer et le favori. Il s'éleva même jusqu'au rang de vice-amiral de Guyenne et de Bretagne. Il ne pouvait compter sur une plus grande ré- compense, mais trop franc et trop mordant peut-être pour réussir à la cour, il exhala ses plaintes dans un sonnet, ce qui
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nous porte à parler de lui. On lit, en effet, dans ses Mémoires, qu'en passant par Agen pour remercier M"^^ de Rocques, il vit chez elle un épagneul, nommé Citron, qui souvent couchait entre lui et Frontenac. Cette pauvre bête, mourant de faim, le reconnut et le caressa; il la mit en pension chez une femme et composa les vers qui suivent dans cette circonstance ;
Le fidelle Citron qui couchoit autrefois
Sur vostre lit sacré, couche ores sur la dure;
C'est le fidelle chien qui apprit de Nature
A faire des amys et des traitres le choix. C'est luy qui les brigans effrayoit de sa voix,
Et de dents les meurtriers ; et d'où vient qu'il endure
La faim, le froid, les coups, les desdins et l'injure,
Payement coustumier du seruice des roys ! Sa fierté, sa beauté, sa ieunesse agréable,
Le fit chérir de tous ; mais il fut redoutable
A vos haineux, aux siens pour sa dextérité. Courtisants qui jettez vos dédaigneuses veûes
Sur ce chien délaissé, mort de faim par les rues,
Attendez ce loyer de la fidélité.
D'Aubigné fit paraître ses Petites Œuvres mêlées à Genève, en 1630, in-80. — Il mourut cette année même, selon cer- tains biographes, et, d'après d'autres, en 1631.
Jean de la Jessée ou la Cessée désigne dans un sonnet ceux qu'il admire, qu'il estime et qu'il vante. Il termine de la sorte :
Mais plus que tous ceux-là ie prise vn bon amy !
La Fontaine s'écriait plus tard :
Qu'un amy véritable est une douce chose 1
Un ancien a fait mieux qu'un sonnet et qu'une fable pour prouver l'excellence et la rareté d'un bon ami. Sa femme et sa fille étant au milieu d'un incendie, il courut d'abord à son ami qui s'y trouvait également : a Je puis, dit-il, rencontrer
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« une autre femme et avoir une seconde fille , tandis que je ne oc puis compter sur un nouvel ami comme celui-là ! » — Mais ne voulait-il pas plutôt se défaire de sa femme et de sa fille? — Revenons à Jean de la Jessée, auteur des Soupirs de la France^ sur le départ du Roy de Poloigne, contenant plusieurs son- nets (27),... Paris, 1573, pet. in-40. — Il naquit vers 1550, à Mauvaisin, en Gascogne, dit Goujet. — Jean de la Jessée haquit en 1^51, à Mauvaisin, en Guyenne, assure Colletet. (Il s'agit de Mauvesin.) En 1 578, il donna ses Amours de Gra- sinde, in-40; dix odes-satires, avec cinq sonnets, reprend Goujet. En 1579, ses odes-satires, suivies de quelques son- nets, etc., furent imprimées à Paris, ajoute Colletet. C'est fort bien, mais nous n'irons point aux renseignements pour un poète aussi mauvais! Disons seulement qu'il fit un choix de ses poésies pour les publier en 1 583 ; Anvers, quatre tomes en I vol. in-4<>; les sonnets y foisonnent. En 1^84 parurent: Larmes et regrets sur la maladie et le trépas de Monseigneur Fran- çoys de France, fils et frère de Roys, plus quelques lettres fu- nèbres. Paris, pet. in-4*'. — Ces poésies sont rares. Pour d'autres ouvrages du même, voir Brunet.
Le portrait de Milles de Norry, gentilhomme chartrain, est placé en tête d'un assez long poëme, Paris, 1583, in-40, dans lequel l'auteur décrit le ciel; au bas de ce portrait, Milles de Norry a mis un sonnet de sa façon :
Enfans, après avoir la marastre nature
Coupé le fil des ans à mon cours limité ,
Si par sort, ou esmeuz de bonne volonté
Contemplez quelquefois ceste mienne figure : Voyant la bouche close, et des yeux Pouuerture,
Le front large et ouuert et le poil remonté,
lugez et soutenez qu'en tout i'ay résisté
Au trop parler, peu voir, honte et fortune dure. Que cela vous incite à parler sobrement :
Voyez beaucoup, le veoir meurit le iugement.
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Souffrez plustôt la mort qu'au front vne infamie. Résistez à fortune et qu'elle n'ait pouuoir De vous faire passer rien outre le debuoir : Voila le seul tombeau auquel ie porte enuie.
Milles de Norry était né vers 1 5 50 (Brunet le nomme Miles). Claude de Morenne futévêque deSéez — 1 601-1606. - Ses Poèmes divers, quatrains et cantiques spirituels, etc., sont de 1605. Paris, pet. in-8°. Phil. de la Madelaine assigne une autre date, 1595. mais c'est celle des Cantiques et quatrains de Morenne ; puis il cite à cette occasion un passage de VArt poët. de Colletet : « Ce n'est pas dans cet ouvrage que se ren- contrent le brillant ny le denier raffinement de nostre poésie. » Les œuvres de Claude de Morenne, augmentées en 1864, d'après le manuscrit d'une bibliothèque privée, portent ce titre : Poésies profanes de Claude de Morenne... suivies de sa satire: Regrets et tristes lamentations du comte de Montgommery, etc., pu- bliées et annotées par L. Duhamel. Caen, 1864, in-12.
Il est naturel de placer ici Bertaut, qui fut le successeur de Morenne sur le siège de Séez. Jean Bertaut, né à Caen — 1552-1611, — dut à son talent d'être lecteur et secrétaire du roi, ainsi que premier aumônier de Marie de Médicis. Ses poé- sies ont paru en 1601, in-80, et en 1605, in-80. Ses Œuvres poétiques, plus complètes, forment un vol. in-8". Paris, 1620 et 162^. Deux de ses sonnets parurent dans le 1" vol. du re- cueil : Les Délices de la poésie, 1620. Son frère, Pierre Ber- taut, était libraire-éditeur.
L'Anthologie, ov Recvcil de plvsievrs discovrs notables... par Pierre Breslay, Angevin. A Paris, M.D.LXXIIII, pet. in-S''. Deux sonnets à l'auteur sont signés : F. R. BiRÉ (de Ville- neuue) et Claude Binet.
Les Estreines de Estienne Theuenet. Paris, 1574, pet. in-8. Trente-quatre sonnets y indiquent mieux la jeunesse de l'au- teur (22 ans) que le portrait qui les précède. Thevenet naquit
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à Casariensis, lieu dont on ignore le vrai nom. Un de nos amis, déjà cité, conjecture que Casariensis n'est point un nom d'endroit, mais une épithète formée du nom de la ville natale de notre sonnettiste : ce doit être Cherbourg {Casaris burgus), dont les habitants seuls ont continué à prendre le nom de C^- sarienses, — On a de Thevenet un autre livre en latin daté de IS73, in-4«.
Gabriel Le Breton, seigneur de Lafon, naquit en Ni- vernais. Sa tragédie Adonis est de 1 579. Il composa deux autres tragédies et une comédie qui ne furent pas imprimées. Il paraît qu'il débuta par des élégies et des sonnets qui sont perdus. Nous parlerons bientôt d'un autre Le Breton , roi d'armes de France, avec lequel il n'avait rien de commun. — Le catalogue Turquety mentionne un livre fort rare d'un poëte inconnu, livre qui n'est dans aucune des bibliothè- ques de Paris, et qui a passé dans les mains d'un amateur étranger. Il s'agit d'un recueil dont le titre semble promettre des sonnets : Les Amours de J. Le Breton, escuier, sieur de Pont- mean et des Touches. S, 1., 161 3, in-8''.
Les Nouvelles Récréations poétiques de Jean le Masle. 1580, pet. in-12. Les soixante-quatre sonnets qui en font partie sont mal rédigés et le style en est vieux. — On con- naît du même auteur : La Vie de Platon, escrite en versfrançois. Paris, 1582, in-40. — Le Criton de Platon... translaté du grec en francoys. Paris, G. Bichon, 1586, in-80, etc. — Jean le Masle, né à Baugé, en Anjou, vers 1553, avait pu- blié l'an 1 578 le Bréviaire des Nobles; il mourut en 1600.
Le Charideme, ov Dv mespris de la mort (en prose). Avec plu- sieurs Vers chrestiens... Par lean le Frère, natif de Laual. A Paris, M.DLXXIX,in-i2 Un sonnet. Jean le Frère naquit au commencement du XYI*^ siècle et mourut le 1 3 juillet 1 583. Il fut principal du collège de Bayeux.
David Aubin de Morelles, de l'Anjou, né vers 1553, est l'auteur des Urnes de Julie. Angers, 1618, in-40. C'est un
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recueil de stances et de sonnets sur la mort d'une première amie, ouvrage qui eut un certain succès. Mais ce poëte s'éprit ensuite d'une autre dame, nommée Porée, femme d'un vieil- lard, duquel il fut jaloux au point de faire couper le nez à cette femme pour la rendre odieuse à son mari; après cela, les plus beaux vers de ce poëte nous toucheraient peu. — Il faut peut- être lui attribuer la pièce suivante : Sur la prinse de Montmelian et victoire du Roy T. C. Stances de D. Morelle. Angers, 1600, in-fol.
JOACHIM Blanchon, né à Limoges vers i J53, n'a produit qu'un seul ouvrage , rare autant que médiocre : Les Premières Œuvres poétiques. Paris, 1 583, pet. in-8°. D'innombrables son- nets forment les Amours de Dione et de Pasithee; ceux des Meslanges, dont plusieurs respirent la piété, nous paraissent meilleurs ; les expressions et les sentiments y sont plus naturels. Mais Blanchon ne ménage pas les licences poétiques et au- tres. Ses contemporains ont loué ses vers ; des sonnets sont signés : Jean de Beaubreuil, Bastier, Martial Guery, An- toine Barny, Madeleine Sautereau, Chastenet, J. Chrestien. La camaraderie est de tous les temps.
Gilles Durant, ou Durand, naquit à Clermont, en Au- vergne, en 1554, et mourut vers 161^. Il était seigneur de la Bergerie, sans avoir la douceur d'un agneau. Il collabora, dit-on, à la Satire Menippee. — Dans ses Œvvres poétiques^ Paris, 1594, pet. in-12, nous voyons soixante-quatorze son- nets à Charlotte, cent quatre à Camille, et quelques autres dans les Meslanges. — Les sonnets à l'auteur sont par François Myron, Baptiste Vivian, Thuillier et Ant. de Sainc- TYON. Ce dernier est-il Ant. de Sainction, cons. du Roy au Chastelet de Paris, qui comparut en 1 580 pour la rédaction des Coustumes de cette ville? — On attribue à G. Durant des imitations du latin de Jean Bonnefons, son compatriote, et autres Gaytez amoureuses de son invention. Paris, 1587, pet. in-So. Il mit du talent au service du libertinage. — Son homo-
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nyme, Jacques Durand, inséra un sonnet dans les Œuvres poétiques de Courtin de Cissé, 1 58 1 .
Louis Galaup de Chasteuil, d'Aix, né en i $ $ $ et mort le 5 mai 1598, a laissé — manuscrits — un certain nombre de sonnets. Sa Prosopopee est enrichie de sonnets de Laugier de Porchères^ de César de Nostre-Dame, d'ANTOlNE de Cade- NET, beau-frère de l'auteur, du président de la Ceppède, de Joseph de Mazargues, de G. Buisson, de La Molle et de François du Périer. Un sonnet, signé Galaup de Chasteuil, a été inséré dans un livre sur la Fauconnerie dont nous parle- rons bientôt. On a de lui : Imitation des Psaumes de la pénitence^ avec plusieurs autres poésies. Paris, 1 597, \n-^° (une édition est de 1 596), plus un Po'éme sur la réduction de Marseille (i $96).
Anne d'Urfé, fils aîné de Jacques d'Urfé et de Renée de Savoie, né en 155^, mourut, selon G.Colletet, vers 1609, et, d'après Bouillet, en 1621. — Sa Diane, 1573, — est un re- cueil de cent vingt sonnets, plus vingt autres sonnets pastoraux, etc.; cet ouvrage est manuscrit, à l'exception de cinq sonnets que du Verdier mit dans sa Bibliothèque; il fut sans doute com- posé en Thonneur de Diane de Cheniihac, dame de Château- Morand, qu'il épousa vers 1575. Ce mariage, qui ne fut pas heureux, fut cassé en 1598, selon Dezobry, et 1599, si l'on croit Bouillet. Anne d'Urfé, renonçant alors au monde, embrassa l'état ecclésiastique.
Honoré d'Urfé, seigneur de Mont- Verdun, — 1568- 1625, — frère d'Anne d'Urfé, épousa Diane à cause des grands biens qu'elle possédait. C'est le célèbre auteur de VAstrée; il nous appartient seulement par plusieurs sonnets médiocres. On les trouve dans le Novveav Recveil desplvs beavx vers de ce temps. Paris, M. DC. IX., et dans les Délices de la poésie, 1620-162 1, etc. Honoré d'Urfé a mis au jour plusieurs ouvrages; mentionnons : Les Epistres morales et amoureuses, Lyon, I598,in-i2,et 1603, 1619, 1620, 1623 et 1627, in-12; Le premier livre des Hymnes (cinq livres); Lyon, 1608, pet.
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in-4*'; et la Sireine, poëme, 2^ édition, 1606, in- 12, puis 161 1, 161$ et 1618, pet. in-80. — En 1859, M. Bernard a publié un travail biographique sur Anne et Honoré d'Urfé.
Voici un poëte d'une allure plus vive : elle est même extra- vagante; dans un sonnet fameux il fait plus que de crier : Vive le roi! Vive la Ligue! il va jusqu'à vociférer « Vive Satan! v C'est une rodomontade plutôt qu'une véritable impiété. Mais nous citerons l'auteur seulement : c'est Marc de Papillon, dit le Capitaine Lasphrise, seigneur de Lasphrise, près d'Am- boise, né en Touraine,à Vauberant, dit Colletet, l'an 15^5. Un autre biographe donne à ce poëte Amboise pour lieu de naissance. — .Lasphrise, après avoir été un brave officier, prit sa retraite et cultiva les lettres. Il fit un grand nombre de sonnets qu'on trouve sous la rubrique d'Amours de Theopile, d'Amours de Noemi, etc. Au demeurant, c'est un méchant poëte, et de plus très-libertin. Comme productions littéraires, ses Poésies chrestiennes valent mieux. — Les Premières Œuvres poétiques du capitaine Lasphrise à César Monsieur, Paris, 1 597, pet. in-i2, portr., ont été achetées 102 francs à la vente Ed. Turquety. Une édition plus complète, mais sans portrait, parut à Paris en 1 599, pet. in-12.
François de Malherbe, né à Caen l'an 1555, mourut à Paris en 1628. Il est connu par son orgueil excessif, par la haute opinion qu'il concevait de ses vers ; aussi nous ne vou- lons point décrire avec minutie les circonstances qui en té- moignent; un sonnet suffit : il résume toute la vanité de Mal- herbe, qui écrivait, après l'avoir offert à Louis XIII, en 1624 : « L'effet qu'il a eu, c'a esté cinq cens escus que le Roy m'a donnez par acquit patent... » Or, on connaît le vers qui ter- mine ce sonnet :
Ce que Malherbe escrit dure éternellement. Dans les Entretiens de feu Monsieur de Balzac, page 124, on
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it qu'un ami du célèbre épistolier préférait, parmi les sonnets de Malherbe, celui qui contient la description des jardins de Fontainebleau :
Beaux et grands bastimens d'éternelle structure, Superbes de matière et d'ouurage diuers...
Malherbe a fait un autre sonnet remarquable dont l'histoire est assez singulière; c'est l'épitaphe d'une femme. Selon les notes que M, Léon Thiessé a mises à son édition des œuvres de notre poète, Malherbe fait parler le mari, M. de Pommeuse- Puget. Cette femme était fille de M. Halle, et sa mort eut lieu en 1614; c'est la date du sonnet de Malherbe, mais ce même sonnet, avec la même date, se retrouvait, il n'y a pas longtemps, sur une table de marbre dans l'église de Poissy, près de la chapelle où saint Louis fut baptisé. Nous le copions textuellement, tel qu'il nous a été obligeamment envoyé par M. le curé de Poissy; cette inscription le précède : Noble Damoiselle Margverite Galloys, femme de noble François Pom- meret, Escvyer, Seignevr de la Valade^ et noble Damoiselle Fran- çoise Pommeret, leur fille, icy levr corps gysant. Passant prie Diev povr evx. — Decedee le XXIX Novembre 1614 agee de XIX ans.
Celle qv'avait hymen à mon coevr attachée Et qvi fvt icy bas ce qve jaymais le mievx Allant changer la terre à de plus dignes lievx Av marbre que tv vois sa despouille a cachée.
Comme tombe vne flevr que livert a sechee Ainsy fvt abatu ce chef d'oevre des cievx Et despvis le trépas qvi Ivy ferma les yevx Leav qve versent les miens n'est jamais estanchee.
Ny prières ni vevx ne my pevrent servir La rigvevr de la mort se vovlvt assovvir Et mon affection n'en pevt avoir dispense.
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Toy dont la pieté vient sa tombe honorer Plèvre son infortvne et pour ta recompense lamais avtre dovlevr ne te face plevrer.
L'épitaphe de Poissy a deux variantes qu'il est bon de noter. Vers 5, au lieu de rivert, lisez la bise; vers 13, au lieu de sorij lisez mon ; ce sont deux contre-sens qu'il faut rectifier, puisqu'il n'y a point de fleurs en hiver et que l'époux affligé parle de sa propre douleur. Mais le plus beau de l'histoire, c'est que ce sonnet a été récemment donné, même avec une troisième faute, comme l'œuvre inédite d'un poëte inconnu, par le Journal illus- tré (]um 1868).
Maintenant passons à un autre genre d'examen : On a fait mainte fois observer que Malherbe, étant venu enfin y avait proscrit les hiatus, les enjambements, et recommandé la césure, ainsi que la richesse de la rime. Quant à ce qui touche à celle-ci, il a même été fort sévère, et beaucoup suivent encore cette règle, qu'un simple ne doit pas rimer avec un com- posé, comme temps et printemps, jour et séjour; les dérivés du même mot sont daqs un cas identique : du moment qu'au bout d'un vers on a placé le verbe mettre, on ne peut plus le faire rimer avec un des composés admettre, démettre, promettre, etc. La ri- chesse de la rime devient presque illusoire. Malherbe était plus rigoriste encore : il pensait que deux noms de pays ne pou- vaient aller ensemble, comme France et Florence; enfin il vou- lait qu'on rimât à la fois pour l'oreille et pour les yeux! Nous trouvons les difficultés de la versification assez grandes comme cela 1 II demandait, en outre, et nous appuyons fortement sa re- quête, qu'on évitât avec soin les consonnances entre l'hémistiche et la fin du vers; mais il ne prêchait pas toujours d'exemple :
Certes c'est vn bonheur dont la iuste raiso/z Promet à vostre ïiont la couronne du monde.
Quant aux mauvaises consonnances, pourquoi s'est-il permis de composer huit vers comme ceux-ci :
— >73 — A MADAME LA PRINCESSE DOUAIRIERE
VEUUE DU PRINCE DE CONDÉ
Quoy donc , grande Princesse en la terre adorée,
Et que mesrae le Ciel est contrainct d'admirer,
Vous auez résolu de nous voir demeurer
En vne obscurif^ d'éternelle durée ? La flame de vos yeux, dont la Cour esclairee,
A vos rares vertus ne peut rien préférer,
Ne se lasse donc point de nous désespérer,
Et d'abuser les vœux dont elle est désirée ?
Malherbe projetait cependant de se débarrasser des règles sévères du sonnet, trouvant dur de faire huit vers sur deux rimes! Il l'aurait même changé, de concert avec M. de Laleu, si Racan, peu soucieux pourtant de bien rimer, et Colomby, tous deux ses disciples, ne s'étaient opposés aux fantaisies du réformateur. Disons néanmoins que les sonnets de Malherbe n'ont pas eu la réputation qui leur était due. Les circonstances font les sonnets comme les hommes. — La première édition complète des Œuvres de messire François de Malherbe est de 1630. Paris, Ch. Chappelain, in-40; idem, 1631, etc.
Jacques Davy du Perron, né à Saint-Lo le 15 mars 1556, mourut le 2 5 décembre 161 8. L'an 1604, il fut nommé cardinal. Il attacha son nom à plusieurs pièces de vers; on en rencontre un choix dans les Délices de la poésie; mais il n'y a que deux sonnets sans valeur littéraire qui avaient déjà été recueillis par le Parnasse des plvs excellens poètes de ce temps — !6i8. — Barbin en cite un meilleur. Les poésies de ce cardinal sont aussi dans /e Cabinet des Mvses, 1619, etc.
Nicolas Bergier, né à Reims en 1557, mort le 1 5 sep- tembre 1623, a mis un sonnet au commencement de sa traduc- tion en vers du Cheval de Domitien, du poëte Stace, — 1637 —
10.
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La première édition sans date est de 1614, in-40. Il est égale- ment auteur du Bouquet royal , ou le Partcrn des riches inuen^ lions qui ont seruy à l'entrée du roy Louis le Juste en sa ville de Reims. 1637, in -4°, portrait. Une autre édition est de léio, in-80. On doit à N. Bergier un poème héroïque d'environ quatre cents vers , une Histoire des grands chemins de l'empire romain, 1622, 1728 et 1736, et une Histoire de Reims.
Jean de Boyssières, écuyer, seigneur de la Boyssière, né, vers le milieu du XVI« siècle, à Montferrand (Auvergne), fut un mauvais poète et sonnettiste. Ses ouvrages sont assez nombreux. Ses Secondes Œvvres poetiqves, suivirent de près les Premières. Les Troisiesmes, de 1 379, in-40, parurent à Lyon en même temps que la Boyssière de lean de Boyssières, et l'Es- trille et drogve av qverellevx pédant, ov régent dv collège de Cler- mont en Avvergne : iadis farceur de Reins en Champaigne. Avec les epigrames de tous les Poètes François de ce temps contre lay. Dans ces divers livres on trouve des sonnets par Matthieu Allard (Foresien), Guillaume Chasble (Chartrain), Lau- rent Rouget (G. Charolois), de Varennes, Jean Fou- CHiER, Machet (de la Brie), Jean Corrier, A. L, Michel Blein, Thibauld Ancelin (imprimeur de Boyssières), et Nicolas Poncellet (de Reims). Les autres productions de l'auteur portent ces titres : L'Arioste François. Lyon, 1 580, pet. in-80 (douze premiers chants en vers, dont une partie est de Saint-Gelais , Baïf et Belliardj; deuxième édition en 1608, Lyon, in-8°; Croisade de lean de Boyssières, Paris, i ^84, pet. in-i2.
Charles de Bourgueville, seigneur de Bras, mort en 1593, auteur des Recherches et Antiquitez de la province de la Neustrie, Caen, 1588, in-40 et in-8S n'a, pensons-nous, fait qu'un sonnet, encore y fut-il forcé par courtoisie. Jean Ber- taut, déjà cité, n'ayant alors que dix-huit ans, adressa un assez joli sonnet à Bourgueville, qui se crut obligé d'y répondre dans la même forme. Poussa-t-il la politesse jusqu'à traiter de même
— I7S — LÉON Blondel, de Bayeux, poëte presque ignoré, qui rima en 1588 un sonnet acrostiche sur ce nom de Bovrgveville ? L'intention était meilleure assurément que le sonnet.
Antoine Favre, né le 4 octobre 1557, à Bourg en Bresse, mort en 1624, fut président du Sénat de Savoie et auteur de dix volumes in-folio de prose, il était poëte (ce qu'ignorait Bouillet); on le voit par ce livre : Centvrie première de Sonets spiritvels de rameur diuin et de pénitence ^ par Antoine F aure. S. S. à Chambery... M.D.XCV. — Il est auteur des Entretiens spiritvels (divisés en trois centuries de sonnets, etc.). Goujet dit que les vers d'Ant. Favre font plus d'honneur aux sentiments de l'homme qu'au talent du poëte; nous pensons que le meil- leur sonnet d'Ant. Favre c'est son fils, le fameux Claude Favre, seigneur de Vaugelas (1 0^-1650), qui mourut en s'é- criant : « Mes amis, je m'en vais ou je m'en vas, car on peut dire iun et l'autre. »
François Béroalde, sieur de Verville, né à Paris le 28 avril iss8, mort vers 1612, débuta jeune dans la poésie : ses Sovspirs amovrevx, Paris, M.D.LXXXIII, in-12, contien- nent des sonnets, des odes et autres compositions extrava- gantes ou médiocres. Qu'attendre de l'ignoble auteur du Moyen de parvenir^ Si la paternité de ce dernier ouvrage lui est heu- reusement contestée, les Appréhensions spirituelles^ poèmes et au- tres œuvres philosophiques, avec les Recherches de la pierre philo- sophale, 1584, in-12, portent bien son nom. Ses œuvres sont nombreuses ; voici les plus rares : L'Idée de la Republique de François de Béroalde, sr de Veiyille, etc. Paris, 1584, pet. in-12. — Dialogue de la Vertu, 1584, pet. in-12. — Deux Dialogues, l'un de l'honneste amour et l'autre de la bonne grâce {avec les poésies amoureuses du dictautheur). Paris, 1602, pet. in-12.
JÉRÔME d'Avost, né à Laval en 15^8 ou 1559, donna au public : Esiais sur les sonnets du diuin Pétrarque, avec quelques autres poésies de l'inuention de l'autheur. Paris, 1 584, pet. in-8°.
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D'Avost a traduit trente sonnets dont il ressentait un peu d'or- gueil. Et de fait, pour démontrer que ses traductions l'empor- taient sur celles de ses contemporains, il citait des passages de Clément Marot, de Jacques Peletier, d'Etienne du Tronchet et de Vasquin ou Vesquin Philieul ou Phileul, de Carpentras. Mais n'a-t-il point donné les morceaux les moins bons pour se procurer un facile triomphe ? De quoi un poëte du XVI^ siècle n'est-il point capable ? — D'Avost, qui composa aussi des son- nets originaux, fit encore paraître : Les Poésies de Hierosme d'Auostj de Laval ^ en faueur de plusieurs illustres personnes. Paris, in-8", 1583. — Au total, mauvais sonnettiste.
Dialogues du corps et de l'esprit^ par Estienne Valancier (du Forez), 1 579 (sonnets fort pauvres). — Colloqve des vrays amans, faict par sonnets, etc., 1584, in-8° (mauvais sonnets). — Un sonnet à l'auteur est signé I. DE Puyfaure. — D'au- tres ouvrages de Valancier avaient paru en 1568 et 1576. Sa devise était : AV point, il poind.
AUGIER Gaillard ou Augié Gaillard, maître charron à Rabasteins, publia ses œuvres en 1579, pet. in-8<*; un deuxième volume parut en 1584, pet. in-8<*. L'auteur a fait des sonnets ; il ne nous semble pas beaucoup au-dessous de maître Adam, etc. Gaillard avoue naïvement qu'il s'est mis à rimer pour gagner sa vie. Il fallait que l'état de charron fût bien mauvais en Albigeois. On a réimprimé les œuvres de ce poëte sous ce titre : Poésies languedociennes et françaises d'Auger Gaillard, dit Lou Roudié de Rabastens, publ. par Gust. de Clausade. Albi, 1843, in-12, avec portrait. Pourquoi Auger et non Augier ? Augier serait-il le nom languedocien et Auger la traduction en français ?
Jacques de Romieu, né à Viviers, publia en 1581 les poésies de sa sœur, les Premières Œuvres poétiques de Damoyselle Marie DE RoMlEU, où l'on voit un poëme, des hymnes, des élégies, des odes et vingt-cinq sonnets; mais on ne peut rien gagner à la lecture de cette pauvre muse.
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Son discours, qui tend à prouver la prééminence de la femme sur notre sexe, nous remet en mémoire une élucubration sem- blable de l'abbé Dinouart, le Triomphe du sexe... Amsterdam (Arras), 1 749, in-i 2. L'abbé Goujet, d'après une note consignée par lui sur l'exemplaire qu'il avait reçu de l'auteur, dit que l'abbé Dinouart fut obligé par l'évêque d'Amiens de rétracter les opinions émises dans cet ouvrage.
Jacques de Romieu fit paraître ses propres vers sous ce titre : Meslanges, i ^84, pet. in-8°. Il y a des sonnets. Plaçons- le au niveau de sa sœur et n'en parlons plus.
Sonnets à messeigneurs princes, comtes et autres seigneurs et gentilshommes de Lorraine, etc., par Pataleon Thevenin. Nancy, 1581, in-4<>. Ce mince volume est noté comme très- rare par Brunet. Thevenin a commenté VHymne de la philo- sophie de P. de Ronsard. Paris, 1^82, in-4".
Un écrivain moderne dit que Robert Estienne I*' adressa un sonnet à Desportes. D'après ce même écrivain, Robert I" mou- rut en 1559, Ph. Desportes avait alors treize ans!... — L'abbé Goujet, dans sa Bibliothèque françoise, si incomplète, assure qu'il s'agit de Robert II, mort vers 1 588. C'estunedouble erreur: Robert II mourut en 1 570 ou 1^71, et le premier ouvrage de Ph. Desportes ne parut qu'en 1575. Ce volume contenait les Amours de Diane et d'Hippol)te; celles de Cleonice n'y furent ajoutées que plus tard; or, Robert Estienne parle dans son sonnet de Diane, d'Hippolyte et de Parlhenice (sans doute pour Cleonice, car on ne trouve que ce nom dans les œuvres com- plètes de Ph. Desportes). Enfin, Robert Estienne fit deux autres sonnets en l'honneur de Robert Garnier; ils sont placés dans le théâtre de ce poëte tragique; or, la première tra- gédie de Garnier est datée de 1 568, trois années avant la mort de Robert II ; mais la seconde est de 1 573, deux ans après. Donc, Robert II ne pouvait dire que Garnier surpassait les trois tragiques grecs dès son début, ni qu'il était l'ornement du théâtre français pour une seule pièce 1 Une troisième opi-
- ,78- nion, qui est la nôtre, semble tout concilier : Robert III, fils de Robert II, mourut en 1629 ou 1630; il fut élevé par Desportes même, qui lui donna le goût de la poésie. C'est à Robert III qu'il faut attribuer aussi un sonnet adressé à François d'Amboise, sieur d'Emery ou d'Hémery, et un autre composé sur la mort de Christ, de Thou (i 582). Il est encore auteur des Larmes de saint Pierre et autres vers sur la Passion, plus quelques paraphrases sur Us Hymnes de l'année. Paris, de l'imprimerie de Robert Estienne, 1606, in-8'\ Mais notre dis- sertation ne tend point à prouver que Robert II n'a point fait de sonnet, M. Léon Feugère nous donnerait un démenti en ces termes. — « On peut voir dans les Mémoires de Cas- (c telnau, édit. de Le Laboureur, Bruxelles, in-fol., tom. 1®^, « p. 158, un sonnet composé par Robert II et adressé à <c Jeanne d'Albret, qui l'avait visité le ii mai 1566...» — Le même auteur ajoute : a Très-souvent Henri Estienne s'est .. plu, suivant l'usage du temps, à placer au commencement « de ses livres des distiques français, des sonnets, même des a pièces de plus d'étendue de sa composition... » C'est Henri II Estienne — 1 532-1 598 - fils de Robert I^"^ ; il mourut pauvre et aliéné à l'hôpital de Lyon. — Nous avons déjà dit un mot de Nicole Estienne en parlant de Grevin.
La Moroscomie, par Joseph Duchesne, sieur de la Vio- lette. Lyon, 1583, pet. in-4", et 1601, pet. in-8<> (voir la BibLfr, de Goujet), finit par un sonnet sur la mort de Phili- bert, duc de Savoie, p. 110. — Il y a des sonnets à l'auteur par Pierre Enoch et Claude Mermet, de Saint-Rambert, en Savoie, traducteur rie la Tragédie de Sophonisbe, reine de Nu- midie (de Trissino). Lyon, 1584, in-8" (rare). — Le Grand Miroir du Monde, par Joseph du Chesne, Lyon, Honorât, 1 587, in-4", paraît être la première édition d'un poëme rare; la deuxième, reveuë, corrigée et augmentée en divers endroits, et d'un livre entier, par l'auteur, est de 1 593, in-8°. J. Duchesne, mé- decin gascon, est connu par d'autres ouvrages de son métier :
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lo La Peste recogneue et combattue, ensemble la reformation des Theria{]U£s et Antidotes Opiatiques, etc. Paris, 1624, in-8<* ; 2» La Pharmacopée des Dogmatiques. Paris, 1629; 3» Traicté familier de l'exacte préparation spagyique des médicaments, etc. Paris, 1630, in-80, etc. Duchesne mourut à Paris, en 1609.
Vers français sur la victoire obtenue contre les Allemands, par le tres-chrestien Henry III, etc., par Raoul Cailler ou Callier, Poitevin (S. L.N. D : — XVI^ siècle), pet. in-40. Ce poëte a des vers mesurés parmi les poésies de Rapin, et l'un de ses sonnets fait partie de la Puce de M^^ des Roches, La Bibl. imp. conserve une pièce intitulée : Sonnet au Roy, avec un Sonnet à la Royne- mere, par Callier, 1610. Le premier n'a rien de saillant, l'autre est meilleur; mais nous ny trouvons rien qui nous porte à le citer. — Quatre sonnets du même sont dans le Parnasse des plvs excellens poètes de ce temps — 161 8, — et le Cabinet des Mvses, 1619. — Un autre, inédit sans doute, a été recueilli par F. Colletet (manuscrits du Louvre). — Callier n'existait plus en 1620. — Ph. de la Madelaine mentionne de lui : Les Infidelles fidelles, fable boscagere (de l'invention de Calianthe). Suzanne Callier composa des stances sur la mort de Rapin, qui était son oncle.
Louis-François le Duchat, poëte latin, auteur tragique, nous est connu par un seul sonnet assez beau qu'il plaça en tête d'un poëme et d'une longue élégie dédiés à Suzanne d'Aquaviva Caraccioli. Nous retrouvons le Duchat en 1583; il fait alors des vers sur la Main de Pasquier.
Nicolas le Digne, sieur de l'Espine-Fontaine, fut d'a- bord un poëte acerbe : on le voit par son Discours satirique, imprimé à la fin des Sovpirs amovrevx, de Béroalde de Ver- ville — 158^ Ensuite il célébra une dame, qu'il nomma Blanche. Voici le titre de quelques-uns de ses autres ouvrages : Les Premières Œuvres chrestiennes de N. le Digne, etc., recueil- lies par Antoine de la Forest, écuyer, sieur du Plessis. Paris, 1600, in- 16. — Elles furent louées dans leur temps. — Les
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Fleurettes du premier meslange, du même, recueillies par Ant. de la Forestj etc. Paris, 1 60 1 , in- 1 2 . — Deux cent quatre sonnets : beaucoup sont fort libres. On y lit deux sonnets à l'auteur par les sieurs de la Couronne etde Monstreuil. — La Couronne de la Vierge Marie, 1610, in-12. — Un sonnet remplaçait chaque grain du chapelet ; un hymne correspondait à chaque fête de Marie. Voilà comment finissaient les poètes de ce temps. — N. Le Digne porta la cuirasse et la haire ; il fut prieur de Condé et de l'Enfourchure, et mourut en 1614.
Florent Chrestien, né en i 540 ou i 541 , à Orléans, était fils d'un médecin de François l^"" et.de Henri II. Il traduisit plu- sieurs ouvrages, composa un hymne sur la naissance du fils du comte de Soissons, quelques stances et même des sonnets. Il fut le collaborateur de J. Grevin, et prit part à h Satire Menippee. — Sur ses vieux jours, il se fit catholique, et mourut en 1 596. Le catalogue de la bibliothèque de La Vallière, d'après du Verdier, met sur le compte de FI. Chrestien : Le Jugement de Paris. Dialogve iové à Anguien-le-François... à la naissance de Monseigneur le Conte de Soissons... Plvs vn cartel auec quelques Stanzes et sonets faicts pour les tournois a Valéry... par N. de Rh. T., etc. — M.D.LXVII, pet. in-80. — Il s'agit de trois faibles sonnets.
J. Chrestien, Provençal, adressa deux sonnets à Nie. Rapin, (Voir les Plaisirs dv Gentilhomme champestre. Paris, 1 583, in-12.) Deux autres du même poète sont parmi les pièces préliminaires des Œuvres poétiques de Joachim Blanchon , 1 583, et des Œuvres du sieur de la Roque. — J. Chrestien et N. Renouard ont un sonnet chacun dans le premier volume du Parnasse des plus excellens poètes de ce temps — 1618; leur sonnet a été reproduit par le Cabinet des Mvses, deuxième vo- lume, 1620. — Renouard se fit connaître en publiant une tra- duction des Métamorphoses d'Ovide. Revenons au Parnasse des plvs excellens poètes. Au commencement du premier volume, on lit un sonnet adressé à l'éditeur d'Espinelle, par N. Chrestien
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les Croix; c'est NICOLAS Chrestien, sieur des Croix, connu par les Royales Ombres, i6i i, in-40, pièce, et par des Tragé- dies. Rouen^ 161 8, in-80. Il se dïsâii Argenîenois. — De nom- breux sonnettistes ont leurs œuvres dans les deux volumes du Parnasse; mais nous ne mentionnerons que trois noms nou- veaux et inconnus : A. T., de Chauffourt et Rousselet; ces deux derniers figurent encore dans le Temple d'Apollon y 161 1, premier volume. (On sait que le tome II est, sous un nouveau titre : le Recueil de quelques poésies, tant de feu s'' de Sponde que d'autres non encore imprimées. Roven , Raphaël dv Petit-Val, i S 97-99 et 1600, quatre parties en un volume pet. in- 12.) Le tome I" du Temple d'Apollon nous fait aussi con- naître, par un sonnet passable, LeC (ordier) de Maloysel, auteur de plusieurs autres pièces de vers. Ce sonnet se trouve dans le tome I^*" du Cabinet des Mvses. — Revenons au s' de Chauffourt; n'est-ce point Jacques de Chauffourt, lieutenant- général des eaux-et-forêts au bailliage de Gisors, et auteur de: Recueil des lieux oîi Von a accoutume de mettre les relais pour la chasse au cerf. Rouen, 1618, in-8®.
Les Œvvres poétiques de Pierre de Cornv, Dauphinois... Lyon, M.D.LXXXIII, pet. in-S». — Deux sonnets à l'auteur par Gabriel de Lers et Claude Expilly; deux autres, de l'au- teur à son livre et à sa dame (Lucrèce); puis cent quarante- quatre sonnets dans les Amours et neuf dans les poésies diverses. Pierre de Cornu est fort libre et peu intéressant, quoi qu'en dise Viollet-Le-Duc. Il était de Grenoble; ses œuvres sont heureusement d'une grande rareté (400 francs à la vente Turquety).
Les Hiero-poemes ou sacrez-sonets..., par LOYS Saunier, docteur ès-droicts. Lyon, 1584, petit in-80. Ce livre, qu'on peut ranger parmi les grotesques, est divisé en cinq parties: des odes, huitains, quatrains, etc., forment les quatre pre- mières; la dernière, qui est en l'honneur de Jeanne Roubert, femme de l'auteur, orte ce titre : Les Saintes Amours.
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Les vers de Gabriel Pot, émaillés de sonnets, seraient vendus au poids s'il n'y avait pas des bibliophiles toujours à l'affût des poètes du XVI<^ siècle. — Selon Colletet, son re- cueil fut publié à Paris en 1584, in-80. G. Pot traduisit"en quatrains français les Apophthegmes d'Érasme, et les fit imprimer à Lyon en 1573 et en 1574, deux parties en un volume, pet. in-80.
Les Cantiqves dv sicvr de Malsonflevr... quatrains spirituels de l'honneste amour, par Yves Rouspeau, Sainctongeois, auec quel- ques autres Poésies chresticnnes recueillies de diuers Autheurs. A Paris, M.D.LXXXIIII, in-12. Un sonnet ouvre ce re- cueil calviniste; il est signé : P. M. D. m. s. d. L. G. Six au- tres sonnets sont extraits de la Theanthropogamie de Marin le Saulx.
Les Œuvres ou Meslanges poétiques , où les plvs curieuses ra- retez et diuersitez de la nature Diuine et humaine sont traitées en Stances, Rondeaux, Sonnets et Epigrammcs, par GwiLLkYME Cheualier (docteur en médecine, natif de la ville de Saint- Pierre-le-Moutier, en Nivernais). Niort, 1647, i^^-S"- Cet ou- vrage, plus singulier, plus bizarre, assurément, que digne d'at- tention, se termine par vingt-quatre sonnets, presque tous d'a- mour. Son poème , assez long : Le Decez ou fin du monde, 1 584, in-4", ne contient pas de sonnets. Son autre livre est : La Poésie sacrée, œuvre de très-utile et agréable méditation en mé- langes poétiques , en vers latins et françois, élégies, épigrammes, sonnets, traitant des Mystères de N.-S, J.-C, etc., Paris, 1669, in-12.
Les Meslanges poétiques du sieur de Cholieres, i$88, in-12 II y a des sonnets déplorables. Les ouvrages suivants sont du même : — Les Neuf Matinées, Paris, 1585, pet. in-80; — Les Apres-Disnees, Paris, 1587, pet. in-80, ou i08, pet. in-12 ; ces derniers livres ont été réimprimés et font partie des Ra- retés bibliographiques... Une autre composition de Cholieres, ayant un titre bizarre, porte la date de i ^88, Paris, pet. in-12.
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— Cholières est un auteur sur lequel les renseignements nous font défaut. Cependant les Touches du seigneur des Accords, premier livre (second et troisième), Paris, Jean Richer, 1 586, in-i2, contiennent des vers de Cholières, notamment un son- net signé : I. D. S. de Cholieres, ce qui sans doute veut dire : J. D., sieur de Cholières.
La Mvse chresdenne de Pierre FowPO,Aduocût au Bailliage de Bar-sus-Seine. De l'imprimerie de leremie des Planches, M.D.LXXXV, in-80. Cette première édition ne contient que cinquante sonnets. Une édition, de 1590, Paris, petit in-S-^, est plus complète; on y trouve cent soixante-cinq sonnets. Un d'eux sert d'épitaphe à Claude, femme de Th. de Bèze; un autre est adressé à Benjamin Jamin (i), comme introduction aux œuvres de cet inconnu : Chant dv vray amovr et Chant de la vraye beavté; chacun de ces poèmes est formé de trente stances de six vers. — Enfin, un-troisième livre de la Mvse chrestienne de Poupo, daté de 1 592, renferme vingt-six sonnets, notamment celui que nous citons page 40 ; nous l'avions à tort puisé dans Colletet, qui, selon son habitude, l'a un peu modifié. — Le Journal de l'Instruction publique du 13 janvier 1847 ^^^ 9"^ Poupo mourut vers 1 591. — Une deuxième Muse chrestiennej 1 582, in-12, compilée parle sieur J. C. T., contient beaucoup de sonnets par Ronsard, du Bellay, Desportes, etc. Une troi- sième Muse chrestienne, revue et augmentée, 1634, in-40, ap- partient encore à un calviniste, Adrien de Rocquigny, natif de Caen, vers i ^70, et mort vers 1645, ^" Angleterre. Nous comptons dans ce livre trois sonnets de l'auteur et deux autres qui lui sont adressés par Philippe Serrurier et N. Gou- GENOT. Enfin, n'omettons point la Muse chrestienne ou les
(i) Poupo écrit ainsi ce nom; le s^ de Chanvallon l'orthographie d'une autre manière : Jamyn. — Nous avons omis de mentionner, page 144 , un sonnet fait en l'honneur d'Amadis Jamyn par Anne de Semur , poëte inconnu, dont les œuvres sont restées presque toutes inédites. {Annales poétiques, t. IX.)
I.
Mystères du Rosaire, en vers héroïques ^ par le chev. Valterre. Besançon, 1700, pet. in-80.
Baptiste Badère a placé trois de ses sonnets en tête de sa traduction du sieur Dorron, maître des requêtes du roi, pu- bliée sous ce titre : Dévotes Méditations chrestiennes svr les Mort et Passion de Nostre-Seigneur lesuschrist... A Paris, MDLXXXVIII, pet. in-80. — D'autres sonnets portent ces signatures : Claude de Mongison, et Festonne le ciel. On sait qu'une femme célèbre avait trouvé dans cette devise Fana- gramme de son nom, qu'elle écrivait peut-être Nicolle Estienne. Gabriel Bounyn, né à Châteauroux, n'a aucun sonnet remarquable dans ses Poésies françoises et latines, 1 586. Bounyn est auteur de Soltane, tragédie, Paris, i$6i, in-40 ; d'une autre tragédie datée de 1579, aussi in-40; de Satyre au roy contre les republiquains, etc.
L'Aurore, ouvrage manuscrit sur l'alchimie, par Henri de Linthaut, contient en tête deux sonnets anonymes^ 1^8... {Bibl. de r Arsenal.) — Henri 4e Linthaut, sieur de Montlion, était docteur en médecine, et, de plus, auteur d'un commentaire sur le Trésor des trésors, de Christophe de Gamon, poésies recueil- lies dans le Jardinet de poésie, les Mvses ralliées et le Parnasse françois.
Jacques Grenier, sieur de Poissy, d'une famille noble, que l'on dit originaire de Tournay, publia, l'an 1 586, des poé- sies latines, grecques et françaises, qui sont précédées d'un sonnet à Henri Hl.
Quelques sonnets héroïques , etc., par Iules-Cesar LE Besgue, de Champagne, i$86.— Pour mémoire. — Il y a un autre Jules-César le Bègue, de la Picardie, qui ne nous ap- partient pas.
Pierre Cheminajit, gentilhomme nantais, édita ses poé- sies à Paris en 1587, in-S». — On y rencontre des sonnets souvent mal rendus, mais dont les idées sont parfois heureuses. Pierre Motin n'existait plus en 161 y, les détails biogra-
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phiques manquent sur l'auteur d'un bon sonnet, comme œuvre littéraire, mais qui était une mauvaise action ; ce sonnet est li- cencieux. Les Délices de la poésie, i^' vol.^ 1620, reproduisent trois autres sonnets de Motin. La mort de Passerai lui en in- spira un cinquième assez beau. Boileau s'est plaint sans raison de la froideur de ce poëte en ces termes :
J'aime mieux Bergerac et sa burlesque audace, Que ces vers où Motin se morfond et nous glace.
Nous n'avons point recherché les sonnettistes en langue pro- vençale; il y en a même de modernes; nous avons omis jus- qu'au Languedocien Pierre Goudelin, et nous passerions égale- ment sous silence le poëte Jasmin quand il aurait mis au jour quelques sonnets. Si nous parlons ici de Louis Belaud de la BellaudiÈRE, surnommé le Ronsard Provençal, c'est plutôt parce que le premier livre provençal imprimé à Marseille est de lui. Il s'agit de Obros et Rimos provenssalos de Lo)s de la Bellavdiere, gentilhomme prouuenssaUf etc. A Marseille , par Pierre Mascaron, 1595, in-40. Ce volume (qui contient des sonnets) ayant paru pendant que Marseille résistait au roi , le titre dut être changé lors de la reddition de la ville. Aussh les premiers exemplaires ont acquis une certaine valeur : ils sont montés à 145 francs à la vente Nodier, et même à 450 francs à la vente Giraud. — M. G. Garnier nous indique en outre un précédent ouvrage de La Bellaudière, savoir : Le Don-don in- fernal, où sont descrites en langage provençal les misères etcalamitez d'une prison : à M. Du Perrier, gentilhomme provençal (sans doute l'ami de Malherbe), par L. de la Bellaudière, de la maison et compagnie de Mgr le Grand-Prieur de France. Aix, 1 588, pet. in-80. — Fort rare.
Salomon Certon, secrétaire du roi, natif de Gien , y mourut vers la fin de 1620, ayant soixante ans environ. C'é- tait un excentrique, pire que les chercheurs d'anagrammes. Il composa les Vers Leipogrammes et autres œuvres en poésie.
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A Sedan, 1620, in-12. Cet ouvrage fut imprimé à son insu; il en regretta la publication et déplora d'avoir perdu son temps à des puérilités. Ses vers leipogrammes, en effet, consistent en cer- taines pièces, certains sonnets dans chacun desquels il manque une lettre de l'alphabet. — Salomon Certon avait traduit : L'O- dyssee cV Homère en vers français. Paris, l'Angelier, 1604, in -8°;
René Bouchet, s»" d'Ambillon, était neveu de Scévole de Sainte-Marthe; ses Amours de Sidère et de Pasithee sont en sonnets, odes, stances et chansons. Bouchet, sonnettiste assez bon, mourut en 1612, à 52 ans. Son nom fut porté par deux poètes, Jean et Guillaume Bouchet, qui ne sont pas de notre bord. Plus loin nous rencontrerons Laurent Bouchet, qui nous appartient à plus d'un titre. — Enfin, un livre collec- tif, publié vers le milieu du XVI le siècle, contient deux sonnets de Boucher. Un autre sonnet porte la même signature dans le Recueil de Sonnets composez par les plus habiles poètes du royaume sur les bouts-rimez Pan, guenuche, etc., 1683. Ce même ouvrage mentionne encore un BouCHET, curé de Nogent.
Claude Guichard a inhumé un sonnet dans ses Fvne- railles et diuerses manières d'enseuelir des Romains, Grecs, etc. A Lyon, Jean de Tovrnes, CIO.ID. LXXXL Le vicomte de Poli nous en a déterré un autre du même auteur dans Philiberti Pinoonii.., Taurini, MDLXXVII, in-fol.
Jean-Édouard du Monin, né à Gy (comté de Bour- gogne) vers i$59, mourut le 5 novembre 1 586, assassiné par un inconnu. Il eut le temps néanmoins de publier six volumes de vers français et latins. Il y a des sonnets qui ne sont plus lisibles; un des meilleurs est adressé à son amie Rondelette. Du Monin mit un sonnet de sa sœur, ELISABETH DU MONiN, en tête de VVrûnologie, 1 584, in-12, avec deux autres par Cy- prien Perrot, Parisien, et Jean Le Fèvre. — Etienne Marchant, Champenois, publia Les Regrets sur le mevrtre et assassinat commis en la personne de Monsievr du Monin... A Paris, I ^86, in-8°. — Une élégie de 12 pp. et 2 sonnets.
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Les Euvres poétiques de Iaques de Courtin de Cissé, Genlilhomme Percheron. APâTÏs, pourGilles Beys, MDLXXXI, pet. in-i2. — Sonnets à l'auteur par Jacques Durant, Cl. Binet, M. de Norry et GuiLL. GOSSELIN. — Les Amours de Rosine contiennent 149 sonnets, presque tous assez médiocres. Malgré beaucoup d'antithèses, le meilleur est peut-être celui qui commence de la sorte :
Si l'amour est vn feu, d'oîi me vient ceste glace?...
Jacques de Courtin traduisit en 1581 : Les Hymnes de Synese Cyrenean , Evesque de Ptolemaïde. Paris, pet. in-12. Jacques de Courtin, s'^ de Cissé, naquit dans le Perche en 1 560 ; il n'avait donc que vingt et un ans lors de l'apparition de ses Œuvres poétiques ; ses livres amoureux d'odes et de sonnets firent beaucoup de bruit, et l'on ne s'explique plus cet engouement. L'auteur mourut dans toute l'illusion de sa re- nommée, en 1584, à vingt-quatre ans. Que ses poésies lui soient légères! — Antoine de Courtin, auteur du Traité de la Jalousie, ou Moyens d'entretenir la paix dans le mariage, Paris, 1685, in 12, et du Nouveau Traité de la civilité qui se pratique chez les honnestes gens, Amsterdam, 1672, pet. in-12, réim- primé en 1728, Paris, in-S", est-il un descendant de notre sonnettiste?
Né le 21 décembre 1561, à Voyron, près de Grenoble, Claude Expilly, chevalier, seigneur de la Poëpe, président au parlement de Grenoble_, mourut en 1636. — Il célébra dans un certain nombre de sonnets — 1 596 — Meraude de Baro, veuve du s'" Chevalet, avocat. Mais Chloride — nom poétique de cette dame — fut insensible au charme de la poésie d'Ex- pilly.-Nous n'osons pas l'en blâmer. Elle préféra sans doute les vers d'un conseiller au même parlement de Grenoble, dont le nom était Cornu. 11 s'agit probablement de Pierre de Cornu, Dauphinois. Claude Expilly avait auparavant placé en tête de ses propres Œuvres poétiques un sonnet que Pierre de Cornu
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lui avait dédié. Les amis ne sont pas toujours fidèles. — Ex- pilly se consola plus tard en épousant une autre femme et en faisant de nouveaux sonnets. Ses œuvres reparurent sous ce titre : Les Poèmes de M''^ Claude Expilly. Grenoble, 1624, gr. in-4<>. On lui doit d'autres ouvrages.
André Mage, calviniste, né dans sa seigneurie de Fiefme- lin, près d'Oleron, en Saintonge, vers 1 561, fut très-adulé par les poètes principaux de son temps. Un de ses contemporains trouva sur le nom d'André Mage une anagramme assez remar- quable : Ame grande. Mage publia ses Œuvres à Poitiers en 1601, in-12 ; il n'a pas fait moins de 536 sonnets. Pouvions- nous lui refuser u«e place dans notre galerie? Il suffit de lire la pièce suivante, bien qu'un peu païenne, pour être persuadé qu'un oubli serait une injustice.
Ce monde comme on dit est vne cage à fous,
Oii la guerre, la paix, Pamour, la hayne, l'ire,
La liesse, l'ennuy, le plaisir, le martyre,
Se suyvent tour à tour et se louent de nous. Le monde est vn théâtre où nous nous iouons tous,
Soubs habits déguisez , à malfaire et mesdire.
L'vn commende en tyran , l'autre, humble, au ioug souspire.
L'vn est bas, l'autre est haut, l'vn iugé, l'autre absouds. Qui s'esplore, qui vit, qui iouë, qui se peine.
Qui surueille, qui dort, qui danse, qui se geine ,
Voyant le riche saoul et le poure iusnant. Bref, ce n'est qu'vne farce ou simple comédie
Dont, la fm des loueurs la Parque couronnant.
Change la Catastrophe en triste Tragédie.
Nous avons déjà mentionné Adrien de la Morlière, un poète fort vulgaire, qui mourut vers 1629. François de Louven- court, s'^ de Vauchelles, lui adressa deux sonnets, et Benoit Beaudouin, d'Amiens, mort en 1632, lui en dédia un autre. — Adrien de la Morlière a composé les ouvrages suivants : Le Premier {le second et le troisiesme) livre des AntiquiteZj his-
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toires et choses plvs remarquables de la ville d'Amiens, poetiqve- ment traicté. 3e édition — Paris, 1627, in-40; — et : Recueil de plusieurs nobles et illustres maisons vivantes et estantes en rétendue du diocèse d'Amiens et à F environ y etc. Amiens, 1630, in-4''.
Jean Godard, né à Paris le 1 5 septembre 1 564, mort en 1630, a fait imprimer : i^ Les Primices de la Flore, ou les Amours de J. Godart, Paris, I587,in-i2 (17 sonnets seule- ment, et ils sont médiocres ; les pièces préliminaires contiennent des sonnets à l'auteur par L. Brillet, s' de Limon, gentil- homme Parisien; LoYS le Velliard; G. Impernelle, Ghampenois); 2" Les Œuvres de Jean Godard, Parisien, diuisees en deux tomes. A Henry IIII, très Chrestien et très Victorieux Roy de France et de Navarre. Plus les Trophées du Roy, compo- sez et adioutez depuis l'impression des présentes œuures. A Lyon, par Pierre Landry. MDXGIV. Les Trophées renferment plu- sieurs sonnets qui furent commentés par N. Le Brun. Il n'y en a point dans la Novvelk Mvse ou les Loisirs de lean Godard. Lyon, 1618, in-80.
Vital d'Audiguier, connu sous le pseudonyme de sieur de la Menor, est né vers 156^, en Rouergue, prétend Goujet; en IS74) dit Golletet, qui lui assigne également le Rouergue pour patrie. Les biographes modernes le font naître en Bour- gogne, vers 1^65, sauf Michaud qui indique une autre date, vers 1569. Plusieurs s'entendent pour fixer l'époque de sa mort vers 1624, à la suite d'une querelle de jeu; mais Feller dit 162$, Bayle, 1630, et un autre 1634! .. — Sa Défaite de l'Amour, etc., Paris, 1606, fut intitulée : Œuvres poétiques, en 1614, in-80. Son Histoire tragi-comique de nostre temps, Paris, 1615, in-80, d'abord sans nom d'auteur, a été souvent réimprimée, notamment en 1650, pet. in-12, à Leyde, sous le titre d'Histoire des Amours de Lysandre et de Caliste.—Le poëte Mailliet prit d'Audiguier en haine au point de faire courir contre lui un méchant sonnet qui était un sonnet méchant et que nous reproduirons à l'article de Mailliet.
II.
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Marie le Jars (Brunet dit de Jars), demoiselle de Gour- NAY — 1566-1645 — était filie de Guillaume le Jars, sei- gneur de Gournay, etc., et de Jeanne d'Hacqueville. — Pour son Egalité des hommes et des femmes — 1622 — in-8°, elle aurait dû prendre cette devise : Ardua tentât! — Ses œu- vres ont été imprimées sous ce titre : Les Advis ou les Preseiis de la demoiselle de Gournay. Pans, 1634, in-4" de 860 pp. Ce volumineux recueil contient quelques pièces de vers, dont quatre sonnets. Un d'eux est adressé à Montaigne, qui la nommait ssl fille d'alliance; elle se ruina pour éditer splendide- ment les Essais de son père adotif.
Montaigne escrit ce Hure, Apollon l'a conceu,
s'écriait-elle I — Il est très-naturel qu'Apollon eût les pensées qui sont dans cet ouvrage ; un dieu de la fable peut se per- mettre beaucoup de choses; mais Montaigne, un simple mor- tel, c'est différent ; et une femme qui les approuve, c'est bien une autre affaire! — Ne voulant citer aucun sonnet de Marie le Jars, rappelons le quatrain célèbre qu'elle inscrivit sur un portrait de Jeanne d'Arc :
— Peux-tu bien accorder, vierge du ciel chérie, La douceur de tes yeux et ce glaiue irrité ?
— La douceur de mes yeux caresse ma patrie, Et ce glaiue en fureur luy rend la liberté!
François de Lou vencourt, s^ de Vauchelles, né en 1 569, dans la ville d'Amiens,, mourut en 1654. Ses Amours et pre- mières œvvres poétiques, Paris, 1595, pet. in-8^, se font d'abord remarquer par des sonnets à l'auteur signés : A. le Vasseur, conseiller .en la cour de parlement, Jean de Boufflers, s"" de Rouveray, gentilhomme picard (celui-ci fait l'anagramme de Françoys de Louvencourt : — Tu es un roc, un roc de la foy.) — D'autres sont de Paul Juge, gentilhomme Ijonnaisj
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P. Motin, de Bourges ; C. D., etc. — Les Amours de l'aurore, qui forment la première partie, ont 200 sonnets sur une dame fort belle ; mais ils sont loin de la beauté de cette aurore. Les Amours de Leucothee (2® partie) sont précédées d'un sonnet à l'auteur par R. Dignouart, et ont 27 sonnets; on y voit un poëme contre le mariage; Louvencourt, qui, dans les Amours de Mellide et les Mélanges^ chante d'autres femmes, ne pouvait se résoudre à la stabilité; ses poésies ne changent pourtant pas : elles sont toujours d'une certaine faiblesse. — M^'*^ Ma- rie de Louvencourt, née à Paris en 1680, mourut en 1712, après n'avoir guère composé que des cantates. Le nom de Louvencourt étant porté par plusieurs familles, nous ignorons si Marie de Louvencourt appartenait à celle du seigneur de Vauchelles. Nous en disons autant de Ch. de Louvencourt, curé de Saint-Sauveur de Hédicourt, auteur du Gasteau spiri- tuel... 1604, in-24.
Un René Arnoul, s*" du Puys, fut élu maire de Poitiers en 1580; ce n'est pas le père de René Arnoul, qui naquit audit Poitiers en 1 569, et qui, à dix-huit ans, y publia son seul ouvrage : V Enfance de René Arnoul j in-40, 1587 (très- rare). La i'"'^ partie — Amours — est un recueil de sonnets sur Catherine de la Place. Les sonnets l'emportent sur les odes. Voici une pièce de quelque valeur littéraire ; elle fera connaître ce poète, qui mourut en 1639, à Orléans, ne laissant qu'une fille.
rauois trois fois cinq ans et trois ans dauantage Quand i'escriuis ces vers tesmoins de mon ardeur, le chantois pour flatter mon ingrate douleur, Et non pour espérer honneur de mon seruage.
Comme le le sentois, ie plaignois mon dommage, Véritable poëte à mon propre malheur ; Mon penser incertain me seruoit de fureur, Mon tourment de suiet, mon espoir de courage.
Pour moy seul i'ay souffert , pour moy seul i'ay chanté ;
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Ne pouvant pas beaucoup, beaucoup ie n'ay tenté ; Sans fart fut mon amour, sans fart furent mes plaintes.
La loy, non le plaisir, me rendit amoureux , C'est assez qu'on me laisse, entre tant de contraintes , Faire ce que ie dois , dire ce que ie veux.
Le Tombeau dâ haut et vertueux seigneur messire Jean Babou (suivi d'un sonnet à Georges Babou, frère de Jean, et d'un autre sonnet à Diane de la Mare, veuve de Jean Babou). Paris, Antoine du Breuil, 1 589, pet. in-80 de 15 pp.
Les Passions d'amovr, de Nicolas Debaste, selon Brunet, sont de 1 586. Nous n'avons consulté que les Passions de Nico- las Debaste. Plus : les Meslanges de Carmes latins et françois. A Rouen, M.D.LXXXIX, pet. in-12. — Un sonnet à l'au- teur y est signé par Jacques de Launay. — La présomp- tion de Nie. Debaste peut égaler l'outrecuidance de Malherbe; il faut lire son sonnet à Jeanne, sonnet qui rappelle un vers célèbre :
La rime n'est pas riche et le style en est vieux. Voici comment Debaste s'exprime :
ie pense estre aussi beau
Comme vous, vous pensez estre vne belle ^///,
le suis aussi honneste et parfaict et habille
Que vous, et rien n'auez plus que moy de nouueau.
le pense que ie suis aussi sain de cerueau Comme vous pensez estre , et en toute la v///«, .... ie ne cognois d'vne ame plus gentille Et mieux fait que ie suis, au compas et niueau.
Par aialheur ses vers sont beaucoup moins beaux que lui. Ce livre est pourtant monté à 129 fr. à la vente Veinant!... Mais c'est sans doute affaire de reliure !
Les Vers devotieux dédiez av pvblicj pour le seruice de Dieu,
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par François Hamoys. A Paris, M.DC.XIX, in-S», 2 son- nets. — Les Intervûles dv loisir de François Hamoys, Marchand Lapidaire. A Paris, M.DC.XIX, in-8°, 13 sonnets, dont un à queue. Un prétendu sonnet-madrigaîizé est une pièce de six quatrains. — Il y a une épitaphe de la belle-mère d'Hamoys, Etiennette Duneau, veuve de René de Salha, contrôleur des greniers à sel d'Yenville et de Pithiviers.
Henri IV rencontra Gabrielle d'Estrées, vers la fin de 1 590, au château de Cœuvres, et s'en éprit au point de l'attirer bientôt à la cour. L'histoire dit qu'elle mourut subitement en 1 599. Il faut placer entre ces deux dates un sonnet célèbre qui donne une idée de ces concetti mis à la mode en France du temps des Médicis. Il parut, ce nous semble, pour la première fois dans les Mvses françoises ralliées de diverses pars, recueillies par Despinelle. Paris, 1599, pet. in-12, i^e éd. — Il est à la louange des yeux de la Belle Gabrielle, et adressé à la marquise de Monceaux , qui n'était pas duchesse de Beaufort en ce temps-là. {Le Cabinet des Mvses, 1620, t. II , a repro- duit ce sonnet) :
Ce ne sont pas des yeux , ce sont plus tost des Dieux , Ils ont dessus les Rois la puissance absolue. Dieux , non ; ce sont des Cieux , ils ont la couleur bleue , Et le mouuement prompt comme celuy des Cieux.
Cieux, non; mais deux soleils clairement radieux, Dont les rayons brillans nous offusquent la veuë; Soleils, non; mais esclairs de puissance incognuë, Des fouldres de l'Amour signes presagieux.
Car s'ils estoyent des Dieux , feroyent-ils tant de mal ? Si des Cieux , ils auroyent leur mouuement esgal : Deux Soleils, ne se peut : le Soleil est vnique :
Esclairs, non; car ceux-cy durent trop, et trop clairs : Toutes fois ie les nomme , à fin que ie m'explique, Des yeux, des Dieux, des Cieux, des Soleils, des esclairs.
Ce petit poëme semble être une imitation du 20*^ sonnet
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de Ph. Desportes, publié en 1 575, dans les Amours de Diane et d'Hippolyte.
L'aspre fureur de mon mal véhément Si hors de moy m'etrange et me retire , Que je ne sçay si c'est moy qui soupire. N'y sous quel ciel m'a jecté mon tourment,
Suis-je mort? Non; j'ay trop de sentiment , Je suis trop vif et passible au martire. Suis-je vivant ? Las! je ne le puis dire Loin de vos yeux par qui j'ay mouvement!
Seroit-ce un feu qui me brusle ainsi l'ame? Ce n'est point feu : j'eusse esteint toute flame Par le torrent que mon dueil rend si fort.
Comment, Belleau , faut-il que je l'appelle ? Ce n'est point feu que ma peine cruelle, Ce n'est point vie, et si ce n'est point mort.
Nous n'établissons qu'une simple comparaison entre ces deux pièces; mais dans le temps on alla beaucoup plus loin, jusqu'à refuser à HONORÉ de Laugier de Porchères d'avoir écrit ce sonnet aux yeux de Gabrielle. A la prière de l'abbé d'Olivet, le Président de Mazaugues se livra vainement à de grandes recherches sur François d'Arbaud, coseigneur de Porchères; il tenait pour apocryphe l'histoire d'une pension de 1400 livres faite par Henri IV à l'occasion de ce sonnet, que plusieurs attribuaient alors au s»" d'Arbaud. Mais ce poëte n'avait que dix ans à la mort de Gabrielle d'Estrées. — Le véritable auteur, Laugier de Porchères, était fort lié avec un mauvais versificateur, dont 42 sonnets déparent V Académie des modernes poètes françois — iS99; — ^t quelques autres, le Parnasse des plus excellens poètes de ce temps, 161 8. C'était Jean de Sponde qui, né à Mauléon, l'an i $ 57, traduisit Homère (1583) et Hésiode (1 592). Jeune encore, il eut, le 18 mars 1595, une fin très-malheureuse. En effet, Jean de Sponde, contraint d'épouser une femme qu'il n'estimait point^ résolut de la faire empoisonner ; mais la servante qui devait adminis-
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trer le breuvage fatal, dévouée à sa maîtresse, le fit prendre au mari, qui en mourut. — Si cette histoire était vraie, comment expliquerait-on le sonnet que Laugier de Porchères adressa plus tard à la veuve, et qu'à plus d'un titre il nous semble bon de citer. (Nous le tirons des Mvses françoises ralliées, 1 599 ; dans k Cabinet des Mvses il est en toutes lettres dédié à M™^ de Sponde.)
Helas que ton mary fust digne de sa femme,
Femme par tes vertus digne de ton mary;
Et toy de luy chérie, et luy de toy chery
Vous faisiez dans deux corps de deux âmes vne ame. Vous bruslastes tous deux d'vne semblable flamme;
De mesmes dons du ciel chascun fust fauory ;
Tous deux blessez d'vn irait dont nul ne fut guery,
Et tous deux attachez d'vne diuine trame. Mais ton espoux est mort, et tu vis en ton dueil;
Te voyla seule au lict, et luy seul au cercueil,
Et sa mort de ta mort n'est encore suyvie ? Non, non, vous partagez vn réciproque sort;
Il prend dedans ton cœur la moitié de ta vie ;
Tu prens dans son tombeau la moitié de sa mort.
On connaissait les deux sonnets précédents ; mais nous en publions un autre que M. de Berlue pense être inédit. Ce sonnet figure dans un recueil manuscrit de poésies de Laugier, que possède M. de Berlue. Ce manuscrit n'est pas autographe, puisqu'il remonte à 1671.
Carynthe malade au mois de may.
A ce mois, que les fleurs ont desja pris naissance . Dont tout l'air se parfume et la terre se peint , Carynthe, vostre fiebure a bien tant de puissance , Qu'elle efface à demy celles de vostre teint.
Vos lys font seulement vn peu de résistance Au mal , qui vos oeillets et vos roses desteint ; Vostre bouche n'a plus que les fleurs d'éloquence , Effects de vostre esprit, dont le mien est atteint.
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Mais si toutes les fleurs du soleil prennent l'estre ,
Si l'humbre les nourrit , quand le chaud les fait naistre, Vostre face bientost doit recouurer ses fleurs.
Car avec deux soleils, qui les vont rendre escloses, Vos yeux par les rayons, et les miens par les pleurs, Y feront refleurir les œillets et les roses.
11 faut attribuer à ce sonnettiste les poésies que l'on trouve sous le nom de Porchères dans les recueils de la fin du XVI« siècle et du commencement du XVII^ jusqu'en 162$. Le Temple d'Apollon, — 1611, — le Parnassedcsplvs excellcns poètes de ce temps, — 1618, — Le Cabinet des Mvses, — 16 19-1620, — et La Cresme des bons vers, — 1622, — contiennent du même auteur un Sonnet sur la mort de Polemandre (duc de Biron) com- parée àvne fusée.
Maintenant passons à l'histoire de Laugier, dont les bio- graphes ont un peu parlé à l'aventure. Pour être mieux renseigné, nous avons écrit à M. le comte de Laugier-Villars, qui n'a rien pu découvrir sur notre poëte et qui ne sait à quelle branche le rattacher. En dernier lieu , nous avons eu le bonheur de nous adresser à M. Léon de Beriuc-Perussis, un écrivain aussi distingué qu'obligeant. Grâce à lui, nous voyons un peu clairement dans la généalogie de Laugier de Porchères et dans celle de François d'Arbaud ; aussi nous comprenons fort peu que Tallemant des Réaux ait prétendu que ces deux académiciens s'accusaient mutuellement de provenir d'une race illégitime. Ils avaient droit au nom du château de Porchères : d'Arbaud était issu des anciens seigneurs de cette place, et Laugier en possédait la haute justice. Vers 1538, les d'Ar- baud avaient acquis Porchères; ils revendirent cette terre en 1551, moitié à Michel de Sébastiane, moitié à Esprit de Lau- gier, beau-père et gendre. Voici la filiation exacte de Laugier de Porchères et de François d'Arbaud, dressée par M. Léon de Berlue, possesseur du château de Porchères. — Disons auparavant que Laugier, né à Forcalquier, le 8 juin 1572
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DE LAUGIER, aliàs Logerii. DE SÉBASTIANE, ûliàs Sebastiani.
Antoine de Laugier, de la Michel de Sébastiane, écuyer, de maison de Thoard, écuyer, Saint- Michel, coseigneur de Por- d'Aix, épousa Honorate Im- chères, en 1551, avait épousé Ant. bert. Reynier.
l I Esprit de Laugier, secrétaire des Gabrielle de Sébastiane, mariée submissions à la sénéchaussée de le i^r janvier 1538 avec Esprit Forcalquier, coseigneur de Por- de Laugier. chères en 1551.
François de Laugier, coseigneur de Porchères , marié le 1 5 février 1569, à Brignoles (Meissonier, notaire), avec Silvestre de Feraud- Sainte-Catherine.
Honoré de Laugier, gentilhomme de la cham- bre, membre de l'Académie française en 1634, et auteur du Camp de la Place Royale (même libraire et même date, 1612, 2 éditions, l'une in-4", avec une planche gravée, l'autre à pe- tit format et sans planche. Cette deuxième édition n'est signalée par aucun bibliographe). Laugier est encore auteur de Cent Lettres d'a- mour écrites d'Erandre à Cléanthe, et recueil- lies par le sieur du î'iToronet). Paris, Courbé, 1646, in 80, exemplaire unique dans une bibl. publ. de Paris fi). — Laugier testa le 11 dé- cembre 1644, à Paris (Duchesne, notaire, au- jourd'hui étude Chapellier), en faveur d'H. de Berlue, son neveu et filleul.
Hélène de Laugier, mariée le 20 mai 1614 (Vallansan, notaire à Forcalquier) avec J.- Ant. de Berlue, au- teur des Adagia sé- lect a (1632), écuyer, de Forcalquier, petit- neveu de Marguerite d'Escalis , darne de Porchères.
Esprit de Berlue, viguier de Forcalquier, mort sans enfant , testa en faveur de son cousin-ger- main Pompée de Berlue, 5^ aïeul de M. Léon de Berluc-Perussis.
(1) M. Ed. Tricotel dans ses Variétés bibliographiques cite Laugier comme étant l'auteur d'un opuscule fort rare et en vers : Le Coq à l'asnc envoyé de la coun. M.DC.XXII, in-S". Le nom de l'auteur est à la page 7.
Honoré de Berluc-Perussis, sei- gneur de Porchères et du Toro- net , auteur de la préface des Cent Lettres d'amour, mort [sans postérité.
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D'ARBAUD.
Pierre d'Arbaud épousa Marguerite de Pontevès.
Jacques d'Arbaud, dit le mineur, seigneur de Porchères, de 15:12 à ijji, se maria avec y:arguerite d'Escalis.
i
Jacques d'Arbaud , époux de M''e Amalric.
I François d'Arbaud, de l'Académie française dès la fondation de ce corps illustre.
Ce F. d'Arbaud, écnyer, s*' de Porchères, était loin de re- chercher la gloire ; et s'il fit beaucoup de vers, il en publia peu ; on a de lui : — Paraphrase des psaumes graduels, suivie de Poésies sur divers sujets, Paris, 1633, in-S**. C'est à cet ouvrage que l'Académie ouvrit ses portes. D'autres vers du même poëte sont disséminés dans les recueils du temps; un sonnet de lui est dans le Sacrifice des Mvses av grand cardinal de Richelieu — 163^, t. I^""^ p. 286. L'année suivante d'Ar- baud fit imprimer : Ode à Mgr le cardinal duc de Richelieu, Paris, Camusat, 1636, in-4°, 1^ pp. — M. de Berlue pos- sède le seul exemplaire connu de cette pièce que nul biblio- graphe n'a mentionnée. Quant au poëme de Madeleine, que l'on croyait inédit ou perdu, Brunet, dans la dernière édition de son Manuel, a donné la description bibliographique de cet autre ouvrage de Fr. d'Arbaud. La Madelaine pénitente fut im- . primée à Paris, 1627, in- 12. — Notre poëte se retira dans la Bourgogne ; il y épousa M^*^ de la Chapelle-Sénevois. Né en 1 ^90, il mourut dans sa retraite, avec de vifs sentiments de piété, après avoir écrit des sonnets religieux ou moraux par- faitement dignes d'un instant d'examen. Ces sonnets au nom- bre de 63, ont paru sous ce titre modeste. — Rimes d'Arbaud- Porcheres, Paris, 1855, in-S'* — tiré à 100 ex. C'est la
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première édition d'un poëte mort en 1640. — Si Boileau, dit l'éditeur, avait connu ces sonnets, il n'aurait plus considéré comme introuvable l'heureux phénix. Sans contredit quelques- uns d'entre eux sont fort beaux, mais plusieurs se traînent à peu près sur les mêmes idées, ou du moins arrivent au même but. En un mot, ils manquent de variété et ne sont pas exempts de négligences. — Nous avons pensé qu'il était bon de citer un des meilleurs.
Flambeau de Punivers, charmant père du jour,
Globe d'or et de feu , centre de la lumière ,
Admirable portrait de la cause première,
Tu fais de la nature et la joie et l'amour. Comme un superbe roi qui brille dans sa cour,
Couronné de rayons, en ta haute carrière,
Des portes d'Orient tu franchis la barrière.
Pour visiter le Gange et le Pô tour à tour. Ainsi , marchant toujours, dans ta pompe royale,
Et courant de l'Aurore à l'Inde occidentale,
Tu répands en tous lieux ton éclat sans pareil. Mais si je te compare au Dieu de la nature ,
Dont tu n'es, après tout, que la faible peinture,
Ton éclat n'est qu'une ombre, et tu n'es plus soleil.
Rappelons ici que le lardin des Mvses (1643) contient un célèbre sonnet sur le Saint-Sacrement et désigne comme en étant l'auteur ou Théophile mourant ou le s"" de Porchères; mais il s'agit ici de Laugicr.
Jean d'Arbaud, s^ de Porchères, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, frère du précédent, composa quelques sonnets; sa traduction de Psaumes parut à Grenoble en 165 1 et à Marseille en 1684; '^ 2^ édition est plus complète. — Ne quittons point ces coseigneurs de Porchères sans établir ici un rapprochement curieux : nous avons vu que le fameux sonnet de Laugier avait paru au moins dès 1 599; or, Fran- çois DE ROSSET (né en 1570) publia : Les XII Beautez de
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Phyllis et autres œuvres poctiques,k Pms, 1604, in-8o. Ce volume renferme 16 sonnets ; le dernier, qui s'adresse à Jean Bertaut, sur le livre de ses Amours, est conçu en ces termes :
Ce ne sont pas des vers, ce sont plus tost des mers, D'oîi l'ame de l'amour tire son origine, Mers, non : ce sont des fers, dont la belle Cyprine Enferre tous les iours l'vn et l'autre vniuers.
Fers, non : mais des enfers ; car l'enuie et ses vers Y lisent à regret leur fatale ruine. Enfers, non : mais plus tost le foudre l'imagine. Armé de mille feux et de flambeaux diuers.
Car s'ils estoient des mers, porteroient-ils la flame ? Si des fers : ils auroient emprisonné leur dame. Enfers, non : car l'Amour y faict son Paradis.
Foudre, non : car desia tout seroit mis en poudre. Toutesfois ne pouuant mieux dire , le les dis Des vers, des mers, des fers, des enfers et le foudre.
Rostaing deLuzy, dont nous parlerons bientôt, a imité aussi le sonnet de Laugier.
La Première partie des Esbats poétiques de JACQ.UES DE FON- TENY, Parisien, 1587, in-12, Paris. — C'est un mélange de choses hétérogènes, amours profanes et sonnets spirituels ; plus des églogues, etc. Le tout est fort médiocre, surtout de style. — M. René MufFat a pourtant réédité cet ouvrage, en vers, de Fonteny : Les Estrennes de Vasne, Paris, 1 590. On con- naît encore du même poëte : Anagrammes et sonnets, Paris, 1606, in- 40, et r Œuf de Pasques ou pascal Paris, 1606, in-40.
Antoine le Chevalier, s^ d'Aigneaux, de Vire, en Normandie, fit des sonnets et autres menues pièces pour dé- plorer le trépas de son frère, Robert le Chevalier. An- toine, qui mourut vers i ^91, et Robert ont donné au public V Amour delà Foy ; cette œuvre, qui leur est commune, con- tient 87 sonnets — d'une grande faiblesse. Deux autres précè- dent la traduction de Virgile qu'Antoine et Robert ont laissée,
et qui parut en 1607, Paris, in-12. On y rencontre encore un sonnet latin de Jean Daurat et trois sonnets en langue fran- çaise par B. Poitevin, G. Linocier et N. Courtin. Ce dernier ne peut être Nicolas Courtin, ancien professeur de l'Université de Paris, connu par les Poésies chrétiennes , Char- lemagne pénitent, eXc, Paris, M.D.C.LXXXVIII. Le même Courtin avait publié deux autres poëmes en 1666 et en 1674. — Pour G. Linocier, il traduisit sept ouvrages d'histoire naturelle, formant sept tomes en un gros vol. in- 16 et in-i8, 1619 et 1620. Geoffroy Linocier était imprimeur à Tournon, en Vivarais, et médecin. — Les frères Le Chevalier avaient aussi traduit Horace, Paris, 1588, in-S". Trois sonnets en leur honneur y sont signés par J. M. DE LA Grave, Jacques le Gras et Simon du Bois ; ces deux derniers sonnettistes sont dits de Vire. La Croix du Maine cite pourtant deux sonnets de Jacques le Gras, de Rouen, mort vers 1600. Celui-ci édita un livre à la mémoire de son père : Le Tombeav de fev noble homme Maistre Richard le Gras de Rouen en son vivant Docteur en médecine. A Paris, M.D.LXXXVI, pet. in-12. Nous y avons trouvé un sonnet de Marin le Pigny, médecin, qui fut plus tard archidiacre et fondateur du prix du sonnet à Rouen, comme nous l'avons dit page 83 ; deux sonnets sont de Jacques de la Porte, bailly d'Escouis; Robert Belin, Nicolas Papillon, François Viger, Jean Genevré, Baptiste le Normand, Jessé Hermier, Philippe BreartcIJean le Gras n'ont fourni qu'un sonnet chacun. Les Besongnes et les lours d'Hésiode, mis en françois par lacques le Gras, de Rouen, A Paris, M.D.LXXXVI, pet. in-12, con- tiennent deux sonnets de l'auteur; on y retrouve Jean le Gras.
Peut-être est-il opportun de citer ici les Œvvres poétiques svr le svbiect de la conception de la tres-saincte vierge Marie. Composez par diuers Autheurs. Recueillis pat Adrian Bocage. P. A Rouen, 161 5, pet. in-12. — Outre des sonnets par
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E. D. C, Georges d'Eudemare, N. Guillebert et Jean Au- vray, on y rencontre la plupart des poètes mentionnés dans la notice précédente. Citons seulement trois pièces de F. Viger (sans compter des stances de F. Viger le jeune), et des chants royaux de B. le Normant et de Jessé Hermier,
François Granchier, de la Marche, joignit plusieurs méchants sonnets à ses Diverses Estrennes, Paris, 1 588. Il en avait adressé un à Pibrac, le grand faiseur de quatrains. On lui doit aussi Les Larmes, regrets et deplorations de la mort de Jean Edouard du Monin, Poète, Paris, 1 586, in-Bo, pièce.
Denis Pourée (plutôt que Pourrèe), s^ de Vandes et mé- decin du roi, publia Lej Flammes saintes, Caen, 1588, pet. in-i2 ; ce recueil de poésies reparut en i ^95, à Rouen; c'est la deuxième édition que cite Colletet. Ce biographe célèbre vante les sonnets spirituels que l'on y rencontre, et dont les sentiments lui paraissent élevés. Ce livre est si rare qu'on ne le trouve ni à la Bibliothèque impériale, ni à la bibliothèque Mazarine,'ni à l'Arsenal, ni à Sainte-Geneviève. Nous en cite- rons volontiers un sonnet et nous le prendrons textuellement dans un exemplaire de 1 588 appartenant à M. Crampon :
Que n'est, Seigneur, ma plume égale à mon courage? Rien ne te donneroit tant de gloire que moy, Tous les vers que ie fay, plein de zèle et de foy, Rendroyent de ton saint Nom à jamais tesmoignage.
le n'adore que l'air de ton calme visage , Au tableau de mon cœur ie n'imprime que toy, Au livre de mes vers ie n'escri que ta Loy, Et pour toy seulement ie semé mon langage.
0 que je suis content que tu sois mon subiect, Que mon ame se plaist de t'auoir pour obiect, Desplaisante beaucoup d'auoir esté mondaine !
Si mes vers sont trop peu pour ta perfection , Comme ne^oulans pas d'vne assez riche vaine, Seigneur, laisse les vers, et prens l'affection.
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Denis Pourée dédia son livre à très-vertvevse dame Adriane Martel, dame de Blainville, à laquelle il attribuait sa conver- sion. Sa modestie lui fait dire :
Seigneur, ie me desplais, et tout haut ie confesse Que ie ne suis parfait qu'en imperfection.
Les Flammes sairdes sont précédées de sonnets à l'auteur par Fr. de Tham, Carré D. L., 1. le Barbier et ï. Cor- DERIUS. — On sait que les œuvres de Ph. Desportes con- tiennent un sonnet adressé à notre poëte.
Récréations puériles... par Pierre de Javercy. Parisien, Paris, 1588^ in-i2. — Sonnet à l'auteur par A. BONNET. — Javercy dédie son livre par un sonnet-anagramme ridicule. Voilà tout.
Episemasie à Monseigneur le duc de Guyse... par le sieur DE la Vallettrie. Paris, 1588, in-40 de 20 pp. — La Vallet- trie ou La Valletterye fit paraître ses Œuvres poétiques en 1602, in-12. Les Amours ont cinquante-quatre sonnets, fort libres et peu harmonieux, s'ils offrent quelque saillie et de l'origi- nalité ; le Faux Honneur des Dames., où l'on voit cent quatre- vingt-cinq sonnets, est un ouvrage contre la morale et la reli- gion. Les Poésies diverses ont aussi des sonnets. Ce volume nous donne encore des sonnets à l'auteur par DU FoUR, avocat d'Angoulême, DES Rivaux et Laisne (Angoulmoisin). — La Vallettrie, qui publia une traduction de VOdpsee d'Homère naquit à Angoulême ou à Poitiers.
Sonnets contre les escrimeurs et duellistes, par Vabbl de S. Po- lycarpe. Paris, 1 588, pet. in-40 de 20 pp. — Saint-Polycarpe de Rieugrand est une abbaye de l'ordre de.Saint-Benoît, dans le diocèse de Narbonne. -r- Il résulte des recherches faites par M. G. Garnier à notre intention que Paul Dax ou Dacqs de la Serpente, aumônier du roi (Henri IH), ar- chidiacre d'Alet, fut abbé de Saint-Polycarpe de 1 570 à 1615.
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Cet anonyme n'a été dévoilé par aucun chercheur, comme Barbier, Quérard ou M. de Manne.
Pierre Joly était de Metz ; il publia l'an i $88 des poésies et des sonnets assez faibles ; les règles de la versification n'y sont même pas observées. II mit un sonnet régulier et-fran- çais à la fin d'un livre de 1 589, intitulé : — lani lacobi Bois- sardi Vesuntini Potmata...
Les sonnets et -autres pièces des Mtslangcs poétiques par Jean Ruyr, Gharmesien, 1388, n'offrent aucun intérêt litté- raire. L'auteur avait embrassé l'état ecclésiastique, et ses vers en sont dignes par les sentiments qu'ils expriment, si l'on croit Goujet, guide assurément peu sûr de toute façon. lean Ruyr traduisit Pétrarque en vers français.
Les Premiers Exercices poétiques de Jean de Vitel, Avran- chois. A Paris, M.DLXXXVIII, in-12. Ge poëte un peu libre a fait cent trente-cinq sonnets ; ils sont précédés d'autres sonnets assez médiocres par J. de Fonteny, A(ndré) Mellé (ou Meslè) de Laval — qui composa plusieurs sonnets : quel- ques-uns seulement virent le jour, — et P. Bouillon D. B. Le traducteur immoral de la Joconde, dont on a publié : Les Œuvres de feu M, DE Bouillon, Paris, M.D.CLXIII, in-12, (il y a trois sonnets), appartenait-il à la famille de P. Bouil- lon, poëte vivant en i08?
Le Blason des barbes de maintenant, pet. in-8°, 2® édition (vers la fin du XVI^ siècle). — Deux sonnets terminent cette mince plaquette; le dernier est signé par J. B.
Roland Brisset, sieur du Sauvage, gentilhomme, né à Tours, était connu par des pièces de théâtre qui parurent avec ce titre: Le Premier Livre des œvvres poétiques de R. B. G, T. Tours, 1 $89 et 1 590, in-4°, etc. — Roland Brisset, mé- diocre sonnettiste, avait fait l'anagramme de son nom : Bri- sant le sort.. — Les Essais poétiques de G. du Peyrat, 1593, sont précédés d'un sonnet de notre poëte.
Jean Augier, sieur des Maisons Neuves, contrôleur des
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finances à Orléans, maître des eaux et forêts à Issoudun , et secrétaire du duc d'Anjou, frère du roi, devint poëte par circonstance. En 1589, il publia un recueil de vers: Lt Tor- rent de pleurs funèbres f composé, au dire de Goujet, de quatre- vingt-huit sonnets, de trois odes, d'un Dialogue, de Regrets et de trois autres sonnets; le i*'^" et le 2^ de ces trois sonnets s'adressent à un médecin et à un apothicaire. Cela s'explique : Jean Augier fit ce livre (auquel Ph. de la Madelaine (i) donne le titre de Lamentations) après la mort de sa jeune femme. La plupart des poètes, en pareille occurrence, ont le tort de s'en prendre aux dieux; Augier, sans doute, en rejetait la faute sur l'apothicaire et le médecin: c'était naturel.
Les Regrets sur la France, 1590, pet. in-80, par Simon PONCET (né à Melun), renferment cinquante sonnets, Brunet dit quarante-huit. Poncet a un sonnet dans les Amoureuses oc- cupations de Chanein de la Tayssonnière , 1555. — Nous avons vu déjà qu'Etienne Poncet fit un sonnet sur la mort de Scévole de Sainte-Marthe, 1623.
La Mvse gverriere. Dediee à monsieur le Conte d'Aubijoux. A Paris, Pour Abel L'Angelier, MDLXXXVII; Tours, 1593, in-i2, Rouen, 1597, in-i2,etc. Ce livre est évidemment de Claude de Trellon, d'Angoulême, dit l'un; de Toulouse, pré- tend l'autre (G. Colletet) ; on n'a qu'à lire, pour s'en convain- cre, le premier des deux cents sonnets de ce livre où l'auteur célèbre tour à tour Sylvie, Coralie et Félice :
le chante à la soldade et selon mon humeur, le fay profession autre que d'vn rimeur, le ne veux acquérir le renom de poëte, Car ce n'est rien au prix de ce que ie souhaitte.
Que si de me cognoistre il te prend quelque enuie ,
(1) Les biographes écrivent Philipon de la Madeleine, mais il y a la Madeleine en tête du Dict. des Poètes.
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le m'appelle Trellon
Doncques contente toy que ie chante en soldat , Et que de faire mieux ce n'est pas mon estât.
Les œuvres de ce poëte guerrier qui sabre un peu le son- net et d'autres choses qui valent beaucoup plus encore, sont divisées en trois parties : 1° La Muse guerrière, 2"" La Flamme d'amour, 3° L'Hermitage de Trellon. — L'auteur était malheureux et ne craignait pas de le dire ouvertement:
le suis pauure de bien , mais riche de courage, le porte sur mon corps tout ce qug i'ay vaillant. C'est que ie suis malade et ie n'ay point d'argent.
Selon CoUetet, Trellon serait mort vers 1 594 ; mais ce n'est pas avec confiance que nous citons Colletet. — Les rimes de ce poëte parurent de nouveau sous ce titre: Le Cavalier parfait du sieur de Trellon, ou sont comprises toutes ses œuures diuisees en quatre Hures. Lyon, 1605, in-12.
Le Parnasse des plus excellens poètes, 1618, donne dans le premier volume sept sonnets par le conseiller Trellon et deux autres signés Trellon dans le deuxième. Ce conseiller (au par- lem.ent de Toulouse) était Gabriel de Trellon, frère de Claude, et auteur de : Six Chants de vertus, poème. Paris, 1 587, in-12. On voit beaucoup devers du même dans les Mvses françaises, 1599.
Clément de Saurs, ou de Saure, publia, l'an 1 589, VE- raton, du nom d'une Muse. C'est le seul rapport que ce livre ait avec le Parnasse.
Christophe, baron de Beaujeu , né au Puy-en-Velay, d'une origine illustre, fut beaucoup moins célèbre comme poëte. Dans Les Amours de Christofle de Beau-Jeu, baron... et seigneur de Jeaulges ; ensemble le premier livre de la Suisse, Paris, 1589, sont jetés pêle-mêle odes, élégies et sonnets.
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Ceux-ci n'ont rien qui les signale à notre attention; ils sont plutôt médiocres. Sept ou huit noms de femmes se rencontrent dans ce livre ; Christophe de Beaujeu est le papillon du XVI** siècle.
Son Qme j^g ^A RoQUE , gentilhomme d'Agnès , près de Clermont en Beauvaisis, auteur d'imitations licencieuses d'Ovide et de l'Arioste, inséra soixante-dix sonnets dans ses Œuvres chrestiennes. Paris, 1597, pet. in-12. Ses Premières œuvres avaient paru à Paris, en 1590, pet. in-S». Dans la suite il fit réimprimer ses Heureuses Amours, augmentées de plusieurs sonnets, etc. Une édition nouvelle des Œvvres dv sievr de la Roque... A Paris, MDCIX, in-12, a des sonnets à l'auteur, par Chrestien (de Provence), La Ferté (Man- ceau), I. Grojan, Garnier, S. D. H. et Motin. La Roque chanta Caritée, Phyllis et Marsize. Dans les Jugemens des sça- van's, t. IX, p. 99, Adrien Baiilet trouve ce poëte beaucoup trop libre. G. Colletet, beaucoup plus indulgent, ne parlait que du mérite littéraire des sonnets de G. de la Roque; il di- sait même qu'ils valaient presque ceux de Ph. Desportes, et préférait ce sonnettiste à Grevin, Le Caron, Binet, Magny, La Péruse, Pontoux, Rapin et Scév. de Sainte- Marthe. Se- lon Ph. de la Madelaine, La Roque naquit en 135 1 et mou- rut en 1614.
André de Rossant, jurisconsulte, né à la Guillotière, à Lyon, aimait singulièrement les anagrammes, ce qui ne l'em- pêcha point de composer un long poëme, la Louange du chien. Paris, i $90, in-S». On y voit un sonnet dédié à Fran- çois Allegrain. C'est le seul que nous connaissions de Rossant, auteur de huit ouvrages en vers ou en prose. Mentionnons de lui une pièce de poésie qui n'est point citée ; elle est fort rare : — Remonstrance au peuple de Flandres de se tenir sous la puis- sance et authorité de Monsieur, fils et frère du roy, duc de Bra- bant, etc. Tiré d'un admirable et fatal anagramme du non} de Son Allessequi est Fransoys de Valions. Paris, i $82, pet. in-4^.
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Son Onomastrophie^ ou l'art de faire des anagrammes doit au moins être indiqué.
J, DE LA GouTTEj dont le nom est déjà bizarre, a composé huit sonnets absurdes; ils sont dans son livre intitulé : La Ca- nelle, les Larmes et sonnets de J. de la Goutte, secrétaire du Ro). Tours, 1591, pet. in-8°. Comment s'en étonner après un pareil titre.? Toutefois nous avons lu de lui un sonnet moins médiocre dans les Mvses illvstres (1658).
Sonnets et epigrammes de Jean Poli. Liège, 1592, in-4°. Impossible de mettre la main sur ce livre. Il ne faut pas con- fondre Jean Poli avec JACQUES POLY, dont nous avons décou- vert un sonnet adressé à Ch. Toutain ; celui-ci répondit par une pièce de vers. (Voir la Tragédie d'Agamemnon... Paris,
MS7, in-4°.)
Hymne de la Trinité, avec quelques sonnets spirituels , Paris, 1587, in-i2, et les Essais poétiques de Guillaume du Pey- RAT, Gentilhomme lyonnois, Tours, 1593, pet. in- 12, n'offrent que peu d'intérêt. Les Amours des Essais ont trois cent qua- tre sonnets, les Meslanges, vingt-et-un ; le tout est suivi de douze sonnets spirituels. On y trouve encore un sonnet ana- gramme. G. du Peyrat revit ses vers : Les premiers ébats de sa muse et les premiers passe-temps de son avril, mais non sous le rapport de la moralité. Les chansons, sonnets, etc., de ses trois livres d'amours vont surtout jusqu'à une licence qui pou- vait bien effrayer sa Diane. — G. du Peyrat débuta dans la magistrature; puis il embrassa la carrière ecclésiastique et de- vint trésorier de la Sainte-Chapelle. Nous pensons qu'il est auteur d'une pièce in-40 : Sonnet contre le parricide exécrable du tres-chrestien roy de France Henry IV, par Du Peyrat, aumos- nier du roy. Il publia aussi : Recueil de diverses poésies sur le trespas de Henry le Grand. Paris, 161 1, in-4*^ (acheté 78 fr. 75 c. à la vente Libri). G. du Peyrat, né, selon Viollet-Le- Duc, en 1 563, mourut en 1645.
L'Avtovrsserie de P. de Gommer, Seigneur de Lusancy, assisté
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de F. de Gommer, seigneur du Breuil, son frère. A Chaalons, chez Clavde Gvyot, 1594, pet. in-S». — Sonnet anonyme à l'auteur; quatre sonnets adressés avviconte d'Oschy^ av sievr de Lagny, av sievr d'Obilly et au sievr de Callitrope, de Metz, pa- raissent être de Pierre de Gommer lui-même. Une au/re édition est de Paris, 1608.
Gabrielle de Coignard, née à Toulouse, veuve d'un président au parlement de cette ville, M. de Mansencal de Miremont, cultiva beaucoup la poésie, le sonnet surtout. — Ses filles, Jeanne et Catherine de Mansencal, publièrent ses œuvres après sa mort, sous ce titre : Œuvres chrestiennes de feu dame Gabrielle de Coignard... Tournon, 1^95, pet. in-12. — On y voit plus de cent cinquante sonnets d'un style peu élevé, mais d'une certaine richesse de rimes.— Une Biogra- phie publiée en 1833, par Furne, indique une édition faite à Toulouse, en 1^94, in-12.
Le catalogue de la Bibl. imp. mentionne le livre suivant : — Sonnets contre la ligue sur Voccasion d'un nouuel attentat d'icelle au pays de Niuernois au mois de feurier 1 594, in-8°.
Poésies chrestiennes de Messire Odet de la Noue, capitaine de cinquante hommes d'armes et gouuerneur pour Sa Maiesté au fort de Gournay -sur-Marne j nouuelkment mises en lumière par le sieur de la Violette. Genève, 1 594, in-80. — Écrit au châ- teau de Tournay, prison de l'auteur, ce livre consiste en cent cinquante sonnets, douze odes, neuf cantiques, des stances contre la vengeance et deux discours en vers ; ces diverses pièces furent imprimées à l'insu de l'auteur. Goujet les vante sans restriction sous le rapport religieux ; Tauteur, qui était pourtant calviniste, déplore dans ces Poésies chrestiennes d'a- voir auparavant chanté l'amour et ses illusions : ces premières œuvres nous sont inconnues. Goujet continue l'éloge de son poète en ces termes : c'étoit un brave officier. Il n'ajoute pas que Henri IV disait un jour à la Noue : // faut payer ses dettes, je paye bien les miennes... — Odet de la Noue loua dans un son-
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net un poëte qui ne nous appartient pas : Alexandre de Pont- Aimery. Il avait aussi composé Paradoxes... par le seigneur de Teligny, La Rochelle, 1 588, in-S» ; et peut-être Le Grand Dictionnaire des Rimes. — Il était fils de François de la Noue, gentilhomme breton, et surnommé Bras defer. Sa mortarrivaen 1615, d'après Viollet-!e-Duc, et vers 1 6 1 B, si l'on croit Goujet.
Yves Rouspeau publia d'abord un livre intitulé : La Foy catholi(jue des pères anciens... Il y prend la qualité de ministre de la parole en l'église de Pons. Ses autres ouvrages sont : Quatrains spirituel! de l'honneste amour... Paris, 1 584, in-12 ; — Sonetz de l'honneste amour... A Tours, 1594, pet. in-B*' ; — Stances de rhonneste amour sur la defence du S. Ma- riage contre les fausses accusations et calomnies de Philippe Des Portes... A Pons, 1 596, pet. in-8°. — Plus haut nous avons parlé des poésies d'Yves Rouspeau qui sont à la suite des can- tiques du sieur de Maison Fleur (i 586). Au total, les vers de ce calviniste sont bons à jeter au feu sans que la poésie s'en plaigne*
Tableavs sacrez de Pavl Perrot, sieur de la Sale P... A Franc- fort, M.D.LXXXXIIII, in-8«.— Paul Perrot a com- posé des sonnets, des huitains, etc., pour servir de texte ex- plicatif aux vignettes qui ornent ce volume. De rares biographes mentionnent ce poëte. On doit au même auteur : Le Thresor de Salomon, réduit en quatrains et sonnets. Caen, i $94. Est-ce une deuxième édition de ce dernier ouvrage qui parut sous ce titre : Les Proverbes de SalomonetrEcclesiaste, mis envers jrançois. Paris, 1602, in-12. N. Perrot était père de P. Perrot d'Ablancourt.
J. del'Espine est un calviniste renforcé dans un petit livre en prose contre le Saint-Sacrifice de la Messe, 1595, précédé d'un sonnet et suivi de seize sonnets ayant le même but. S'il n'était pas plus habile polémiste que poëte, il n'a pu produire beaucoup d'effet. Il paraît que c'est le même que Jean de l'E- pine ou Spina, ministre calviniste, augustin défroqué, mort à Saumur en 1 594. Il ne faut pas le confondre avec le sieur de Lespine (René), vivant à la même époque, ni surtout avec un
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autre homonyme dont nous allons dire un mot. — La Descente d'Orphée avx enfers, par CHARLES DE l'Espine, Parisien. Lovanii, Crj.IDO.XIIII. Les Conceptions diverses du même viennent à la suite de cette pièce de théâtre, et il y a un son- net. Une 2® édition porte ce titre : Le Mariage d'Orphée, sa descente aux enfers, sa mort par les Bacchantes. Tragédie. Et au- tres œuures Poétiques du sieur DeLespine. Paris, M. DC. XXIII.
Florimond de Rémond, natif d'Agen, fut conseiller au parlement de Bordeaux, et mourut en 1602. Témoin d'un mi- racle, il se convertit et publia dès lors : Erreur populaire delà papesse Jeanne, Lyon, 1^95, in-8° ; — U Antéchrist, Paris, 1599, etc. Deux sonnets de cet écrivain médiocre sont avec les poésies d'un de ses contemporains.
Le p. Selle, dominicain, mauvais prédicateur, adressa un sonnet fort ridicule au cardinal Toussaint de Forbin-Janson. Les curieux le trouveront dans le Fureteriana (par Guy Ma- rais), 1696, in-i2.
M. Viollet-Le-Duc cite l'ouvrage suivant : — Polymnie, du vray amour et de la mort, avec quelques stances et quatrains spi- n7ud/z,/?^r Jacques Dorem ET, Vandomois. Paris, 1596, pet. in-12. M. Viollet-Le-Duc ajoute : — «Tout ce que j'ai pu o savoir sur Jacques Doremet, je lai recueilli dans son livre; ce car il est totalement inconnu. C'est un protestant converti a qui expose les motifs de sa conversion en sonnets, stances et « quatrains...» hts, Annales poétiques, t. XIII (1779), qui ont mentionné cet ouvrage, en citent un sonnet.
Uniques et chastes Amours d'Isabelle^ imitation de l'Arioste, par Antoine Mathe de Laval, Paris, 1597. Ce long poème est suivi de trente sonnets sur la même Isabelle (Ni- colay); c'était une Hollandaise que l'auteur finit par épouser. Les sonnets de Mathe de Laval, au dire de Colletet, sont loin d'être méprisables.
De la situation du monde, nouvelle traduction du grec (en vers) françoys et illustrée de commentaires (par Bénigne de
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Saumaise). Paris, 1597, P^t. in-12. Ce volume contient un sonnet d'ANTOiNE Millotet. C'est le seul que nous con- naissions de ce poëte, auteur, d'après les Annales poétiques^ d'un recueil intitulé : Asie, Uranie, etc., et d'autres pièces de vers.
— C'était un avocat général au parlement de Dijon qui mourut en 1630. M. Ch. Muteau a publié : Mémoires de M. A. Mil- lotet, avocat au parlement de Dijon, des choses qui se sont pas- sées en Bourgogne depuis 16^0 jusqu'à 1668. Dijon, 1866, in-8 '. Il s'agit peut-être du fils de notre sonnettiste.
Denis Feret épousa Marie Terrier l'an 1597; pour elle il composa les Amours conjugales en Dieu, 1614, ayant alors qua- rante ans. C'était un avocat de Moret, non loin de Fontainebleau.
— Mais ses sonnets? — Ah! il en a fait beaucoup, trop peut- être ! Que pensez-vous de ce titre : L'Y grec, martel d' hérésie en sonnets, madrigaux?... etc.
Ovvrageschrestiens, p3ir Nicolas S AUYAGEOT, Paris, 1597; Passons à un autre...
Diverses Poésies novvelles, données à R. D. P. (Raphaël du Petit-Val) par ses amis. Rouen, R. du Petit-Val, 1597, in-12. Trois sonnets anonymes.
Les Diverses Amours de l'amant parfait, 1 598. L'auteur in- connu de ce recueil prend la qualité de soldat; il s'adresse à M. de la Clavelle en le nommant son frère. Qu'en faut-ii con- clure.? Se cacherait-il, ce poëte, pour se nommer aussitôt.-^ Quoi qu'il en soit, les Diverses Amours se composent de son- nets, d'élégies, etc. La licence des camps y règne beaucoup trop, si les vers ont quelque allure.
Le Verger poetiqve, parle s^ DE LA CONLANGE, Lyon, 1 ^98. C'est le pseudonyme d'un versificateur que l'on croit originaire d'Auvergne. Mais qu'importe ! le s"" de la Conlange est ici pour mémoire.
Jean du Nesme est un poëte qui n'a pas l'air de revenir de Pontoise, bien qu'il y soit né. Son Miracle de la Paix en France, dédié au roy Henry IV, Paris, 1598^ in-4", ren-
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ferme plusieurs sonnets assez beaux, mais dont la chute aurait besoin d'un peu plus de relief. Ses autres poésies chrétiennes sont mises par G. Golletet de pair avec celles de Ph. Des- portes; elles sont de iéo6 et portent ces titres : Les Corn- mandemtns de Dieu, Les Sept Psaumes de la Pénitence, etc.
Guy de Tours, d'autres disent Guillaume, se nommait réel- lement Michel Guy. Il célébra par de nombreux sonnets Ente et Anne^ sans avoir pu s'en faire aimer. S'il ne valait pas mieux que plusieurs de ses vers, nous sommes bien de l'avis d'Anne et d'Enté. Plus tard il chanta Claude et Nerée, — Ses Premières œuvres poétiques et Soupirs amoureux datent de 1 598, Paris, pet. in-12. — C'est un sonnettiste fort libre dont Bru- net mentionne un roman : Les Amours de Paris et la nymphe Œnone, Paris, Corrozet, 161 1, in-12. — Il diffère de Guil- laume Michel, dit de Tours également, et auteur de : La Forest de conscience, contenant la chasse des princes spirituelle — 1 520. — Ce poëte enseigne à chasser les péchés, qui sont, dit-il, des bêtes ravageant la forêt de la conscience.
Un ouvrage sur h Fauconnerie , Rouen, 1643 , in-4", re- connaît pour auteur Ch. d'Arcussia de Capré, seigneur d'Es- parron, etc., en Provence. Un sonnet de ce poëte est à la page 332, et d'autres sonnets sont dans des lettres supposées. On remarque enfin un sonnet de Galaup de Chasteuil. L'édition princeps de la Fauconnerie de Charles d'Arcussia, seigneur d'Esparron de Pallières et de Gourmes, est de 1598, Aix, Jean Tholosan, pet. in-S». D'autres éditions sont de 1 599, 1605, 1607, 1608, 161 5; celle de 1619, in-4", renferme un poëme sur h Fauconnerie, accompagné de plusieurs poésies ; ce poëme est terminé par : — Instructions domestiques , en trente strophes. — De nouvelles éditions parurent en 1621, gr. in-4^, 1627, in-40, et 1644, Rouen, aussi in-40.
P. Arquesson, avocat, Sainctongeois, est le médiocre au- teur de Diverses Poésies; Sainctes, 1598, [pet. in-12. Cet ou- vrage de 102 pp. contient la Muse sérieuse, la Muse latine et la
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Muse amoureuse et joyeuse; celle-ci est la seule où l'auteur ait mis des sonnets, avec des chansons, dont une est un peu libre.
On rencontre quelques sonnets peu dignes de remarque dans les Premières Œuvres poétiques de Jehan Grisel, Rouen- nois, 1599, pet. in-12, Rouen (Vendues 185 fr.). — Voir Isaac Grisel dans la liste des lauréats du Sonnet de Rouen ; Isaac était cousin de Jean Grisel.
François Berthrand ou de Berthrand, d'Orléans, auteur d'une tragédie intitulée Priam — fort rare de nos jours, mal- gré deux éditions, publia les Premières Idées d'amour, Orléans, 1599, pet. in-12 (recueil de sonnets, d'élégies, etc.), et la Muse des Gaules, Bourges, 1614, in-8°. Un médiocre sonnet termine ce dernier ouvrage. — Ph. de la Madelaine mentionne du même auteur les Amours d'Europe, en 4 livres.
Plus on lit de biographes, plus on tombe dans l'erreur; cela nous arrive souvent; il serait trop long pour nous et trop fastidieux pour ceux qui nous lisent de relever toutes les fautes commises par les compilateurs. Ainsi c'est à François du Perier que Malherbe adressa des stances sur la mort de sa fille Rosette, dit l'un, Marguerite, prétend l'autre! Dézobry et Bouillet le nomment François; M. Léon Thiessé, dans ses notes sur Malherbe, l'appelle Charles, confondant l'oncle avec le neveu ; l'abbé Goujet, à son tour, assure que c'est Scipion du Pe- rier, tout en le faisant naître en 1 588; or, les stances de Mal- herbe sont datées de i ^99; Scipion du Perier aurait perdu sa fille n'ayant lui-même que dix ou onze ans! Ce Scipion, fils de François, né en 1588 et mort Tan 1667, est connu par un sonnet adressé à Nicolas Garnier de Monfuron, dont il avait épousé la sœur, Sybille Garnier. — François du Perier, à notre connaissance, n'a produit qu'un sonnet, en l'honneur de Louis Galaup de Chasteuil, auteur de la Prosopopèe. — Nous, avons déjà mentionné Aimar ou Aymar du Perier, connu par un Discours historique touchant V estât gênerai des Gaules, et
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principalement des provinces de Dauphiné et de Provence. Lyon, 1610, in-S". N'omettons point Charles du Perier (neveu de François), né vers 1620, et mort le 28 mars 1 692 . C'était un poëte latin distingué ; on lui doit aussi des poésies françaises, notamment un sonnet au roi et un autre à Monsieur, in-folio, sans date. Ch. du Perier fit partie de la 2^ pléiade formée sous Louis XIII, et composée de Nicolas Rapin. — V. 15..- 1608 ou 1609; — Jean Commire (dont le vrai nom était Commère) — 1625-1702; — Charles de La Rue — 1643- 1725; — Jean de Santeul — 1650-1687; — Gilles Ménage
— 1613-1692; et Pierre Petit, médecin — 1616-1687. Ils étaient tous remarquables comme poètes latins ; mais le der- nier fut le moindre.
Voici Abraham de Vermeil, selon M. Ed. Tricotel, Ph. de la Madelaine et les diverses éditions du recueil de d'Espi- nelle ( i ), ou Vermeil tout court, d'après Colletet (qui trouve mé- diocre ce sonnettiste parfois trop libre). Il composa, l'an 1 599, VEpithalame de Monsieur le duc de Bar, prince de Lorraine, et de Aff"^ Catherine de Bourbon, sœur unique du roy (Henri IV), pièce reproduite avec trente sonnets signés A. D. V. par le Parnasse des plus excellens poètes de ce temps. — La même an- née, Vermeil célébra la Belle Gabrielle sous ce titre : La Mort d'Astree. N'en déplaise à Colletet, cette dernière pièce de cin- quante-sept strophes, comme œuvre poétique, est assez remar- quable. Nous venons de nommer l'infortunée duchesse de Bar
— 1558-1604 — qui mourut cinq ans après son mariage; n'omettons point de signaler un sonnet d'elle, dont le Parnasse des plvs excellens poètes de ce temps et le Cabinet des Mvses ont voulu conserver le souvenir.
SCALION DE ViRBLUNEAU, S"* de l'Ofayel ou d'Ofayel , né près de Boufflers, publia : Les Loyalles et Pudicques Amours, Paris, 1599, pet. in-12. Angélique inspira les deux premières
(i) Ce nom est écrit Despinelle ou d'Espinelle, suivant les éditions.
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parties de ce volume; la troisième est en l'honneur d'une autre femme, Airïanc de Pavic, que l'auteur épousa. Ce livre n'a guère que des sonnets — assez pauvres de pensées et de style. M . Th. Gautier place Virbluneau dans les Grotesques; on essayerait vainement de réhabiliter ce poète, dont les œuvres sont plus rares qu'intéressantes. En outre, il ne faut pas se fier au titre de ces poésies : les amours de Virbluneau ne sont pas toujours pudiques; elles ne sont pas non plus bien loyales, si l'auteur y célèbre deux femmes. — Ne quittons point Virbluneau sans mettre en lumière le nom d'un de ses admirateurs, son con- temporain, Philippe Pérault, dont plusieurs sonnets sont mis en tète des Loyalles et Pudicques Amours.
Les Œuvres de TiMOTHÉE DE Chillac, Lyon, 1599, pet. in-i2. Beaucoup de sonnets : le sentiment qui les a dictés n'est pas digne de sympathie et fait peu l'éloge d'Angéline qui les a inspirés.
Le Jardinet de poésie de C. D. G. (CHRISTOPHE DE Gamon), à Lyon, MDC, contient deux sonnets assez curieux; il est suivi de : La Muse divine de Christofle de Gamon, Lyon, MDC, in-i2, où il n'y a qu'un sonnet médiocre. L'anagramme de l'auteur est Christ fonde ma loge. Cette devise sent bien le cal- vinisme. — Outre son Trésor des trésors, 1610, citons pour terminer les Pescheries de Christophle de Gamon. Diuisees en deux parties... A Lyon, MDXCIX, in-12, et La Semaine ou Création du Monde, du sieur Cristofle de Gamont contre celle du sieur de Bartas. A Lyon, 1609, in-12. La troisième édition est de 161 0. Une autre est de 161 5 ; on y voit un sonnet préli- minaire signé É. Ch. — Chr. de Gamon mourut en 1621.
Un sonnet de Pierre de Deimier précède sa Néréide et ses Destins héroïques de Cleophile et de Nereclide; des élégies et des sonnets viennent ensuite sous le gracieux titre de : Prin- temps de Vaucluse. — Le catalogue de Nyon, n» 13,065, mentionne les Premières œuvres du s"" Deimier. Lyon , 1 600, in-12; mais elles manquent à la Biblioth. de V Arsenal. On lui
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doit plusieurs livres, notamment : L'Austriade, poème, Lyon, 1601, in- 12, et L'Académie de l'art poétique. Paris, 1610, pet. in-8<'. Il était né vers 1 570 dans la ville d'Avignon.
Les biographes se taisent sur le sieur DU Croset; seul, Brunet en parle : il cite La Pkilocalie du sieur du Croset, foresien, divisée en 4 livres (en prose) où sont introduits six ber- gers... lesquels après plusieurs discours accompagnés d'elegies, chansons^ sonnets et stances, recitent quatre histoires convenables au tems : plus un eclogue qui exprime naïfuemenî les misères de la guerre et la force de l'amour. Lyon, pour Th. Soubron, 1 593, in- 16. Cet ouvrage a reparu sous ce titre : — L'Amour de h beauté, du s^ du Croset, foresien, où sont introduits six bergers... Rouen, Raphaël du Petit-Val, 1600, pet. in-12. Les Mes- langes du s^ du Croset sont à la fin du volume. — Un cata- logue de libraire annonçait récemment ce livre en le disant très-rare : on n'en connaissait que deux exemplaires. Pourtant il n'est monté qu'à 15 fr. ^0 c. à la vente de la bibliothèque de Louis-Philippe.
César de Nostre-Dame, d'autres disent Nostredame, naquit à Salon de Craux, en Provence, l'an 1565, de Miche de Nostre-Dame, le célèbre astrologue. Il fut neveu de Jean de Nostre-Dame, auteur de : Les Vies des Poètes provensaux. Il composa des poèmes et quelques sonnets, dont le meilleur traite de la puissance de Dieu, mais de quelle façon!...
Le tonnerre est sa voix , les esclairs, ses regards ; Le vent , son halenee, et la plu/^ , ses larmes , La tempeste, son ire, et la foudre, ses armes, Le nuage, sa targe, et la gresle, ses dards,
Les Anges, ses hérauts, les Vertus, ses soudards. Les Démons, ses bourreaux, et la Mer, ses alarmes, Les Puissances, ses ducs, les Throsnes, ses gens-d'armes, L'arc- en-ciel, son guidon, les Cieux, ses estendarts.
La Lune est son fanal, le Soleil est sa torche , Son palais, l'Empyree, et l'Univers, son porche,
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La lumière, son tout, les ténèbres, son rien. L'Eternité, ses ans , et l'Infini , sa lice , L'Homme, sa viue image, et la Terre, son bien, Le Paradis, sa gloire, et l'Enfer, sa lustice.
Plusieurs sonnets de C. de Nostre-Dame précèdent la Prosopopee de Galaup de Chasteuil. Son DymaSy ou le Bon Larron et les Perles ou les Larmes de saincte Magdeleine, sont de 1606, Tolose, pet. in-12. On connaît encore : Vers funèbres sur la mort de Charles du Verdier, par Cœsar de Nostradame, Tolose, in-12, 1607. Citons enfin les Pièces héroïques et di- verses poésies du même, Toulouse, in-12, 1608. Pour son Hist. de Provence, nous en avons déjà parlé... Mais n'omettons point qu'un autre opuscule de Nostre-Dame, L'Entrée de la reine Marie de Medicis, à Salon, Aix, 1602, a eu les honneurs de la réimpression (Marseille, V. Boy, 185^, pet. in-8», tiré à 60 exempl.?). Deux lettres inédites de l'auteur nous donnent un renseignement précieux : Nostre-Dame avait en portefeuille un poème de 16,000 vers!... Cet immense ouvrage avait pour titre : — L'Hyppiade, on Godejroy et les Chevaliers. — Il est resté inédit.
Le Petrarqve en Rime françoise avecq les commentaires, traduict par Philippe de Maldeghem, seigneur de Leyschoot. A Bruxelles, M.D.C., in-12. L'édition de Douai est de la même date. Colletet a dit de cette traduction faite en sonnets que c'était la fable du Serpent et de la lime. Il y a dans ce livre une vie de Pétrarque : Maldeghem y parle de Laure de façon à rappeler ce que nous avons écrit sur elle page 31. "
J£an-Denis de Cecier, s' de Colony, de Gex, publia un ouvrage en trois parties; celles-ci forment i vol. in-8® et portent la date de 1601 : \^ La Mort, ou le grand et le dernier sommeil des humains (100 sixains); 2° Chrestienne récréation de Jean-Denis de Cecier, dit Colony, Gexien, Berne, i6oi (26 son- nets et des psaumes) ; 30 Le Cavalier François, qu'il faut dis- tinguer d'un livre en prose et plus que leste : Les Heures per-
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dues d'un cavalier François. Paris, 1672, in-12. Viollet-Le-Duc, en mentionnant le Cavalier François de Cecier, ajoute : — Songe poétique en faveur de Henri I V, fort curieux en ce qu'il est l'ouvrage d'un huguenot et qu'il approuve la conversion de Henri IV.
Arrivons à cette famille de littérateurs dont le nom s'est écrit si diversement : Monstereuil , Monstreuil , Montereuil , Monte- reul et enfin Montreuil. C'est le nom de la ville de Montreuil, en Artois, dont l'orthographe a varié de même; cette dernière leçon nous paraît la meilleure, n'en déplaise à Pellisson qui tenait pour Montereul. La'généalogie de la famille de Montreuil, du reste, n'est pas beaucoup plus claire; disons d'abord que Nicolas de Montreux (Olenix du Mont-Sacré) n'a rien de commun avec les poètes dont nous allons retracer brièvement la vie et les travaux. Le s'" de Monstreuil, qui nous apparaît pour la première fois en 1601, par un sonnet de son invention placé en tète des œuvres de Nicolas le Digne, nous semble être le même que Jean de Montreuil (à tort nommé Jacques dans une préface nouvelle des poésies complètes de Ph. Desportes). Ce Jean de Montreuil, avocat au parlement, était l'auteur du Tombeau de Ph.DesporteSy — 1606, — et de Consolationà Ma- dame la Duchesse de Montpensier sur le trépas de M, son père (en vers). Paris, 1608, in-80. Citons aussi : Response au livre inti- tulé De l'auctoriié des chapitres, publié sous le nom des doyen, chanoines et chapitre de l'église de Rouen, ensemble l'arrest donné contre ledit chapitre, par J. de Montereul. Paris, 1610, in-8''. — Son fils. Bernardin, eut Jean II de Montreuil, aca- démicien en 1649, mort à trente-sept ans, le 27 avril 1651. Ici les difficultés xommencent : Pellisson dit que Jean de Montreuil n'a point de vers imprimés. Goujet pense, au con- traif^e, que les poésies signées seulement Montereul ou Mon- treuil dans les compilations contemporaines de 164^ à 1651 peuvent bien être de Jean, puisque Matthieu de Montreuil, son quatrième frère , ne les a point insérées dans ses propres
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ouvrages en 1666, in-12, et en 1671, in-12. Brunet prétend que les Œuvres de M de Montreuil sont de Jean de Montreuil, l'académicien, et d'un de ses frères, sans doute Matthieu DE Montreuil, né à Paris en 1620 et mort en 1691 ; on cite de lui un sonnet assez bien réussi sur le silence. Pour celui que les Annales poétiques et Bruzen de La Martinière attribuent à M"*^ de Montreuil, sonnet qu'elle aurait adressé comme adieu à un ami avant d'entrer au couvent des Ursulines, il est également de Matthieu de Montreuil , qui s'est fait l'in- terprète des sentiments de sa sœur.
Du Souhait, Champenois, publia Les Divers Souhaits d'a- mour, etc. Paris, 1599, pet. in-12. — Les Marqueteries, ou Œuvres diverses, par le sieur du Souhait, secrétaire ordinaire de son Altesse de Lorraine, in-12, sont de i6oi. Le premier titre indique bien la nature de ce livre; les pièces, en sont très-étudiées : l'auteur, épris des antithèses, est minutieux, maniéré, recherché dans son travail ; il fatigue même par ses prétentions. Cependant ne soyons pas trop injuste : peut-être ne manquait-il pas de talent; avec un goût plus sûr, il fût arrivé à beaucoup mieux; mais il ne changea point : il nous en donne la preuve dans un sonnet rapporté (ce genre est le pire) que nous a conservé Le Parnasse des plus excellens poètes de ce temps, 1618. — Sarrasin a tourné du Souhait en déri- sion, et Boileau l'a stigmatisé avec d'autres auteurs qui va- laient peut-être moins :
On ne lit guère plus Rampalle et Menardiere Que Magnon, du Souhait, Corbin et la Morliere.
Ce Magnon avait entrepris un poëme de 500,000 vers en- viron sur VEncyclopédie. Comme on lui demandait un jour si son poème avançait, il répondit naïvement : — «Je n'ai plus que cent mille vers à faire. » — Les Marqueteries nous rap- pellent un autre livre : Marquetis de pièces diverses assemblées par Antoine du Saix, contenant plusieurs épigrammes et em-
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blêmes, Lyon, i ^ ^9. — Du Souhait a composé ou traduit d'au- tres ouvrages.
Un sonnet fut adressé par Claude Cheynel à P''rançois d'Escalis ou Descaliis, de la ville d'Aix, poëte fort libre dont les œuvres datent de 1602; elles contiennent les vers de Cheynel , et parurent sous ce titre : La Lydiade et autres petits poèmes et meslanges. Tournon, in-12. — 48 sonnets. — L'or- thographe du nom de ce poëte, comme pour beaucoup de noms, a souvent varié : en latin on mettait de Scalis (des Échelles), puis d'Escalis a prévalu dans les livres spéciaux et dans l'usage. Ce nom est celui d'une ancienne et noble maison de Provence; mais on ne sait à quelle branche de cette famille on peut rattacher François d'Escalis.
Annibal de Lortigue, de l'Ortigue, ou peut-être d'Or- tiguCj était d'Apt. Il fit un Sonnet à la mémoire d'Henry IV; on rencontre un de ses sonnets parmi les poésies de François d'Escalis, 1602 : il est fort libre. Les œuvres de Lortigue ont une centaine de sonnets; plusieurs sont dirigés contre la cour de Rome, qui n'avait pas admiré la beauté des vers de ce poëte pendant qu'il séjournait dans la ville papale. Nous sommes bien du même avis. Voici le titre de ses ouvrages : — Les poèmes divers du 5'" de Lortigue, provençal, où il est traité de guerre, d'amour, gayetez, poincts de controverses, hymnes, sonnets et autres poésies, Paris, Jean Gosselin, 1617, in-12, et Mon désert, sur le mespris de la Cour, 1637, P^ris, in-8". — Lor- tigue, né en 1570, mourut en 1630. — Pierre d'Ortigue, s'" de Vaumorière, également gentilhomme d'Apt, mort en 1693, publia quelques ouvrages en prose. Il était fils du pré- cédent.
Nicolas Romain naquit à Pont-:\-Mousson, et fut doc- teur en droit. Il termine par un sonnet à Madame de Vaude- mont une pastorale ou fable bocagère présentée en 1602 à François de Lorraine à l'occasion de la naissance du fils aîné de ce prince. Cette pièce fut appelée la Salmée, en l'honneur
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du comte de Salm. On connaît encore de ce poëte : — Mau- rice, tragédie... 1606, pet. in-12.
Colletet ne voulait point salir son papier en citant les vers de Jean de Larcher, mauvais sonnettiste vivant en 1602. Ayons la même économie ou des soins de propreté pareils.
Œuvres poétiques de JACQUES DE Champ-Repus, o«Ajn7- homme bas-Normand, publiées et annotées par Marigues de Champ-Repus , capitaine d'état- major, chevalier de la Légion d'honneur, membre de plusieurs sociétés savantes. Paris, Bache- lin-Deflorenne, 1864, in-12 de 184 pp. — M. Georges Gar- nier nous signale ce volume, 'renfermant, outre une tragédie {Ulysse) et une Eclogue, 25 sonnets, plus i d'Olenix du Mont- Sacré (Nicolas de Montreux), f par François des Rues (né à la Lande d'Airon, auteur de quelques poésies françaises et latines et de 2 ouvrages en prose dont un porte ce titre : Les Marguerites françoises, ou fleurs de bien dire, contenant plu- sieurs belles et rares sentences morales, par Fr. Desrues, P. Cous- tançois, s. 1.. (Rouen), pet. in-12); enfin, on y trouve un autre sonnet de Marc-Gilles Mancel, poëte inconnu, issu d'une famille de la basse-Normandie. — L'éditeur appartient à la famille de Jacques de Champ-Repus, mais n'a pas grands détails à nous fournir sur cet ancien rimeur, qui, né vers le mi- lieu du XVl^ siècle, mourut au commencement du XVII", et aurait dû ne pas être troublé dans son sommeil. Un seul exemplaire connu de sa tragédie — 1603, in-12 — suivie des sonnets et des poésies diverses, provenant de la bibliothèque de Soleinne, a sans doute passé dans celle du baron Taylor. L' Eclogue enrichie de trente anagrammes sur cet illustre nom, Marguerite de K^/o/j, parut à Rouen, in-12, en 1609; on en connaît 2 ex. — En somme ce poëte a les défauts et non le génie de S. du Bartas.
L'Enfer d'Amour oii par trois histoires est monstre à combien de malheurs les amants sont subjectz,parJ. B. Du PONT, Lyon- nois. Lyon 1603, in-12. C'est un livre de prose où les vers se
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sont mis, comme le disait Rivarol ; on y rencontre des sonnets.
Selon Goujet, le Prélude poétique, par ROBERT Angot, sieur de l'Esperonnière, Paris, in-12, 1603, est une collection de sonnets nombreux imités de Pétrarque. D'après G. Col- letet, le recueil d'Angot, 1604, in-12, est un fouillis de plu- sieurs méchants sonnets sous le titre de : L'Isle fleurie. Ce qui paraît certain, c'est que le chantre d'Erice est un poëte déplo- rable. — Les Nouveaux Satyres, par R. Angot de rEsperonniere, Rouen, 1637, petit-in 8°, ont été cependant vendus (avec la reliure de Trautz-Bauzonnet) 270/rancs (Catalogue Turquety). — D'autres ouvrages du même poëte, qui était de Caen, sont, mentionnés dans le t. I^', p. 295, du Manuel du Libraire. On y trouve, s'il faut croire l'auteur des Notices biogr. sur les hommes du Calvados, -- Caen, 1848, in-12, — des sonnets, genre de poésie dont on fait remonter l'origine aux trouvères provençaux. C'est une double erreur; le sonnet ne provient pas de la Provence, on le sait ; et les trouvères appartenaient au Nord : les troubadours seuls étaient du Midi. — Le cata- logue Pichon contient le titre de quelques poésies de R. An- got que ne citent point MM. Frère et Brunet; nous mention nous ces pièces à cause de leur rareté : Mélanges poétiques, ou continuation de Vile Fleurie, par Rob. Angot, sieur de l'Espe- ronnière, avocat au présidial de Caen, s. !., 1614, in-4'> de 36 pp. — Le Tombeau de Jean-Baptiste de Vassi, sieur du Gast, recueilli de divers auteurs, par R. A. S. D. L. — A M'"^ de la Forest, sa mère. S. 1., 1612, 18 pp. ; etc.
Les Fantaisies amoureuses, par Claude Cartaud, publiées en 1603 (à Sens, patrie de l'auteur), sorte de pêle-mêle d'élé- gies, de chansons, de sonnets et d'odes, ne sont, au rapport de Colletet, ni odes, ni sonnets, ni chansons, ni élégies. — Selon Goujet, les Fantasies amoureuses {sic), par un anonyme, avaient paru en 1601; elles se composaient de 13 portraits avec autant de sonnets sur les personnages représentés dans cet ouvrage, qui diffère évidemment du premier.
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Les Œuvres chrestiennes, avec un M eslange de poésie, par Clkdde HOPIL, Paris, 1603, in-8", et Lyon, 1604, pet. in-12. Il y a quarante-deux sonnets moraux (2^ édition); l'auteur est très- recommandable par ses pieux sentiments, si ses vers laissent à désirer sous le rapport de la forme. Telle est l'opinion deGou- jet, peu digne de confiance en fait d'appréciations théologiques. — Brunet donne la liste des autres ouvrages de G. Hopil; le dernier porte la date de 1633.
Philippe Tourniol, avocat, traduisa/t les hymnes de l'Église et faisait pour son compte des sonnets — 1 603 — dont plusieurs sont obscènes. Il n'était pas dépourvu de talent, mais péchait par le style. Son Entretien de Tamour, etc., 161 1, con- tient des sonnets dans la 2^ partie.
Nous avons lu la vie de David Jossier, né à Vitry-le- Français, et nous avons acquis la conviction, d'après les pièces que G. Colletet cite ou selon ce qu'il dit de l'auteur, que Jos- sier était parfois un sonnettiste mauvais autant qu'impie. En parcourant la notice que Goujet lui consacre, le tableau change tout à fait d'aspect. La Poésie de David Jossier — 1604 — dit-il, est le faible recueil d'un poëte fort jeune, toutefois très- moral ; ses odes, cantiques, sonnets, etc., sont remplis d'une i^rande piété. — Auquel entendre pourtant ? Goujet ajoute un fait qui met un peu de louche dans son éloge : Jean de Lau- NOY, le trop célèbre dénicheur de saints, qui niait que la Somme fût de saint Thomas et qui fut chassé de la Sorbonne, adressa un sonnet à David Jossier ! — Décidément, Colletet avait raison.
Jules de Richy, gentilhomme picard, est l'auteur des très- pauvres Sonnets spirituels, Paris, 1604, in-S'*, et d'un Discours véritable de l'entreprise d'Anvers. .. Paris (vers 1610.), petit in-80.
Les Meslanges poetiqves dv sievr de Lvzy. A Rouen , chez Adam Mallassis, 1604, très-pet. in-12. La dédicace est signée : RosTAiNG DE Lvzy. Cette plaquette, dont on ne connaît qu'un exemplaire qui fait partie de la riche et curieuse biblio-
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thèque de M. Alfred Crampon, nous a été communiquée avec d'autres livres rares par son obligeant possesseur. Nous y avons compté dix-sept sonnets ; un d'eux, imité de Laugier de Porchères, célèbre les yeux de M'i® de Herville, nièce de M. de Vicq. — Luzy est un poète fort médiocre et complètement inconnu.
Les Amours de Catherine de Scelles et son tombeau. Paris, 1605, in-12. L'auteur, Charles Beauter ou Bauter, y épanche sa douleur en élégies, stances, odes, sonnets, et même en chansons! Il adopta le singulier pseudonyme de Meliglosse
— langue de miel — et pourtant devint un auteur tragique.
— Dans la suite il renonça solennellement aux vers (serment de poète). — Brunet ne mentionne de Bauter que deux pièces de théâtre : la Rodomontade et la Monde Roger, Paris, 1605, pet. in-80.
Les Prémices des Œuvres du sieur Daix, Lyon, 1605, in-12, qui n'ont rien que d'ordinaire, sont précédées de sonnets à l'au- teur, François Daix, et sont signés : J. Arbaud, s^ de Por- chieres {frère aîné de Fr. d'Arbaud de Porchères); A. Prat et A. B. M. Dans Polydore, ou le Printemps des amours du 5I' Daixy nous comptons cent cinq sonnets ; les Meslanges n'en ont que sept. Fr. Daix était de Marseille.
Le chantre de Livie, A. DE NervÈze (que Goujet, etc., nomment faussement Guillaume-Bernard) fut secrétaire de la chambre de Henri IV. On croit qu'il naquit en Poitou, vers 1570; il mourut en 1614. Le Jardin sacré de Vame solitaire^ Lyon, 1601, pet. in-12, lui est attribué. Ses Essais poétiques , 1605, Poictiers, dit Goujet, Paris, assure Viollet-Le-Duc, sont de format in-12. — • Ces deux éditions existent. — Quoi qu'il en soit, ce livre est rempli de sonnets. Par malheur, la- qualité de ceux-ci est mauvaise. Les Poésies spirituelles du même, où l'on compte trente sonnets, sont un retour à la foi et aux bonnes mœurs, mais non à la vraie poésie. UHermitage de l'Isle saincte, Rouen, 1615, in-12, est encore de Nervèze,
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ainsi que : Anniversaire de soupirs et regrets sur le trespas de Henry le Grand , Paris, 161 i, pet. in-8<».— Histoire de la vie et trespas de tres-illustre prince Charles de Lorraine, duc de Mayenne, Paris, 161 j, in-8°; — Les Pensées religieuses de Vame pcnit.n!c, Paris, 1614, pet. in-12; — Flambeau royal, Paris, 161 5, pet. in-8". — Nervèze adressa un sonnet à Paul Dax, abbé de St-Polycarpe (voir page 203). — On attribue à la fille de Nervèze : Les Œuvres diverses tant en vers qu'en prose dédiées à Madame de Matignon, par OcTAViE, Paris, 16^8, pet. in-12. Ce livre, que Goujet pensait être collectif, contient des pièces galantes et un seul sonnet sur la mort de la duchesse de Montbazon. — Suzanne de Nervèze, nièce d'A. de Nervèze, est connue par : Pensées chrestiennes et morales dédiées à Mon- sieur, frère unique du Roy, Paris, 1662, in-8®.
On voit à l'Arsenal un beau manuscrit sur vélin du commen- cement du XVIIe siècle; il est orné de figures peintes à l'en- cre de Chine. C'est un recueil de sonnets, de stances sur la vie et la mort de N. S. J.-C. et autres sujets pieux. Nous y comptons cent dix sonnets qui sont suivis d'une pièce de vingt- six stances ; chacune d'elles se termine par une rime à écho. L'artiste et le poète sont inconnus. Ce ms. appartenait aux Ce lestins de Paris.
Le Premier recueil des Récréations poétiques, par M^ Jean Alary, Paris, 1605, in-4°, est un livre dont G. Colletet vante hautement un des sonnets, mais nous ne pouvons partager cet avis. Alary, natif de Toulouse, mourut en 1622, selon le même biographe. Jacques Alary, docteur, seigneur de Tanus, fut ano- bli par la charge de capitoul de Toulouse, en 1 543.
Jean Galant remporta trois prix aux Jeux floraux, dont il devint mainteneur. Il était né à Toulouse et mourut en 160^ ; ses vers furent publiés en 161 1. L'amour, bien entendu, pour ne point faillir à son nom de Galant, fait tout les frais de ses stances, élégies, odes, sonnets, etc. Il composa une tragédie sans en être plus célèbre; son style est négligé et ses sonnets
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se ressentent beaucoup trop de l'exagération de son temps ; il dit, par exemple :
Ce beau pied de Philis qui sur amour domine, Pour tesmoigner qu'elle est insensible et diuine, Foule sans se brasier mille cœurs enflammez.
La Cvriosité natvrelle, etc., par SciPiON DU Pleix, Paris MDCVI, est précédée d'un sonnet de l'auteur. Dupleix , né à Condom en 1 569, mourut en 1661, après avoir fait de nom- breux ouvrages d'histoire, etc. Notons seulement VInventairc des erreurs, fables et déguisements remarquables en Vlnventaire gênerai de l'histoire de France de Jean de Serres, pet. in-8<>. Ce Jean de Serres est sans doute celui qui est mentionné comme sonnettiste, page 146; c'était un calviniste, auteur de : Mé- moires de la llh guerre civile et des derniers troubles de France sous Charles IX, s. 1., 1570, in-S".
ETIENNE BOURNIER, né à Moulins, remporta trois fleurs à Toulouse, pour des poésies latines, fait assez rare, ce nous semble. Son Jardin d'Appolon et de Clémence, seu Hortulus Appollinis et Clemencia, 1606, in- 12, rappelle ses succès aux Jeux floraux, restaurés par Clémence Isaure. Il est divisé en deux parties, latine et française. Bournier fit un sonnet rap- porté médiocre; et les autres sonnets sont aussi exagérés que ceux de Galant.
Un mauvais sonnettiste, G. Michelet HoudonniÈRE, né à Nogent, dans le Perche, vivait en 1607, date de ses Petites eslrennes..., pet. in-12 de 71 pp.
Louis Godet, écuyer, sieur de Thilloy, né à Châlons, en Champagne, composa le Sacré Helicon, ou le Dnot Logis de la muse dévote. Chaalons, iéo8, in-12. G. Colletet fait observer que ce titre, si bizarre qu'il soit , a sa raison d'être, en ce que dévot logis est l'anagramme de Lovis Godet. Cet ouvrage attire notre attention par dix-huit sonnets qui sont une imitation d'un
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psaume, et quatorze autres sur la chaste Suzanne. Mais dans ses poésies pieuses il fait d'étranges révélations qui ne peignent que trop son époque. — Son Apologie des jeunes avocats... est de 1613, in-S**.
Viollet-Le-Duc mentionne '.Le Miroir de rAmoiir divin en trois livres, par Pierre de Croix, sieur de Triestre, gentil- homme Lillois. Douay, Balthazar Belleze, 1608, in-12. — On y lit cent quarante-six sonnets, des stances et des élégies. Le sonnet que cite Viollet-Le-Duc ne confirme pas la bonne opinion qu'il veut donner de ce poëte en disant : — Il y a sou- vent une véritable ferveur et du charme. Puis il ajoute : u — Ce <c livre a probablement été composé cinquante ans avant son « impression. On se rappelle la multitude d'amours en sonnets « que vit naître cette époque, et c'est probablement à cette « sorte d'ouvrages que Pierre de Croix, d'ailleurs fort in- « connu, fait allusion dans le sonnet suivant... » — Mais les poètes ont fait longtemps des sonnets sur leurs amours, et la supposition de Viollet-Le-Duc tombe d'elle-même quand on voit un sonnet du même Pierre de Croix précéder les Amours de Theagines et de Philoxene, publiées en 1616 par Jean d'En- netières, de Tournay.
Claude Guérin, sieur d'Avonniers, d'Angers, publia, l'an 1608, une tragédie suivie de nombreux sonnets d'amour en général assez faibles.
Les Premières œuvres de Nicolas le Masson (né à Mantes), Paris, 1608, in-12, nous offrent plusieurs sonnets dont quel- ques-uns ne sont pas sans mérite, au moins comme pensées ; d'autres sont à la fin de divers poëmes. — Viollet-Le-Duc croyait son exemplaire des Premières œuvres unique : il ne s'est pourtant vendu que 4 fr. 50 c. en 1849; mais Techcncr l'a coté 60 fr. dans son Bulletin.
Harangue prononcée (dans l'enclos de la chapelle de Braque) en la présence de la Royne Marguerite et de sa noblesse, par Joûchim le Micre^ maçon, sur le sçeu et contenu de ses livres.
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A Douay, 1608, pet. in-12. L'auteur ne savait ni lire ni écrire. A la fin de ce volume assez rare on trouve des qua- trains , une chanson et des sonnets.
Catherine de la Moissie, veuve de M. d'Aspremont^ fit un beau sonnet sur les Œuvres d'Antoine La Pujade. Celui-ci, qui n'était point de notre bord, vivait en Guyenne l'an 1608.
Lydie, fable champesire, imitée en français de VAminte de Tor- quato Tasso, par le S. DU MaS (à la suite, Œuvres meslees, du même). Paris, 1609, in-8". Ce livre, qui est rare, nous a par malheur conservé de fort mauvais sonnets d'amour.
Thomas Sonnet, s' de Courval, — 1^77-1635 — était médecin de son état et poète satirique par goût. Nous cite- rons seulement de lui : Satyre Memppce, ov discovrs svr les poignantes traverses et incommoditez du mariage. A Paris, 1609. Ce violent ouvrage contient effectivement des sonnets; il y en a cinq. — La mère de Sonnet-Courval , Madeleine le Chevalier d'Aigneaux, était sœur des deux poëtes'de ce nom qui traduisirent Horace et Virgile.
Nous trouvons dans les Mvses françaises ralliées, éd. de 1609, un sonnet signé R. F.
Apologie catholique, pour un certain sonnet attribué au R. P. Coton. B.'-uges, P. Soetaert, 1609, in-8«. —Pierre Cotton, 1 564-1626, publia des sermons et des ouvrages de con- troverse.
Sonnets et qvatrains sur la mort de Henry I V, ro) de France et de Nauarre. S, 1., MDCX, in-8". — Cet ouvrage est ano- nyme, et les quarante-huit sonnets que l'on y rencontre sont le plus souvent ridicules.
Le Temps perdu et les gaietés d'Isaac du Ryer, 1609 et 1624. Nous comptons cinquante-cinq sonnets dans la dernière édi- tion. Un des plus curieux a été reproduit dans le lardin des A/v5f5 (164J); presque tous les autres sont d'amour et célè-
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brent Anne de la Ruelle (i). Deux sonnets à l'auteur sont signés L. Jgly et Breton; il paraît que ce dernier poëte est le même que Le Breton, qui semble avoir succédé à du Ryer comme secrétaire du duc de Bellegarde. Du Ryer lui disait :
Tu es dedans Florence , où mille beaux obiects Font que de tes beaux vers maintenant tu t'escrimes.
Le Breton^ chanté par du Ryer, est-il cet inconnu dont nous avons dit un mot page 167 ? Le nom de ce poëte a été porté par plusieurs autres versificateurs, notamment par Noël Le Breton, sieur d'Hauteroche, auteur de Crispin musicien^ Paris, 1674, in-i2, et le P. Charles Le Breton, qui publia : Poésies morales , De la Mort et des misères de la vie, Paris, 1663, in-8'\ — Du Ryer avait aussi composé trois pastorales. Notons en passant qu'un sonnet assez curieux qu'il fit pour un receveur général n'est point dans le Temps perdu {Annales poétiques, t. XVI, p. 177). — Du Ryer mourut vers 1630, lais- sant un fils, Pierre du Ryer, qui fut historiographe de France et membre de l'Académie française. Ce dernier recevait d'un libraire moins de 4 centimes de notre monnaie actuelle par alexandrin; jugez par là ce qu'on lui payait les petits vers. — Il y a une traduction de l'Alcoran qui n'est ni de Pierre ni d'Isaac du Ryer, mais d'André du Ryer, s' de Malezais, 1649.
Les Dyaphores , poésies de Pierre Loyac , vers 1610, in-80 de 60 pp. — Sept sonnets; trois seulement sont trai- tés avec un certain art pour arriver à une chute à effet. Le plus curieux est adressé à G. de Sève et à sa femme :
(i) Nous verrons plus loin A. de La Ruelle, avocat à Senlis en 1664.
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GUILLAUME DE SEUE , CATERINE DE CATIN , .
DONT l'anagramme EST :
Dieu mit en ce lien la vertu de sa grâce.
Rare lien d'amour entre mary et femme,
Femme par ses vertus digne d'vn te! mary,
Tu es de luy chérie, et luy de toy chery,
Vous faictes dans deux cœurs de deux âmes vne ame. Vous estes eschaufifez d'vne semblable flame,
De mesmes dons du Ciel chacun est fauory,
De mesmes passions l'vn et l'autre est nourry,
Et tous deux enlassez d'vne diuine trame. L'heur dont vous iouyssez en ces terrestres lieux
Paradise vos sens d'un heur si glorieux,
Heur qui tout autre bien en sa beauté surpasse C'est le ciel qui premier vos deux cœurs assembla ,
Car nous croyons icy que lorsqu'il vous coupla
Dieu mit en ce lien la vertu de sa grâce.
Les huit premiers vers sont plus qu'une imitation des qua- trains du sonnet que Laugier de Porchères a dédié à la veuve de Jean de Sponde, sonnet que nous avons inséré page 19^; le lecteur peut comparer les deux pièces. — Pierre de Loyac est un inconnu, peut-être appartenait-il au Lyonnais. Plu- sieurs familles ont porté le nom de Loyac en bas Limousin; celle du marquis de Loyac compte parmi ses membres les au- teurs de deux volumes dédiés au roi ; un de ces livres, daté de 1615, est de Jean de Loyac^ conseiller au parlement de Bor- deaux; l'autre est de messire Jean de Loyac, aumônier et pré- dicateur du roi. Ces livres ne sont mentionnés dans aucune bibliographie. — Mais revenons à notre poëte, qui célébra Claudine Sève ou Scève, proche parente de Maurice Scève. Goujet n'avait lu de Loyac que les Diapliores, imprimées, dit-il,
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depuis la mort de Henri IV. A Texemplaire que Goujat exa- mina il manquait le feuillet du commencement; le volume que nous avons consulté à l'Arsenal est dans un meilleur état, mais il est sans date. Un autre exemplaire est à la bibliothèque Mazarine. — Ces poésies ne sont indiquées ni dans Brunet ni dans aucun bibliographe moderne. — L'auteur, qui- aimait fort les anagrammes, en a fait une sans doute sur lui-même, Pierre de Loyac, et sur sa femme, Anne de Binet (encore un nom du Limousin).
La Cresme des bons vers, 1610. Ce recueil collectif renferme quelques sonnets, dont plusieurs sont anonymes. La Cresme des bons vers de ce temps , Lyon, 1622. pet. in-80, volume aussi rare que libre, a des sonnets de Ronsard, Malherbe, Maynard, etc. Un inconnu nous avait échappé : c'est L C, sieur du Breuil ou de Breuil. Brunet ignore si ce livre a été réimprimé à Rouen (1626, in-i2,et 1630, in-8°) sous ce titre : Le Séjour des Muses, ou la Cresme des bons vers^ etc.
Les Muses gaillardes, recueillies des plus beaux esprits de ce temps, par A. D. B. (sans doute Antoine du Breuil, impri- meur de ce livre), IJe édition, Paris, 1609, pet. in-12, et La Musc folastre (les deux premiers livres, Paris, :6oo, le troi- sième, Lyon, 1611, et le tout, 5 tomes en i vol. in-24 , Troyes, 1617), renferment plusieurs sonnets sans signature. Le titre indique la nature de ces deux derniers recueils qui ont été réimprimés et tirés à petit nombre... par bonheur pour la morale.
Les Œvvres poétiques de Jean Loys, Douay^ 1612, pet. in-8", — contiennent des sonnets religieux, mais fort prosaïques. — Les Œvvres poétiques de lacques Loys, docteur es-droits et po'cU laurè (lauréat), sont des poésies du même temp>, et les sonnets n'en valent pas mieux. — Jean Loys, de Douai, avocat, et père de Jacques Loys, mourut en 1610. Il avait publié : Hymne chrebtien du sainct nom de Jésus... Douay, 1588, in-4''.
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Œuvres pocti(]ues de Gabriel Ranquet, Lyon, i6n, 2 vol. in-i2. L'Image du Pécheur Peniîent, qui est à la fin du i"vol., est un mélange de stances et de sonnets; le i'^ vol. renferme également des sonnets et des stances. Les sentiments pieux de l'auteur sont seuls louables, au dire de Goujet, qui, on le sait, nous inspire peu de confiance. — Notre poète na- quit au Puy-en-Velay.
Marc de Mailliet, — 1^68-1628, — amoureux fou d'Anne d'Olive, dont il avait fait l'anagramme : Donne la vie, était orgueilleux jusqu'à la démence. Il jalousait les autres poètes, et, par vengeance de quelques critiques touchant une ode par lui présentée à la reine Marguerite, il fit contre Vital d'Audiguier, qui n'avait point tort, le sonnet suivant :
Excrément du Parnasse, erreur de la nature, Seulement imparfaicte en ce qu'elle t'a faict, On ne la voit rougir que pour voir cest effect, Ni se deffigurer que par ceste figure.
Dieux ! que c'est à l'oreille vne rude pointure D'ouyr la voix qui sort d'vn gosier tant inicct, Qui toutesfois mesprise (ô impudent mesfaict' Les airs harmonieux du beau ciel de Mercure.
Hibou, pour ton foible œil ie luis trop viuenient ; L'excez de ma lumière est ton aueuglement ; Oy donc la vérité qui contre toy despite,
T'apprend que Mailliet parle ainsi qu'on parle aux Cieux, Et que s'il ne parloit le langage des dieux Il ne pourroit parler de ceste Marguerite.
Les Poésies du sievr de Mailliet à la lovange de la Reyne Marguerite parurent à Paris en 1611, in- 12, et 161 2, pet. in-80. Les Poésies de M. de Mailliet, dédiées à Madame de lehan (cette Anne Olive qui ne l'aimait pas, et c'était jus- tice), furent imprimées à Bordeaux, M.DC.XVI, in-12. — Ce pauvre poète n'a mis que deux ou trois sonnets dans ces livres. Les vers que nous citons se trouvent même dans les
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deux. Il composa sur-le-champ, dit-il, ce sonnet par le com- mandement de la reine Marguerite. — Il publia des épi- grammes obscènes en 1620, Paris, in-80, 1622, idem.
Louis du Maine, baron de Chabans, que Colletet nomme Chabannes, avait composé des Œuvres spirituelles, comme l'in- dique le sonnet que lui dédia Malherbe en 1611 ; il fut tué par M. de Lenclos, à Paris. Nous en faisons mémoire, parce qu'il adressa un sonnet de sa façon au Tourangeau Etienne Bellone, assez mauvais sonnettiste, et auteur des Amours de Dalcmeon et de Flore, tragédie. Rouen, David du Petit-Val, 1621, pet. in-i2.
Le recueil de PIERRE DE FoNSSOMME, vicomte de Ludes, gentilhomme vermandois, de 161 1, Rennes, in-S**, est formé d'odes, d'élégies, de sonnets, etc. ; ce sont des vers d'amou fort insignifiants.
Voici un étrange titre d'ouvrage; il semble qu'un pension- naire des Petites-Maisons l'a rédigé dans un moment non lu- cide : — Sonnets et cjvatrains d'admiration, ou Sonnettes et sor- nettes dignes de risée; autrement l'Œuvre imparfait, faute d'ar- gent, ou par crainte d'estre moqué de plusieurs. Montpellier, 161!, in-40. — Cent vingt-huit sonnets qui, suivant une lettre de l'imprimeur, paraissent appartenir à SOLIER, de Som- mières. Montpellier et Sommières sont de la même province.
La Bravade d'Amour, contenant 42 sonnets, où sont naïfve- ment escrites les ruses et les appâts des Douces beautés orgueil- leuses, et le mépris qu'on en doit avoir. Paris, 161 1. Anonyme.
Pierre de Nancel_, né vers i ^60; dans la ville d'Angers, mort en 1637, publia : — Ksjouissance poétique sur la nais- sance heureuse et désirée de Mgr le Dauphin. Paris, 1601. — Ce poëme est suivi de quatre sonnets touchant la naissance du même personnage, sonnets qui ne sont point sans mérite. On cite encore avec éloge un sonnet du même sur la mort de Passerat (1602). — Voici des ouvrages attribués à P. de Nancel : i» Règnes de Henry IV et Louis XIII. De la Souve-
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rûineté des Roys, poème tpiqut divisé en trois livres. S. 1., 1610, in-8<>; 2° Le Théâtre sacré : Dina, ou le Ravissement; Josué, ou le Sac de Jéricho; Debora, ou la Délivrance. Paris, 1607, in-80, — Son homonyme, Nicolas de Nancel, 1539-1610, ne fut pas heureux en mesurant les vers français à la façon des Grecs et des Latins, comme l'avaient tenté Jodelle et Baïf, et plus ancien- nement Jean Mousset.
Guillaume du Sable, huguenot dans l'âme, et poète gascon, s'évertua souvent à décrier les mystères du catholi- cisme; dans un sonnet — Sur les dévotions prétendues du Roy Henry III, il rembarre les capucins pouilleux et les Jésuites qui veulent planter l'Inquisition en France... Passons! — Guil- laume du Sable, comme gentilhomme de la vénerie du roi, composa la Muse chasseresse , — MDCXl , pet. in-12. Il y débute par deux sonnets à son livre. Ses Amours sont en son- nets, etc., en l'honneur d'Armaise de Loumagne — d'Agen — (on croit que l'auteur était de cette ville). Enfin deux sonnets sont consacrés à la mort de Jean de Longueval, gouverneur de Villers-Cotterets, âgé de cent cinq ans, et mort sous Henry IV. Colletet dit que du Sable mourut vers 1615, d'autres assurent que ce fut en 161 1. Il était fort âgé. — En 1 550 vivait un Antoine du Sable, poète extravagant, mais non sonnettiste. Il s'agit d'Antcnius Aréna.
La Rose d'amovr. Par le Sieur DE LA FULDlERE, Ruthenois. A Lyon, M.DC.XI , in-i6 de 92 pp. Ce poète inconnu, même à Rodez, est l'auteur de six sonnets. Un septième lui fut adressé par P. H. Aymurt. La Rose d'amovr est dédiée à M'^^ C. Daudad. — Le seul exemplaire qui existe de cet ou- vrage nous a été disputé à la ventedeSoyecourtparM. Et. Ban- cel; nous n'étions pas de force à lutter avec ce riche ama- teur.
Troisicsme centurie de sonnets du Vieil Papiste, Lyon, 1611. Ce livre de Charles de Claveson nous met sur la trace d'une Première et d'une Deuxiesme centuries. Ce n'est pas tout;
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l'auteur nous est connu par : Les Œuures meslces de Messire Charles de Claueson^ cheualier de l'ordre du roy, Tournon, 1619. Les Œuures meslees se composent de cent quarante sonnets, et trois ou quatre de dédicaces ou au lecteur; plus deux sonnets à l'auteur, signés par GuiGOU et J. PoPON Ces sonnets sont clairs; Claveson est plein de modestie, de douceur et d'onction, mais aussi de monotonie et de faiblesse. Il prenait le nom de Phllostaure, vieil papiste. Sous ce titre de Vieil Pa- piste^ le catalogue Turquety mentionne un volume en deux parties de poésies de Claveson, s. I., 1609-1610, in-8", et signale des passages scabreux dans deux sonnets.
Robert de Bray, médecin, mort vers 1620, à Pavant, près de Charly-sur-Marne, soignait mieux ses malades que ses vers. Il n'a produit qu'un sonnet, paraît-il, et un sonnet très- mauvais, ce qui est loin de compter double. Voici un livre en vers de ce poète : Epiîhalame de messire Loys Seguier... et de M'^^ Anne de Balesac, son espouse, Paris, Martin Verac, 1612, in-8° (très-rare).
Marc Lescarbot, écuyer, s'" de Vuiencourt et de Saint- Audebert, était avocat; né à Vervins, il mourut, selon Goujet, vers 1634; Colletet fixe une autre date, celle de 1640. — Les Muses de la nouvelle France, de Marc Lescarbot, 1609, 161 i et 1618, ont quelques sonnets; elles font suite à son Histoire de la nouvelle France au Canada , qui eut aussi trois éditions in-8". Citons, parmi ses autres ouvrages, le Tableau des treize cantons (en vers , 1618, in-4". Il traduisit du cardinal Baro- nius le — Discours de Vorigine des Russiens et de leur miracu- leuse conversion. — Ce poète n'est digne que d'une mention, qui n'est pas honorable.
Les Mvses dv sievr Baron DE NaNGEVILLE, Paris, 1612, in-40; quatorze sonnets d'amour ou de guerre, assez faibles. Dans l'un d'eux, l'auteur est irrégulier pour les rimes des quatrains, comme Malherbe l'a désiré un instant; il rappelle même la vanité de ce poète :
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L'insuperable Mars (dit-il au roi)
Me rend digne en tout temps de te faire seruice De ma valeur en guerre et de ma muse en paix.
Il nous semble que Trellon a dit quelque chose de sem- blable. — Le baron de Nangeville est mentionné par les Annales poéti(jues; son livre, qui est dans le catalogue du duc de la Vallière, manque pourtant à l'Arsenal : nous croyons l'avoir rencontré à la Bibliothèque impériale. Un autre livre du même poète a paru sous ce titre : Le Songe de la reine.
Les Secondes Œuvres poetiijues et tragiques de Jehan Prévost, advocat en la basse Marche. Poictiers, 1613. — Apothéose du Tres-Chrestien roy de France et de Navarre, par J. Prévost,'' ad- vocat au Dorât. Poictiers, 1613, in-12. — Ces deux ouvrages parurent après la mort de l'auteur; le Boscage, qui accom- pagne l'apothéose, est parsemé de quelques sonnets qui ne manquent pas d'énergie. Jean Prévost soignait singulière- ment ses rimes. C'était également un auteur tragique. Il fut accusé faussement d'avoir empoisonné une femme qui lui avait laissé un héritage. Il naquit au Dorât et mourut à quarante ans, à Poitiers.
ISAAC HiLLAiRE, s'" de la Rivière, de Rouen, a mis plu- sieurs sonnets et d'autres poésies en tète de son livre intitulé :
Spéculum lieroïcum Les XXIIII livres d'Homère reduicts en
tables démonstratives figurées par Crespin de Passe (Crispin de Pas) , excellent graveur, chaque livre rédigé en argument poétique. 1613, in-4*'. Isaac de la Rivière fut contraint de s'exiler; il passa dans la Hollande, et c'est là qu'il composa son ouvrage empreint de ses regrets.
Les Sonnets de la vanité du monde, par JACQUES DE Besse, Limousin, Paris, 1613, in-12, au nombre de 23 1, valent bien, après tout, plusieurs sonnets de ses contemporains; mais c'est peu dire. — Il faut le distinguer d'un autre Limousin, Pierre
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de Besse, prédicateur, auteur de plusieurs ouvrages en prose, et mort en 1639.
Les Margverites poeiiqvcs tirées des ph s famevx poètes français tant anciens que modernes... Nouuellement recueillies et mises en lumière par Esprit Avbert. A Lyon, M. DC. XIII, in-4°. — Sonnets à l'auteur par le Protonotaire Pillet, François ARDUiN,Ambrunois, et le Chanoine Martin, de l'Isle de Ve- nise, c'est-à-dire de l'Isle (Vaucluse). — Nous avons trouvé un sonnet de POL Ant. d'Agard au commencement de ces Mar- gverites, fatras indigeste de poésies dont nous n'avons pu con- tinuer le dépouille ment. Ce livre est des plus rares.
La Christiade, par Jean d'Escorbiac (seigneur de Bayon- nette, né à Montauban). Paris, 1613, pet. in-80. Un sonnet précède ce poëme ; il est de Jean d'Escorbiac, neveu de S. du Bartas, auteur de la Semaine, ou la Création du monde. En composant la Christiade, Jean d'Escorbiac a voulu imiter son oncle, Feller est digne d'être cité à cette occasion : — u II re- « monte, dans le i^r livre, à la création du monde et au péché « originel, et, ce qui est très-plaisant, il comprend les mauvais ce vers dans l'énumération des maux qu'a causés la chute de «. l'homme. Il a à se reprocher d'avoir, pour sa part, aggravé « ce fléau «
La Zoantropie, ou vie de l'homme.... embellie de feintes ap- propriées au sujet, ensemble quelques autres pièces de poésie di- verse, le tout composé par FRANÇOIS Auffray, gentilhomme breton. Paris, 1614, pet. in-8° (49 fr. à la vente de Soleinne). C'est une tragi-comédie qui, forme et fond, ne signifie pas grand'chose. Si quelques-uns pensent qu'elle valut à l'auteur le canonicat de St-Brieuc, c'est parce qu'il la dédia au cardi- nal de Bouzas, évêque de Béziers, grand aumônier de la reine. Cette pièce de théâtre est suivie de méchants sonneti, etc. ~ Nous partageons l'avis de Colletet et de la Biographie générale (Didot) en disant que ce pauvre poëte est l'auteur de l'ou- vrage suivant : — Les Hymnes ou cantiques sacrez à la gloire de
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Dieu^ trad. en vers français sur les plus beaux airs de ce temps par Auffray, chanoine de S. Brieuc — 1623 — (Colletet dit 1625) pet. in-8*' (25 fr., ^o c. à la vente Monmerqué).
Le Violier des Mvses, par Gabriel Robert, sieur du Co- lombier, Angoumoisin, Poictiers, 1612 ou 1614, in-12, con- tient des sonnets absurdes; deux autres les précèdent : ils sont l'ouvrage de René le Corvaisier, Manceau, et du s' DE l'Ordage. Gabriel Robert est un" inconnu.
Diurnal, ou Livre de caresme, contenant plusieurs sonnets spi- rituels, pieux et devotieiix sur les évangiles de chaque jour de ca- resme, etc., par M. Lazare de Selve, conseiller du Roy . . 1614, in-8<*. Ce méchant poète fut président pour Sa Majesté es villes et pais de Mets^ Toul et Verdun, comme il nous l'ap- prend par un second ouvrage : Les Œuvres spirituelles sur toutes les Evangiles des jours de Caresme.... Paris, 1620, in-8".
Un livre de la Bibl. de l'Arsenal renferme dans l'ordre sui- vant les œuvres de Bordier : Stances sur le Saint-Sacrement de l'Eucharistie — 1640, in-4® de 20 pp.; — La Cour royale, 1633 ; —dix sonnets médiocres suivis de /'f/o^f ^u /^o)», de trois autres sonnets et d'une élégie : 60 pp. D'autres pièces y sont jointes; elles se terminent par une requête in-folio : A la Royne régente, placet poétique sur les petits intérêts du s' Bor- dier. Le poète y prend la qualité de Chantre du feu Roy ; dans un de ses poèmes il adopte un autre titre : Ayant charge de la Poésie près de sa Maiestè. Eh bien ! sa Majesté n'était pas diffi- cile! — On voit à la Bibl. imp. une pièce in-4° : Sonnet au Roy et Sonnet à la Royne, par Bordier. — Des sonnets au car- dinal de Richelieu lui appartiennent encore, ainsi qu'une autre poésie de ce genre sur la mort de Scévole de S"-Marthe. — Enfin, Bordier avait publié dès 1614 le Tombeau de Paris, pet. in-40, et des Poèmes sur la levée du siège de Cazal, etc. Brunet cite d'un Bordier des ballets de 1621, 1622, el 1627, sans lui attribuer autre chose. Tout ce qui précède n'est point mentionné dans le Manuel.
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Naïf image de l'Envie^ par Martin le Noir, religieux au- gustin. — Quelques déplorables stances et sonnets précèdent ce poëme d'un auteur qui n'est pas connu de la plupart des bio- graphes. Martin le Noir inséra, comme nous le rapportons ail- leurs, dans ses propres sermons, Rouen 1616, un sonnet de Boisrobert.
Les Lys de rElo^uence Françoise, remplis de sentences et de plusieurs sonnets, etc.', par Jean-François Bertet. Lyon, 1616, in-i2.
Jacques le Vasseur (né à Vismes, près d'Amiens, en 1 571, mortà Noyon en 1638), docteur en théologie, chanoine de Noyon, est connu par : Le Bocage de lossigny, où est compris le Verger des Vierges et autres plusieurs pièces sainctes tant en vers qu'en prose; Paris, Fleury Bourriquant, 1608, in--8o; — Anti- thèses ou contrepointes du ciel et de la terre; Paris, 1608, in-8°; — Oraison funèbre de Claude de Montigny, sup. de la congr. de forât, de Jésus, à Orléans, mort le 16 nov. 1624 : deux sonnets sont à la suite; — Annales de l'église cathédrale de Noyon. etc. Paris, 1633, in-4'', etc. — Il ne faut pas le confondre avec A. Le Vasseur, cons. à la cour du pari., auteur d'un sonnet en l'honneur de Fr. de Louvencourt (1593), ni surtout avec un autre homonyme dont nous parlerons plus loin.
Jean d'Ennetières, chevalier, que l'on croit de Tournay, était seigneur de Beaumé, du Maisnil et autres lieux, comme on disait anciennement. Ses Amours de Theagines et de Phi- loxene, avec diverses poésies, parurent en 1616, pet. in- 12, et 1 620 in- 1 2 ; il y a des sonnets dans la 2^ partie. Goujet trouve le tout fade et passionné. Les Œuvres poétiques du sieur J. d'Ennetières renferment quelques sonnets absurdes. Il y a un sonnet à l'auteur par P. de Croix. — On connaît de Jean d'Ennetières un ouvrage rare et curieux : Les Quatre Baisers que l'ame dévote peut donner à son Dieu dans le monde; Tour- nay, 1641, in-i2. Citons encore un poème rare et antérieur, et en 16 chants, du même : Le Chevalier sans reproches, Jacques
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de Lalain; Tournay, 1633, P^^- in-^''- — Un autre poëte, Gaspard d'Ennetières, chevalier, seigneur de Beaumé^ est auteur de : La Vie de saint Malchus , moine syien , tirée des Epistres de Sainct Hierosme (ouvrage en vers, rare et non cité) ; Tournay, 1621, in-12. — Enfin, plus anciennement, Marie d'Ennetières, de Tournay, fit une épître contre les Juifs et les Turcs. (V. 1 540.)
La Magdeleine de F. Rémi, de Bavvais, capvcin de la pro- vince des Pais-bas. A Tovrnay, 1617, pet in-S^. — Vingt et un sonnets préliminaires de l'auteur; sonnets par J. Boucher, chanoine de Tournay, P. R. sieur du Plessis, Fr. Bertin, d'Arras, P. et un anonyme. La Magdeleine est un poëme bi- zarre qu'il ne faut pas confondre avec celui du P. de St-Louis, dont il fait, au contraire, le digne pendant.
Un sonnet intitulé : — Testament et ordonnance de dernière volonté du Marquis d'Ancre, — est à la fin de La Voix du Peuple au Roy, son Prince et son bien facteur, Lyon 161 7, petit in-S**. — On trouve encore à la fin de La Merveille royale de Louis tresiesme, roy de France et de Navarre, par le sieur de M. M., à Lyon, 1617, in-S» de 8 ff., un sonnet en forme d'épi- taphe, sur le trespas du traistre Conchini. Est-ce la même pièce?
Testament de Pierre du Mollet de Morestel (en Dau- phiné) ensemble les Lamentations dédiées au s^ (Jacques de Say) des Balmettes, augmentées de plusieurs Histoires, sonnets et chan- sons fort récréatives. Lyon, 1617, pet. in-12 de 44 pp.
Les Œvvres Poétiques dv sievr Bernier de la Brovsse, à Poic- tiers, 1618, in-12 ; les Amours d' Hélène, de Chloris et de Mar- phire, et de Thisbee, sont des élégies, odes, chansons, quatrains, huitains, et surtout des sonnets; mais, hélas! quels sonnets ! Bernier de la Brousse, avocat et banquier à Poitiers, y vivait encore en 1625. C'est tout ce que nous avons appris sur son compte. Une note manuscrite, mise en tète de ses Œuvres poétiques, exemplaire de la Bibl, de l'Arsenal, nous apprend que ses deux pièces de théâtre et ses Bergeries sont très-mau-
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vaises, tres-extraordinaircs et ordiiricns. — N'allons pas plus loin!
M. G. Garnier nous signale les Stances pour les Pères de la compagnie de lesus, avec la responce par les mesmes rimes., s. 1.; 1618, pet. in-8° de 16 pp. C'est une ignoble diatribe contre les Jésuites qui se termine par un méchant sonnet, le tout anonyme.
N. Le Roy, que cite Goujet comme auteur d'un sonnet Sur les jeux de joie et les artifices faicts pour la /este de S. Louis, en 1618, est probablement le même Le Roy qui eut douze son- nets imprimés deux ans plus tard dans Les Délices de la poésie.
Les Œuvres spirituelles d' Anne Picardet, 1616, formées de sonnets, d'odes et de cantiques, ont quelque valeur littéraire, s'il faut croire Goujet sur parole. Anne Picardet publia aussi : Odes spirituelles sur l'air des chansons de ce temps, 1 6 1 9 et 1 62 3 . Cette dernière date est celle de la mort de son mari, Fran- çois DE Molière, s'" de Molière et d'Essertine, qui fut assas- siné. On lit de lui, dans Les Délices de la poésie françoise (1620), trois sonnets et quelques pièces de vers. Ce recueil contient aussi quatre sonnets et autres poésies, parfois assez libres, du s' Brun; six sonnets de Chifflet, dont trois sont consacrés à Rosine, à Cleonine et à Charité; ils sont suivis de plusieurs épigrammes du même ; ces épigrammes faisaient partie d'un livre que Chifflet allait livrer à l'impression. M. Georges Gar- nier voit dans ce poëte Jean-Jacques Chifflet, né à Besançon en 1 588, et mort en 1660, après avoir composé plu- sieurs ouvrages. On ne peut guère attribuer ces poésies à Phi- lippe Chifflet, dont nous parlerons plus loin. Les Délices de la poésie françoise renferment encore un sonnet, une épigramme et une chanson par Le Breton, roi d'armes de France. 11 s'agit d'HECTOR le Breton, s"" de la Douenneterie et de la Ches- naye, roi d'armes sous Louis XIIL
Les Roses de l'amour céleste flevries av verger des Méditations de sainct Augustin, etc., par le sieur de Rosières de Chaudeney...
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A Saint-Mihel, 1619, in-8". — 11 n'y a point de sonnets de l'auteur, mais quelques-uns lui sont adressés par A. D. B., S. D. C, I. DE MusSEY, écuyer, avocat au parlement de Saint-Mihel, et P. D. B.
Mathurin Régnier, né à Chartres le 2 1 décembre 1 575, mort le 21 octobre 1613, à Rouen, était fils de Jacques Ré- gnier et de Simonne Desportes, sœur du poëte de ce Mathurin Régnier, dont Boileau a dit :
nom.
Heureux si ses discours, craints du chaste lecteur. Ne se sentoient des lieux où fréquentoit l'auteur...
vint à résipiscence quelque temps avant sa mort, et en fut ré- compensé en composant quelques sonnets religieux qui sont remarquables. Voici l'un des meilleurs :
Cependant qu'en la croix plein d'amour infinie,
Dieu pour nôtre salut tant de maux supporta,
Que [larson juste sang nôtre ame il racheta
Des prisons où la mort la tenoit asservie; Altéré du désir de nous rendre la vie,
J'ay soif, dit-il aux Juifs; quelqu'vn lors aporta
Du vinaigre et du fiel, et le luy présenta;
Ce que voyant, sa Mère en la sorte s'écrie : Quoy! n'est-ce pas assez de donner le trépas
A celuy qui nourrit les hommes icy bas,
Sans frauder son désir d'un si piteux breuvage ? Venez, tirez mon sang de ces rouges canaux,
Ou bien prenez ces pleurs qui noyenl mon visage,
Vous serez moins cruels, et j'auray moins de maux...
Les Œuvres de M"" Régnier, contenant ses saiyes et autres pièces de Poésie, A Amsterdam (à la sphère), aux dépens d'Es- tienne Roger, Marchand Libraire, in-80, s. d., ne contiennent qu'un sonnet sur la mort de Passerat, et trois sonnets chré- tiens.
dit un mot de Pierre Davity, —
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1573"' ^3 S- Ce gentilhomme ordinaire de la chambre du roi , qui était du Vivarais , a mis des sonnets , épigrammes , stances, etc., dans la 2^ partie de ses Travaux sans travail , avec le Tombeau de Madame la Duchesse de Beaufort; Paris (et Rouen), 1602, in- 12. On voit encore son nom sur le titre du Bannissement des folles amours, Lyon, 1618, pet. in-8°; et Les Estais, empires et principautez du monde... par le sieur D. V. T. Y. Saint-Omer, 1614, 2 vol. in-4°, Paris, 1626, in-folio, et Rouen, 1633, in-4" , sont également de cet écrivain mé- diocre.
Antoine de Montchrestien, fils d'un apothicaire, na- quit en 1 575, à Falaise; il composa une Bergerie ou Pastorale, en tête de laquelle il plaça dix sonnets, — 1 599. — Une édition augmentée parut en 1627, à Rouen; elle était la re- production d'une autre qui avait eu l'approbation de l'auteur. Le vrai nom de ce poëte paraît être Mauchrestien, ce qui si- gnifiait mauvais chrétien. Et il le fut, en effet, moins pourtant que ne l'ont déclaré ses adversaires. L'histoire dit qu'il se réfu- gia en Angleterre, accusé d'homicide (à la suite d'un duel). Il revint à Paris, mais on l'y soupçonna de battre de la fausse monnaie ; il se mit ensuite au service du parti hu- guenot, et trouva la mort dans une rencontre, en 1621. Ses membres furent rompus et brûlés. — Ses vers ne valaient guère mieux que sa vie. • — Nos lecteurs qui voudraient connaître ce poëte, qu'on dit avoir été calomnié, peuvent consulter l'ou- vrage publié à Caen sous ce titre : Un prédécesseur de Corneille : Ant. de Montchrétien, poëte et économiste normand, par A. Joly, professeur à la Faculté des lettres de Caen. 1865, in-8°.
Jean Ogier de Gombauld, né en Saintonge, à Saint- Just de Lussac, près de Marennes, en 1577, mourut à Paris l'an 1666. Il était de l'Académie. Il nous semble à tort moins célèbre par ses sonnets que par ses épigrammes. Un éditeur voulut prendre ce titre : — Libraire de M. de Gombauld, 1,'entilhomme saintongeois. — (Le 40 p. 100 de dépôt n'était
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point encore inventé ! ) — Les biographes, qui se copient ser- vilement les uns les autres, assurent que Gombauld passe pour un écrivain fade et médiocre; pourtant ses sonnets et ses ma- drigaux firent les délices de l'hôtel de Rambouillet. — Les Poésies de Gombauld, à Paris, chez Avgvstin Covrbé, M.DC.XXXXVI , in-40, ne contiennent guère que des son- nets; ceux d'amour, les plus nombreux, sont loin de valoir la plupart des sonnets chrétiens. Voici l'un des plus beaux :
Monarque souuerain des hommes et des Anges, A qui tout doit son astre et sa félicité, le sens à tous obiects mon cœur sollicité D'adiouster vne voix au bruit de tes louanges.
le suis raui de voir les richesses estranges Dont tu pares les Cieux, ta superbe Cité; L'ordre des éléments, dont la nécessité S'entretient chaque iour de contraires eschanges.
Mais si de ta grandeur ie pense m'approcher, Dans cet excès de gloire où ie te vay chercher, Mes yeux sont esbloûis de clarlez nompareilles.
C'est là que la Raison est soumise à la Foy.
L'homme en vain se trauaille à dire tes merueilles : Il faut pour te comprendre estre Dieu comme toy.
Le sonnet que Gombauld fit sur la mort de Henri IV lui valut une pension de 1200 écus! Les rois étaient meilleurs que les poètes ! — Un des sonnets les plus remerquables de Gombauld et de son temps, sonnet que Boileau citait entre mille, com- mence par ce vers :
Le grand Montmorency n'est plus qu'vn peu de cendre.
Dans un autre, au Soleil, l'auteur confesse qu'il ne connaît aucun juste; comme il appartenait à la R. P. R., ce n'était point flatteur pour ses adhérents. — L'orthographe du nom de ce poète a varié : on trouve Gombaud, Gombauld et Gom- bault. Cette dernière leçon est celle d'une famille de notre pa- renté que l'on croit issue de la maison du célèbre sonnettiste.
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Faisons haite un moment; saluons un poëte fécond, J. B. Chassignet, Besançonnois, né vers 1578 et mort en 1635, si l'on en croit Grappin. Son Mespris delà vie et conso- lation contre la mort, — 1594, in-12, — introuvable aujour- d'hui, contient plus de quatre cent cinquante sonnets, dont plusieurs ne sont point à mépriser comme la vie, témoin le suivant :
Sçais tu que c'est de viure ? autant comme passer Vn chemin tortueux ; ore le pied te casse, Le genou s'affoiblit, le mouuement se lasse, Et la soif vient le teint de ta leure effacer.
Tantost il t'y conuient vn tien amy laisser,
Tantost enterrer l'autre ; ore il faut que tu passe Vn torrent de douleur, et franchisse l'audace D'vn rocher sourcilleux, fdicheux à trauerser.
Parmy tant de détours il faut prendre carrière, lusqu'au fort de la mort; et fuyant en arrière Nous ne fuyons pourtant le trespas qui nous suit :
Allons-y à regret? l'Eternel nous y traisne; Allons-y de bon cueur? son vouloir nous y mené; Plutost qu'estre traisné, mieux vaut estre conduit.
Honorât Meynier ou de Meynier, né vers 1370 à Pertuis, en Provence, mourut en 1638. Outre des ouvrages de mathématiques , il fit de nombreuses pièces de vers. Ses Meslanges poétiques — Paris, 1634, in-8° — sur les Triomphes de Louis XIII, sont précédés et suivis d'un sonnet en langue provençale. — On ne sait s'il appartenait à la famille de Jean Meynier ou Maynier, baron d'Oppède, traducteur en vers français des Triomphes de Pétrarque. — 1538.
Nous connaissions, avec quelques chercheurs, L^j Œuvres poé- tiques dv sitvr dv Pin-Pagtr, Paris, 1629, in-8*^, seul ouvrage de ce poëte, et nous n'avions pas d'autres détails. M. Alfred Gi- raud, dans le Bulletin du Bibliophile, nov. et déc. 1855, nous a renseigné. Grâce à lui , nous savons que Romain Pager,
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fils de Jacques Pager et de Marie Leclère, naquit le 8 février 1 578 à Fontenay-le-Comte , et mourut dans la misère vers le milieu du XVI I^ siècle (on trouve une de ses poésies dans La Mvst naissante dv petit de Beavchasteav, — 1657). — Nous avons examiné le recueil de Pager pour en avoir une idée ; il y a des odes, sept sonnets, de mince valeur, des élégies amou- reuses et un poëme sur l'hérésie. Il faut faire son état de fu- reter les vieux livres pour secouer la poussière qui recouvre celui-ci à juste titre. — Terminons en ajoutant que Louis XI II anoblit notre poète, qui prit alors le nom de du Pin-Pager, par suite de l'usage singulier d'ajouter le nom patronymique à celui de terre. C'est ainsi que Jean Le Mière, s"" de Basly, et de Cahaigne, s"^ de Verrière, tous deux contemporains et poètes du XVI I« siècle, étaient appelés de Basly-Le-Mière et de Verrière -Cahaigne. Il y a encore un Henri de Cahaigne, s' de Verrière , dessinateur, poète et musicien, né à Caen vers 1 672 , et mort en 1 7 s S • Nous ignorons si ces deux quasi- homonymes, qui ne sont pas de notre famille, nous appar- tiennent comme sonnettistes; nous sommes dans la même in- certitude pour Jules-Claude Grandvoinet de Verrières, — 1710-174^.
Jean de Lingendes, né à Moulins, se fit remarquer dans la poésie, surtout par ses stances. Ses Cliangemens de la bergère Iris^ revus y corrigés et augmentés, Paris, Toussaint Du Bray, 1614, in-i 2, furent réimprimés en 1618, deux ans après sa mort, à Tournon et à Lyon, in-12. Viollet-Le-Duc men- tionne une édition de 1606. — Les sonnets de Lingendes pa- rurent ailleurs, dans le recueil de Barbin, Le Novveav recveil des plvs beavx vers de ce temps, etc. — Pierre de Faucheran, s' de Montgaillard, poète assez faible, étant mort vers 1605, Lingendes fit un sonnet pour les Œvvrcs dv fev sievr Mont- Gaillard, Paris, 1606, in-12. On voit dans ce même livre un autre sonnet par Despinaud.
Claude-Gaspard Baschet ou Bachet, s^ DE Meziriac,
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d'une famille distinguée de la Bresse, épousa Philiberte de Chabeu,etmourutle26février 1638, à cinquante-sept ans, si l'on croit l'inscription mise sur son portrait. Il fut de l'Académie française en 1635. Ses vers sont dans Les Delica de la poésie... et dans un autre recueil de 1627. — Les Délices de la poésie... tome I^^, 1620, contiennent plusieurs de ses sonnets; le 2*^ — 1621 — en reproduit quatorze sur des sujets pieux et vingt-six variés. Ses sonnets d'amour sont plus réservés que ceux de beaucoup d'autres versificateurs; il aurait dû être plus apprécié. — Il traduisit Ovide et des poésies latines et italiennes. Quel- ques-unes de ses productions ne parurent qu'en 17 16, à La Haye. Voici un échantillon de ses sonnets: dans le i^r quatrain, il est blessé d'un coup mortel et va mourir, par métaphore, comme disait Boileau ; dans le 2^, il avoue qu'il a tort de se plaindre, et il l'explique ainsi dans les tercets :
On ne voit point le coup, car il est dans le cœur;
Pour armes elle n'a que sa fiere rigueur;
Ainsi de tous soupçons la voila garantie; Nul n'en peut tesmoigner, sinon Amour et moy;
Mais nous sommes tous deux trop peu dignes de foy,
Car Amour est aueugle et moy ie suis partie.
Brunet ne cite de Meziriac que les Problêmes plaisans et dé- lectables qui se font par les nombres... Lyon, 1612, in-12, et 1624, in-8*'. Nous y avons vu des sonnets à l'auteur .signés Charles Le Grand, avocat au siège présidial de Bresse, et Phil. Coll.
François Maynard, ou plutôt de Maynard, d'une famille originaire de Saint-Céré, en Quercy, naquit en 1582 à Tou- louse, et mourut le 28 décembre !646,à Saint-Céré même, où il fut enseveli le surlendemain. Il se recommande par un style élégant et soigné; ses vers sentent un certain travail. Il com- posa plusieurs sonnets de quelque mérite; mais il voulut rare-
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ment s'astreindre à ne donner que deux rimes aux quatrains. Le plus célèbre de ses sonnets est dirigé contre Richelieu. — Maynard était souvent fort libre, surtout dans ses sonnets acéphales, dont nous avons cité un exemple ^pourtant sans of- fenser la morale, et celui qui suit est du même genre :
Vn rare escriuain comme toy,
Deuroit enrichir sa famille
D'autant d'argent que le feu roy
En auoit mis dans la Bastille. Mais les vers ont perdu leur prix ;
Et pour les excellens esprits
La faueur des Princes est morte. Malherbe, en cet âge brutal,
Pégase est vn cheual qui porte
Les grands hommes à l'hospital !
Maynard fut élu mainteneur ou nommé seulement maître es Jeux floraux ;\\ devait même recevoir une Minerve d'argent, comme un témoignage de haute sympathie. Cette libéralité de- meura cependant à l'état de promesse : les Capitouls ne rati- fièrent point ce don magnifique ; Pellisson ne savait pas s'il fallait accuser leur avarice ou leur négligence. Ne vaudrait-il pas mieux présumer que ces magistrats se souvenaient des vers obscènes de Maynard, de ce poète presque aussi orgueil- leux que Malherbe?
Deux sonnets, par I. P. D. M. et par E. 0., précèdent la traduction que Théophile Gelée, médecin, a publiée de Tovtes les œvvres de M. André dv Lavrens^ sievr de Ferrieres... A Paris,, M.DC.XXI, in-fol. (Il y a des éditions antérieures.)
Tabarin suivit, en qualité de valet ou de confrère, le cé- lèbre charlatan Montdor. En 1622 parut l'Inventaire universel des œuvres de Tabarin , etc. — Ce bateleur avait adressé à Montdor un sonnet (apocryphe) qui, sans la moindre injustice, est tombé dans l'oubli- le plus complet. Tabarin, enrichi, s'était
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retiré à la campagne pour y vivre en châtelain ; il fut, dit-on, assassiné, vers 1634, par des voisins jaloux de son opulence. — Les Œuvres complètes de Tabarin avec les Rencontres, etc., ont été publiées dans la Collection elzévirienne de Jannet, Paris, i80, 2 vol. in- 16. — Les Œuvres de Tabarin, avec les Aventures du Capitaine Rodomont , etc., ont été réim- primées, avec préfaces et notes, par G. d'Harmonville. Paris, Delahays, 18^8, 1 vol in- 12. Enfin, un bibliographe avait fait paraître en 1835 : Plaisantes Recherches d'un homme grave sur un farceur. Tiré à très-petit nombre.
Jean de Schelandre, fils d'un vaillant capitaine, naquit vers 1585 au château de Sommazènes, près de Verdun, et mourut en 1635. — Un sonnet qui n'est pas dans ses œuvres, et que G. Colletet tenait de lui, a été imprimé en tête de : Notice sur Jean de Schelandre, par Ch. Asselineau, 18^6, in-S». Nous regrettons de ne pas le reproduire. Voici un autre sonnet de Schelandre que nous pensons être inédit, et qui est peut- être sa dernière œuvre :
Colletet, la Pasque s'approche.
Et je n'auray pas ce bon heur
De te voir en vn lieu d'honneur
Boire en poète sans reproche. Je m'en vay par vn méchant cociie
Dans letabut et la rumeui',
Susceptible à mauuaise humeur,
Comme vne botte sans galoche. Mais, Colletet, asseure toy.
Si tousjours je marche ou je boy ,
Qiie je ne mourray de ma vie. Tu ne mes amy qu'àdemy
Si cet adieu ne te conuie
De boire vn coup à ton amy.
Schelandre, qui dans la suite tourna son nom en celui de L'Escandre, publia sous le pseudonyme de Daniel d'An-
dures, véritable anagramme, ses premières œuvres, où l'on trouve des Mcslanges poétiques, Paris, 1608. — Ty et Sidon, tragi-comédie, divisée en deux journées, Paris, Robert Estienne, 1628, in-S**, pièce aussi rare que licencieuse, est attribuée au huguenot Jean de Sclielandre. — Les anciens rimeurs ne dé- daignaient point la réclame, les écrivains de nos jours ne l'ont pas inventée. Jean de Schelandre fut surtout célèbre par un sonnet casse-tête pour le lecteur ; jugez de la patience qu'eut l'auteur pour le mener à fconne fin. L'ayant décrit page ^9, nous n'y reviendrons point. On s'est moqué autrefois de ces tours de force: eh! mon Dieu ! c'est bien pis de notre temps; nos neveux seront bien en droit de rire à leur tour des rébus illustrés du XIX« siècle!
Noël de Resneville né à Caen, vers 1586, guerrier d'une valeur réelle, attestée par de hauts et de nombreux té- moignages, acquit à la guerre une fortune considérable, qu'il dispersa prom.ptement en débauches. Son voisin, le père de Guill. Colletet, le ramena dans une voie meilleure, et notre poète mourut dans le sein de l'Église, en 1636, à quarante-huit ans. Ses vers eurent une semblable destinée : il composa d'abord des sonnets d'amour assez médiocres ; ses poésies devinrent en- suite spirituelles, comme on disait alors. Mais si les Traverses dv sievr de Resneville et ses Œvvres poétiques, Paris, 1624, in-S", sont assez libres, les dix sonnets que nous y avons lus témoi- gnent peut-être de meilleurs sentiments : ainsi l'un est en l'honneur de la Vierge, et un autre à la louange des PP. Jé- suites. Le nom de ce poète s'est écrit plus tard Renneville, comme on le voit par un littérateur de la même famille. En effet, R. AuG. CoNST. de Renneville, né le 9 octobre 1677 et non vers 1650, à Caen, mort vers 1724, est connu par plusieurs ouvrages en prose, et, malheureusement, quel- ques bouts rimes contre la France lui appartiennent. — Ij publia Cantiques de l'Ecriture sainte paraphrasée en sonnets, Amsterdam^ 1703, in-12. Sonouvrage intitulé : L'Inquisition
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jiançoisc, ou V Histoire de la Bastille, fut mis à l'index en 1711.
François de Cauvigny , s^ de Coulomby (près de Caen), si l'on en croit sa propre signature apposée au bas de sa Plainte de la belle Calixte, et trois de ses sonnets [Délices de la poésie), ou Collomby, selon sa traduction de Justin (1627; ; mais d'après Pellisson le nom véritable est Collomby. Ce disciple et parent de Malherbe fut membre de l'Académie et n'eut qu'une réputation fort restreinte. — La maison de Cau- vigny, alliée à celle de Malherbe, existe encore; elle habite une terre entre Caen et Bayeux. Le fief de Colomby appar- tient maintenant à une autre famille qui en porte le nom. — Pour notre poëte,il mourut à soixante ans, vers 1648, après avoir été orateur du Roy pour les affaires estrangeres (introduc- teur des ambassadeurs^.
Il termine ainsi l'un de ses meilleurs sonnets :
Mais je fus bien deceu par ceste Ame infidelle ;
La faute, toutesfois, vint de moy comme d'elle,
De croire aux fictions d'vn esprit si rusé; Car ie devois iuger son Amour périssable,
Puisque le vain serment dont ie fus abusé
Fut des mains d'vne femme écrit dessus le sable.
Jean Baudoin, de Pradelles, au pays de Velay, et non dans la Franche-Comté, comme le prétend l'abbé de Marolles {Dé- nombrement d'auteurs), fut de la fondation de l'Académie fran- çaise, et eut une certaine réputation de traducteur fort immé- ritée. On lit de lui trois sonnets dans Le Cabinet des Mvses, 1620, 2'^ vol.; deux seulement dans le Sacrifice des Mvses av grand Cardinal de Richelieu, et un certain nombre dans son Recueil d'Emblèmes, Paris, 16 8, 2 vol. in-8<*; d'autres disent trois volumes. Il édita : Le Second Livre des Délices de la poésie françoise, etc., Paris, in-8°, 1620, et ne s'y oublia point. — Les Mvses illvstres, par Fr. Colletet, Paris, 1638, lui emprun-
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tèrent sept sonnets médiocres. Enfin, dans les manuscrits de Colletet père et fils, nous avons vu un sonnet inédit de Bau- doin. Cet écrivain, né vers 1588, peut-être 1590, mourut en i6$o.
Le Velay : Fleur des Montagnes, a donné le titre de sonnet à un petit poëme de quatorze vers à rimes plates et indépen- dantes d'un autre Baudoin, aussi de Pradelles, avocat vivant au XVII'" siècle. Ce poëme est extrait de V Histoire de V Image miraculeuse de N. D. de Pradelles, par le R. P. Geyman. — Pour mémoire. (Voir Benoît Beaudoin, page 188.)
Claude de Somaize, ou mieux Saumaise, né à Semur, en 1588, mort à Spa, l'an 1658, adressa un sonnet à M. Staakmans (V. la page 121 des Epistres de Saumaise.)
Robert Arnauld d'Andilly, s' de Pomponne, d'une ancienne et noble famille originaire de l'Auvergne — 1589- 1674 — , se retira en 1664 à Port- Royal. Il composa : Poème sur la vie deJ. C, pet. in- 12, et Œuvres chrestiennes en vers. Parmi ses sonnets, ceux au cardinal de Richelieu, sur le Tombeau du duc de Rohan et le Tombeau de Gustave-Adolphe^ — 1632, — passent pour être les plus remarquables. Nous citerons ce dernier :
Plus viste que l'esdair, plus craint que le tonnerre, Portant auecque moy la terreur et la mort, l'ay passé comme Mars des riuages du Nord Partout oii m'appeloient la lustice et la Guerre.
L'Allemagne m'a vu briser comme du verre Tout ce qui s'opposoit à mon puissant effort ; Et mon secours fatal luy seruit de support, Lorsqu'il ne sembloit plus qu'elle en eût sur la terre.
Le plus sage au conseil, le premier aux hazards, Mes vertus ont terny le lustre des Césars Et rendu l'Vniuers estonné de ma gloire,
Quel siècle vitiamais vn si grand Conquérant? Viuant, i'ay triomphé ; ie triomphe en mourant, Et choisy pour tombeau le champ de ma Victoire.
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M. DE Pomponne, fils du précédent, est connu par un sonnet également funèbre, le Tombeau du duc de Veymar, qui est loin d'être sans mérite.
Nous avons lu quatre sonnets de Jean Besly (né vers 1 589, mort en 1656), sans partager l'engouement de son bio- graphe, G. Colletet, qui les cite avec éloge. Besly fit un autre sonnet sur la mort de Scév. de Sainte-Marthe. Nous avons déjà fait observer combien les dates données par Colletet avaient peu de fondement. Selon Feller, Jean Besly, avocat du roi à Fontenay-le-Comte, en Poitou, mourut en 1644, à 72 ans, et ne paraît être qu'un historien !...
Boileau désirait qu'on laissât :
Racan chanter Philis, les bergers et les bois.
Nous voulions permettre à notre poëte pastoral de réciter, malgré son bégaiement connu, pour cette fois seulement, le sonnet adressé par lui à M. d'Armilly, de Toulouse, qu'il nomme d'Amer; mais, après une seconde lecture, nous avons passé outre. — Dix sonnets de Racan sont dans Les Délices de la poésie... — HONORAT DE BuEiL, marquis DE Racan, né en 1589 à la Roche-Racan (Touraine), mourut en 1670. Ami, élève et parent de Malherbe, il fut, bien qu'ignorant le latin j dit naïvement Bouillet, membre de V Académie française dès sa fondation.
David Ferrand — V. 1 590-1660 — était poëte et li- braire à Rouen ; après avoir été fort heureux au Palinod de sa ville natale, il devint juge de ce concours poétique. Fer- rand est surtout connu par ses poésies patoises. On lui doit la Mvse Normande... Rouen, pet. in-8®; l'Inventaire général de la Muse Normande, divisé en XXVIII parties, pet. in-B*'. — Ce poëte spirituel composa quatre sonnets en français, que l'on trouve dans l'ouvrage précité. — Ferrand est aussi connu par les Larmes et complaintes de la Royne d'Angleterre sur la
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mort de son époux, à l' imitation des quatrains de Pibrac. Paris, 1649, pet. in-40 (rare).
ETIENNE Durand, né à Paris vers 1590, eut le titre de poïte ordinaire de Marie de Médicis. Ses écrits sont : Les Epines d'amour^ Rouen, 1608 (ouvrage en prose et en vers); et Méditations de E. D., Paris, 161 1. Dans la première partie de ces Méditations , l'auteur célèbre Uranie en chansons, odes, sonnets, etc. — De concert avec Siti, Florentin, Durand composa la Riparographic ; ce livre a si bien été supprimé qu'il n'en reste pas un seul exemplaire. C'était un libelle contre le roi, et les deux auteurs furent, pour ce fait, le jeudi 19 juillet 1618, rompus et brûlés devant Téglise de N.-D. de Paris.
Jean AuvRAY remporta plusieurs prix au Palinod de Rouen. Son Trésor sacré delà Muse sainte (161 3) n'en est pas un; il se compose de sonnets, de stances et de chants royaux. Cette muse sainte s'humanisa beaucoup trop et devint on ne peut plus profane dans le Banquet des Muses, 1627. — La Madonte est suivie d'épigrammes, de stances et de sonnets. De Poze, Blésois, fait, dans un sonnet préliminaire, un éloge im- mérité de l'auteur, qui mourut en recommandant l'impres- sion de ses poésies pieuses à son ami David Ferrand. Elles parurent , en effet, sous ce titre : — Les Œuvres sainctes du sieur Auvray^ desquelles la plus grande partie nont esté vues ni imprimées. Rouen, 1628, in-8". — On trouve des sonnets dans ce livre assez rare, qui fut réédité en 1634 — Goujet dit qu'Auvray naquit vers 1590 et qu'il mourut vers 1633; Viollet-Le-Duc fixe avec plus de raison cette mort à 1627, les œuvres posthumes d'Auvray étant de 1628.
Théophile Viau ou de Viau, mais non Viaud, né en 1 590, près d'Agen, fit plusieurs sonnets. Scudéry, dans l'édition qu'il a donnée des Œuvres de Théophile, en a recueilli dix-huit ; il n'y a point placé celui que Théophile composa sur la
mort d'Etienne Durand et de Siti, ni un autre qui commence par ce vers :
Je songeois que Philis des enfers revenue...
On n'y rencontre point le fameux sonnet que cite le lardin des Mvses, en ne sachant s'il faut l'attribuer à Théophile mou- rant, ou au s»" de Porchères (Laugier). Ce sonnet se trouve dans le ms. des poésies de Laugier de Porchères que possède M. Léon de Berluc-Perussis. — Les Nouvelles Œuvres de M. Théophile, contenant la correspondance de l'auteur, pa- rurent en 1644, in-80. — Le huguenot Théophile, après tout, n'était point un grand poëte : il a pourtant trouvé de nos jours quelques admirateurs; on a même réimprimé le Parnasse des poêles satiriques, 1623 ou 1625, qui renferme plusieurs de ses poésies.
Bien que n'ayant point participé, dit-on, à la publication du Parnasse satyrique, il fut condamné à mort , tant cet ouvrage est plein d'obscénités sacrilèges. Théophile dut au conné- table de Montmorency d'être simplement banni de France. Il rentra cependant, et mourut jeune, le 25 septembre 1626. — Il est curieux de lire son apologie écrite par lui-même; on y voit qu'il se convertit en prison, et qu'après son élargisse- ment il entendait chaque jour la messe et même avait com- munié deux fois. — Terminons en disant que le Parnasse sa- tyrique, où l'on reproduisit plusieurs pièces du Cabinet sa- tyrique... 1618, contient de nombreux sonnets, soit anonymes, soit signés par Théophile Viau, Régnier, G. Colletet, Berthelot, auteur des Soupirs amoureux, Paris, 1846, N. Frenicle, Maynard, Pierre Motin, Ronsard, Berge- ron, le s'" DE la Ronce, le s"^ de Sygognes, Bernier, le s' de Rosset, Desportes, de Mailliet et Durier (s. d. du Ryer). L'éditeur, le s"" Bergeron, signe la préface des initiales C. D. B. Nous avons mentionné un sonnet sur la mort de Scév. de Sainte-Marthe, portant pour signature le nom de
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Bergeron ; nous ignorons s'il s'agit de l'éditeur du Cabinet sa- tjri(jae. Ce sonnet appartiendrait-il à Pierre Bergeron? Le tome II du Parnasse des plvs excellens poètes de ce temps, Pa- ris, 1618, contient des poésies sous ce titre : M es langes re- cveillis des escrits de Pierre Bergeron, Conseiller du Roy, et Refc- rendaire en sa chancellerie; on y voit cinq sonnets. — P. Ber- geron, fils de Nicolas Bergeron [historien et jurisconsulte), quitta le barreau, parcourut le monde et publia ses voyages, etc. 11 mourut à Paris en 1637. "" QH^nt ^u sieur de la Ronce, que nous avons cité plus haut, les biographes et biblio- graphes l'ont oublié : il fit paraître le Renaud amoureux, imité du seigneur Torquato Tasso. Paris, 1620, in-8°, et Paris, MDCCXXIV, in-80. On y trouve un sonnet à l'auteur, par E. DU Parc. Le Cabinet satyrique, mentionné à la page pré- cédente, renferme, nous dit-on , plusieurs sonnets anonymes et obscènes que l'on attribue au poëte obscur nommé Yvrande.
Etienne Molinier , né à Toulouse , vers la fin du XVIe siècle, d'abord docteur en droit , puis en théologie, publia six sonnets sur le nom d'Etienne d'Aligre, et un sep- tième adressé à son propre neveu , Baynaguet. Cet écrivain publia : Le Mystère de la croix et de la rédemption du monde, expliqué en dix sermons preschez dans la chapelle des Pénitens noirs de Tolose, Tolose, 1635, in-8*'; et : Les Douze fondemens de la cité de Dieu, Tolose, 1642, in-80. — D'autres ouvrages lui doivent le jour, notamment : Sermons povrtovs les'dim.anches de l'année, composez et preschez par Estienne Molinier, Prestre] Tolosain. Diuisez en deux volumes. Dédiés à Monseigneur r Il- lustrissime et Reverendissime Archevesque de Tolose (Ch. de Montchal). — Molinier était recteur de Sauvens.
Claude de Chateaubriand ayant perdu son mari, Pierre de Brichanteau, seignr. de Saint-Martin de Nigelles, en re- cueillit les poésies l'an 1613, in-40. — Brichanteau n.ourut à 22 ans ! Son bagage littéraire est léger : une épître^ vingt stances, trois chansons, et enfin soixante-dix sonnets qui nous le font
inhumer ici, mais sans grand honneur ni pour lui ni pour le genre de poëme qui nous occupe et nous préoccupe.
D'Infrainville (les Annales poétiques disent d'Infrevilie) est un comparse du théâtre littéraire, dont Le Temple d'Apollon ( 1 6 1 1 ), Le Parnasse des plus excellens poètes de ce temps (1618), Le Cabinet des Mvses (1619) et Les Délices de la poésie française (1620) ont recueilli les œuvres. Nous avons quelque envie de lui attribuer huit sonnets ; voici le commencement de chacun d'eux :
i» Alors que le soleil abandonne les cieux....
2° Que d'aimables attraits laissent voir ton visage....
3^^ Phaeton demy Dieu n'eut pas cette puissance ...
40 Amour voyant vn iour que sa flamme estoit morte....
jo Cestoit la nuict....
6" Téméraire géant,...
70 Amour s'en retournoit vn iour d'vne entreprise....
8° Voyez ce feu sacré....
Les trois premiers ont paru sous son nom dans Le Cabinet des Mvses ; ils sont dans le Parnasse des plus excellens poètes avec le quatrième. Le troisième, qui fut composé Sur la cheute de la Royne et de Madame la Princesse de Conty, se retrouve dans Les Délices de la poésie françoise; le premier et le second se rencontrent deux fois dans ce dernier recueil, sous le nom de Touvant, d'abord, puis avec le troisième et diverses poésies comme étant de feu Charles de Piard s"" d'Infrainville et de Touvant. Le quatrième est celui qu'Alfred Delvau a mis dans les Sonneurs de sonnets. (C'est sans doute par une faute d'impression qu'il y est signé à'întreville). Quant au cin- quième, qui, dans le Parnasse, est bien attribué à d'Infrain- ville, il doit établir la paternité des sixième, septième et hui- tième. Ces trois derniers, qui sont aussi, mais plus loin et ano- nymes, dans le même Parnasse, ont été reproduits par Le Cabinet des Mvses; venant à la suite du cinquième, ils sont à part et numérotés avec lui : I , II , III et IIII , pour indiquer
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leur commune origine. — Comme les renseignements sur ce poëte font presque entièrement défaut, le passage suivant de l'Histoire de l'Académie française.., par Pellisson, offrira peut- être quelque intérêt : — ce 11 avoûoit (dit M. de Racan parlant de Malherbe) pour ses écoliers les sieurs de Touvant, Co- lomby, Maynardetde Racan; lien jugeoit diversement, etdi- soit en termes généraux, que Touvant faisoit fort bien des vers, sans dire en quoi il excelloit; que Colomby avoit fort bon esprit, mais qu'il n'avoit pas le génie à la Poésie; que Maynard étoit celui qui faisoit le mieux des vers, mais qu'il n'avoit point de force, et qu'il s'étoit adonné à un genre d'é- crire auquel il n'étoit pas propre, voulant dire l'épigramme, et qu'il n'y réussiroit pas parce qu'il n'avoit pas assez de pointe. Pour Racan, qu'il avoit de la force, mais qu'il ne travailloit pas assez ses vers ; que le plus souvent, pour mettre une bonne pensée, il prenoit de trop grandes licences, et que, de ces deux derniers, on feroit un grand poëte. » — Revenons maintenant au nom de Piard, que l'on trouve écrit de plus d'une façon et porté par différents auteurs : Le Cabinet des Mvses contient les Bergeries de Pierre Pyard de la Mirande, où l'on voit sept sonnets médiocres. Enfin, dans le Recueil des bouts - rimes dont nous avons parlé page 68, on rencontre un sonnet signé S. Piiart.
HODEY nous est connu par neuf sonnets (Les Délices de la poésie, i'"'" vol., 1620). — Deux ou trois sont assez bons, c'est quelque chose.
Louis de Revol, d"" de Sorbonne, chanoine de Dol, etc., fut un prédicateur célèbre. Il appartenait à une famille noble et ancienne du Dauphiné, qui portait d'argent à trois trèfles de sinople. — Plusieurs sonnets de lui, que nous font connaître les Mvses françaises ralliées et Les Délices de la poésie, se res- sentent de l'exagération de ce temps; les poètes ne disaient point alors :
Chassez le naturel, il revient au galop.
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Ainsi le s' de Revol s'adresse à ia mort à peu près en ces termes : — « Tu as mesconnu tes propres interests en coupant ce le fil de la vie de ce gentilhomme, qui, estant fort braue, n pouuoit tuer cent et cent ennemis, et de la sorte peupler « les sombres bords I — » Que la mort mette cela sur ses ta~ blettes pour épargner les médecins!
Le Temple d'honnevr : Oh sont compris Us plus beaux et hé- roïques Vers des plus renommez Poêles de ce temps non encor veus, ny imprimez. Par le Cheualier De Lescale et les sieurs Bois- Robert, Bardin, etc. A Paris, M.DC.XXII. Un sonnet est par I. COLLETET; s'il n'y a point d'erreur typographique, il s'agit d'un troisième Colletet fort inconnu. C. Garnier, La Roque et J. Baudoin ont un sonnet chacun dans ce livre , deux sonnets sont du chevalier de Lescale; et comme l'un d'eux est sur deux rimes , l'auteur fait remarquer cette nou- veauté avec une certaine complaisance. C'était plutôt une vieil- lerie, le sonnet continu, que l'on voit reparaître de temps à autre. — Le chevalier de Lescale est devenu Le champion des femmes, qui soustient qu'elles sont plus nobles, plus parfaites et en tout plus vertueuses que les hommes, Paris, 1618, in-12.
Les Œuvres de Iacques Poille, sievr de S. Gratien, con- seiller au Parlement de Paris, etc. Paris, M.DCXXIIl, in-B». L'exemplaire de cet ouvrage qui est conservé dans la Bibl. de l'Arsenal contient une note manuscrite ainsi conçue : — a Je n'a) encore rien pu trouver sur cet auteur. » — Ce livre con- tient des sonnets au roi sur les personnages célèbres de l'an- cienne Rome, de la Grèce, et sur les barbares, les grands rois, les sultans et les hérésiarques! Il est terminé par Vlcare françois (qui n'est autre que le maréchal de Biron) ; le tout en sonnets innombrables, mais d'un mérite fort restreint. Viollet- Le-Duc en a compté neuf cent dix-neuf!
Les Amovrs dv Berger Philandre et de Caliste, et autres œu- vres, par le sieur desVallotes. Paris, 1623, in-8<>. Il y a seize sonnets déplorables. Goujet qualifie ce livre de sottises amoureuses.
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L'EuthymU, ou du Repos d' esprit j etc., avec des sonnets et des quatrains, par Jean Claverger, avocat au parlement de Paris — 1624. — L'auteur avait alors un certain âge, et ses sonnets paraissent œuvres de jeunesse,car l'amour y règne encore.
La Chasteté, poëme héroïque de Guillard-Damville ou Danville, gendarme de la reine, est dédié à Louis XIII par un sonnet — 1624. — Les compilateurs des Annales poétiques disent plaisamment que ce poëme a de la facilité, beaucoup d'/iwfiii et de digressions. Guillard-Danville fut mis à la Bastille et ne connut jamais le motif de sa détention.
Cent cinquante sonnets chrestiens,pdir M.A.Paris, i625,in-i2.
Amours sacrées, Hymnes et méditations, par Pierre de Ma- rin, 1625. Il y a cent douze sonnets. L'auteur appartenait au Limousin [Annales poétiques).
Nous connaissons les ouvrages suivants de Pierre de Co- TiGNON, écuyer, s"" de la Charnays, gentilhomme niver- nais : — La Mvse champestre.... Paris, 1623, in-8"; — Le Phylaxandre du sieur de la Charnays, gentilhomme nivernais ; Pa- ris, 1625 , pet. in-8° (rare); — L'Ovvrage poétique dv s' de la Charnays..., Paris, 1626, pet. in-12 (seize sonnets); — Les Vers dv sievr de la Charnays. Paris, 1632, in-S». — Enfin La Charnays est auteur du Combat des Muses, des Travaux de Jé- sus, poëme. Paris, 1638, in-8®, etc. — Plus de livres que de mérite littéraire !
Le Paranymphe de la Covr ov sont dépeintes les Vertvs He- royqves du Roy.., par le sieur Elis, de Fallaize. A Roven, M. DC. XXVIII. — Ce poëte, nommé Charles Elis de Bons, a inséré dans son Paranymphe treize sonnets, compte malheureux, autant pour l'auteur que pour celui qui lit ces œuvres médiocres. — Cet ouvrage a peut-être inspiré le Pa- ranymphe du Roy (en wers), par Nicolas lamin, Tourangeau. Pa- ris, 1649, in-4°. (V. Amadis Jamyn et Benjamin Jamyn, pages 143 et 144.)
La Sage Folie... traduite en vers français par L. Garon.
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A Lyon, M.DC.XXVIII, in-12, et M.DC.XXXV. Un son- net du traducteur connu par Le Chasse-ennuy... Rouen, 1652, in-12; etc.
Vranie Pœnitente... par M. I[acqnes) le Clerc, cure et offi- ciai de Saint-Valhry sus-Somme. A Roven, 1628, in-12. Beau frontispice gravé. Un sonnet. — Uranie pénitente n'est autre que sainte Madeleine. Un cliartreux, le frère M. A. Durant, avait publié la Magdaliade en 1622. Nous avons déjà parlé de la Magdeleine de F. Rémi de Beauvais, et plus loin nous verrons celle du P. de Saint-Louis.
Le Recueil des vers de M. de Marbeuf (Pierre), cheualier, sieur de Sahurs, Rouen, 1628, in-S», a des sonnets pour Ama- ranthe, Hélène et Philis; plus deux qui ne sont pas d'amour. Rien de saillant. — Pierre de Marbeuf obtint le prix de l'Ode, au Puy de l'Immaculée conception, à Rouen (1634).
Benjamin de la Villatte n'est peut-être mentionné que dans Goujet, qui, du reste, en fait assez peu de cas. Ce poète a mis sept sonnets à la suite de son Hermitage chrestien, 1628. Il était chanoine de la collégiale de Saint-Martin de Cham- peaux, en Brie, et parvint à un âge avancé; il vivait proba- blement encore en 1641.
Les Triomphes de Louis-le-Juste en la réduction des Rochel- lois, etc. Reims, 1629, in-40. — Cet ouvrage, publié sans nom d'auteur, est de Florent Bon, jésuite. On y voit de nombreux sonnets et autres pièces qui offrent parfois quelque intérêt. — Boisrobert composa sur le même fait, mais seulement en 1635, le Parnasse royal, recueil de sonnets et d'autres poésies de différents auteurs. Les sonnets, au nombre de quatre, sont de Colleiet, L'Estoile et Boisrobert, sans parler d'un sonnet ita- lien en l'honneur de Louis XIII, par Achillini.
Louis Mauduit, prêtre, auteur de : Dévotions , d'après Goujet ne paraît point sonnettiste. Colletet attribue à un ecclésiastique des mêmes nom et prénom un poëme sur Nar- cisse. Nous avons découvert un sonnet de Louis Mauduit qui
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n'est pas signalé par eux. On le trouve dans les Œuvres poé- tiques de Nicolas Frenicle. Paris, 1629, 2« édition.
Abel d'Argent est auteur de la Sepmaine, contenant l'his- toire de la seconde création ou restauration du genre humain. Sedan, Jacques de Turenne, 1629, in-8<*. (Une autre édition est de Sedan, 1632, in-S".)— Mauvais sonnettiste, originaire de la Cerleau (Ardennes).
Hugues d'Avignon, seigneur du Monteil, d"* ès-droit, et avocat en la sénéchaussée du Puy , est l'auteur d'un sonnet (reproduit par le Velay), et de la Velleyade , ou délicieuses Mer- veilles de rËglise Nostre-Dame du Puy et pais de Velay. A Lyon, M.DCXXX, in-8«.
Le Velay a fait revivre un autre sonnet de Michel Pan- DRAU, dr ès-droit, avocat et chantre de N.-D. du Puy dans le XVIIe siècle.
Les Sentimens universels de messire Pierre Forget, che- ualier, sieur de Beauuais et de la Picardiere, conseiller du Roy en ses Conseils d'Estats et Priué et l'vn de ses Maistres d'Hostels ordinaires. Paris, i6j6 — 2® éd. La 1'° (in-4*') est de 1630, la 4° de 1646, pet. in- 12 : un seul sonnet, pas trop mal tourné, ferme le livre (2^ édition). — La mort de Melice inspira douze sonnets au même auteur; ils sont dans Les Délices de la poésie française de 1620. — Ce poète médiocre, qui avait publié en (613 un Hymne à la Royne régente, mou- rut à Paris, en 1638. — Un Pierre Forget, s^ de Fresnes, rédigea l'Édit de Nantes (i 598).
Homme de lettres et gens du monde se moquèrent des Poé- sies et rencontres de Louis de Neufgermain, Paris, 1630-37, 2 parties en i v. in-4°. La 2® est fort rare : c'est un mérite bien m.ince.
Tableaux du temple des Muses représentant les Vertus et les Vices, sur les plus Illustres fables de l'Antiquité, par M. de Ma- rolles, Abbé de Villeloin. A Paris, 1655. — C'est Jacques Favereau , né à Cognac en 1590, mort en 1638, qui
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avait eu l'idée de ces Tableaux^ au bas de chacun desquels il voulait inscrire un sonnet explicatif. Il composa un sonnet sur Protée dans ce but; mais il s'en tint à cet essai, qui n'est pas sans mérite, et que Michel de Marolles a reproduit dans l'ou- vrage que nous venons de mentionner. — Favereau, fils de Pierre Favereau, écuyer, et d'Anne de Ranson, était marié avec Marg. Pasquier, petite-fiile d'Etienne Pasquier. Il fit imprimer Mercurius rediuiuus, puis deux poëmes latins. En 1625 il mit au jour La France consolée^ suivie de trois épîtres. — Le lardin des Mvses (1643) cite de lui, sous le nom de Faureau, Engolmoisin, un vers qui est peut-être unique en son genre, du moins en français, parce qu'il est rétrograde, lettre pour lettre : on peut le lire de droite à gauche aussi bien que de gauche à droite; le voici :
L'ame des vns, iamais n'vse de mal.
Paul Ferry, ministre de la R. P. R., né à Metz en 1591, y mourut en 1669. Il célébra en sonnets et stances très-faibles une Isabelle quelconque, et publia le Catéchisme gênerai de la Réformation, que Bossuet réfuta complètement.
François le Metel, s"" de Boisrobert, né vers 1592, à Caen, mourut en 1662. Membre de l'Académie française, dès l'origine, il fut homme d'esprit, sinon poëte agréable. Nos lecteurs se souviennent qu'il fit un sonnet (curieux), que le P. Martin Le Noir plaça au commencement de ses propres sermons. Rouen, iéi6. Un 2^ sonnet est dans le second vol. du Cabinet des Mvses j 1620. Plusieurs autres font partie du Recveil des plvs beaux vers de Messieurs de Malherbe, etc. A Paris, M. DC. XXXVIII, in-80. — Boisrobert cultiva le son- net dans le Sacrifice des mvses av grand Cardinal de Richelieu. A Paris, M.DC.XXXV, in-4''. Il y est en compagnie de son- nettistes déjà mentionnés: L'Estoile, Gombauld, Malherbe, Billon, Colletet, Scudéry, Porchères (d'Arbaud), Gomberville, J. Baudoin et Tristan. Quelques-uns, peu connus, s'y trou-
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vent aussi, notamment le s"" de Chanvalon, sans doute de la maison de Harlay, et le même que Fr. de Chanvalon — ^^^S' 1653, mort archevêque de Rouen. C'est peut-être à lui qu'on doit : Vers du sievr de Chanvallon, en la lovange dv Roy, A Paris, MDCVII, in-8°, contenant deux sonnets, et Para- phrases sur le Cantique des cantiques, Paris, 1625, pet. in-8". — Après Chanvalon viennent La Frezelière, Scipion de Grand- mont {sic) et Vn autheur incertain. Le sonnet qui n'a pour si- gnature que ces initiales S. D. G. pourrait bien être aussi de Scipion de Gramont (i). Enfin, trois lettres, C. D. C, sont au bas d'un autre sonnet. Mais revenons à Boisrobert. On lit à la suite de ses Epistres, 1647, in-40, de nouveaux sonnets de lui. Une édition plus complète de ce livre parut en 1659, in-8°.
Marc-Antoine Gérard de Saint-Amant, né l'an 1 594, à Rouen, mort en 1661, fut ridiculisé par Boileau, fort ran- cunier de la moindre offense. Citons de Saint-Amant (que Brunet nomme à tort Girard de Saint-Amand) un sonnet spiri- tuel, original, et d'une grande richesse de rimes; nous l'ex- trayons des Œvvres dv sievr de Saint- Amant ^ augmentées de nouueau. A Paris, M.DC.XXXVIH.)
Assis sur vn fagot, vne pipe à la main (2), Tristement accoudé contre vne cheminée, Les yeux fixés vers terre et l'âme mutinée ,
(i) La Bibliothèque impériale a les ouvrages qui suivent de cet écri- vain : Abrégé des artifices, ou Moyen d'apprendre une langue en un an; — Ballet de Tancrède ; — Ballet de la fable de Psyché. Citons aussi : De la nature, qualitez et prérogatives du Poinct où se voient plusieurs belles et subtiles curiositez, par Scipion de Gramont, sieur de S. Ger- main. A Paris, 1619, in-S". — Nous verrons plus loin M. de Gram- mont, de Richelieu.
(2) Ce vers a été pris par César Pellenc :
il vaut mieux avec vne pipe Estre assis dtssus vn fagot
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le songe aux cruautez de mon sort inhumain.
L'espoir qui me remet du iour au lendemain Essaye à gaigner temps sur ma peine obstinée , Et me venant promettre vne autre destinée, Me fait monter plus haut qu'vn Empereur Romain.
Mais à peine cette herbe est- elle mise en cendre, Qu'en mon premier estât il me conuient descendre Et passer mes ennuis à redire souuent,
Non, ie ne trouue point beaucoup de différence De prendre du tabac, à viure d'espérance : Car l'vn n'est que fumée, et l'autre n'est que vent.
C'est le sonnet le plus présentable, au point de vue moral et littéraire, de cette édition, qui ne contient que neuf sonnets, pendant que celle de 1661 en a trente-six. Mais quelle li- cence! — G. Colletet parle ainsi de Saint-Amant ( Vie des Poètes françois] : a Vn jour je vis ce poëte qui cheminoit sur ce le Pont-Neuf, sans s'aperceuoir qu'il laissoit tomber de sa « poche des paperasses qu'il portoit à son imprimeur. Je « m'approchay de luy fort ciuilement, et, luy rendant ses ma- « nuscrits, je luy dis : — Si on vous connoissoit moins, on vous ce voleroit bien dauantage ! » — Voici une épigramme de Saint-Amant que le recueil de Sercy attribue faussement à Corneille; elle est, croyons-nous, contre Scudéry ; le titre est : A un escrivain de Gascogne :
Ce petit fanfaron à l'œillade échappée. Qui fait le grand autheur et n'est qu'un animal, Dit qu'il tranche sa plume avecque son espée, Je ne m'eslonne pas s'il en escrit si mal.
Jean des Marets, s"" de Saint-Sorlin, que les biogra-
En posture d'vn vieux magot, Couuertd'vne vieille guenipe.
(Extrait de poésies rares, mais triviales et parfois trop crues, qui portent ce titre : Les Plaisirs de la vie. A Aix, M.DC.LV, pet. in-80.)
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phies font naître en 1594, 159$ ou 1596, mourut selon les unes en 1674, et d'après les autres en 1676. Il fut l'auteur d'un sonnet placé au bas du cheval de bronze de la Place royale, monument élevé à la gloire de Louis le Juste. — A quel poëte de nos jours réserverait-on un pareil honneur? — Des Marets fut un des membres de l'Académie naissante, peut-être pour avoir collaboré aux tragédies du cardinal de Richelieu. — 11 s'adonna lui-même à la composition de pièces de théâtre, et son chef-d'œuvre {les Visionnaires, Paris, 1639, P^^* ^""'^ de 78 pp. ) obtint du succès ; mais il ne tarda point à s'éloigner du monde pour entreprendre des ouvrages religieux plus nom- breux que dignes d'intérêt. Son Clovis , poème en vingt-six chants dans la i""® édition de 1657, fut ensuite réduit à vingt. Le rédacteur du catalogue des livres du marquis Le Ver dit que l'édition originale est de 1661, in-4". — Des Marets tra- duisit en quatrains l'Imitation; cette traduction, fort rare, fut imprimée au château de Richelieu^ par Mignon, en 1654. Ses Œuvres poéti^jues étaient antérieures; elles dataient de 1641 (Paris, in-40). Des Marets fut un auteur extravagant, qui toucha même à la folie dans ses dernières années. Mais gar- dons-nous de ne pas citer son madrigal sur la Violette (Voir la célèbre Guirlande de Julie) :
Franche d'ambition, ie me cache sous l'herbe, Modeste en ma couleur, modeste en mon seiour; Mais si sur vôtre front ie puis me voir vn jour, La plus humble des fleurs sera la plus superbe.
Ph. de la Madelaine attribue faussement ce madrigal à Re- gnier-Desmarais, qui avait alors treize ans! — Le recueil de Sercy nous a fait connaître un sonnet de Desmarets de R. ; est-ce Desmarets, de Rouen, que nous avons cité pages 84 et 86.^
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Jean Chapelain — 1595 -1674 — fut du noyau qui forma l'Académie française ; il tomba de haut, nul ne l'ignore; et nous ne tenterons point de le réhabiliter, comme nous en aurions le désir pour maints poètes que les biographes traitent avec un mépris immérité. Constatons seulement un fait : Cha- pelain est auteur de sonnets divers et de quelques autres qu'on nommait alors des Tombeaux. — Deux sonnets inédits sont conservés au Louvre (Manuscrits de F. Colletet),etc. — On lit dans les Entretiens de feu Monsieur de Balzac, p. 323... «Je a n'ay gueres veû de sonnets qui m'ayent entièrement satis- « fait. Exceptons-en ces trois que vous allez voir, où il n'y a a pas un seul mot qui ne soit justement en sa place. Ils sont « de la façon du grand Chapelain, et je n'ay gueres rien veû « plus digne de luy, et de nostre admiration. »
Nicolas Faret, — né à Bourg de 1 596 à 1600, et mort en 1646 — après un vœu fait au siège d'Aire, dit le lardin des MvseSj au combat de la Route, en Piémont, prétend un bio- graphe, plaça dans l'église de Notre-Dame de Paris un ta- bleau commémoratif avec un sonnet écrit en lettres d'or. L'au- teur de la Bibl. franc, n'en connaissait pas d'autre de ce poëte académicien. — Pellisson, en écrivant la vie de Faret, raillé à tort par Boileau à cause de ce nom dont la rime était si ri- che avec cabaret, ne mentionne qu'une ode et un sonnet, qu'il dit être dans le lardin des Mvses. C'est donc bien le sonnet du vœu. — Faret a laissé plusieurs ouvrages en prose, notamment rHonnête hommey ou l Art de plaire à la cour, 1630.
David le Sage, poëte français et gascon, était de Mont- pellier; son recueil portait un titre étrange, qui ne manquait pas d'opportunité. Ses Folies sont un pêle-mêle d'épigrammesj d'élégies, de satires, de sonnets, etc. — Le Sage, auteur de Folies, mourut en 16^0.
Le Panthéon et le Temple des Oracles où réside la fortune, par C. D. Paris, 1630, et Paris, 1634, les deux édi- tons pet. in-8». Un sonnet précède les quatrains de ce livre
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bizarre de François d'Hervé, commandeur de Valcanville, et auteur de L'Exil amovreux dv chevalier infortvné... A Paris, M. DC. XXXII, in 8°. L'Exil amovrcvx est un roman léger en prose et en vers contenant un sonnet. — Le Panthéon a été réimprimé par M. Jannet, en 1858, in-i6.
Pierre de l'Estoile, né vers 1 ^o, mourut en 161 1. C'est lui qui rédigea depuis 1 574 un journal.de tout ce qui se passait à Paris. Son fils, Claude de l'Estoile ou Lcstoiky s"" du Saussaye, naquit vers 1597 et mourut vers 16^2; il fut un des premiers membres de l'Académie française. Ses poésies diverses parurent dans les recueils de son temps. Deux sonnets de lui sont dans les Mvses illvstres : un d'eux est adressé à G. Col- letet, sur un de ses ouvrages traduit du P. Séguier : De la connaissance de Dieu et de soy-mesme — 1637. — D'autres son- nets de Cl. de l'Estoile sont dans Le Parnasse royal, A Pa- ris, M.DC.XXXV, in-40; Le Sacrifice des mvses au grand Cardinal de Richelieu, Paris, M.DC.XXXV, in-4"; et le Recveil'des plvs beaux vers de Messieurs de Malherbe, Racan, etc. Paris, M.DC.XXXVIII.
Claude de Malleville, né à Paris en 1 597, mourut en 1647. ^' ^^^^^ ^''5 ^'"" officier de la maison de Retz, fut mem- bre de l'Académie française, et se fit remarquer par son esprit délicat. Il nous paraît être un des bons faiseurs de sonnets ; quelques-uns des siens se recommandent par leur genre élevé; une certaine noblesse de sentiments s'y révèle. Bien qu'il ait négligé, dit-on, de mettre la dernière main à ses poésies, nous serons plus bienveillant après avoir parcouru nombre de son- nets de ses devanciers, de ses contemporains, et voire même de ses successeurs. Nous le préférons à Maynard, si prétentieux, si convaincu de son propre mérite, dont il parle constamment, lui qui est un des cygnes de France! — La Belle Matineuse est, selon Boileau, le meilleur sonnet de Malleville; La Harpe dit que la Belle Matineuse est fort au-dessous de sa réputation, qu'il y a trop de mots et pas assez d'idées. Il est pourtant cer-
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tain que ce sonnet eut beaucoup de vogue et qu'il fonda le mieux la renommée de rauteur; ce fait nous semble bon à con- stater. — Voiture composa sa Belle Matineuse; Ménage, rap- porteur du procès qui s'éleva entre les deux poëtes, mentionne un second sonnet de Voiture. Malleville en avait deux autres. Ménage, Marescal, Tristan-l'Hermite, etc., entrèrent aussi en lice. Nous ne citerons* que les deux sonnets les plus remar- quables.
SONNET DE MALLEVILLE. {Extrait des Poésies dv sievr de Malleville. A Paris, M.DC.XLIX, in-4".]
Le silence regnoit sur la terre et sur l'onde , L'air deuenoit serain et l'Olympe vermeil, Et l'amoureux Zephire, affranchy du sommeil, Resuscitoit les fleurs d'vne haleine féconde.
L'aurore desployoit l'or de sa tresse blonde, Et semoit de rubis le chemin du Soleil ; Enfm ce dieu venait au plus grand apareil, Qu'il soit iamais venu pour esclairer le monde.
Quand la ieune Philis au visage riant. Sortant de son Palais plus clair que l'Orient, Fit voir une lumière et plus viue et plus belle.
Sacré flambeau du iour, n'en soyez point ialoux, Vous parustes alors aussi peu deuant elle Qiie les feux de la nuit auoient fait deuant vous.
SONNET DE VOITURE.
Des portes du matin l'Amante de Cephale Ses roses espandoit dans le milieu des airs, Et iettoit sur les cieux nouuellement ouuers Ces traits d'or et d'azur qu'en naissant elle eslale.
Quand la Nymphe diuine, à mon repos fatale, Apparut et brilla de tant d'attraits diuers ,
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Qu'il seinbloit qu'elle seule esclairoit l'Vniuers, Et remplissoit de feux la riue Orientale.
Le soleil se hastant pour la gloire des cieux, Vint opposer sa flame à l'éclat de ses yeux, Et prit tous les rayons dont l'Olympe se dore.
L'onde, la terre et l'air s'allumoient à l'entour. Mais auprès de Philis on le prit pour l'Aurore; Et l'on creut que Philis estoit l'astre du iour.
Même en tenant compte des taches qui déparent son œuvre, il nous semble que la palme appartient à Malleville , poëte digne d'une considération très-grande. Ronsard, Gombauld et lui, dans quelques-unes de leurs nobles inspirations, sont vrai- ment des sonnettistes hors ligne ! — On cite encore, mais dans un autre genre, un sonnet fort spirituel que Malleville com- posa pour une dame qui lui demandait une énigme.
Après avoir assisté au combat singulier autant que poétique de Malleville et de Voiture, arrivons à d'autres sonnets qui eurent une célébrité plus grande encore. La cour fut partagée en deux camps; la France entière imita la cour; il n'y eut bientôt plus que des Uranistes et des Jobelins. Voiture, que nous ne trouvons plus désarçonné, avait composé Uranie; de là ses partisans prirent ou reçurent la qualification d' Uranistes ou d'Uranins. Benserade était l'auteur de Job ; or, les tenants de Benserade furent appelés Jobelins. A la tête du parti des Uranistes on remarquait M^^e de Longueville , en compagnie des marquises de Sablé et de Montausier. Plusieurs écrivains assurent que le prince de Conti dirigeait les Jobelins ; La Harpe le nomme prince de Condé et cite mal les deux derniers vers d'un sonnet de Corneille qu'il attribue à ce même prince.
SONNET DE VOITURE
Il faut finir mes iours en l'amour d'Vranie, L'absence ny le temps ne m'en sçauro/7 guérir '
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Et îe ntvois plus rien qui pût me secourir. Ny qui sceut rappeler ma liberté bannie.
Dés longtemps ie connois sa rigueur infinie : Mais, pensant aux beautez pour qui ie dois périr, le bénis mon martyre, et, content de mourir, le n'ose murmurer contre sa tyrannie.
Quelquefois ma raison, par de foibles discours, M'inuite à la reuolte et me promet secours; Mais, lorsqu'à mon besoin ie veux me seruir d'elle,
Apres beaucoup de peine et d'efforts impuissans, Elle dit qu'Vranie est seule aimable et belle Et m'y rengage plus que ne font tous mes sens.
SONNET DE BENSERADE.
• lob, de mille tourmens atteint,
Vous rendra sa douleur connue. Et raisonnablement il craint Que vous n'en soyez point esmeue;
Vous verrez sa misère nue ; Il s'est luy mesme icy dépeint; Accoustumez-vous à la veue D'vn homme qui souffre et se plaint.
Bien qu'il eust d'extrêmes souffrances. On vit aller des patiences Plus loin que la sienne n'alla.
S'il souffrit des maux incroyables, Il s'en plaignit, il en parla : l'en connois de plus misérables.
Ce deuxième sonnet accompagnait le livre suivant : Para- phrases sur les IX Leçons de lob. Paris, 16^8, in-ié. — Ben- serade a signé la dédicace au cardinal de Richelieu (manque dans Brunet).
On sait que Pierre Corneille publia deux sonnets à l'occasion de cette guerre célèbre; Vignier (sans doute Jérôme Vignier — 1606- 1661), petit-fils de l'historiographe Nicolas Vignier, et
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auteur de plusieurs poésies, fit un sonnet sur Job; DE Lage en composa même deux, et Le Bret en rima un autre. — Terminons en disant que la duchesse de Longuevilie déféra le jugement sans appel sur ces fameux sonnets aux beaux es- prits de Caen. Les cinq Facultés réunies (pendant la semaine palinodiale) décidèrent à la majorité que le sonnet d'Uranie sur- passait celui de Job; mais que la prélation de l'un ne pouvait pas faire injure à l'excellence de Vautre (1651). Ajoutons que M. Eug. de Robillard de Beaurepaire, dans son Histoire de deux sonnets ( Revue de Rouen et de la Normandie , mars 1852) (i), trouve que le sonnet, en général, est un genre su- ranné, même faux ; avec M™« de Sévigné, M. de Beaurepaire est sur le point de dire que le sonnet passera... comme Racine et le café.
Auteur de chansons, de nombreux rondeaux et surtout de sonnets, Isaac de Benserade, gentilhomme normand, né à Lyons-la-Forêt en 1612, mourut le 19 octobre 1691. Nous avons rapporté un sonnet de lui, devenu célèbre à cause de la guerre littéraire qu'il souleva; mais il est bien inférieur à celui de Londres régicide, d'une grande énergie et d'une mâle beauté. On peut y blâmer des expressions qui n'ont point arrêté cepen- dant les R. P. de La Rue et Cossart, ni Santeul, dans la traduction littérale qu'ils en ont faite en vers latins. — Ter- minons en citant Cleopatre, tragédie par M. de Bensserade. louxte la copie à Paris, chez Ant. Sommaville, 1657, pet.
(i) D'après cet écrivain, la duchesse de Longuevilie désigna pour arbitre le célèbre Antoine Halley, de l'Académie de Caen , et illustre poète latin; Halley s'adjoignit Augustin le Haguais, de Caen, et Le Picard, conseiller au présidial de cette ville. M. G. Garnier complète nos renseignements par la communication des sonnets que ces trois académiciens composèrent et envoyèrent à M'»e de Longuevilie. Ces sonnets, au nombre de quatre, sont dans l'édition unique des Œuvres d'Ant. Halley. — 167;, in-8'\ Halley, né en 1593, mourut en 1676.
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Vincent Voiture, né dans la ville d'Amiens^ 1 598-1648, n'a livré au public que sept sonnets. 11 fut membre de l'Aca- démie naissante ; ses Œuvres parurent après sa mort, en 1650, in-4". Elles eurent six éditions en dix ans. La plupart des poésies et des lettres de Voiture sont fort au-dessous de leur renommée.
Le Bret, que nous venons de nommer, est auteur d'un au- tre sonnet et de plusieurs pièces de vers que l'on trouve dans le recueil deSercy.
Balthazard Baro, de Valence (Dauphiné), mort en 1649, à 50 ans environ, fut aussi de l'Académie française; il travailla pour le théâtre et composa des poésies, notamment dix sonnets insérés dans Les Délices de la poésie, i" vol., 1620. Ses Tragédies et poëmes dramatiques. — 1629-165 1, forment neuf pièces, deux in-8" et sept in-4".
Cadot et d'autres après lui tombent dans l'erreur en fixant la naissance de G. Colletet à 1596; il naquit le 12 mars 1 598, et fut l'aîné de vingt enfants qu'eut d'Anne Dohin Ga- briel Colletet, ancien procureur et commissaire au Châtelet; ce Guillaume Colletet, membre fondateur de l'Académie fran- çaise, est, dit-on, un méchant poète; il eut cependant une cer- taine réputation, et plusieurs grands seigneurs le protégèrent. Richelieu lui donna même 600 livres pour six vers ; Colletet répondit par ce distique :
Armand, qui pour six vers me donnes six cens liures, Que ne puis-ie à ce prix te vendre tous mes liures!
Ces livres, au moins les principaux, sont le Banquet des Poètes — 1645; des épigrammes, des traités assez remarquables sur divers genres de poésie et réunis sous le titre d'Art poé- tique, Paris, 1858, in- 12. Le sonnet y a sa large part. — G. Colletet est plutôt un poète mauvais qu'un mauvais poète ; son inconduite le réduisit à la misère. C'est peut-être dans
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cette extrémité qu'il yira de bord et tâcha de faire voile vers un port plus propice.
En effet, il traduisit et fit imprimer en 1634, en i vol. in-12 de 204 pages, un poëme de Sannazar, intitulé : Les Couches sacrées de la Vierge. Cet ouvrage, fort rare, a été réimprimé en 1645 1 ^' ^^^ terminé par un sonnet du traducteur qui rappelle assurément le grand style de Corneille :
Qui vit iamais au monde vn miracle pareil? Vn Dieu s'assuiettit aux loix de la Nature, Le Créateur de tout naist de sa Créature Et la lumière sort des ombres du Sommeil.
Bien qu'il vienne sur Terre en vn pauure appareil, Qu'vn Antre ténébreux luy serue de closture, C'est luy qui fit du Ciel la riche Architecture Et qui fonda son Throsne au milieu du Soleil.
O célestes Esprits, sainctes Intelligences, Qui vous glorifiez de vos pures essences, Et rendiez de vostre heur tous les Hommes ialoux ;
Enuiez auiourd'huy, par vn contraire eschange. Le bon-heur que le Ciel vient respandre sur nous, Puisque Dieu s'est fait Homme et ne s'est point fait Ange.
Colletet, qui a tracé les règles du sonnet, les observe exacte- ment dans ces beaux vers. — Ce sonnet fut réimprimé en 1656, dans le recueil de l'auteur, avec quelques changements. Ce re- cueil, assez libertin, renferme deux cent soixante-quatorze sonnets. — G. Colletet, veuf de Marie Prunelle, son ancienne domestique, épousa Claudine le Hain, sa nouvelle servante. Afin d'en relever la condition , il fit passer Claudine pour une dixième Muse, et composa des vers qu'elle récitait ensuite comme étant d'elle. La Fontaine adressa un sonnet à cette femme, et, comme beaucoup de personnes, il tomba dans ce piège. Colletet, peu de temps avant de mourir — 1659 — craignit que sa supercherie ne fût découverte; il écrivit d'au- tres vers par lesquels Claudine s'engageait à renoncer à la
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poésie : elle tint facilement parole. — L'œuvre qui a le plus fondé la réputation de G. Colletet est presque entièrement manuscrite. C'est en vain qu'un homme de lettres voulut débrouiller ce chaos, intitulé Vie des Poêles français . Les erreurs et les omissions y abondent ; il fallait revoir les dates, les titres, et même les textes cités par l'auteur, qui avait pour habitude singulière de corriger les vers d'autrui. Le préambule de chaque vie a été souvent bâtonné comme inutile ou ridicule. En outre, François Colletet, après la mort de son père, s'appropriant la Vie des Poètes françois, y fit de nombreuses et maladroites interpolations et retouches.
François Colletet, né en 1 628, mort vers 1 680, plus pauvre et plus méchant poète assurément que son père, fut l'éditeur des Mvses illvstres, Paris, 1658. Il plaça dans ce recueil douze de ses sonnets et un nombre égal de ceux de son père; il n'y ou- blia point ses amis; mais on y voit à regret six sonnets en bouts-rimés burlesques et d'une grande immoralité. Fr. Col- letet en a signé un; les autres sont anonymes. Ce poète a plu- sieurs autres sonnets parmi ses manuscrits. Boileau le disait crotté jusqu'à f échine. Jean Grillet, émailleur de la reine, s'in- titulait dans un livre imprimé à Paris en 1647 • Prince des poètes crottez et non crottez.
Jacques Vallée, seigneur des Barreaux (tout le monde s'obstine à écrire Desbarreaux, comme on a toujours écrit Deshoulières), naquit à Paris, en 1602, selon certains biogra- phes, et en 1599, d'après d'autres historiens. Il mourut à Chalon-sur-Saône, en 1673 ou 1674, les auteurs variant à cet égard. Comme il n'y a rien de bien positif dans ce qui con- cerne des Barreaux, le sonnet si célèbre qui porte son nom, le seul qu'on lui attribue, est apocryphe : Voltaire assure que l'abbé de Lavau en est le véritable auteur. Q_uoi qu'il en soit, ce fameux sonnet sous couleur de religion renferme des idées fausses : il fait injure à la divinité; mais il se termine par un beau mouvement. Rappelons pourtant que des Barreaux avait
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emprunté l'idée de son poëme à Desportes, lequel avait copié l'Italien Molza, comme l'attestent les Rencontres des Muses de France et d'Italie, Lyon, 1604. (Colletet nomme ce livre La Conformité des Muses Italiennes et Françaises). — Ce sonnet fut ensuite reproduit par M"^ R. B., qui, dit-on, n'en avait aucune connaissance. L'imitation est pourtant très-évidente. Marmontel eut la faiblesse de préférer le sonnet de M"^ R. B. à l'autre, comme on peut le voir dans le Mercure de France (oct. 1578, 1" vol., pages 40 et suivantes), où les vers de cette demoiselle sont insérés. Nous les trouvons encore dans les Folies ou Poésies diverses de M. FI. {Fleury, avocat), J761, in-12.
Nicolas Frenicle, de Paris, 1600-1 661, fut conseiller du roi et général en sa cour des monnaies. Ses Œvvres poé- tiques, Paris, 1625, in-8<>, célèbrent C/z/ons, Angélique et Florice. Ses élégies sont suivies de sonnets, odes, etc. Les poésies de ce recueil, retouchées et augmentées, eurent une 2<^ édition, Paris, 1629, in-S*». Il y a six sonnets médiocres. — Nicolas Frenicle a publié trois pastorales et un poëme : Jésus Crucifié, Paris, 1634, pçt. in-12.
Richecourt, tragédie comédie (imprimée à Saint-Nicolas du Port, en 1628) rééditée à Saint-Nicolas (Meurthe), 1860, pet. in-8°, est du même auteur que Les Honnestes et diverses poésies de Placidas Valornancien, divisées en cinq livres, Nancy, 1631. Le 3® livre a des sonnets. La 2« édition est de 1632, Paris, in-80. — Placidas Philémon Gody, religieux de l'or- dre de Saint- Benoît, surnommé dom Simplicien , naquit à Ornans. Une des pièces de ce recueil porte sa signature : Pla- cidas Gody. La 'piété forme tout le mérite de son livre, assez rare. Nous disons cela aux bibliophiles qui, plaignant 3 fr. à de beaux vers contemporains, donnent des billets de banque pour un mauvais poète du XVI^ siècle. — Mais reve- nons à Gody, qui, né dans les premières années du XVI I^
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siècle, mourut sous-prieur de Saint-Vincent de Besançon, le 13 août 1662.
Denis Sanguin de Saint-Pavin, né à Paris vers 1600, mort en 1670, était fils d'un président au parlement. Boileau, dans sa première satire , avait considéré comme impossible la conversion de Saint-Pavin, qui lui répondit par un sonnet bien tourné et fort vif que tout le monde a lu. Mais, n'en dé- plaise à Boileau , Saint-Pavin fit volte-face, et l'on raconte ce changement de la sorte : « La même nuit que mourut Théo- phile, son maître et son ami, il s'entendit appeler par lui d'une voix épouvantable. Son valet ayant ouï la même voix, il n'en fallut pas davantage. Il renonça aux opinions impies qu'il avait professées, ou plutôt au train de vie indévot et voluptueux qu'il menait. » (Note des Lettres choisies de M™^ de Sévignê.) — Saint-Pavin était un poëte aimable, pour les libertins surtout ; il avait de l'esprit et de l'entrain. Ses sonnets, d'une bonne facture et spirituels, sont parfois un peu libres. Celui que nous reproduisons est peut-être un acheminement à une vie meilleure; la chute en est charmante (il y a quelques variantes dans rédition de M. Paulin Paris).
La fortune qui me mal traitte, Ne bornera iamais son cours; Des Araignées tous les iours Font leurs toilles dans ma pochette.
Ma garderobe est desia nette, le n'ay plus d'habits de velours, Mes cheuaux deuiennent des Ours, Et mon carrosse vne charrette.
Mes Laquais tirent à la fin, Et ce qui restoit de mon train A pris congé sans recompense.
Et hors de ceux à qui ie doy, H n'est point vn Hermite en France Qui soit moins visité que moy.
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Cette chute, fort spirituelle, ne le cède en rien' au dernier tercet d'un autre sonnet célèbre de Saint-Pavin, adressé à une coquette.
Celuy qui peut vous arrester A si peu de temps pour le croire, Qu'il n'en a pas pour s'en vanter.
Comment Saint-Pavin, si riche de son propre fonds, em- pruntait-il à ses amis ou contemporains ? Or, deux sonnets sur Job et Uranie firent un bruit considérable, on le sait; le pre- mier reconnaissait Benserade pour auteur, comme nous l'avons dit avec de plus amples détails; mais nous rappellerons que Saint-Pavin est connu par un sonnet également sur Job, qui ressemble si bien à celui de Benserade, que... l'on croit voir son frère, un frère jumeau.
Les poésies de Saint-Pavin n'avaient pas été réunies et pu- bliées à part ; elles furent insérées dans les recueils de son temps : Poésies choisies de MM. Corneille ^ Boisrobert, etc. Paris, 1655; et Recueil des plus belles pièces des poètes françois — 1692. Mais les Poésies de Saint-Pavin ont été réunies et publiées par M. Paulin Paris, 1 86 1 , in-S». On y voit trente-cinq sonnets inédits et seulement vingt-neuf déjà im- primés.
Marin Le Roy de Gomberville, de l'Académie fran- çaise à sa création, se révéla comme poëte dès sa quatorzième année par un Eloge de la vieillesse en cent dix quatrains ; il mé- ritait bien d'être un jour plein de son sujet. Aussi, né à Paris, en 1600, il mourut en 1674. Il laissa un autre livre de poésies. Bruzen de la Martinière cite le sonnet de Gomberville sur VExposition du Saint Sacrement, et le trouve le plus parfait et le plus régulier que nous ayons en notre langue. Par contre, Alfred Delvau dit que ce sonnet est plat et ridicule! — Ni si haut ni si bas, telle est notre opinion. — D'autres sonnets de Gomberville eurent une certaine renommée, surtout celui
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de La Solitude, qu'on pense avoir été fait en vue de plaire à Port-Royal. — Page 242 nous avons parlé d'un ou deux Le Roy. Gomberville, dont le nom patronymique était Le Roy, serait-il l'auteur du sonnet que Goujet cite et des douze son- nets insérés dans Les Délices de la poésie^
FrançoisTristan de l'Ermite ou l'Hermite, né au château de Souliers, ou plutôt Soiiers, dans la Marche, en 1 60 1 , membre de l'Académie à 48ans, mourut en 1655. Ily a plusieurs sonnets dans Les Amours du sieur Tristan; ils sont peut-être un peu précieux. On en cite un, Sur la Misère de rhommey dont J.-B. Rousseau a fait son profit sans crier gare. — Quelques au- tres ont la chute assez originale : tel est celui par lequel il se plaint que beaucoup de mortels aspirent à la gloire et à faire envie ; pour lui, songeant à la femme qu'il aime, il ne veut que faire pitié. — Deux sonnets de Tristan sont dans les Mvses illvstres. Parmi les nombreuses productions de ce poëte, nous mentionnerons seulement son Théâtre, 1637-1656; il contient sept pièces in-4° et une in-12.
Deux sonnets de G. Baussonnet et un seul de P. de la Salle, avocat du roi en l'élection de Reims, précèdent Les Œvvres de René de le Cheze Remois, à Reims, MDC.XXX, in-80. Le catalogue Turquety indique une édition de 1673.
Pierre le Moine ou le Moyne, né en 1602 , mourut à Paris, l'an 1671. Deux vers que Boileau improvisa en imitant Corneille paraissent résumer à merveille l'opinion que l'on doit concevoir du P. Le Moine, auteur du pome de Saint- Louis — 1651-53 :
Il s'est trop élevé pour en dire du mal ; Il s'est trop égaré pour en dire du bien.
Nous avons parlé d'un sonnet du même en bcuts-rimés sur la mort d'un perroquet de M™^ du Plessis-Bellière. La Bi- bliothèque impériale conserve d'autres sonnets du P. Le
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Moine Sur la naissance de Mgr le Dauphiny Paris, 1638 ; pièce. Or ce ne sont pas les seuls qu'il ait laissés.
Voici une note manuscrite de Fr. Colletet sur ce poëte : ce Le a lundy 27yesme jour d'auril 1648, je eu l'honneur de saluer « le père le Moinne, jésuite, dont la réputation est si connue, « et de faire connoissance auec luy. Il est d'une stature assez a haulte, son uisage sec et le poil tirant sur le noir le font « paroistre assez melancholiqne. »
Le célèbre Georges de Scudéry ou Scudèri appartenait à une famille originaire d'Apt,et plus anciennement du royaume de Naples, dont le nom s'écrivait d'abord en latin Scutifer, ensuite de Scudier ou Escuyer, et enfin Scudéry. Né en 1601 ou 1603, au Havre, ce poëte mourut en 1667. Ayant renoncé vers 1630 à l'état militaire pour se livrer à la carrière des let- tres, il composa seize pièces de théâtre, et fut le successeur de Vaugelas à l'Académie française en 16^0. Il avait publié : Poésies diverses, à Paris, chez Avgvstin Covrbé, M.DC.XLIX, in-40. II y a dans ce recueil un certain nombre de sonnets. On doit encore à Scudéry : Le Cabinet, ouïes Meslanges de vers sur des tableaux, des estampes, etc., 1646, in-40. Un sonnet adressé à Richelieu fera connaître mieux que tout ce que nous pour- rions dire le genre de ce lettré si fort épris de lui-même :
Illustre protecteur des plus illustres Arts, Sage et Grand Richelieu que l'Vniuers admire; Toy, de qui le renom voile de toutes parts , Et fait voiler partout celuy de cet Empire,
Ne crains pas que mon cœur, nourri dans les hasars , N'escoute la Trompette aussi bien que la Lire : L'vne et l'autre Minerve, Apollon auec Mars, M'ont apris à bien faire, et peut estre à bien dire.
Tu me verras aller 011 vont tous les Guerriers; Tu me verras comme eux aspirer aux Lauriers Que prennent les Vainqueurs des mains de la Victoire.
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S'ils vont dans les périls, i'y porteray mes pas ; Mais lorsqu'il s'agira de décrire ta gloire, Sois seur que ie feray ce qu'ils ne feront pas.
C'est à humilier l'orgueil de Malherbe ! Mais les poètes ne sont pas les seuls vaniteux : « Rien ne vous donnera autant de « gloire, disait Épicure à Idoménée, que les lettres que je (c vous écris. » — « J'ai du crédit avec la postérité » , ajoutait Sénèque en s'adressant à Lucille; ce j'ai de quoi faire vivre « ceux qu'il me plaira ! » Passons, mais non sans parler d'un sonnet remarquable de Scudéry sur sainte Madeleine. Le mar- quis de Villeneuve-Trans le cite dans les notes de VHistoire de saint Louis : « La lame de cuivre où se trouve ce sonnet, « dit l'auteur, a sans doute partagé le sort des divers objets a que renfermait la grotte (de la sainte) avant la révolution, « et qui furent totalement pillés. » — Parmi les œuvres de Scudéry, citons Alariç, poëme héroïque, Paris et Leyde, 1654, in-40 et pet. in-i2, puis 1655 et 1656, in-12.
Le s»" DU ViEUGET nous est connu par un sonnet-dédicace à la princesse de Carignan, sonnet qu'il plaça en tête de sa tragédie peu connue : Les Adventures de Policandre et de BasoHe, Paris, 1632, in-8". Ses Diversitez' poétiques sont aussi de 1632; in-80
François Hedelin, abbé d'AuBiGNAC, d'une famille no- ble originaire de Souabe, naquit à Paris le 4 août 1604, et mourut en 1678. Un de ses livres, daté de 1660, se termine par deux sonnets, et ses Dissertations sur VIliade sont précé- dées d'un troisième. D'autres ouvrages de l'abbé d'Aubignac sont dirigés contre Corneille et Ménage ; il essaya du théâtre sans y réussir, et publia même en 1669, in-40, la Pratique du théâtre.
Tragi-comédie pastorale... par le sieur Rayssiguier (de Rességuier). a Paris, M.DC.XXXIL— Nous y avons dé- couvert deux sonnets. — Un autre Rességuier (1724-1797), chevalier de Malte, est connu pour ses mordantes épi-
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grammes, qui le conduisirent plus d'une fois à la Bastille ou au château d'If. On connaît surtout le quatrain qu'il fit courir contre M^^^ de Pompadour. — De notre temps les comtes Jules et Paul de Rességuier ont prouvé qu'ils appartenaient à une race éminemment littéraire.
Acrostichs (sic) svr les noms de nosseignevrs de la covr de parlement de Metz, par Esprit Gobineau, sieur de Mont- LviSANT, Chartrain. A Metz, M. DC. XXXIII, in-40. — Sept sonnets. — Du même auteur : La Royale Themis, etc. A Metz,M.DC.XXXIII, in-40.
Le si" DE Cailhavet de Montplaisir, de Condom, dédia ses poésies (dont la 2^ édition est de 1634, in-4<*, Paris) à Mélinde, qui appartenait au Limousin. Le 2® livre est formé de stances, odes_, élégies, sonnets, etc. — Il ne s'agit point ici du marquis de Montplaisir, de la maison de Bruc — 161 0- 1682, — auquel on doit la majeure partie des Poésies de Pierre Lalane et du marquis de Montplaisir ^ publiées par Lefèvre de Saint-Marc, Paris, 1759, pet. in-12. D'autres nomment celui-ci le comte de Montplaisir. (Voir Lalanne.)
Les Poésies et Lettres, contenant diverses pièces héroïques, satiriques et burlesques (i6s5) de Charles Coypeau d'As- SOUCY (né à Paris vers 1604) , sont dédiées à M. Bordier, conseiller du roi, intendant des finances. Il y a plusieurs son- nets de ce poëte ridiculisé par Boileau. D'Assoucy était un auteur burlesque de toute façon. Il mourut ayant près de 7 S ans.
Le Divertissement poétique d'khkis,, sieur DE Beaulieu, Paris, 1634, in-8*^ (poëte rare). — Quarante-cinq sonnets d'amour profane et de piété..., etc., sans aucune valeur litté- raire. Un sonnet à l'auteur est digne de remarque en ce qu'il est signé par Malherbe, Angevin, qu'il ne faut pas confon- dre avec François de Malherbe, né à Caen et mort en 1628, ni avec Daniel Balthazard, s"^ de Malherbe, Senonois, auteur du poëme la Scnonoise au Roy, Troyes, 1629.
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Jean-François Sarrasin — 1 604-1654 — naquit à Hermanville, près de Caen. Il fit un poëme en quatre chants contre les bouts-rimés qu'inventa Dulot vers le milieu du XV1I« siècle. — « Il y a dans Sarrasin, disait Boileau, la ma- « tiere d'un excellent esprit, mais la forme n'y est pas. » On connaît la glose célèbre de Sarrasin sur le sonnet de Job, et son non moins fameux sonnet èr Charleval, contre les femmes, dont nous ne citerons que la chute; il s'agit d'Eve :
Elle aima mieux, pour s'en faire conter, Prester l'oreille aux fleurettes du diable. Que d'estre femme et ne pas coqueter.
Nous comptons cinq sonnets dans les Poésies de Sarasin [sic]. Edition dédiée â la ville de Caen. Paris et Caen, 1824, in-8".
BiLLAUT, si connu sous le nom de Maître Adam, fut, en sa qualité de simple menuisier, plus en vogue peut-être que récemment le poète Reboul, mais avec beaucoup moins de ta- lent. Il naquit à Nevers au commencement du XYII^ siècle, et mourut dans la même ville en 1662. C'est un sonnettiste assez faible; le nom de ce menuisier est ici un peu en che- ville. Cela nous remet en mémoire le titre de son i*"" recueil : — Les Chevilles de M^ Adam, Paris, 1644, in- 4°. Le 2^ est : Le Vilebrequin, Paris, 1662, in-12. Le j^ : Le Rabot, ne parut point. — Il faut bien creuser pour découvrir quelques filons précieux dans ses poésies. Il fit, comme Maynard et Colletet, un sonnet dont les vers ont une mesure irrégulière. Cet exemple fut suivi par Racan et surtout par Hesnault dans le pseudo-sonnet de Y Avorton. — Ne quittons point Maître Adam sans rappeler que le pâtissier Ragueneau lui adressa un sonnet curieux.
Donnons en passant un souvenir à l'abbé Cotin, que les prédicateurs devaient entendre pour se garer de ses défauts, si l'on croit un célèbre satirique. D'après Molière, les poètes pouvaient lire ses sonnets afin d'en rire et de ne point les
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imiter. — Molière (J.B. Poquelin), né à Paris vers 1622, et mort en cette ville en 1673, le 17 février, avait le sonnet en horreur, et le frappait sur les épaules de Trissotin, cher- chant à se venger des critiques de quelques poètes. Corneille, Racine, Boileau, aimaient les bons sonnets ; cela compense bien les boutades du grand comique à l'encontre de l'abbé Cotin et de Ménage (Vadius). (Voyez le Misanthrope, acte I^"", se. 2, et les Femmes savantes, acte III, se. 2.) — Voici un sonnet sur des bouts-rimés remplis par Molière en présence du prince deCondé, auquel le 14* vers s'adresse :
Que vous m'embarrassez avec vostre... grenouille
Qui traîne à ses talons le doux mot d' Hypocras!
Je hais des bouts-rimez le puéril fatras
Et tiens qu'il vaudroit mieux filer une quenouille.
La gloire du bel air n'a rien qui me chatouille;
Vous m'assommez l'esprit avec un gros.... plâtras, Et je tiens heureux ceux qui sont morts à..Coutras, Voyant tout le papier qu'en sonnets on.. ..barbouille.
M'accable de rechef la haine du cagot.
Plus meschant mille fois que n'est un vieux magot, Plustost qu'un bout rimé me fasse entrer en danse !
Je vous le chante clair comme un chardonneret;
Au bout de l'univers je fuis dans une manse;
Adieu, grand prince, adieu, ffwfz -vous.... guilleret!
Après cela fallait-il se moquer de Ménage et de Cotin ? Et la haine de Molière est-elle meilleure que celle du cagot? — Ici nous ferons observer que plusieurs sonnets remarquables font partie des Poésies diverses attribuées à M olihre (par M. Paul Lacroix), Paris, 1869, in-18, notamment Le Converti, signé M. dans le recueil de Sercy ; mais nous rappellerons que L.de Saint-Marc a mis au compte du marquis de Montplaisir ce même sonnet. — Comme le goût de notre temps est ua
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peu aux réhabilitations littéraires, n'abandonnons pas Cotin sans le faire connaître par un sonnet de sa façon.
Admirez, ô mortels! cette reine immortelle, Cette Vierge fatale à l'orgueil des faux dieux. Elle quitte la terre et monte dans les cieux, Au comble des honneurs oii sa gloire l'appelle.
L'aurore à son leuer ne paroit point si belle, Et son char de rubis n'est point si précieux. Le jour semble sortir de l'éclat de ses yeux, Et le monde en reçoit une grâce nouuelle.
Les feux du firmament reuerent son pouuoir; Les anges de son fils sont rauis de la voir, Et toutes les vertus luy font vne couronne.
Que peut-on adjouster à sa haute splendeur ? La lune est sous ses pieds, le soleil l'enuironne, Et l'on ne voit que Dieu qui la passe en grandeur.
Nous en citerions volontiers d'autres, meilleurs peut-être, afin de prouver que les sonnets de Cotin, après tout, valent bien ceux de Boileau, qui l'a tant fustigé par esprit de ven- geance, le plus mauvais esprit qui soit au monde. — Passons maintenant à FUranie, ov la métamorphose d'une nymphe en oranger y pour Mademoiselle Marguerite, duchesse de Rohan. Paris, 1659. — C'est un ouvrage sans nom d'auteur, qui ren- ferme quelques sonnets et se termine par une épigramme si- gnée Cotin. — Ce poëte avait mis cinquante-six de ses sonnets dans son Recveil des énigmes de ce temps... De diuers Auiheurs. Roven, M.DC.LV, pet. in-12. Au bas de cinq autres sonnets nous remarquons le nom de C. DE Champagne (marquise de LA MOUSSAYE), et du s' de Rampalle. Ce Rampalle, qui mourut en 1663, est auteur d'un poëme, 1639, in-4°, de Discours académiques j 1647, in-8", et de six idylles, 1648, in-4**. On attribue au même deux tragi-comédies, Belinde, 1630, in-S", et Dorothée. — Le Recveil de Cotin, formé de trois parties, fut réédité en 1673, à Rouen, in-12. La première
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avait paru dans ce format dès 1646. — Fr. Colletet publia le Nouveau Recueil des plus beaux énigmes de ce temps (par La Charnays, G. Colletet, Carneau,etc.), Paris, 1659, pet. in-12. — Revenons à Charles Cotin, 1604-1682, chanoine de Bayeux et membre de l'Académie française, voué au ridi- cule par Molière d'abord sous le nom de Tricotin, ensuite sous celui de Trissodn, c'est-à-dire trois fois sot. Il y avait alors, on a vu depuis et l'on rencontre encore bien des injustices ou jalousies littéraires. Il est vrai que certaines haines sont trop souvent alimentées par des représailles qui ne valent pas mieux ; ainsi l'anecdote suivante est loin d'honorer Cotin : Boileau ayant traité d'empoisonneur le pâtissier Mignot, Tris- sotin s'entendit avec ce dernier pour se venger du critique terrible; il composa une satire contre Boileau, et Mignot en- veloppa ses biscuits avec cette feuille imprimée. Quelle tar- tine! — Terminons en disant que le sonnet sur la fièvre d'Uranie, dont Molière s'est emparé, était de Cotin; plusieurs biographes rapportent ce fait. Ce sonnet est dans UUranie
FIN DU TOME PREMIER.
ERRATA
DES PRINCIPALES FAUTES o'iMPRESSlON DU TOME PREMIER.
Pages 8 et 32, au lieu de Filicaja, lisez Filicaia.
— 22, <3U lieu de Loris, lisez Lorris.
— 26, au lieu de Rocco, lisez Ricco.
— 34, mettre en saillie le premier vers du deuxième tercet du
sonnet italien.
— 39, ligne 9, au lieu de Faut-il y voir, lisez Doit on y voir.
— 42, au lieu de spencer, lisez spenser.
— 46, au lieu de alement, lisez également
— 46, au lieu de onnet, lisez sonnet.
— im —
Pages 62, au lieu de i J67, lisez 1 597.
— 67, au lieu de emblèmes royales, lisez Emblèmes royales.
— 67, ligne 16, ûw//€u ^eduroy;auprés...,//^ezduroy au prés..,
— 70, ligne 23, iïu lieu de Plune faut, Usez Plus ne faut.
— 73, ûu lieu de un Poitevin, lisez un Poëte du Poitou.
— 86, au lieu de Mondraiville, lisez Mondrainville.
— 86, au lieu de Boiroger,/ /jfz Boisroger.
— 96^ au lieu de Gouget, lisez Goujet.
— 98, au lieu de 15J8, et d'un Adieu aux Muses, lisez 1559, et
d'un Adieu des neuf muses... 1558, in-8".
— 100, ligne 28, au lieu de On présume, lisez 11 faut présumer.
— loi , ligne 20, au lieu de Hecatomgraphie, lisez Hecatongraphif^.
— io/[, au lieu de Feugères, lisez Feugère.
— loj, au lieu de Gouget, lisez Goujet.
— loj, au lieu de L'Ami rustique, lisez L'Amie rustique.
— 109, dernière ligne, au lieu de nom de la famille, lisez nom de
famille.
— 1 18 (en note), au lieu de Cissè, lisez Cissé.
— 118 (en note), au lieu de Henry IIII, lisez Henry HI.
— 125, ligne 26, au lieu de l'ames, lisez l'ame.
— 127, effacer les points qui terminent la 16^ ligne.
— 130, ligne 7, au lieu de prédicateur célèbre, lisez prédicateur
renommé.
— 140, ligne 21, au lieu de Bertin, lisez Bretin.
— 141, ligne 7, au lieu de D'après Goujet, lisez Si l'on croit
Goujet.
— 143, ligne 19, ûu lieu de On retrouve encore, lisez Nous re-
trouvons.
— 143, ligne 30, au lieu de trois les sonnets, lisez trois sonnets.
— 171, ligne ir«. au lieu de it qu'un ami, lisez lit qu'un ami.
— 210, ligne 26, au lieu de N. Perrot était père de P. Perrot
d'Ablancourt, lisez P. Perrot était père de N. Perrot d'Ablancourt.
— 217, au lieu de Salon de Graux, lisez Salon de Grau.
— 252, ligne 7, au lieu de Collomby, lisez Colomby.
— 252, lig. 30, au lieu de 16 8, lisez 1618.
2134. — Paris, imprimerie Jouaust, rue Saint-Honoré, 338.
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PQ Veyrières, Loiiis de
466 Monographie du sonnet
t.1
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